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L’Union en tête avec le troisième plus petit budget, c’est incroyable
L’Union en tête avec le troisième plus petit budget, c’est incroyable

Le président et copropriétaire Alex Muzio dévoile les raisons du succès de son club,   et ses grandes ambitions

 

En un peu plus de trois ans, les nouveaux investisseurs ont réussi à hisser l’Union du ventre mou de la D1B à… la première place de la D1A ! L’occasion est dès lors belle de s’intéresser à Alex Muzio (37 ans), le président et copropriétaire du club saint-gillois, ami de Tony Bloom, l’investisseur majoritaire. Qui est-il ? Et qu’ambitionne-t-il pour le matricule 10 ? Nous l’avons longuement rencontré dans un des salons du stade Marien. L’Anglais s’est livré sans concession.  next

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Avant de parler de l’Union, expliquez-nous tout d’abord votre parcours personnel.

Je suis né à Brighton en 1984 et j’ai vécu dans une petite ville juste à côté. J’ai été à l’école à Hove dans le Sussex. À 18 ans, je suis parti à Londres pour étudier l’économie au London College. En 2006, j’ai commencé à travailler à Starlizard, la société créée par des amis de Tony Bloom. C’était mon premier véritable job.

Quelle était votre fonction ?

J’ai commencé au plus bas et j’ai gravi les échelons. Starlizard, c’est une société de consultance. On fournit des données pour aider les gens à parier sur des matches de football, et sur des autres sports également. J’y suis toujours président des branches US Betting et US Sport. Mais je dois bien avouer que l’Union me prend tout mon temps.

C’est donc à Starlizard que vous avez rencontré Tony Bloom ?

Oui. Notre relation a grandi et il est devenu un bon ami. Comme moi, il vit aussi à Londres.

C’est lui dès lors qui vous a demandé de devenir président ?

En fait, nous voulions tous les deux détenir un club de football ensemble. Mais lui voulait être un investisseur passif. Tandis que je suis l’investisseur actif. Il ne s’implique donc pas dans la gestion du club au quotidien. Nous prenons les décisions de concert avec Chris O’Loughlin (NDLR : le directeur sportif) et Philippe Bormans (NDLR : le directeur général).

Tony Bloom doit tout de même être ravi de ce qui arrive à l’Union…

Évidemment. Si on lui avait dit en 2018 que l’USG aurait été première de D1A après 11 matches, il aurait été aux anges.

Justement, cette première place de l’Union, comment l’expliquez-vous ?

C’est le résultat d’un long travail. Nous avons passé beaucoup de temps à recruter des joueurs adéquats en termes de mentalité. Nous avons fortement investi dans le terrain d’entraînement pour que les joueurs puissent se développer (NDLR : à Lierre). Nous avons investi dans le staff sportif, dans le staff médical, nous avons un bon directeur sportif. Et tous ces éléments font que le club fonctionne bien.

Mais tout de même, qu’un promu se retrouve en tête de la série après autant de journées…

Oui mais il faut aussi dire que la D1 belge est moins « challengeante » pour les promus car il n’y a qu’un seul descendant et demi (NDLR : le 17 e joue un match de barrage contre le 2 e de D1B). Alors que, quand on regarde les grands championnats, il y a souvent trois montants et trois descendants. Et puis, on vient aussi d’une grosse division (NDLR : la D1B) et on sort d’une saison incroyable.

Votre budget a-t-il augmenté par rapport à la saison dernière ? Et quel est-il ?

Sans rentrer dans les détails chiffrés, je vais plutôt nous comparer à d’autres clubs. Seraing a le plus petit budget, suivi d’Ostende. Et puis il y a nous. C’est donc assez incroyable d’être en tête avec le troisième plus petit budget de D1A.

Comme le dit l’expression : « L’appétit vient en mangeant ». Quelles sont les ambitions futures de l’Union ?

En fait, pour nous, rien n’a changé depuis 2018. Si on a repris une équipe en Belgique, c’était pour gagner. Les finances des clubs en Belgique ne sont pas comparables avec celles des clubs en Angleterre, en Espagne, en Italie, en France ou en Allemagne. Et elles sont mêmes incomparables avec les grands au Portugal par exemple. Des clubs comme Benfica et Porto ont des budgets bien trop élevés. Ces finances-là, par rapport aux nôtres, ne permettent pas de gagner un titre. Bien que Lille ait toutefois remporté le championnat de France l’an dernier.

