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“Malgré ma situation, on m’a fait sentir que j’étais important”
“Malgré ma situation, on m’a fait sentir que j’étais important”

Sébastien Pocognoli a fêté le titre de l’Union
sans avoir joué le moindre match.
À 33 ans, le Liégeois fait le point sur sa carrière.

Nul n’est prophète en son

pays, ou plutôt dans sa ré-
gion. Liégeois pure souche et

capitaine de son club de
cœur, Sébastien Pocognoli quitte le
Standard en janvier 2020, 228 jours
après son dernier match officiel et

une mise à l’écart suite à une négocia-
tion de prolongation qui a mal

tourné. Le Standardman décide de dé-
laisser sa ville natale pour rallier

Bruxelles où l’Union lui offre, à 32 ans,
la possibilité de se relancer. Presque
un an et demi plus tard, alors qu’il n’a
disputé que quatre rencontres pour

les Unionistes suite à une blessure, Po-
cognoli, qui arrive en fin de contrat,

savoure pleinement le titre de cham-
pion acquis à la mi-mars. À 33 ans et

alors qu’il semble enfin débarrassé de
ses problèmes physiques, “Poco” fait
le point sur sa carrière.
Sébastien, vous n’avez pas encore joué
une minute cette saison. À quel point

vous sentez-vous impliqué dans le suc-
cès de l’Union ?

“Je n’ai pas participé sur le terrain
mais je pars du principe qu’en football,
chacun apporte sa pierre à l’édifice. En
signant à l’Union, j’étais persuadé que
ce projet était le bon. Je suis fier d’avoir
opté pour ce challenge. Évidemment, il y
a cette blessure qui vient noircir le
tableau mais je sais que j’ai toujours été
présent pour le groupe. En dehors du

terrain dans un premier temps et main-
tenant aux entraînements (NdlR : il a

joué 60 minutes du match amical à

OHL la semaine dernière, ses premiè-
res minutes de l’année).”

Quel a été votre rôle dans le vestiaire ?
Quelles étaient les attentes de Felice
Mazzù vous concernant ?
“Il me demandait, en tant que joueur
le plus âgé du groupe et celui qui a la
plus grande expérience en D1 belge, de
partager cette expérience au travers de
prises de parole notamment. J’essaie
d’être le relais avec le staff tout en
poussant mes concurrents car je reviens
dans la course.”
À vous entendre, vous ne vous êtes pas
senti mis à l’écart.

“Ceux qui ont joué sont les plus méri-
tants. Ce job-là, je ne l’ai pas réalisé. De

ce point de vue, c’est leur titre. Mais il y

a aussi des joueurs qui n’ont pas beau-
coup joué et qui ont été importants. Je

ne parle pas que de moi mais aussi de
tout le staff et des gens autour du
groupe comme l’intendance, le staff

médical qui a réalisé un boulot incroya-
ble en ces temps de pandémie. C’est

peut-être même là qu’on a remporté le
titre.”

Il s’agit de votre troisième titre de cham-
pion en 17 ans de carrière. C’est satisfai-
sant ?

“Cela dépend comment on voit les
choses. Il y a des joueurs qui font une
très belle carrière et qui ne remportent
pas de titre. Je suis un privilégié. J’ai
trois titres de champion (AZ Alkmaar,
Brighton et l’Union), une Supercoupe
avec l’AZ, deux Coupes avec le Standard.
Mais quand je regarde en arrière, ce

sont surtout des moments qui ont mar-
qué ma carrière. J’ai eu quelque chose à

fêter une année sur trois et ça, c’est un
privilège. Je considère aussi ces années
où on a été vice-champions avec le
Standard à deux reprises et à Genk une
fois. Je me suis pratiquement toujours
battu pour quelque chose dans de très
belles équipes. Je me considère vraiment
comme privilégié d’avoir vécu autant de
bons moments dans ma carrière.”
Vous n’avez disputé que quatre matchs

depuis le 19 mai 2019. Comment gère-
t-on cela ?

“Le premier arrêt (NdlR : au Stan-
dard), on me l’a imposé tandis qu’ici, il

s’agissait de la première grosse blessure

de ma carrière dans une période diffi-
cile. Je préfère largement qu’elle arrive à

ce moment-ci de ma carrière. Le Covid
m’a permis de ne pas louper six mois de
compétition en plus mais d’un autre
côté, ma revalidation a duré six mois de
plus. Cela n’a pas été optimal, c’était
dur mentalement. Je n’ai pas été nourri
par ce qui m’apporte, à mon âge
(33 ans), un sentiment de bien être à
savoir être dans un vestiaire, manger
avec les équipiers, venir voir le match le
week-end dans un stade plein. Non, au
lieu de cela, j’ai vécu à part du groupe,
on réalisait des séances par Zoom et
quand je venais au match, il n’y avait
pas de public. Cela m’a manqué mais
pas comme ça devait me manquer.”
Qu’est-ce qui fait que votre revalidation a
pris autant de temps ?
“Un tendon de mon genou a lâché. Il y
a deux insertions, une au genou et une

au niveau de la cuisse. Ce genre de
blessure est assez inédite en Belgique.
Même le docteur Declercq, qui est le
meilleur, ne savait pas me dire s’il fallait
opérer ou pas. En général, pour une
blessure, il y a un protocole A, B ou C.
Ici, il n’y avait rien de sûr.”

