custom-header
l y a deux ans et demi, l’Union éliminait Anderlecht de la Coupe: “On a montré qu’il y avait bien un deuxième club à Bruxelles”
l y a deux ans et demi, l’Union éliminait Anderlecht de la Coupe: “On a montré qu’il y avait bien un deuxième club à Bruxelles”

Union Saint-GilloiseSébastien Ferrante

 Abonnés Publié le 10-02-21 à 07h05 – Mis à jour le 10-02-21 à 07h06

Retour sur le scénario incroyable des Saint-Gillois qui créaient l’exploit en battant les mauves (0-3) en Coupe en septembre 2018.

Il y a deux ans et demi, l'Union éliminait Anderlecht de la Coupe: "On a montré qu’il y avait bien un deuxième club à Bruxelles"

Ce match-là a marqué leur carrière. Le 27 septembre 2018, rien ne prédestinait le peuple jaune et bleu à faire vibrer le football belge. Pas de chance pour Hein Vanhaezebrouck et ses hommes, l’Union Saint-Gilloise est en état de grâce ce soir-là.

Le matricule 10 réussit à infliger une correction au grand Sporting Anderlecht, chez lui, 39 ans après leur dernière confrontation dans ce derby de la capitale, grâce à, notamment, l’adresse devant le but de Youssoufou Niakaté. Le Franco-Malien devenu depuis lors l’un des héros des fans de la Butte.

Retour sur cette soirée de folie avec différents acteurs qui ont assurément vécu l’un des plus beaux moments de leur vie.

Les jours d’avant : “Craindre un adversaire ? Pas le genre de la maison”

En septembre 2018, l’Union tourne à plein régime. La formation de Luka Elsner retrouve de vives couleurs et se bat pour le gain d’une tranche en D1B.

Les joueurs sont confiants, croient en leurs chances malgré un déficit de talent brut qui les sépare des Anderlechtois. Mais l’Union a un coup à jouer ! Les Mauves restent sur un piètre bilan d’un point sur neuf lors de ses trois dernières rencontres de championnat. Le moment est parfait pour achever la bête.

La motivation liée à ce derby historique remplit la jauge d’espoir pour créer ce que l’on pensait, alors, impossible.

“Luka et moi ne connaissions pas tout l’engouement autour de ce derby car nous venions de l’étranger”, raconte Abder Ramdane, ex-T2 d’Elsner à l’Union. “Plusieurs joueurs dont Charles Morren ou Perdichizzi nous ont parlé de l’attente des supporters et de ce que cela représentait pour un club comme l’Union, un club au passé incroyable. Leurs explications ont clairement fait comprendre qu’on ne devait pas y aller la fleur au fusil.”

Les joueurs et le staff préparent le match de manière normale, sans modifier quoi que ce soit dans leurs habitudes malgré l’enjeu de cette partie. “Craindre un adversaire ? Ce n’était pas le genre de la maison”, plaisante le chaleureux Ramdane. “On savait que, sur papier, on n’était pas favoris. Mais la magie de la Coupe permet aux petits clubs de renverser des montagnes. Il fallait y aller avec cette mentalité.”

Les hommes d’Elsner s’apprêtent à se rendre à Anderlecht dans le plus grand des calmes. Tout le monde semble confiant pour forcer l’exploit.

L’avant-match : “Des regards de joueurs ultra-transcendés”

Aussi bizarre que cela puisse paraître, les Jaune et Bleu sont décomplexés à ce stade de l’aventure. Il ne s’agit que des seizièmes de finale et de leur deuxième rencontre de Croky Cup après un premier succès décroché face aux amateurs de City Pirates au cinquième tour (3-0). À cette époque-là, personne n’aurait misé 1 € sur le fait qu’ils arriveraient dans le dernier carré. Et pourtant…

Ils débarquent donc à Saint-Guidon l’esprit tranquille dans la peau du parfait outsider. “C’est peut-être ça qui nous a permis d’y arriver au final”, raconte Pietro Perdichizzi, l’ex-défenseur saint-gillois auteur d’une grosse performance face aux Mauves. “Dans le vestiaire, tout le monde était concentré et concerné par ce match qui s’apparentait comme le plus gros de notre saison. À l’époque, le coach était très proche de ses joueurs. Il savait quoi dire ou quoi faire et ce dans les moments les plus importants. C’est peut-être pour ça qu’on a réalisé une belle saison malgré le fait qu’il n’y avait pas de titre en fin d’exercice. On a tous bien écouté les discours des entraîneurs et on est montés sur le terrain comme des lions.”

Fallait-il vraiment motiver les joueurs à quelques minutes de ce derby après 39 années d’attente ? Les pensionnaires de deuxième division sont plus motivés que jamais et espèrent écrire une nouvelle ligne de l’histoire du club. “Je me souviens que Luka avait évoqué la théorie et les consignes à adopter sur le terrain. Lui parlait plus tactique et moi je m’occupais plus souvent du discours pré-match”, précise l’ancien bras droit du T1. “Avant de prendre la parole, je voyais les regards des joueurs dans le vestiaire qui semblaient ultra-transcendés. J’ai commencé le discours et tout ce que je racontais sortait directement du cœur, des tripes. C’est un de mes traits de personnalité, je suis quelqu’un de vrai. On était comme dans une bulle et on voulait le faire pour nos supporters, pour la fierté d’appartenir à un si beau club que l’Union.”

