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Les souvenirs de Paul Philipp
Les souvenirs de Paul Philipp

“L’Union, c’est un virus, un bon virus”

C’est le 6 mai 1973 que l’Union a disputé son dernier match en D1 avec à la clé un partage (1-1) au Beerschot avec un but du Luxembourgeois Paul Philipp. Joueur de l’Union pendant neuf saisons (1969-1974 et 1976-80) et du Standard pendant deux ans (1974-76), l’actuel président de la Fédération luxembourgeoise de football se présente comme la personne idéale pour donner ce vendredi le coup d’envoi d’Union – Standard dans le cadre de la 3e journée des “PO2”. C’est dans ses bureaux de Mondercange au Grand-Duché que l’ancien milieu de terrain a ouvert sa boîte aux souvenirs

en se rappelant d’abord son arrivée en Belgique…“J’évoluais à l’Avenir Beggen et dans les équipes nationales d’âge du Grand-Duché. Un scout a contacté mes parents quand j’avais 17 ans pour me proposer un transfert à l’Union Saint-Gilloise qui venait de signer son retour en D1 (NdlR : en 1968). Je ne connaissais pas ce club. Le Standard s’était aussi manisfesté. J’ai demandé l’avis de Louis Pilot, un ancien grand joueur luxembourgeois passé par le Standard. Il m’a dit que si je voulais progresser étape par étage je devais rejoindre… l’Union. Que c’était trop tôt pour moi de rejoindre un grand club comme le Standard. Mon choix était fait mais mon papa avait mis une condition à mon transfert, que je réussisse ma dernière année à l’école. Je me suis planté et j’ai donc rejoint les Jaune et Bleu un an plus tard que prévu.”

Avec, à l’époque, un saut dans l’inconnu pour ce jeune joueur :

“Je n’étais jamais parti seul à l’étranger. Je me suis retrouvé dans une ville où je ne connaissais personne. Je n’avais pas de permis de conduire et je me déplaçais en tram. Je logeais sur le campus de l’ULB car au départ je devais suivre une formation en éducation physique. Mais je me suis vite rendu compte que les horaires des cours et ceux des entraînements n’étaient pas compatibles. J’ai donc quitté mon kot à l’université pour m’installer dans une chambre meublée à Saint-Gilles. C’est là que je suis devenu un adulte, pour la première fois je devais faire mes courses moi-même. Mon intégration fut rapide car notre équipe comptait quelques fameux castards. Des vrais kets de Bruxelles. Je me souviens que pour notre première sortie, nous sommes allés dans un café-théâtre voir la pièce Bossemans et Coppenolle en bruxellois. Je n’ai pas tout compris (rires). J’ai gardé de cette époque des notions de néerlandais.”

Mais aussi de magnifiques souvenirs…

“À l’époque, les vrais Bruxellois supportaient l’Union. C’était le club de la capitale. Anderlecht appartenait, lui, aux gens de la périphérie. Mais l’Union a toujours vécu avec son passé. Quand je suis arrivé on m’a parlé de l’Union 60 des années 30. Il n’y a jamais eu de projet concret. À l’époque, on jouait sans pression. Après les matches, battus ou vainqueurs, on passait par la buvette du stade. Il y avait de la musique et du folklore. La maxime ‘Union un jour, Union toujours’ est véridique. Chaque semaine, depuis des années, je regarde les résultats de mon ancien club. L’Union, c’est un virus. Un bon virus. D’ailleurs, je passe devant le stade de l’Union, le vrai, à chaque fois que je viens à Bruxelles.”

Le Standard avec de haut en bas et de gauche à droite : Gerets, Billen, Philipp, Labarbe, Piot, Gorez, Meeus, Sigurvinsson, Renquin, Garot, Poel. DR

Paul Philipp sera présent au Heysel pour voir ses deux anciens clubs s’affronter en playoffs 2. christophe verstrepen

Paul Philipp (au milieu debout) est entouré de Lomme et De Bolle à sa droite et de Piersoul (gardien) à sa gauche. En bas on retrouve Verheyen, De Nul et Stallaert (trois premiers en partant de la gauche)

“Un drame quand Gerets perdait aux cartes”

Entre ses deux Rouches périodes unionistes, Paul Philipp a porté pendant deux saisons la vareuse des Rouches.

