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Marc Grosjean : “Je veux changer les photos du stade…”
Marc Grosjean : “Je veux changer les photos du stade…”

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C’est l’Union qui sourit” : avec lui, le coach venu de Liège, la chanson a repris du sens. Face au Standard ce vendredi soir, Marc Grosjean retrouve sa jeunesse rouche mais prouve surtout que l’Union St-Gilloise vit au présent plutôt qu’au passé. Il vénère les clubs dotés d’une âme, se rappelle avoir fait le ramadan en Arabie et connaît même une Madame Chapeau. Marc Grosjean passe “Sur le Gril”.

Il a fait toutes ses classes d’âge au Standard, jadis, avec Michel Preud’homme, Gérard Plesserset Guy Vandersmissen. Mais pour cette 3e journée des play-offs 2, c’est en jaune et bleu que son cœur bat : avec 6 points sur 6 et un goal-average de 7-1, l’Union réalise le meilleur départ de l’Histoire des play-offs 2.

Je suis surpris par les résultats, pas par le contenu“, explique Marc Grosjean : “Ce foot-là, on le met en place depuis deux saisons mais le grand public le découvre aujourd’hui. Avec cette D1B refondue à 8 clubs, on est rompu à des matches acharnés chaque semaine, on joue tous pour gagner alors que les équipes retombées de D1 jouent pour ne pas perdre, c’est une autre dynamique qui explique aussi les résultats actuels. Mais on ne se prend pas la tête : on sait qu’on sera battu tôt ou tard. Et sans licence européenne, on sait aussi qu’on n’ira pas au bout. Mais on veut prendre du plaisir… et des points.

Régime Standard

À commencer par cette affiche détonante face au Standard : “J’aime toujours ce club où j’ai passé ma jeunesse, ce match est si particulier pour moi, mais la mauvaise passe du Standard n’est bonne pour personne. Le Standard reste un club emblématique dont le foot belge a besoin. Lucien D’Onofrio avait fourni des bases solides pour un club aux abois financièrement, mais les nombreux changements de propriétaires ont fait beaucoup de mal. Bruno Venanzi est un vrai Liégeois qui aime son club et a fait ses preuves dans les affaires, j’espère qu’il trouvera les causes du mal… et les remèdes. Mais si on peut prendre les 3 points, on les prendra…

Au Standard, il n’y a pas de primes de match en play-offs 2, à l’Union bien. “On a gardé les tarifs du championnat. Mais même sans primes, la motivation serait la même. Huit de mes joueurs évoluaient déjà dans mon noyau en D3 et ils sont guidés par le foot, pas par le fric. C’est un vécu et une vitrine exceptionnels pour eux, inimaginables il y a quelques mois.”

Le local à Robert

Un bémol toutefois : ces matches disputés au Stade Roi Baudouin. “C’est un bon signal, car il indique que notre projet de stade au Parc Duden avance enfin. Mais sportivement, c’est un handicap : il nous manque cette ambiance de notre chaudron de la Butte.” En attendant, les Unionistes se prennent presque pour… des Diables Rouges. “Nous fréquentons les mêmes vestiaires. J’occupe, moi, le local de Roberto Martinez… mais il n’a pas laissé de notes pour moi (rires). En revanche, je suis déçu par le dénuement de ces vestiaires : il y a le strict minimum, notre équipe nationale mérite mieux que ça.”

Au pied de la Butte, Marc Grosjean retrouve un foot dont l’esprit lui est cher. “Mais qu’on ne s’y trompe pas : nous sommes tous des pros, nous n’évoluons qu’un rang au-dessous du Standard. Mon métier de coach, je l’exerce de la même manière qu’en D1… à ceci près que chaque jour je dois régler un problème, je suis en contact quotidien avec le jardinier pour les terrains ou avec le magasinier pour le matériel. Quand je suis arrivé il y a 2 ans, il n’y avait rien, on manquait parfois même de ballons. Aujourd’hui le club se structure et cela me motive… même si certains jours le régime de la débrouille me pèse. Le stress est là aussi : le club est fort suivi et a un nom, les supporters sont exigeants, la pression vaut bien celle de la moitié des clubs de l’élite. Mais je veux bien encore plus de pression si c’est pour jouer au plus haut niveau (rires).”

