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La folle histoire de l’Union
La folle histoire de l’Union

Elle a connu les sommets durant la première moitié du 20 e siècle, mais également la descente aux enfers jusqu’à goûter à la Promotion au début des années 80. Aujourd’hui, Felice Mazzù et sa bande sont parvenus à redonner ses lettres de noblesse au matricule 10

Si l’Union Saint-Gilloise a vu le jour le 1 er novembre 1897, c’est en 1901, lors de la première promotion en D1, que sa grande histoire a commencé. Une histoire qui verra l’USG coiffer les lauriers nationaux à 11 reprises, entre 1904 et 1935. Aujourd’hui encore, il s’agit du troisième club le plus titré du Royaume derrière Anderlecht (34) et Bruges (16) mais juste devant le Standard (10). L’Union compte également deux Coupes de Belgique (1913 et 1914), ainsi que quatre titres en D2, trois en D3 et un en Promotion. Dans les années 1930, le club de la Butte rentrera véritablement dans la légende du football belge avec la fameuse « Union 60 » qui doit son nom à une série historique de 60 matches sans défaites entre 1933 et 1935. Un record qui tient toujours. « J’ai toujours dans mon bureau le ballon du 60 e match », se félicite Charles Picqué, bourgmestre de Saint-Gilles depuis 1985. La belle série avait pris fin le 10 février 1935 face au voisin du Daring, l’ancêtre du RWDM, lors d’un fameux derby de la Zwanze. Un derby passionné parmi tant d’autres à cette époque qui aura inspiré la célèbre pièce de théâtre bruxelloise « Bossemans et Coppenolle », créée en 1938. Aujourd’hui, les acteurs de cette épopée ont tous disparu. Jacques Bastin, qui était le dernier « survivant », est décédé en 2009. 1959, dernière apparition de l’Union en Europe Après la seconde guerre mondiale, l’Union rentre dans le rang, redescendant pour la première fois de son histoire en Division 2 au terme de la saison 1948-1949 (avec une remontée en D1 en 1951). Toutefois, les fans saint-gillois vivent encore de belles aventures dans les années 50 avec notamment une qualification pour les demi-finales de la coupe des Villes des Foires en 1959 (élimination face à Birmingham City). Durant les années 60, l’USG fait le yoyo entre la D1 et la D2 à deux reprises avant d’être à nouveau reléguée en 1973. Qui aurait cru alors qu’il allait lui falloir près d’un demi-siècle pour retrouver l’élite ? « Cela a duré très longtemps, voire même trop longtemps », lance ainsi Fernand Verleysen (76 ans), qui a évolué à l’USG de 1962 à 1975.

Le regretté Guy Thys, en place depuis 1969, se retire à la suite de cette relégation. Un an plus tard débarque un jeune entraîneur pétri de talent : Georges Heylens fait ses tout premiers pas comme coach après une illustre carrière de joueur à Anderlecht et en équipe nationale. Des débuts mouvementés avec une descente en D3 en 1975. Un passage toutefois éclair au troisième échelon qui ne durera qu’un an. Mais l’Union s’apprête à vivre ses années les plus noires : en 1980, elle est reléguée en Division 3 et dégringole même en Promotion l’année suivante. De 1981 à 1983, le matricule 10 végète au quatrième échelon national. Mais grâce à André Colasse, il va retrouver le sourire, et une place plus appropriée à son rang. En deux ans, l’entraîneur carolo, débarqué en 1982, extirpe le club des tréfonds de la Promotion pour le ramener en Division 2. Dans ses rangs, le coach peut compter sur un certain Danny Ost, capitaine emblématique du matricule saint-gillois. « J’ai porté le brassard durant près d’une décennie », explique le Bruxellois qui aura passé pratiquement toute sa carrière de joueur à la Butte. « J’y ai passé des moments magnifiques, mais également d’autres plus compliqués, notamment avec des difficultés financières. » 2008, le dernier épisode douloureux Danny Ost sera resté à l’Union jusqu’à ce que Charles Picqué devienne le président en 1994 (il le sera jusqu’en 2000). « Mon souvenir le plus marquant aura été la montée en Division 2 au terme de la saison 1995-1996 », explique le bourgmestre saint-gillois. « On était enfin parvenu à se sortir de l’ornière de la Promotion et de la Division 3. Malheureusement, on est redescendu l’année suivante. L’Union d’aujourd’hui doit le savoir, mais je pense que les investisseurs en sont conscients : on ne survit pas à l’étage supérieur avec le même budget. » En 2004, l’Union remonte une fois de plus en D2 et s’y maintient jusqu’en 2008, année de la toute dernière relégation de l’USG. « Cette descente fera toujours tache au niveau sportif pour moi », se souvient Peter Mommaert, le coach de l’époque. « J’étais vraiment triste de ne pas pouvoir récompenser les fidèles supporters qui nous ont toujours soutenus, de ne pas pouvoir leur donner un beau cadeau en retour. »