Le match : “J’ai pointé les deux buts avec mes mains”

L’Union est persuadée de pouvoir vaincre cet Anderlecht malade à ce moment précis de la saison. Le club est d’autant plus motivé qu’il est accompagné par environ 2 000 de ses fans qui font le show durant les nonante minutes de la rencontre, donnant au Lotto-Park des allures de Joseph-Marien.

“Je ne me souviens pas avoir vu un tel bordel en tribune depuis bien longtemps (rires), avance Dylan, capo du groupe ultra des Union Bhoys. “C’était incroyable et c’est assurément dans mon top 3 des meilleurs souvenirs dans un stade. On a tout donné pour les joueurs et ils nous l’ont rendu avec cet exploit. Ce match marque à coup sûr une page de l’histoire du club. Je pense pouvoir affirmer que cela a été un déclic qui annonçait le retour de l’Union sur les devants de la scène belge.”

La domination dans les tribunes trouve un prolongement sur Youssouf Niakaté, qui signe un triplé avec un but avant la mi-temps (43e) et deux autres après (76e et 82e). 0-3 : le score claque. Historique.

“Le fait d’en reparler me procure énormément de sensations. C’est comme si c’était hier. Je fais un peu le fier en y repensant mais je n’étais pas si bien que ça avant le match. J’avais tellement mangé à la collation que je me demandais comment j’allais pouvoir courir (rires), évoque le Franco-Malien et joueur d’Al Wahda Mekka. “Mon ventre était plein mais j’ai quand même réalisé le petit rituel que j’avais l’habitude de faire avec Faïz Selemani lors de la reconnaissance du terrain. On avait pour coutume de chanter une petite mélodie et de pointer du doigt le but où l’on pensait marquer durant la partie. Je ne sais pas pourquoi mais, ce soir-là, j’ai pointé les deux buts avec mes deux mains.”

Le reste appartient évidemment à l’histoire… “C’était une période où ma confiance était gonflée à bloc, je savais que si j’avais des occasions, j’allais en mettre au moins une au fond”, poursuit le héros de la soirée. “Mais honnêtement, il ne faut pas tout ramener à moi. C’est le travail d’un groupe même si j’ai été élu l’homme de la rencontre avec ce triplé.”

Youssouf Niakaté a même eu droit à la standing ovation des fans mauves présents au Parc Astrid. Un geste de grande classe qui montrait à quel point l’attaquant a marqué les esprits ce soir-là, goûtant à un privilège rare.

“Et dire que je ne l’avais pas remarqué… C’est en revoyant les images après le match et en interview que je me suis rendu compte. En sachant que le dernier à avoir connu ça avant moi était Zlatan Ibrahimovic, ça me fait encore quelque chose, c’est un truc que je n’oublierai jamais. Ce match a certainement changé le regard de certaines personnes qui ne croyaient pas en moi.”

L’après-match : “Et un, et deux, et trois-zéro !

Après l’exploit, les membres du noyau saint-gillois partent directement fêter cela avec leurs supporters. Les chants jaune et bleu couvrent les sifflets du public anderlechtois, déçu de Hein Vanhaezebrouck et ses hommes. “Durant la rencontre, on entendait bien nos fans, on avait l’impression qu’il n’y avait qu’eux dans le stade. Mais quand tu es concentré, tu fais abstraction de ce qui se passe autour. Par contre, après le coup de sifflet final, les scènes de liesse entre joueurs et fans étaient incroyables. Je pense que nous sommes restés durant une vingtaine de minutes avec eux. C’était un moment important pour tout le peuple unioniste. Cela faisait longtemps qu’on entendait : ‘il n’y a qu’un club à Bruxelles’. Ce soir-là, on a montré qu’il y en avait bien un deuxième”, se remémore l’ancien capitaine de l’Union, Charles Morren, actif désormais du côté de Dudelange.

Les “Un et deux et trois-zéro” ou “On est chez nous” volent dans tous les sens. On appelle ça le côté zwanze des supporters du matricule 10. Cela reste bon enfant ! La fête se prolonge pour les supporters et l’ancien capitaine unioniste dans les bars entourant le stade anderlechtois. “J’ai prolongé la fête dans les bars du coin avec des amis et certains supporters. La plupart des joueurs étaient rentrés car il y avait un match important quelques jours après celui de Coupe. J’ai vécu une super soirée ! La seule chose dont je me souviens est que j’étais bien éméché en rentrant (rires). J’ai évidemment assumé lors de mon retour à l’entraînement.”

L’Union espère revivre ces moments de joie particuliers malgré l’absence de ses supporters au stade Marien jeudi soir. Ne fût-ce que pour leur rendre hommage… avant un éventuel titre en D1B.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

CLASSEMENT D1A

Prochaine journée - RUSG

Calendrier

Meilleur buteur