“Le Standard avait déjà voulu me faire signer en juin 1973 mais j’avais déjà donné mon accord à l’Union malgré la descente en D2. Un an plus tard, les Rouches sont revenus à la charge et j’ai rejoint Liège. C’est à ce moment-là que je suis devenu un vrai pro . On devait venir à 9 heures au stade et y rester toute la journée. Au Standard, la pression était plus grande et je devais me battre pour être titulaire le week-end. Je me souviens que

lors de mon arrivée à l’été 1974, on a disputé une Coupe d’été face à des pays scandinaves. Il fallait absolument y réaliser des bons résultats pour booster la vente des abonnements. Roger Petit, l’homme fort du Standard, ne rigolait pas avec cela. Quand il descendait dans le vestiaire, on entendait les mouches voler et quand on voyait arriver sa grosse Mercedes lors des entraînements, on se mettait à courir deux fois plus vite. J’ai côtoyé dans cette équipe de grands joueurs : Van Moer, Sigurvinsson, Piot et Gerets. Ce dernier, même quand il perdait aux cartes, cela tournait au drame. Je peux vous dire qu’on portait les protège-tibias à l’entraînement. Lors de ma première saison, j’ai voyagé entre le banc et le terrain. Lors de la seconde, sous la férule de Lucien Leduc, j’ai plus joué mais sans être un grand joueur du Standard. J’ai évolué comme n°6, derrière Van Moer qui voyait ce qu’il fallait faire avec le ballon avant tout le monde.”

Et comme chaque joueur qui passe

par Sclessin, le Luxo a été marqué par les fans rouches.

“Quel public fantastique ! Difficile et exigeant. Tu avais intérêt à mouiller ton maillot sinon tu te faisais sonner les cloches. Je respecte ces supporters. Certains n’ont que le Standard dans leur vie. Rien que pour cela il fallait leur montrer du respect. Quand je vois le comportement actuel de certains pros , je trouve cela dégueulasse. Dans les tribunes, il y a des chômeurs, des personnes qui ne touchent pas de grands salaires mais qui seront toujours derrière leur club. Rien que pour cela, tu te dois de te vider les tripes…”

Ce qui amène le président de la FLF à porter un jugement sur le Standard actuel…

“Cela me fait mal de le voir où il est. J’espère que Bruno Venanzi pourra amener de la stabilité. Il faut oser dire aux joueurs qui jouent actuellement à Sclessin qu’ils n’ont pas les qualités pour viser le Top 4. Le noyau manque

cruellement de qualité. Et puis, les supporters liégeois méritent mieux. Même s’ils sont fâchés, ils sont toujours là. C’est comme un virus qui passe de génération en génération. Il suffit de peu pour que Sclessin s’enflamme à nouveau.”

Entre ses deux passages à l’Union, Paul Philipp (66 ans) a évolué pendant deux saisons au Standard…

Dirigé par le papa de Marc Delire…

Après le Standard, PP retourna à l’Union. “Le club venait de remonter en D2. Nous avons gagné la 1re tranche puis les problèmes financiers sont apparus. Je suis resté 4 ans mais, chaque année, on perdait un des meilleurs joueurs. Un curateur gérait le club et pour faire rentrer de l’argent, on a sensibilisé les fans à venir au stade. On a joué un match de D2 face au VG Ostende devant… 15.000 fans. J’ai terminé mon parcours belge par deux saisons à Charleroi, en D2. Encore un club qui vivait pour le foot; on évoluait parfois devant 20.000 supporters. Chez les Zèbres , j’ai connu les débuts de Czernia . Et mon entraîneur était Michel Delire, le papa de Marc, le

journaliste. C’est à ce moment que j’ai entamé les cours pour devenir entraîneur avec, comme camarades de classe, Georges Leekens et Ariel Jacobs.”

