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“Le monde du football n’a peut-être pas une perception extraordinaire de moi”
“Le monde du football n’a peut-être pas une perception extraordinaire de moi”

Avec l’Union, Felice Mazzù réalise son grand
retour en Division 1A ce dimanche.

Un retour parmi l’élite
48 ans plus tard, et
face à Anderlecht,
qui plus est, devrait
être source de stress pour un

club. Pas pour l’Union Saint-
Gilloise.

Le club bruxellois, invaincu
durant ses neuf matchs de
préparation, a préparé cette
rencontre de manière sereine
dans les belles installations de
son centre d’entraînement, à
Lier.

Avec confiance et bonne hu-
meur, à l’image de son coach,

Felice Mazzù, qui fera lui aussi

son retour au plus haut ni-
veau. Avant le derby, le T1

unioniste fait le point sur les

ambitions de son club, son ex-
périence à Genk et ses objec-
tifs pour le futur. Entretien.

Felice, dans quel état d’esprit
êtes-vous à quelques heures du
retour de l’Union en Division 1 ?
“Vu la préparation que nous
avons réalisée, même si je sais
que cela ne veut pas tout dire,
je suis dans un état d’esprit très
positif. Réussir une préparation
permet d’avoir des joueurs en

confiance. Nous n’avons pres-
que pas connu de bas, ce qui

démontre que nous sommes
dans la continuité de la saison
dernière.”
Peut-on dire que l’Union est
prête à jouer un vrai rôle dans
cette D1A ?
“Je ne sais pas encore quel
rôle nous allons jouer. Le plus
important en tant que promu
est de trouver une stabilité en
D1 avant de se projeter plus
loin. Il faudra voir comment les
joueurs vont réagir lors des
premiers matchs. Il ne faut pas

oublier que la plupart ne con-
naissent pas la D1 belge, qui

reste un championnat particu-
lier.”

Avez-vous une crainte que la
sauce ne prenne pas ?
“Il n’y a pas d’appréhension
car nous travaillons tous très
dur pour que la sauce prenne.
Mais il est clair qu’il y aura pas

mal d’éléments non contrôla-
bles qui pourraient venir inter-
férer : la pression, la qualité des

adversaires ou encore la gestion
des moments difficiles. De par
mon expérience, je sais que
chaque club de D1 connaît

toujours des périodes compli-
quées durant la saison et il

faudra bien les gérer. Ce sera
d’autant plus spécial pour nous
car depuis que je suis à l’Union,
même si nous avons perdu l’un
ou l’autre match, je n’ai pas
encore connu une seule période
difficile…”

Le hasard fait que l’Union dé-
bute face à Anderlecht : certains

parlent d’un duel entre David et
Goliath…
“Je respecte les avis de tous.
Anderlecht a un vrai statut et a
de gros objectifs. C’est une
équipe soi-disant avec moins de
moyens mais qui peut quand
même se permettre d’attirer des

joueurs de la trempe de Refae-
lov ou Raman. Ils se donnent

des moyens pour atteindre leurs

objectifs. Nous sommes cons-
cients que nous affronterons

une équipe qui va jouer le haut
du tableau. De notre côté, nous

venons de monter, donc menta-
lement, je dis bien mentale-
ment, cela doit être un match

facile.”
Comment le club a réussi à
convaincre tous les cadres de

rester, malgré l’intérêt de diffé-
rentes équipes pour ces

joueurs ?
“Le club les a convaincus à
leur arrivée et non pas à la fin

de la saison dernière. Les gar-
çons se sont engagés dans un

projet à long terme et restent
cohérents avec ce projet. Si j’ai
peur qu’un des cadres quitte
l’équipe ? Je sais que cela fait
partie de la vie d’un groupe et
d’un entraîneur. Si un joueur
reçoit une offre extraordinaire

et que son souhait est de partir,

nous accepterons et nous trou-
verons quelqu’un d’autre.”

Le seul gros départ est celui de
Mathias Fixelles. Pourquoi
n’a-t-il pas prolongé à l’Union ?
“Mathias arrivait en fin de

contrat et aucun accord com-
mun n’a été trouvé avec la

direction. En tant que coach, j’ai
fait tous les efforts possibles
pour qu’il reste. J’aurais voulu le
garder car c’était un des joueurs
importants la saison passée.
Mais j’ai aussi dit à Mathias
que l’important était qu’il
devait être heureux : ‘Si tu dois
rester à contrecœur, cela ne
sert à rien. Si tu veux trouver
ton bonheur ailleurs, vas-y’.
Mais j’aurais préféré qu’il soit
toujours avec nous.”
Ce retour en D1A de l’Union
coïncide avec votre retour au
plus haut niveau : comment le
vivez-vous ?
“Honnêtement, de manière
très sereine. Sans parler du
passé, car je ne veux plus en
parler, ce passage à Genk m’a
fait comprendre beaucoup de
choses sur le monde du football.
Ma seule ambition est d’être

heureux avec le groupe avec
lequel je suis et d’entraîner le
plus haut possible. C’est le cas
aujourd’hui avec ce retour en
D1A.”

Sans aucun sentiment de
revanche ?

“Non, je n’en veux à per-
sonne. Dans tout ce qu’on fait

dans la vie, il faut d’abord
analyser ses propres choix
avant de regarder ailleurs. Dans
mon cas, je n’ai peut-être pas
toujours fait les bons choix,
donc je ne peux pas en vouloir
à quelqu’un. Les gens au-dessus
de moi sont là pour prendre des
décisions. Si cela s’est passé
comme cela, c’est que cela

devait se passer de cette ma-
nière.”

