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pourquoi les fans n’ont pas su faire plier la pro league  
pourquoi les fans n’ont pas su faire plier la pro league  

FRÉDÉRIC LARSIMONT

Les supporters molenbeekois avaient déjà manifesté leur mécontentement lors de la rencontre face au Cercle, il y a dix jours.Photo News / Jimmy Bolcina

La véhémence des protestations contre le maintien de la programmation du derby, ce jeudi à 18h30, n’y a rien fait. Même avec l’accord d’Eleven/DAZN pour retarder le coup d’envoi à 19h30, la Commission du calendrier  est demeurée inflexible. Les noyaux durs annoncent des actions, la bourgmestre de Forest a fait fermer l’horeca.  

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On croyait le folklore sorti par la petite porte de la mondialisation galopante du football qui place désormais les deux clubs sous la tutelle américaine de John Textor (RWDM) ou anglaise de Tony Bloom (Union Saint-Gilloise). Mais ce n’était qu’une rémission. Cinquante-quatre ans après la dernière édition recensée en D1 lors de la saison 1968-69 (3-0 pour l’Union contre le Daring), le décorum si particulier du derby de la zwanze s’est à nouveau invité aux retrouvailles des deux clubs au plus haut niveau, en entrant par le soupirail.

Aussi vrai qu’on ne se refait pas, le retour aux sources ne pouvait que s’accompagner d’un vaudeville autour du coup d’envoi de ce match qui aurait dû se disputer le 27 août, lors de la 5 e journée, mais que la présence de l’Union en barrages d’Europa League contre Lugano a repoussé jusqu’à l’arrivée de l’automne. Depuis la saison 2019-20, la Pro League permet en effet aux clubs belges engagés dans le dernier tour qualificatif, avant les phases de groupes des trois coupes d’Europe, de postposer leur rencontre de championnat du week-end précédant leur rencontre retour sur le front continental. Un luxe dont les cinq formations tricolores placées dans ce cas de figure (l’Antwerp, Bruges, Gand, Genk, et l’Union) ne se sont évidemment pas privées d’user. Ce qui provoque d’ailleurs l’embouteillage actuel dans ce milieu de semaine destiné à rattraper le temps perdu par rapport aux dix autres formations de D1 qui, elles, affichent déjà huit matches au compteur.

La programmation ce jeudi à 18h30, voulue par la Pro League, a été âprement discutée puis remise en question par les deux clubs, avec l’appui franc et massif de leur frange de supporters les plus actifs. Mais au final, elle n’a pas pesé lourd face aux obligations du contrat TV.

Pas plus, d’ailleurs, que l’éventualité (très vite abandonnée) d’avancer le derby bruxellois au mardi 26 septembre, étant donné que le jeudi précédent, la présence des 5 clubs en Europa League et en Conference League engendrait de facto la programmation de leur match de championnat le dimanche 24. Et réglementairement parlant, il était impossible d’imposer à l’Union (ou à un des quatre autres européens au programme ce mercredi ou jeudi) de disputer leur rencontre d’alignement 48 heures plus tard.

On le lit (et il faut parfois que la Pro League se relise dans le texte pour être certain d’avoir tout compris elle-même), le Manager du calendrier Nils Van Brantegem s’est retrouvé mis sous pression de toute part. À commencer par celle du bon sens voulant que l’accord de principe accordé par Eleven/DAZN pour retarder le coup d’envoi de RWDM-Union à 19h30 lui facilite la tâche. « Je veux bien tout entendre », nous expliquait-il en début de semaine avant de refermer les écoutilles de tout commentaire supplémentaire sous les assauts incessants des médias. « Mais la signature d’un contrat de 5 ans à 100 millions d’euros par saison constitue une réalité. Une réalité qui peut coûter très cher à la Pro League si l’on s’en réfère à la procédure d’arbitrage récemment perdue contre TeleNet-Proximus-Voo lors de l’arrêt du championnat après 29 journées au début de la crise sanitaire en mars 2020. Dont coût, 22 millions. Une addition qui fait mal aux clubs qui doivent l’assumer et surtout une jurisprudence avec laquelle, dans mes fonctions, je ne peux pas me permettre de jouer. Du moins sans une décision comme ce fut le cas avec l’abandon de la plage de 21 heures le dimanche pour un chevauchement partiel à 19h15. Une décision qui a été soumise à un vote de la part du conseil d’administration de la Pro League, ce qui n’est pas le cas ici. »

Un CA, entre parenthèses, aux abonnés absents. Personne en son sein, n’a en effet cru bon d’initier une réunion en urgence. Curieux et à tout le moins symptomatique de la flamandisation galopante qui refait son apparition à tous les étages du football de représentation, à commencer par l’Union belge et la Pro League. Qu’en aurait-il été de cet acharnement à maintenir des horaires de retransmission décalés par souci de visibilité maximale, si le tollé généralisé des supporters avait concerné un Bruges-Genk programmé ce mercredi à 18h30 au lieu de 20h45 ? Il y a fort à parier que la question aurait fait l’objet d’une approche toute différente… D’où, sans doute, la multiplication d’actions avant et sans doute pendant la rencontre de ce jeudi soir au stade Machtens. Le siège de la Pro League au 2 e étage de l’ancienne Maison de verre, avenue Houba de Strooper, a ainsi été bardé de calicots à mi-chemin entre l’humour (« Nils, peux-tu aller chercher nos enfants ? Il y a foot »), l’admonestation (« Le foot après le travail, pas pendant ! ») et le réquisitoire (« Vos égos et l’argent tuent le foot populaire »). Quant au jour J, il sera amputé d’une partie d’un de ses ingrédients essentiels, à savoir l’ambiance dans les tribunes. Car en réaction, les supporters de l’Union ont décidé d’être absents, tandis que les Ultras molenbeekois « secoueront sur le seuil de la porte du stade Machtens, la poussière de leur mépris », selon la formule cultissime, de la pièce de théâtre Bossemans & Coppenolle. Mais ce mercredi, en fin de journée, on souriait moins du côté de la Bourgmestre de Forest qui décidait via « une mesure exceptionnelle » la fermeture de « l’horeca » dans le périmètre à proximité du stade dans les heures encadrant la durée de ce derby.

Quoi qu’il en soit des récriminations et des vindictes, le maître des horloges a définitivement tranché. Le derby de la capitale renaîtra donc à l’heure prévue. Soit 18h30. Outre les dégâts éventuels à éviter sur le plan juridique, mais aussi la création d’un précédent (on pense au créneau du samedi à 16h qui n’enchante aucun club et qui commence à être remis en cause par trois d’entre eux), l’argument massue en provenance de la Pro League repose sur les bases du calendrier que l’UEFA impose lors de ses compétitions de clubs. À savoir des horaires à 18h45 ou à 21h, selon les impératifs dictés par les télévisions qui s’acquittent des droits les plus importants dans les pays abritant les championnats du Big 5. Des horaires, il convient d’être de bon ton, que personne en Belgique et ailleurs, ne remet jamais en question.

En attendant, tronqué ou pas par l’incertitude planant autour de son assise populaire dans un stade Machtens pourtant annoncé sold out, ce derby aura déjà perdu une partie de sa zwanze, potferdekke !

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