Le 19 mai 2013, l’Union, alors active en Division 3, frôle la catastrophe. Les Saint-Gillois doivent passer par la case barrages pour ne pas dégringoler pour la deuxième fois de leur histoire en Promotion. Menés 2-3 à quelques secondes de la fin face à Bourg-Léopold, ils arrachent la prolongation grâce à Ignazio Cocchiere, leur avant-centre italien arrivé quelques mois auparavant à Bruxelles… pour travailler pour les institutions européennes ! L’Union s’impose aux tirs au but et Cocchiere rentre dans le cœur des supporters qui lui dédient une chanson, encore aujourd’hui entonnée régulièrement. « Si les supporters ont inventé cet air en mon honneur, je pense que c’est parce que j’étais là au bon moment et que j’ai eu un peu de chance », livre-t-il modestement. «Je suis arrivé à un moment où le club était au plus bas, à deux doigts d’être relégué en Promotion, et je suis reparti alors qu’il venait d’accéder à la Division 1B.» Ce jour-là, l’Union pose la première pierre sur le chemin de sa remontée vers les sommets. Un an plus tard, à l’aube de la saison 2014-2015, Drazen Brncic débarque et réalise des miracles lors de son seul exercice à la tête de l’Union, avec une troisième place synonyme de montée en Division 2 car les deux premiers, Cappellen et Sprimont, ne demandent pas leur licence. « Lorsque je débarque dans un club, je dis toujours à mes joueurs que, nous, nous ne sommes que de passage mais que le but est de marquer ses supporters à tout jamais », glisse Brncic. « Même si on ne reste pas longtemps, il faut parvenir à marquer l’histoire du club. Et c’est ce qu’on avait réussi à faire à l’Union. Tout comme l’ont fait les joueurs saint-gillois cette année. » Un retour en Division 1B A peine arrivés en D2, les Unionistes sont confrontés à la réforme du championnat, qui prévoit que les huit premiers de la saison 2015-2016 composeront la toute nouvelle Division 1B la saison suivante. Avec les moyens du bord, Marc Grosjean, qui a pris la succession de Drazen Brncic, réalise à son tour un petit miracle en hissant l’USG parmi les huit premiers. Mais, plus important encore, il sort le club de l’amateurisme. « Je crois pouvoir dire que ce qui arrive aujourd’hui à l’Union est également le résultat du travail réalisé par mon staff et mes collaborateurs », explique le coach liégeois. « Mais aussi de Jürgen Baatsch (NDLR : le président de l’époque), de Guy Brison (NDLR: le directeur sportif de l’époque) ou encore de Jean-Marie Philips (NDLR: qui a occupé plusieurs fonctions dans l’organigramme du club). Quand je suis arrivé à l’Union, j’ai débarqué dans un club sans structures professionnelles. L’USG était montée en D2 grâce à un problème de licence de ses adversaires mais n’était pas prête. Il a fallu mettre beaucoup de choses en place. Au niveau sportif par exemple, il n’y avait pas d’entraîneur des gardiens, pas de préparateur physique, pas de bureau pour l’entraîneur, etc. En fait, il n’y avait pas grand-chose. Il a fallu se battre pour pouvoir travailler correctement car le club fonctionnait en plein amateurisme.» Des matches au stade Roi Baudouin En 2016-2017, toujours sous sa houlette, l’Union étonne une fois de plus en parvenant à accrocher son ticket pour les Playoffs 2 en terminant dans le Top 4. Le 14 avril 2017, devant près de 10.000 supporters en folie au stade Roi Baudouin (utilisé entre 2016 et 2018 le temps que les travaux pour remettre le stade Marien aux normes soient réalisés), l’Union réalise l’exploit d’accrocher le Standard (2-2). La saison suivante (la dernière de Marc Grosjean à la tête de l’USG) est moins réjouissante, et beaucoup plus stressante pour le club saint-gillois, qui doit passer par les playdowns pour se maintenir. Mais l’Union est désormais bien implantée en D1B. Et le terreau est fertile pour accueillir l’arrivée de nouveaux investisseurs…

En mai 2018, l’Union entre dans une nouvelle ère. Le président Jürgen Baatzsch et Auguste Weemaels revendent leurs parts à Tony Bloom, le président de Brighton & Hove Albion. « Il fallait transmettre le flambeau à des gens qui avaient l’expertise du haut niveau et plus de moyens financiers », explique l’ancien président saint-gillois. « Il fallait se donner les moyens de ses ambitions car, en Division 1B, il n’y a pas de recette. Un mécène est nécessaire. À mon époque, nous avions un budget de 3 millions d’euros par an (NDLR : aujourd’hui, celui-ci se situe entre 10 et 12 millions d’euros). Nous parvenions à faire de bonnes choses mais, pour passer à l’étape supérieure, il fallait plus d’argent et un plus grand réseau. » Des succès retentissants Sportivement parlant, avec cette nouvelle manne d’argent frais, l’Union passe logiquement d’outsider à prétendant très sérieux au titre. Lors de la première saison sous pavillon anglais, un grand remue-ménage est effectué. De nombreux joueurs de tous horizons débarquent, dont certains marqueront l’histoire, comme le trident offensif Selemani-Tau-Niakaté qui, sous la houlette du jeune entraîneur slovène Luka Elsner, terrorise les défenses le temps d’une saison, y compris celle… d’Anderlecht (victoire 0-3 des Saint-Gillois au parc Astrid en 8 es de finale de la Coupe). Après une deuxième saison « britannique » plus décevante sous la houlette de l’Hispano-Danois Thomas Christiansen, la direction réalise un coup de maître en parvenant à attirer Felice Mazzù, un entraîneur revanchard après son échec à Genk. La suite, on la connaît : les Saint-Gillois, qui ont survolé la D1B cette saison, peuvent (enfin !) célébrer, 48 ans plus tard, leur retour parmi l’élite du football belge. Là où est leur vraie place.

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