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“Nous pouvons avoir le plus beau projet de Belgique”
“Nous pouvons avoir le plus beau projet de Belgique”

Philippe Bormans est un
homme fort occupé. Le CEO

de l’Union Saint-Gilloise en-
chaîne les réunions à lon-
gueur de journées, à l’ombre du Parc

Duden. D’autant plus que les projets
unionistes sont nombreux, entre
l’ambition de faire perdurer le club
sur la durée en D1A et la volonté de
créer un nouveau stade.
Mais, quand il s’agit de parler de
son club, Bormans se pose et prend le

temps. Pendant plus d’une heure, l’an-
cien directeur général de Saint-Trond

s’est assis dans l’un des salons du

stade Marien. Pour parler des bons ré-
sultats sportifs, du futur du club et de

son histoire personnelle.

Le début de saison
Avec quel mot qualifieriez-vous le début
de saison de l’Union Saint-Gilloise ?
“Je ne vais pas dire que c’est un rêve,
mais on s’en rapproche. Nous savions
que cela allait être compliqué en D1A

même si des équipes comme le Beers-
chot, OHL ou encore l’Antwerp ont

montré ces dernières saisons que le
niveau de la D1B était élevé. Malgré
cela, commencer avec autant de points
et avec un calendrier difficile, on peut
dire que c’est une petite surprise.”
Comment expliquez-vous ce si bon début
de saison ?
“Nous avons réussi à créer un groupe
au sein duquel il n’y a aucune vedette
mais bien des bosseurs qui ont faim et
qui veulent se montrer. Deniz Undav en
est le parfait exemple. Ce collectif a pu
se baser sur sa bonne saison en D1B, a
vu l’arrivée de certains renforts à des
postes bien précis et a réussi à trouver
rapidement son rythme de croisière
dans le jeu.”

Comment encore surprendre vos adver-
saires alors que l’Union n’est désormais

plus une surprise ?

“Les matchs qui arrivent vont peut-
être être plus difficiles même si ce sont

contre des équipes moins bien classées.
Mais nous avons toutes les qualités
pour continuer sur notre lancée. Parmi
les joueurs arrivés cet été, plusieurs
n’ont pas encore reçu beaucoup de

temps de jeu et seront de belles surpri-
ses. Cela a été le cas récemment avec

Kaoru Mitoma. L’Union sera regardée
différemment, à nous de confirmer notre
début de saison.”

Les joueurs et le staff ne veulent pas se
fixer d’autres objectifs que le maintien.
Vu le début de saison réalisé par l’Union,
n’est-il pas temps de viser plus haut ?

“Tant que ce n’est pas acquis, le main-
tien sera l’objectif. Ensuite, il sera temps

de parler d’autre chose. Mais, au sein de
la direction, nous ne voulons pas parler

de maintien car nous sommes persua-
dés que le groupe a les qualités pour

viser plus haut. Le top 8 ? Pourquoi pas,
je pense que l’équipe a les qualités pour
y être, mais il n’y a aucune obligation
d’y accéder. Nous savons tous qu’il n’y a

pas que la qualité qui compte en foot-
ball : il faut aussi de l’expérience, du

mental, du physique… C’est donc diffi-
cile de dire maintenant où peut finir

l’Union.”
Surtout que, vu les prestations abouties
de l’équipe, le risque de perdre l’un ou
l’autre cadre lors du mercato hivernal est
réel.
“Ce risque existe et existera toujours
en football. Mais le risque était plus
grand la saison dernière car personne
ne voulait jouer en D1B, et pourtant
nous n’avons perdu personne. Tant qu’il
n’y a pas une offre intéressante aussi
bien pour le joueur que pour le club, il
n’y aura pas de négociations. Vu que

notre priorité est le succès sportif, ven-
dre des joueurs n’est pas une nécessité.

Le jour où certains cadres partiront, il
faudra voir le positif en se disant que
notre joueur dans lequel on a investi a
grandi et peut évoluer dans sa carrière.”
Felice Mazzù
Mehdi Bayat voulait faire de Felice
Mazzù l’Alex Ferguson de Charleroi.
C’est aussi votre souhait à l’Union ?
“Si c’est possible, pourquoi pas. Nous
avons un projet sur le long terme et c’est
rare qu’un coach puisse travailler sur la
durée avec un club de football. En ce
moment, Mazzù est le coach qu’il faut à
l’Union et l’Union est le club qu’il faut à
Mazzù. Je ne pense pas que nous devons
avoir peur de perdre un jour notre
coach, d’autant que dans notre cas
l’alchimie fonctionne très bien. Mais, de
nouveau, ce sont des choses qui existent
dans le football.”

Pourquoi la reconduction de son contrat
durant l’été a-t-elle mis du temps ?
“Felice avait une clause qui était levée
automatiquement en cas de montée.
Mais nous avons aussi voulu renégocier

son contrat car il le méritait. Cela a pris
un peu de temps mais c’est toujours
comme cela dans les négociations
(sourire). Ce n’était pas une question
de garanties sportives. Tout a toujours
été très clair : Felice Mazzù allait être

notre coach en D1A. Nous n’avons ja-
mais envisagé de le perdre cet été.”