Et au niveau des coaches, Paul Philipp apprécie celui de l’Union… “Marc Grosjean a travaillé au Luxembourg. C’est quelqu’un de sérieux, calme et pondéré. J’ai lu qu’il avait prolongé; c’est une bonne chose. Ce serait super si l’Union pouvait mettre en place un projet qui l’installerait en D1. Mais pour cela, il faut de l’argent et jouer dans son stade. Évoluer au Heysel n’est pas l’idéal, surtout pour l’ambiance.”

quelques anecdotes

“Depuis quand on joue au football au Luxembourg ?”

Lors de sa première saison au Standard (1974-1975), Paul Philipp a travaillé sous les ordres du Néerlandais Cor Van Der Hart. “C’était l’adjoint de Rinus Michels quelques mois plus tôt lorsque les Pays-Bas ont atteint la finale du Mondial avec leur football total qui a ébloui la planète. Lors de son arrivée, nous avons été mis en rang et le délégué présentait chaque joueur. J’avais demandé à ce dernier de ne pas dire que j’étais Luxembourgeois mais que je venais de l’Union. Notre délégué a dit : ‘Paul Philipp, du Luxembourg’ . Notre coach a fait

un pas en avant puis est revenu vers moi en lançant : ‘depuis quand on joue au football au Luxembourg ?’

“Ovationné au Heysel…” “À 35 ans, je suis devenu sélectionneur du Grand-Duché. Je suis resté en poste pendant 16 ans et demi (1985- 2001). Lors de ces 92 matches, j’ai connu des bons moments. Un match nul au Heysel (1-1) en octobre 1989 qui a en partie poussé l’Union belge à limoger Walter Meeuws quelques mois plus tard. Ce soir-là, dans votre stade national, les supporters belges ont ovationné le Luxembourg. Avant l’Euro 96 en Angleterre, nous avons battu la Tchécoslovaquie qui, quelques semaines plus tard, allait disputer la finale de ce Championnat d’Europe. Je me souviens aussi d’un match en 1990 contre les récents champions du monde allemands. On s’incline 2-3 en passant à deux doigts de faire 3-3.”

“J’ai souvent vu Cruyff… de dos” “Comme joueur en équipe nationale (1968-1982), j’ai eu la chance d’évoluer dans des stades comme Wembley, le Parc des Princes ou le Kuip. Avant le Mondial 1970 au Mexique, nous avons battu le pays organisateur (2-1). Je me souviens aussi d’un 0-0 contre la Yougoslavie. Le pays contre lequel j’ai le plus souffert, c’est la grande équipe des Pays-Bas des années 70. J’ai beaucoup vu le dos de Johan Cruyff (rires). Je me souviens aussi de la ferveur populaire lors d’un match en Italie. Les joueurs de la Squadra ont quitté le stade cachés dans des ambulances. Même si le Luxembourg était un ‘Petit Poucet’, nos adversaires ont toujours affiché du respect. C’est peut- être parce qu’on savait mettre le pied…”

“Jamais pensé que Guy Thys ferait cette carrière” “Guy Thys, un grand monsieur, a été mon entraîneur lors de mes quatre premières saisons à l’Union (1969-1973). Si on m’avait dit à l’époque la carrière qu’il allait réaliser, je ne l’aurais pas cru. Il était plus fait pour diriger une équipe nationale que des clubs. Il savait parler aux joueurs et désamorcer les bombes. Il osait aussi suivre ses idées comme quand il est allé rechercher Wilfried Van Moer, qui avait 35 ans, à Beringen pour le faire jouer avec les Diables Rouges. Quand je suis devenu sélectionneur du Luxembourg, on a partagé à trois reprises le même groupe que la Belgique dans des qualifications. Je suis parti visionner des adversaires avec Guy Thys. Au début, j’étais gêné de faire le me même travail que mon ancien entraî- neur. Lui, il s’est toujours montré chaleureux et voulait que je le tutoie. Je n’y suis jamais arrivé…”

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