Avez-vous songé à mettre un terme à
votre carrière ?
“Pas un instant car je me suis engagé
avec l’Union et généralement, je vais au
bout de mes engagements. L’Union a été

extraordinaire avec moi. Il y a plusieurs
clubs qui auraient certainement eu une
autre attitude compte tenu de ma

situation mais ici, on m’a fait compren-
dre que j’étais très important pour le

groupe, pour le club. Il y a eu du respect
vis-à-vis de ma carrière, de mon vécu. Le
club a mis tout en œuvre au niveau
médical pour que je revienne. Felice a
également été incroyable avec moi sur
le plan humain. Tout cela m’a aidé à
revenir même si c’était très difficile.
Arrêter ma carrière ne m’a donc jamais

traversé l’esprit car je me sentais con-
cerné. En arrêtant, même si je ne jouais

pas, je laissais tomber le club, ma fa-
mille et mes enfants. Si je dois arrêter

un jour, je veux que cela se fasse correc-
tement et sans que je ne nourrisse des

regrets par rapport à ce que j’aurais pu

faire de plus. Je préfère évidemment
terminer sur le terrain plutôt que sur
une blessure mais on n’a pas toujours
tout ce qu’on veut.”
La réussite de l’Union, c’est aussi celle
de Felice Mazzù. Quel regard portez-vous
sur lui ?
“Quand on l’a vu débarquer au club,
on s’est dit : ‘OK, cette année, on va

monter.’ Ce n’était pas possible autre-
ment. De son côté, il n’arrivait pas à

l’Union pour perdre un an de sa car-
rière. Humainement, c’est un homme

fantastique, juste, qui dialogue facile-
ment. Personnellement, il m’a bien aidé.

Aux entraînements, j’ai beaucoup ap-
pris de son coaching et sa gestion hu-
maine. Je suis content de l’avoir connu à

cette période de ma carrière.”

Il a souvent été question de Felice Mazzù
au Standard. Pensez-vous qu’il aurait pu
y réussir ?
“On en a déjà parlé plusieurs fois. Il
sera toujours estampillé Carolo mais si
on fait abstraction de ça, même si cela
peut être un problème d’identité au
niveau des supporters, je pense que cela
aurait pu fonctionner. S’il était venu

directement du White Star quand Ro-
land Duchâtelet en avait fait une prio-
rité, il aurait pu créer une identité

comme il l’a fait à Charleroi. Je ne vais
pas non plus faire sa publicité car on est

bien avec lui à l’Union. A-t-il des re-
grets de ne pas avoir signé au Stan-
dard ? Il faudrait le lui demander mais

je sais que cette saison, il n’en a aucun.”

Vous avez connu la rivalité avec Ander-
lecht lorsque vous étiez au Standard.

Est-elle aussi forte entre les Unionistes
et les Mauves ?
“On sent surtout la rivalité avec le
RWDM qui est davantage un club
bruxellois qu’Anderlecht. Ce qui est
assez surprenant, c’est que beaucoup de
supporters anderlechtois sont charmés
par le projet de l’Union. Ils retrouvent ici
ce qui manque là-bas. Je ne serais pas
étonné, si on le peut évidemment, de
retrouver fréquemment un stade comble
à l’Union.”
Comment voyez-vous la saison prochaine
de l’Union au sein de l’élite ?
“Dans un premier temps, il faudra se
stabiliser. Il ne faudra pas prendre le
Beerschot et OHL en exemple car je reste
convaincu que cette saison est atypique

pour tout le monde compte tenu du

contexte. Ce n’est que la saison pro-
chaine qu’on verra si les clubs ont bien

travaillé lors de cet exercice. À l’Union,
on a les pieds sur terre. On tentera
d’abord de s’installer durablement en

D1A et, qui sait, d’ici cinq ans, commen-
cer à regarder la colonne de gauche et

grandir tranquillement.”
Vous serez de l’aventure en D1A ?
“Je vais d’abord essayer de regoûter
au terrain en cette fin de saison. Le club
avait tenu à mettre une option pour une

saison supplémentaire dans mon con-
trat. Ils sont heureux avec moi, je le suis

également. On va voir. Cela dépendra
aussi de mes sensations. J’ai une grande
attente par rapport à moi-même, à mon
niveau. Il y a un niveau qui me donne
du plaisir. Ce ressenti est important
pour moi. Est-ce que je pourrai encore
assembler toutes les pièces du puzzle
comme je le faisais avant pour être
performant tant aux entraînements

qu’en match ? Il faudra d’abord répon-
dre à cette question.”

Si tel n’est pas le cas, seriez-vous capa-
ble de raccrocher ?

“C’est encore très tôt pour le dire.
Mais les prochaines semaines seront
primordiales pour moi. Elles me diront
si je suis encore capable ou pas. C’est
difficile de revenir après un an d’arrêt
surtout quand on a 33 ans. Cela fait
deux mois que je m’entraîne et cela se
passe super bien. Il faudra que je me
teste en match.”

Pensez-vous déjà à l’après-carrière ?
“Tout au long de mon parcours, j’ai
toujours anticipé. Je n’ai pas attendu
33 ans pour penser à l’après. J’y pense
depuis quelques années mais j’ai
d’autres centres d’intérêt, en dehors du
foot, qui m’aident à respirer.”
Quand vous voyez votre ancien équipier
au Standard, Réginal Goreux, entamer
une deuxième carrière dans son club de
cœur, cela vous attire ?
“C’est surtout une très bonne chose
pour le club. En ce qui concerne Régi,
c’était tout à fait normal qu’il retourne à
l’Académie, dans un premier temps. Il a
le savoir, l’expérience de l’Académie
jusqu’à l’équipe pro que personne ne
peut avoir. Après, avoir été un joueur
pro ne veut pas dire qu’on est d’office
un bon coach, un bon formateur ou un
bon dirigeant. Je trouve que les clubs
devraient, de plus en plus, s’entourer
d’anciens joueurs pour encadrer les
jeunes du cru.”

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