Cela ne vous fera donc rien de
retourner dans le stade de Genk
ou même de Charleroi ?
“Retourner à Genk ne me fera
vraiment rien, honnêtement.
Aller à Charleroi me fera par
contre quelque chose car

le Sporting restera, et je le
répéterai jusqu’à la fin de mes
jours, le club qui m’a permis de
grandir, de connaître la D1 et
dans lequel je m’identifie aux
supporters. Ce sera donc une
émotion particulière.”
Comment avez-vous vécu cette

saison en D1B avec des déplace-
ments dans des “petits” clubs

comme Lommel, Deinze ou le
Lierse ?
“C’est dans ces moments-là
que je me suis souvenu d’où je
venais. Je ne pense pas à mon
passage à Genk ou à Charleroi
mais plutôt à mes racines, à
mes débuts dans le football, à

mes années en deuxième pro-
vinciale. Je suis venu de très loin

et cela m’a permis de me sentir
chanceux d’aller coacher à
Lommel, à Seraing ou à Deinze.”
Avec le recul, votre signature
d’une année à l’Union était un
pari risqué ?

Si le club ne montait pas, vous

auriez pu retomber dans l’anony-
mat…

“Effectivement, la situation de
ne pas monter a été envisagée.

Mais, pour être honnête, retour-
ner dans l’anonymat ne me

tracasse

pas. J’essaye de faire toujours
bonne figure devant la presse
mais je ne suis pas quelqu’un
qui court vers la médiatisation,
même si certains pensent le
contraire. J’ai pris le risque de
signer à l’Union parce que
j’avais encore envie d’entraîner.
Le jour où je n’ai plus envie
d’entraîner dans le monde
professionnel, je ferai autre
chose. Je ne pense pas que
j’aurai assez d’âme pour

entraîner dans les divi-
sions inférieures.”

Comment avez-vous vécu
l’obligation de montée
en D1A ?

“Je l’ai vécue sereine-
ment. Les gens vont

penser que c’est facile à
dire après avoir remporté
le titre de D1B… Depuis mon

passage à Genk, j’ai pris beau-
coup de recul sur ma personne,

sur la manière dont je fonc-
tionne. Je suis arrivé à l’Union

avec beaucoup

de sérénité sans me dire ‘Vu que
j’ai raté à Genk, si je rate ici,
c’est fini pour moi.’”

À vous entendre, votre expé-
rience à Genk vous a beaucoup

apporté.
“Oui, complètement. Si vous
avez des échecs constamment,
cela devient compliqué. Mais,
quand vous faites face de temps
en temps à un échec, il faut le
transformer en énergie positive
en comprenant pourquoi cela
n’a pas fonctionné. Je ne sais
pas si je l’ai bien fait, mais cela
m’a apporté beaucoup de
choses.”
Comment se sont déroulées les
négociations entre vous et le
club pour la prolongation de
votre contrat après le titre ?
“Tout le monde sait que je
suis quelqu’un qui aime les
projets. Dans le fond de mon
cœur, j’avais donc envie de
rester. Mais d’autres paramètres
sont entrés en cause : il y a eu
des propositions en Belgique et
à l’étranger,

dont je ne parlerai pas, il y a eu
le paramètre familial et puis
l’aspect financier qu’il fallait
régler.”

En quoi le Felice Mazzù de 2021
est-il différent de celui de 2013
qui débutait son aventure à
Charleroi ?
“J’ai appris beaucoup de
choses au contact de tous les
gens du monde du football
professionnel. Je suis arrivé à
Charleroi avec beaucoup de
naïveté. Je ne sais pas si c’est
une qualité ou un défaut, mais
j’ai encore, à une moindre
échelle, cette part de naïveté au
fond de moi. Je sais que j’ai fait
des erreurs tout au long de mon
parcours en termes de résultats,
de philosophie mais aussi de

communication. Dans ce der-
nier domaine, je pense avoir

tout de même progressé.
Même si je suis quelqu’un
qui donne beaucoup
d’affection à son
groupe, j’arrive tout
doucement à garder
plus de distance à
certains moments.”

À 55 ans, avez-vous des objec-
tifs de carrière clairs ?

“J’ai cette ambition d’entraî-
ner toujours le plus haut possi-
ble en tenant compte de mon

expérience à Genk, c’est-à-dire
sans aller n’importe où pour
faire n’importe quoi. J’ai envie
de réussir quelque chose
d’autres, autre part un jour, tout

en pensant au paramètre fami-
lial, que j’ai peut-être trop

négligé durant mon passage à
Genk.”
Dans une interview donnée en
2016, vous disiez ceci : “Dans

10 ans, je me verrais bien en-
traîner la Juventus.” C’est

toujours l’un de vos rêves ?

(Il sourit.) “Oui, bien évidem-
ment. Au début du parcours de

vie, tout le monde a des rêves.
Puis, en fonction des étapes
passées et de la perception
qu’ont les gens de vous, le
parcours se dessine d’une
manière ou d’une autre. Le
monde du football n’a peut-être

pas une perception extraordi-
naire de moi vu le temps durant

lequel je suis resté sur le car-
reau (NdlR : entre son licencie-
ment à Genk et sa signature à

l’Union). Le chemin de vie fait
qu’il y a un rêve au début mais
qu’il est de plus en plus difficile
à atteindre avec le temps.”

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