Si on lit entre les lignes, vous êtes arrivé à l’Union avec l’ambition de remporter un championnat ?

Je n’ai pas dit cela en ce qui concerne cette saison. Cette saison, notre ambition a toujours été claire. Et dans le futur, c’est surtout d’être un club stable dans la division.

Vous êtes-vous fixé un timing pour remporter un championnat ?

Lorsqu’on est arrivé à l’Union, on avait dit qu’on monterait en D1A dans les trois ans. Cela a été chose faite. Et on aurait même pu y arriver plus tôt. Maintenant, on sait que c’est toujours très compliqué en D1. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Regardez, en Angleterre, Newcastle qui vient d’être repris par le fond souverain d’Arabie Saoudite. Ce qui va dès lors totalement redistribuer les cartes.

Y a-t-il d’autres raisons à votre arrivée à l’Union il y a trois ans de cela ?

Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles on est venu ici. La première c’est que la législation est plus favorable pour les investisseurs étrangers que dans celle des pays voisins comme l’Allemagne, par exemple. La deuxième, c’est la proximité de Bruxelles avec Londres. La troisième, c’est la qualité du championnat. Au Portugal par exemple, qui a un coefficient UEFA plus élevé que la Belgique, il y a certes Benfica, le Sporting et Porto. Mais le reste est d’un niveau très pauvre. Or, la Belgique a vraiment un championnat très fort. En dessous des grandes ligues, c’est pour moi le meilleur. Les grandes équipes ne dominent pas outrageusement. Quand Bruges affronte Courtrai par exemple, on ne se dit pas que les Blauw en Zwart vont l’emporter facilement. C’est cela qui nous a plu.

Pour en revenir à la saison de l’Union. Peut-on envisager une place finale dans le Top 4 ?

Nous avions des attentes en début de saison et on ne va pas les changer en milieu de saison.

L’Union a battu Anderlecht et est devant au classement. Pensez-vous qu’un jour l’USG pourrait devenir le premier club de Bruxelles ?

Anderlecht a 34 titres et a régné durant une longue période. Quand tu fais cela, tu parviens à générer un grand nombre de supporters. Et les gens ne changent pas de club favori. Mais 90 % des fans d’Anderlecht vivent en dehors de Bruxelles. Bruxelles compte un million d’habitants, donc il y a forcément un gros potentiel de public.

D’ici quelques semaines, le mercato hivernal ouvrira ses portes. Vos joueurs vont forcément être convoités. Un ou des départs sont-ils possibles ?

Premièrement, je tiens à dire que je suis ravi pour des joueurs comme Undav qui a joué en D3 et D4 allemande, pour Teuma qui a évolué chez les amateurs en France ou encore pour Burgess qui a joué dans les divisions plus basses en Angleterre. Nous pensions que ces joueurs étaient meilleurs et on leur a donné la possibilité de se montrer. Mais il faut bien se rendre compte que l’Union est un « selling club » (NDLR : un club qui vend), comme la plupart des clubs au monde. Il n’y en a peut-être que dix au monde qui ne sont pas des « selling clubs ». Il serait dès lors stupide de ma part de dire que, peu importe l’offre qui tombera sur mon bureau, le joueur restera ici. De plus, ils ont leur propre carrière à faire. Mais par contre, nous ne sommes pas du tout sous pression pour vendre. Nous ne devons pas absolument vendre. De toute façon, je ferai mon job pour savoir à quel point un départ va impacter le club et nos chances de réussite cette saison, à quel point cela vaut vraiment le coup. Et puis, je ne pense pas que les joueurs voudront quitter en janvier cette incroyable aventure.

À l’inverse, quel est votre mode de recrutement. Recrutez-vous, comme on le dit souvent, via les datas ?