Le Stade Marien
Que dire à un supporter de l’Union qui ne
comprend pas pourquoi son équipe doit
quitter le stade Marien ?

“D’abord, ce stade n’a pas été cons-
truit, il y a une centaine d’années, pour

le football professionnel actuel. Nous ne
voulons pas d’un grand stade de
30 000 places, mais bien d’une enceinte
donnant du confort et de la sécurité à
nos supporters et située à une petite
distance de marche du stade Marien.
Ensuite, il y a une réalité économique à
prendre en compte. Aujourd’hui, nous
avons une perte annuelle qui s’élève à
6 millions d’euros. Sans nouveau stade,
il faudra trouver quelqu’un prêt à sortir
entre 5 et 6 millions d’euros chaque
année… Sur le long terme, ce n’est pas
vivable. En investissant dans un nou-

veau stade, le futur du club sera garanti
pour les 100 prochaines années. L’Union
a le potentiel pour devenir un vrai club
professionnel capable de survivre avec

ses propres revenus. Avec nos ambi-
tions, il est indispensable d’aller jouer

ailleurs.”

Quand l’Union pourrait-elle jouer dans
son nouveau stade ?
“Tout va dépendre des décisions qui

seront prises dans les prochaines semai-
nes, prochains mois ou deux prochaines

années. Nous devons être capables cette

saison de répondre à plusieurs ques-
tions liées au court terme. A-t-on trouvé

un site ? Peut-on demander les permis ?
A-t-on tout ce qu’il faut en main pour

lancer les permis ? Ensuite, il faut comp-
ter minimum deux ans pour construire

le stade. L’idéal est donc de viser le
début de la saison 2024-2025. J’espère
que les politiciens locaux se rendent

compte de la situation. Mais j’ai peur
que ce ne soit pas le cas car c’est à ce

niveau-là que cela bloque actuelle-
ment… Alors qu’on ne demande même

pas d’argent vu que le stade sera cons-
truit à partir de fonds propres à 100 %.”

Son histoire personnelle
Comment avez-vous atterri dans le
milieu du football ?
“J’avais 21 ans quand le directeur
général de Saint-Trond m’a demandé de
m’occuper de l’aspect commercial et
ticketing du club. J’ai arrêté l’école et j’ai

accepté l’offre. Quand le président
Roland Duchâtelet a quitté Saint-Trond
pour le Standard, son remplaçant
n’avait pas les moyens pour survivre sur
le long terme. Il a décidé de virer les

trois personnes à la tête du manage-
ment et de me nommer responsable.

C’est comme cela que je suis devenu le
plus jeune directeur général en D1 belge.
Quand Duchâtelet est revenu, j’avais
peur qu’il me remplace par quelqu’un
de plus expérimenté, mais il a décidé de
me garder en tant que CEO.”

Pourquoi avoir décidé de quitter Saint-
Trond à l’arrivée des investisseurs japo-
nais ?

“Nous avions placé tout le monde au
sein du club, de la femme de ménage
jusqu’au coach. Eux sont arrivés avec
leur propre vision et nous avons décidé
avec Duchâtelet de quitter le club car ils
devaient écrire leur propre histoire. Au
moment où Saint-Trond a été vendu,
j’allais sortir du monde du football car
je n’ai jamais été marié à ce monde.
Mais l’opportunité de l’Union est arrivée
et je l’ai acceptée car le projet était très
positif.”

Le Footgate est récemment revenu au
centre des discussions. Avez-vous été
personnellement dégoûté par certaines
choses dans le milieu du football ?
“Comme dans tout business, il y a des
personnes correctes et d’autres qui ne le

sont pas. Des clubs ont profité du sys-
tème et doivent être punis financière-
ment. Mais des agents, dirigeants ou

même des coachs ont aussi profité du
système. Si le football veut survivre à ce

scandale, il faut que toutes ces person-
nes quittent le football, même s’il s’agit

de propriétaires de clubs. Il faut agir
pour qu’on arrête de voir le foot belge
comme un milieu de profiteurs.”
Quel bilan personnel tirez-vous de vos
trois ans à l’Union ?
“Un bilan très positif. La collaboration
avec les investisseurs se passe bien et
tout roule sportivement, même si cela
aurait pu aller plus vite. Si le coach
(NdlR : Luka Elsner) n’était pas parti
avant la saison 2019-2020 ou si Faïz
Selemani n’avait pas quitté le club, on
ne sait pas ce qu’il se serait passé. Cela
a été une saison un peu perdue, mais
tout est rentré dans l’ordre ensuite avec

le titre de D1B. Il y a beaucoup de poten-
tiel dans ce club et c’est ce qui donne

envie de travailler. Il faut maintenant

prendre beaucoup de décisions impor-
tantes qui permettront, si tout se met

bien en place, de réaliser le plus beau
projet de Belgique.”

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