Le Sprimontois vient de resigner à St-Gilles après avoir eu des contacts en D1A. “Je veux poursuivre mon projet qui vise la montée parmi l’élite dans les années qui viennent. Plusieurs de nos joueurs en ont le niveau, à commencer par Nicolas Rasjel, un attaquant qui marque et fait marquer, justement très convoité. C’est la vocation de notre club : détecter des talents, les peaufiner puis les laisser partir. Bruxelles a un énorme réservoir grâce à sa mixité sociale et culturelle, et un rôle central dans le pays : Anderlecht incarne l’élitisme, en tant que 2e club de la capitale, nous devons nous positionner comme tremplin.

Des murs qui suintent

Dans un paysage du foot belge aux abois, où les clubs fragiles basculent en mains étrangères, l’Union St-Gilloise fait partie des clubs de tradition. “Ce club respire le foot, qui suinte par ses murs et ses gradins, ça me rappelle l’Antwerp que j’avais coaché dans sa dernière année de D1. Mais il faut aussi faire la part des choses : un club ne vit pas que de son passé, ce passé peut être un frein. Tous les couloirs du stade sont ornés de photos de joueurs, de dirigeants et de matches du temps jadis… mais je n’ai vu aucune photo de ceux qui font renaître le club aujourd’hui. J’ai du respect pour ce passé, mais l’équipe actuelle écrit aussi l’histoire du club. J’aimerais changer quelques photos aux murs…

Au bord de la faillite voici quelques années, l’Union a trouvé le salut dans le portefeuille de son Président Jürgen Baatzsch : “C’est un homme qui s’est pris de plaisir pour le foot et pour ce club, c’est un Président qui ne vise pas le profit financier mais qui s’implique au quotidien, par goût de relationnel. On peut certes s’interroger sur certains projets sous tutelle étrangère et sur la place de l’entraîneur : moi-même, j’en ai été victime à Eupen où j’avais signé mon contrat avant d’être débarqué par un changement d’actionnaire. Mais il en va du foot comme du reste de l’économie : beaucoup d’entreprises disparaissent, ces investisseurs permettent de pérenniser des clubs et de préserver la main d’œuvre de staffs et de joueurs. Sans eux, c’est souvent la fin.”

Un Ramadan unique

Dans le large tour des clubs qui ont jalonné sa carrière, Marc Grosjean garde un souvenir impérissable de son passage à Al Shabab (Arabie Saoudite), où il fut partie du staff belge de Michel Preud’homme et d’Emilio et Yannick Ferrera. “Ce fut une expérience exceptionnelle dans un top club qui postulerait ici pour les play-offs 1. Les joueurs y sont des stars si choyées qu’ils ne veulent même pas s’exiler. J’y ai appris de nouvelles méthodes d’entraînement qui m’ont remotivé et font de moi un tout autre coach. À 58 ans, je me sens plus moderne que jamais. J’ai aussi découvert le véritable Islam, loin des clichés et proche de La Mecque. J’ai même fait le Ramadan avec eux. Si j’avais connu tout ça plus tôt, mon parcours aurait été tout différent.”

Aujourd’hui revenu dans la froidure belge (“Même en été, j’ai tout le temps froid…“), Grosjean a découvert la zwanze bruxelloise et le folklore à l’Unioniste, façon Bossemans et Coppenolle. “Je connais la pièce par cœur, je la regardais à la télévision chez mes grands-parents quand j’étais gamin. J’ai même surnommé ‘Madame Chapeau’ la dame qui nous accueille chaque jour au stade. Mais pour le lexique du parfait Brusseleir, j’ai encore quelques lacunes…”

Sauf que quand on lui souhaite de ne pas prendre une “rammeling” (“raclée“) face au Standard, il a parfaitement pigé le sens du mot…

“Sur le Gril”, un rendez-vous hebdomadaire d’Erik Libois à retrouver sur Vivacité le vendredi soir à 20h10, le samedi soir à 22h10 et le dimanche vers 16h30. Et le lundi soir en télé dans La Tribune.

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