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Georges Leekens: «L’Union peut résister plus longtemps que Mouscron»
Georges Leekens: «L’Union peut résister plus longtemps que Mouscron»

Depuis l’instauration du football pro en Belgique en 1974, jamais un club promu n’a décroché le titre de champion de Belgique : Mouscron y a rêvé il y a 25 ans au bout d’une épopée qui rappelle celle de l’Union.

Depuis le coup de sifflet final de M. Van Damme officialisant le titre honorifique de champion d’automne alors que le 1er tour compte encore deux journées, la question est sur toutes les lèvres : l’Union est-elle en mesure de dépoussiérer son armoire à trophées 87 ans après son onzième et dernier titre ? Dans les annales du football belge, les hommes de Felice Mazzù ne sont pas les premiers (et sans doute pas les derniers) à venir bousculer la hiérarchie établie en faisant souffler un vent de fraîcheur sur la compétition. « Du rêve à la réalité, il y a un pas qui n’est pas si évident », prévient Georges Leekens.

Il y a 25 ans alors qu’il était à la tête de l’Excel Mouscron, les Hurlus étaient montés via le tour final et avaient monopolisé la tête du classement à partir de la 18e journée (à l’époque la dernière avant la trêve) pour la céder lors de la 26e journée et tout de même finir 3e à 11 points du champion, le Lierse d’Eric Gerets. « L’Union peut résister plus longtemps que Mouscron », sourit Georges Leekens.

Cette place au 3e rang du podium pour un promu n’en demeurait pas moins une sacrée performance, puisque seul Seraing durant l’exercice 1993-1994 (champion en D2 comme l’Union) avait fait aussi bien depuis le début de l’ère pro en Belgique (1974). En mode playoffs, Saint-Trond a réussi à finir 4e au terme de la saison 2009-2010. Jamais un promu n’a été sacré en fin de saison. « Les playoffs modifient la donne pour l’Union, Mouscron n’a pas dû disputer ce « tour final » où le niveau d’exigence est encore plus grand », souligne Georges Leekens. Gagner la Coupe (comme Mouscron en 1996, l’Union a été éliminée en 16es de finale) n’est pas plus évident : l’exploit a été réalisé par Waregem (1974) et… Zulte Waregem (2006).

« C’est bien de voir des Leicester, Mouscron ou l’Union damer le pion aux plus grands », suggère l’ancien coach des Hurlus. Un promu couronné en D1 n’est pas un cas de figure très récurrent à l’étranger. C’est inédit en Espagne et en Italie. La Bundesliga l’a connu une fois en 1998 (Kaiserslautern), la Ligue 1 trois fois (Bordeaux en 1950, Saint-Etienne en 1964 et Monaco en 1978). Avant la Premier League, l’Angleterre a vécu ça 5 fois. La « der » remonte à 1978 avec Nottingham Forest, vainqueur de la C1 en 1979 et 1980 ! On n’en demande pas tant aux Unionistes…

Les coaches : Leekens et Mazzù étaient déjà là en D2

La première similitude entre Mouscron 1996 et l’Union 2021 est leur coach respectif : 25 ans avant Felice Mazzù au stade Marien, Georges Leekens a entamé son travail à Mouscron dans l’antichambre. « Je succédais alors à André Van Maldeghem. Le club était un peu déprimé après deux échecs dans le tour final. Mais à la différence de Felice, j’ai quitté la D1 de ma propre initiative. Même si cela allait mieux sur la fin, passer après Robert Waseige au SC Charleroi n’était pas évident. Arriver dans un club après un gros succès n’est pas toujours simple, Felice l’a vécu à Genk. Une carrière est faite de hauts et de bas. Plus tu vieillis, moins tu dois en garder une frustration. »

Et avec 25 ans de distance, Georges Leekens voit les mêmes principes mener vers de bons résultats. « Une équipe soudée, au top de sa condition physique avec un style de jeu adapté aux qualités présentes dans le groupe. J’admire le travail que Felice réalise à l’Union : un homme franc, qui n’a pas peur de montrer ses émotions mais qui sait rester humble. Et il est un bon danseur comme moi (rires). »

