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“Vincent Euvrard est un génie”
“Vincent Euvrard est un génie”

D
eux personnes l’ont fait

avant lui : Edy De Bolle et Jac-
ques Teugels. Jean-François

Lenvain a intégré l’Union Saint-
Gilloise après être passé par Ander-
lecht et le RWDM. Un triptyque

bruxellois dont il est fier. “D’autant

plus que j’ai très souvent côtoyé Jac-
ques Teugels quand j’étais au RWDM

et que j’ai une histoire marrante avec

Edy De Bolle car j’achetais mes chaus-
sures de football au magasin de

Georges Heylens où Edy était ven-
deur. Je ne le connaissais pas mais

mon papy me disait : ‘C’était un
grand joueur’. ”
Dans une année charnière pour
tous les projets qu’il coordonne –

le lancement de l’académie cy-
cliste de Remco Evenepoel et la

dernière ligne droite de “One + 1 to

2024” qui accompagne via la fon-
dation Ladbrokes des athlètes

comme Cynthia Bolingo vers les JO
de Paris -, Jean-François Lenvain a
accepté de devenir responsable du

département développement hu-
main à l’académie de l’Union. Un

nouveau défi qui fait suite à son
départ du RWDM où il était devenu

un bras droit pour le coach et la di-
rection sportive. Les deux derniers

clubs de l’ancienne tête pensante
de Neerpede s’affrontent ce jeudi.
Un moment idéal pour se projeter

sur l’avenir à Saint-Gilles et regar-
der dans le rétro de Molenbeek.

Peut-on vous demander ce qui vous a
poussé à relever le défi de l’Union ?
“Naïm Aarab et Hamide El-Filahi,
les responsables de l’académie,
m’ont contacté. Après dix minutes de
discussion, j’ai compris que j’avais
affaire à des personnes humbles qui
veulent relancer l’académie de leur
club. Ils m’ont fait part de leur idée
et savent que la route est longue. Le

succès de l’équipe première aide
mais nous ne verrons les résultats
que dans des années. Le projet me
convenait bien.”
Vous avez toujours mêlé le social au
sport. Est-ce aussi le but ?
“Le défi, c’était de permettre à des
gamins des quartiers de pouvoir
avoir une vraie chance pour réussir
dans le football alors que les codes
du milieu du football ne sont pas
ceux de leur milieu. Ils sont souvent
frustrés car le socle des académies
est rempli de jeunes des quartiers
mais peu réussissent. J’espère allier
éducation et sport de haut niveau.”
Vous nous avez confié que l’affect a
joué dans votre arrivée à l’Union…
“Quand j’ai créé mon association
Tous à bord, j’ai rencontré Salvatore,
une personne non voyante. Une fois
par semaine, on allait courir ou
marcher à deux dans le parc Duden.

L’Union n’était pas celle qu’on con-
naît aujourd’hui et pourtant Salva-
tore ne loupait pas un match ou un

entraînement. Il était devenu une
sorte de mascotte. Je l’ai perdu à mes
côtés dans le désert en Inde. Il a été
le drame et la plus belle rencontre de
ma vie.”
Quel sera votre rôle au quotidien ?
“Il n’y en a pas (rires). Je dois faire
comprendre que le football ne suffit
pas. Si tu n’as pas une vision globale
qui englobe toute la vie des gamins,
tu ne peux plus les amener quelque

part. D’où la création du départe-
ment de développement humain que

je supervise. Je vais essayer de mettre
en place une équipe capable de
former des hommes et leur ouvrir
l’esprit et le cœur.”
Avez-vous un objectif précis en tête ?
“On veut créer une académie en
adéquation avec les normes du
football moderne. Le problème est
que plus tu avances, plus tu fais de
la merde (sic) car l’argent et les

contrats arrivent et les jeunes s’em-
bourgeoisent. Je veux mettre en

place un esprit de sport de haut
niveau, former de bonnes personnes
alors que le football éloigne les
jeunes de cette base. Le talent ouvre
la porte mais tu fais la différence sur

d’autres paramètres. Je dois accom-
pagner les coachs sur ce terrain.”

C’est assez proche de ce que vous
avez mis en place à Anderlecht…
“L’état d’esprit doit être le même.
Neerpede récolte aujourd’hui les

fruits du lancement de Purple ta-
lents. À l’Union, on évaluera le

travail des gens actuellement en
place dans au moins cinq ans. Un
grand défi dans une époque de
l’instant. Je suis un marathonien. Je
ne vais pas stresser s’il n’y a pas de
résultats à court terme.”
Et si l’Union est pressée ?
“Je n’aurai aucun souci à partir si
je vois qu’on grille des étapes ou que
mon discours ne passe plus.”
C’est ce qui s’est passé au Standard ?
“Ça n’a pas fonctionné car les
gens, à l’exception du T3 actuel
Geoffrey Valenne et du CEO Pierre
Locht, n’ont pas compris le terrain
sur lequel je fonctionnais. Mon
processus est comme un sac à dos
que je remplis d’outils. Peut-être qu’il
ne te fera pas gagner le week-end
mais tu seras plus fort dans deux ou
trois ans. Le Standard m’a permis
d’apprendre beaucoup de choses sur
ce que je ne devais plus faire.”
Vous êtes également sorti frustré de
votre expérience de quatre ans au
RWDM…

“Je ne crois plus aux belles histoi-
res. Cette expérience m’a convaincu

que le foot n’est pas un sport mais
un business sportif.”
L’aventure est pourtant née sur de
bonnes bases !
“Thierry Dailly m’a demandé de
venir l’aider. Il ne concevait pas le
retour d’un club à Molenbeek sans

lui donner une dimension sociale.
J’ai créé un concept qui incluait
notamment une école des devoirs
que le Covid a finalement mis en
difficulté.”