Nous avons différentes options. On utilise les datas oui. Mais on a également une cellule de scouting. Et puis, et c’est le plus important, on regarde si ce sont des bonnes personnes qui conviennent à la culture du club. Nous avons déjà eu beaucoup de conversations avec des joueurs et des agents qui veulent juste savoir combien on va les payer. Ils ne veulent rien savoir sur l’Union et sur son histoire. Même si le joueur peut être très bon, on se dit qu’il ne conviendra pas à terme.

Changeons de sujet et parlons de ce projet de nouveau stade. Qu’est-ce qui vous motive tellement que cela à quitter le Marien ?

Pour nous, il est important d’avoir un nouveau stade. Regardez le match contre Seraing. Avec tout le respect que je dois à ce club, c’est probablement le genre d’équipe contre qui les clubs ne font pas leur plus grosse affluence de la saison. Or, nous étions déjà quasiment sold out. Il y a une vraie demande des gens à Bruxelles de venir voir l’Union et on risque d’attirer de plus en plus de monde. Et puis, on est dans une rue avec des riverains qui n’ont pas signé pour avoir d’aussi grosses affluences. J’étais dans la rue le soir de la victoire face au Standard et il y avait encore un millier de personnes dehors à une heure du matin…

Où en êtes-vous et quand espérez-vous que celui-ci sorte de terre ?

Nous avons déjà fait des études de mobilité et d’autres études. Mais on sait que cela prend du temps. Regardez à Bruges, cela ne s’est pas non plus fait rapidement. Philippe Bormans parle de 2024-2025 comme cible.

Autre sujet épineux : le centre d’entraînement à Lierre. Envisagez-vous un jour de revenir vous entraîner à Bruxelles ?

Nous sommes en train de regarder à des solutions. En 2018, quand on est parti de Bruxelles pour Lierre, on s’est toujours dit qu’on voudrait y revenir un jour. À Lierre, les gens savent que nous sommes une équipe bruxelloise. Quand reviendrons-nous ? Il faudra voir. On parle d’un nouveau stade, mais trouver des terrains d’entraînement à Bruxelles est tout aussi difficile.

Est-ce difficile de voir le club quelque peu coupé en deux ? Le côté administratif se trouvant au Marien, le côté sportif se trouvant à Lierre.

Oui, c’est négatif. Les fans, s’ils veulent voir un nouveau joueur qui viendrait de débarquer, ne vont pas aller jusqu’à Lierre. Et puis, nos joueurs vivent à Anvers, à Lierre ou Duffel (NDLR : le village à côté). Ils devraient plutôt vivre à Bruxelles.

Vous parliez à l’instant des fans. Êtes-vous surpris de leur engouement, de leur énergie ?En fait, nous recherchions à la base un club avec des bons fans. Et je peux dire qu’ils font vraiment un bruit incroyable, comme ce fut encore le cas ce week-end contre Seraing. J’avais invité des amis d’Angleterre pour la première fois et ils ont été très étonnés que les supporters chantent après les deux buts de Seraing. Et qu’ils chantent encore le même son en fin de rencontre quand nous avions renversé la tendance. Ils sont dynamiques, positifs et ont du respect.

Vous parliez de vos amis venus d’Angleterre pour voir l’Union. Vous, personnellement, habitez-vous Bruxelles ?

Non, je vis à Londres avec ma femme et mes deux enfants de quatre et un an. Quand j’ai rencontré ma femme il y a onze ans, on vivait tous les deux à Londres. Contrairement aux footballeurs qui doivent beaucoup bouger dans leur carrière, je n’étais pas censé partir de Londres. Ce n’était pas l’accord avec ma femme (sourire). Mais je suis là à tous les matches. Le trajet jusqu’à Eupen samedi va être très long (rire).

Que pensez-vous de la Belgique ?

Je m’y sens très bien. Avant le Covid, j’aimais aller boire des verres dans un pub à Schuman. Mais la pandémie a interrompu ma vie à Bruxelles. Et quand je roule dans les villages flamands pour aller voir les matches, je trouve cela juste magnifique : les maisons, le calme, la verdure. Et puis, les Belges sont très agréables.

Pour conclure, comptez-vous vous inscrire dans la durée à l’Union ?

Nous sommes là pour le long terme. Il n’y a aucune raison que Tony et moi partions. J’ai 37 ans. J’espère bien encore être ici à 77 ans (rires) !

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