Le 12 novembre 2019, Felice Mazzù était remercié par Genk. S’en suivra pour lui une période de disette de plusieurs mois. Une période durant laquelle il allait même penser à remiser au placard ses vêtements d’entraîneur, pour réenfiler ceux de son métier précédent, professeur. « À un moment donné, tu dois faire vivre ta famille, tu as une maison et une voiture à payer, tu dois manger. Ne voyant rien venir, sachant que, si je ne rentrais pas à l’école, je perdais ma place définitivement dans l’enseignement, cela m’a fait réfléchir. Mais, maintenant, cette période est oubliée. »

Car un beau jour de mai 2020, cette offre tant attendue est enfin arrivée. Et elle émanait d’un club de Division 1B. Un pari qui pouvait, à l’époque, paraître risqué. Mais qui s’est révélé couronné de succès. Car à l’Union, Mazzù a retrouvé le sourire, et toute son aura. « Je pensais avoir un peu perdu la passion suite à mon licenciement à Genk qui a précédé 8 mois d’inactivité forcée. Mais je l’ai retrouvée ici à l’USG. »

Les joueurs : un duo d’attaque et des revanchards

Mbo Mpenza nous l’avait rappelé encore au printemps dernier. « En termes d’individualités, nous n’étions nulle part mais collectivement, nous étions très forts grâce au travail du coach Leekens. »

« On parle toujours du duo formé par Emile et Mbo Mpenza (NDLR : 24 buts en eux deux en 96-97) mais il n’y avait pas qu’eux », rétorque Georges Leekens. « Ils avaient la vitesse comme Undav et Vanzeir maintenant sans être cependant de vrais buteurs. Mais derrière, j’avais aussi un passeur comme Dominique Lemoine, à l’instar d’un Nielsen à l’Union. D’autres joueurs avaient déjà connu la D1 (Verspaille, De Koeyer, Van Durme, Dauwe) et avaient encore cette envie de se montrer une dernière fois au sein de l’élite. Et ne sous-estimez pas l’importance de gars comme Dugardein ou Besengez. Vidovic était trop court comme attaquant en D1 mais a convenu en défense. Le seul hic était la profondeur du noyau : plusieurs absents en même temps (blessures, suspensions) et la qualité s’en ressentait. »

L’Union, c’est avant tout une équipe composée de joueurs qui ont faim. Des joueurs qui sont bien conscients de la chance qu’ils ont d’évoluer au plus haut niveau. Car beaucoup d’entre eux n’avaient connu que les divisions inférieures jusque-là. Certains avaient toutefois déjà goûté à la Division 1A mais l’avaient quittée il y a quelques années, à l’instar de Guillaume François ou Anthony Moris. Parmi ces revanchards, Vanzeir est peut-être le plus beau des symboles. Mis sur une voie de garage à Genk, gravement blessé au genou, il semblait ne devoir rester qu’un éternel espoir. Mais c’était sans compter sur Felice Mazzù qui lui a proposé de venir à l’Union la saison dernière. La suite, on la connaît. Il est devenu Diable rouge et forme un duo d’enfer avec Deniz Undav. À eux deux, ils ont déjà marqué 23 buts cette saison en championnat. Tandis que leur bilan était de 36 réalisations en commun la saison dernière. Cela signifie qu’ils ont donc déjà planté 59 goals en championnat depuis qu’ils se connaissent. Des statistiques stratosphériques !

L’ambiance : un énorme capital-sympathie

25 ans avant le retour de la zwanze, la D1 belge a découvert l’ambiance bon-enfant typique de ce coin du Hainaut occidental. Le stade était plein, on s’y pressait pour voir… et être vu. « Tout le monde aime le public de l’Union comme tout le monde aimait celui de Mouscron », souligne Goerges Leekens. « Je me vois encore repousser gentiment des fans derrière des barrières avant le coup de sifflet final. Après les matches, qu’on disputait souvent le samedi soir, les soirées étaient longues. Il fallait faire le tour de la direction, des supporters, des amis, des amis des amis (rires). Et le lendemain, il y avait quand même entraînement. suivi de l’apéro. Puis c’était congé le lundi… Des gars comme Dugardein et Besengez étaient importants pour souder le groupe. »