Et à l’inverse, il a accéléré le proces-
sus sportif…

“Le RWDM a passé les échelons sur
tapis vert. Thierry a fait beaucoup de
choses et m’a demandé de donner

un coup de main dans le développe-
ment sportif du club. Il a rapidement

engagé Julien Gorius comme direc-
teur sportif et Vincent Euvrard

comme coach. Avec eux, j’ai vécu la
plus belle complicité de ma carrière
dans un noyau pro.”
Vous deviez relever un défi sportif
sans budget…
“Nous ne pouvions recruter que
des joueurs en chute libre. Ce que je
connais le mieux car j’avais fait face
au gros échec de la génération 96 à
Anderlecht. Avec le recul, j’ai compris
qu’avec autant d’échecs, le problème
ne pouvait pas venir des joueurs. Le

RWDM a pris des joueurs venus de

grands clubs qui se sont progressive-
ment effondrés. J’étais devenu une

personne rassurante pour ces ga-
mins qui se voyaient titulaires en

équipe de France pour finalement se
retrouver dans le vieux vestiaire du
RWDM.”
Ces gars n’étaient-ils pas démotivés ?
“Non, il fallait juste faire sortir
leur vraie nature. Et, en cela, Vincent
Euvrard est un génie. Je n’ai pas peur
des mots. Julien Gorius et lui ont un
don pour l’optimalisation. Ils l’ont
prouvé en tirant le maximum ou
presque de leurs capacités quand ils
étaient joueurs. Ils ont compris qu’il
fallait s’intéresser au joueur et pas
uniquement à ses pieds.”
Avez-vous un exemple ?
“La saison passée n’a pas bien
commencé. Il a montré aux joueurs
des statistiques. Le RWDM centrait

dix fois dans une zone X sans mar-
quer. La concurrence centrait trois

fois et marquait. Il a dit aux joueurs :

‘marquer est un détail et si on
reste concentrés au quotidien et
qu’on continue de centrer dix fois
par match, on va marquer’. Il a été
champion au bout du compte. Je
n’avais jamais vu un coach d’équipe
première penser plus loin que le
week-end d’après. Nous avions pour
chaque joueur un plan de formation
footballistique et humain. Résultat :
des joueurs de 25 ans ont mis fin à
leur chute et ont progressé.”

La fin de saison du RWDM et le tu-
multe qui a suivi ne vous ont pas fait

mal ?
“Si une personne mérite le trophée
de champion de D2, c’est Thierry
Dailly. Sans lui, il n’y aurait plus de
club à Molenbeek. Le football est un
business et tu ne peux pas continuer
sans argent. L’aventure de Thierry
s’est compliquée au renvoi de Julien
Gorius malgré une trêve symbolique
avec John Textor. Ensuite, le club est
devenu aux mains d’agent. Deux des
dirigeants principaux de la saison
passée étaient des agents. Je ne suis

pas anti-agent du tout. J’en respecte
certains que je trouve pédagogues.
Ce qui est difficile à accepter, c’est
qu’on a voulu faire grandir des
jeunes, faire les choses bien. Mais
d’autres personnes décident au
final.”

Pourquoi être resté jusqu’en fin de
saison ?
“J’ai hésité à partir mais j’étais
solidaire vis-à-vis du coach et des
joueurs avec qui j’avais une relation
forte. Mais je savais déjà que je ne
serais plus là en D1. J’ai fêté le titre…
et le lendemain j’étais parti. C’était

un peu triste mais j’ai compris quel-
que chose qui me permet d’avancer :

le football n’a pas de mémoire.”
En voulez-vous à John Textor ?
“Je ne suis fâché sur personne. Je

ne connais pas Textor. Il est visible-
ment une personne brillante mais le

football est un milieu très différent
de ce qu’il connaît. Il fait ses dents
pour le moment.”

Ses accusations au sujet de détour-
nements de fonds de Thierry Dailly

vous ont-elles surprises ?
“Thierry s’est mis en difficulté
financière pour relancer Molenbeek.
Sans le travail de Dailly, Textor
n’aurait pas de club. Donc, oui, ça
m’a fait mal d’entendre ce qui a été
dit à son sujet. Il a ses qualités et
ses faiblesses. Il est un personnage

unique, passionné et parfois mala-
droit. Il reste une de mes plus belles

rencontres dans le football et je lui
resterai loyal. Puis, n’oublions pas
que sans Natacha, sa femme, les
tribunes du Machtens seraient en
feu. Elle est officier de liaison du
club et la capacité de la famille
Dailly de continuer d’aimer ce club
a permis de garder un certain
positivisme.”

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