L’osmose joueurs-coach est aussi primordiale. « Felice a perdu sa maman, j’ai un peu connu cela avec les ennuis de santé de ma femme. Dans ces moments-là, il y a une connexion émotionnelle avec les joueurs, il y a eu le soutien du club. Ce lien est plus fort que le sport. »

Traditionnellement, l’ambiance a toujours été chaude à l’Union, le supporter saint-gillois étant par nature bien en voix. Mais cette année, le volume a augmenté de quelques décibels. En cause, un stade qui s’est considérablement rempli. Alors qu’il n’y avait rien de plus facile que de se procurer des tickets pour le Marien il n’y a pas si longtemps que cela, décrocher un précieux sésame pour un match à domicile peut aujourd’hui relever de la gageure. Lors de la dernière rencontre au Parc Duden, le stade était sold out. Et ce sera à nouveau le cas ce vendredi contre OHL. Car depuis plusieurs mois, l’Union attire. « Quand tu viens à l’Union une fois, tu as envie d’y revenir », précisait Maarten Verdoodt, le responsable de la communication du club. Le succès peut d’ailleurs s’objectiver au niveau de la vente des abonnements. L’USG en a écoulé 4.480 (alors que la capacité du stade est de 9.500 places). Vu l’engouement, le club a décidé de remettre des mini-abonnements sur le marché pour le deuxième tour. Succès là aussi immédiat puisque plus de 550 d’entre eux ont déjà trouvé preneur.

Les dangers à éviter sur la route du titre

Comme l’Union, Mouscron rime avec champion… mais Georges Leekens sait quels obstacles peuvent se dresser. « J’ai déjà quitté l’Excel en février pour remplacer le regretté Wilfried Van Moer à la tête de l’équipe nationale. Je ne pense pas que ce sera le cas de Felice cette saison (rires). »

Mouscron avait vu aussi plusieurs de ses joueurs devenir des internationaux grâce à leur ancien coach (les frères Mpenza, Lemoine, Vidovic) et cela entraîne inévitablement des sollicitations. Lemoine a d’ailleurs vécu ses derniers matches de la saison à l’Espanyol et les frères Mpenza ont été recrutés par le Standard la saison suivante. « Il faut garder les pieds sur terre parce que le regard du monde extérieur a déjà changé. Ce qui est bon à l’heure actuelle ne sera plus jugé avec les mêmes yeux dans quelques semaines. L’environnement du foot a aussi terriblement changé par rapport à 1997. Je peux le dire comme observateur : un titre n’aurait pas été bon pour Mouscron qui n’était pas prêt à tous les niveaux pour une Ligue des champions. L’Union agit en D1A comme en D1B : pour être champion tu dois maintenant passer par les Playoffs 1 et ça, c’est encore un cran plus haut que le championnat. Si des joueurs s’en vont, ce ne sera pas si simple de les remplacer. Mais je souhaite à l’Union d’y parvenir. »

À l’Union, plusieurs dangers guettent. Le premier, et le principal, c’est ce mercato hivernal. L’USG parviendra-t-elle à tenir ses cadres ? C’est d’ailleurs une des raisons qui pousse Felice Mazzù à rester très prudent au niveau de ses déclarations. « Vous attendez que je donne d’autres objectifs. Mais on verra en janvier. Car je peux parler maintenant, mais si l’un ou l’autre joueur part… », avait-il affirmé après le récital face à Ostende ce dimanche.

Le second danger se situe au niveau des blessures. Comment l’USG réagirait-elle si l’un ou l’autre de ses cadres venait à manquer à l’appel pour une longue durée ? Pour l’heure, elle est épargnée par la poisse (seul Lynen s’est gravement blessé). Et elle croise les doigts pour le rester le plus longtemps possible. Car le noyau de l’Union est loin d’être extensible. D’ailleurs, Mazzù tourne depuis l’entame de la saison avec une quinzaine de joueurs réguliers, tout au plus. Enfin, l’USG pourrait se mettre à planer. Mais il y a peu de chances que cela arrive. Le coach carolo veille à bien faire garder les pieds sur terre à ses joueurs.

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