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Dante Vanzeir : « Je sais que   je joue gros avec ce transfert ! »  
Dante Vanzeir : « Je sais que   je joue gros avec ce transfert ! »  

Une dernière ovation, hier, lors de Union – Zulte Waregem. Photo News / Sébastien Smets

Après deux ans et demi à l’Union,   Dante Vanzeir a décidé d’aller tenter   sa chance aux Red Bulls de New York.   Un choix qui peut paraître surprenant,   mais qui est mûrement réfléchi, comme  le Belge l’explique dans un grand entretien. next

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Après Casper Nielsen et Deniz Undav l’été dernier, c’est au tour de Dante Vanzeir de profiter du tremplin offert par l’Union. Dans la « Big Apple », il va marcher sur les traces de François Van der Elst (qui a joué entre 1980 et 1981 au Cosmos New York en NASL) et… Thierry Henry (qui a porté le maillot des Red Bulls entre 2010 et 2014). Entretien exclusif avec celui qui aura inscrit 48 buts en 91 matches sous les couleurs saint-gilloises.

Hier, il a suivi le match face à Zulte Waregem depuis le tribunes de « son » stade, au milieu de « ses » supporters.

Dante, à quand remontent les premiers contacts avec les New York Red Bulls ?

À l’été dernier. New York avait informé mon manager (NDLR : Nico Vaesen) de l’intérêt qu’il portait à mon égard et lui avait demandé si j’étais intéressé par un transfert. Au début, c’était encore vague, mais j’ai apprécié cet intérêt. Le New York Red Bulls est un club spécial après tout, auquel on pense très rapidement quand on parle de la MLS. Mais New York n’est pas parvenu à caser son attaquant Patryk Klimala, ce qui a mis mon transfert en attente. Ce n’est qu’en hiver que le RB est revenu à la charge avec insistance. Ensuite, tout s’est passé relativement vite.

La MLS n’est pas un choix évident pour un pro en Europe. Vous avez longtemps hésité ?

Je ne suis pas une personne impulsive qui fait des choix à l’aveuglette. Je dois sentir l’engouement. Leur projet sportif m’a vraiment attiré, avec le groupe Red Bull (NDLR : qui comprend aussi Leipzig et Salzbourg) et la philosophie. Je pense que le style de jeu est fait pour moi. C’est un football assez ouvert, pas aussi serré qu’en Belgique. La pression est différente, cependant, car il n’y a pas de relégation. Mais il y a aussi l’Amérique, et New York. Vivre cette aventure et découvrir cette nouvelle culture, c’est aussi cela qui m’attirait.

Alors, vous préférez un long vol pour Los Angeles que deux heures de bus pour Eupen ?

Quelque part, oui. Je vais vivre pas mal de nouvelles expériences. Lorsque j’ai visité New York, j’ai été conquis, c’est vraiment des images comme dans les films. C’est juste spécial. Pour moi, le football est tout dans ma vie, mais la vie ne se résume pas au football. Ce sera sans doute un chapitre auquel je penserai plus tard en me disant : « C’est incroyable d’avoir vécu ça ! »

La MLS est réputée pour payer généreusement ses meilleurs joueurs. L’aspect financier a joué dans votre décision ?

C’est important. Je peux gagner beaucoup plus en Amérique qu’à l’Union. Mais mes choix n’ont jamais été uniquement motivés par l’argent. À l’Union certainement pas, j’ai aussi choisi le projet sportif à l’époque. Mais, sportivement, j’ai l’impression d’avoir atteint le sommet de ce qui était possible avec l’Union. Et c’est la même chose au niveau du contrat. Donc j’ai commencé à peser le pour et le contre, et je vois ce transfert comme un nouveau pas en avant dans ma carrière.

L’Union n’est donc pas en mesure de surpasser les Red Bulls de New York ?

Ce n’est pas l’objectif du club. Mais, en ce moment, je pense que l’Union est le meilleur tremplin en Belgique. Elle rivalise avec les meilleures équipes, propose un football attrayant, a une bonne philosophie et un bon état d’esprit. Le club ne fait pas de grandes folies, et ne donne pas de salaires comme à Anderlecht ou au Club de Bruges. Du coup, ce n’est pas possible de retenir les meilleurs joueurs. Mais, quand vous voyez ce que l’Union a dépensé pour Undav, Nielsen et moi, et ce que nos transferts ont rapporté, vous vous rendez vite compte qu’ils font un travail fantastique.

Votre contrat avec l’Union courait encore jusqu’en 2024. Avez-vous craint, à un moment donné, que le transfert échoue à cause d’une indemnité de transfert trop élevée ?

Vous savez, il y a toujours une « bataille » entre le vendeur et l’acheteur, c’est normal. L’un demande beaucoup, l’autre veut débourser le moins possible. Au début, l’Union a peut-être demandé un peu trop au niveau de l’indemnité de transfert, il semblait y avoir peu de chances que cela aboutisse. Mais des efforts ont été faits des deux côtés, et un accord a pu être trouvé. Je trouve qu’un club doit aussi tenir compte de l’envie du joueur et ne pas occulter le facteur humain. Je savais que les négociations seraient difficiles, mais avec le recul, les deux parties peuvent être satisfaites, selon moi. Je pense que le montant (NDLR : entre 5 et 6 millions d’euros) est correct. En tant qu’attaquant, je conviens à un certain système, il n’y a pas tellement d’équipes qui travaillent avec mon profil. Et puis, j’ai apporté beaucoup à l’Union, tout autant que ce que l’Union m’a apporté. Nous sommes repartis de zéro. Genk m’avait mis de côté, et l’Union était en deuxième division. Ensemble, c’était fantastique. Alors, un transfert lucratif comme celui-ci, c’est une belle récompense, pour moi comme pour l’Union…

Vous n’avez que 24 ans, ce n’est pas un peu jeune pour aller en MLS ? Ne pensez-vous pas qu’une équipe de milieu de tableau d’une grande compétition européenne aurait pu vous enrôler ?

Quand mon transfert a été officialisé, j’ai reçu beaucoup de réactions positives mais les avis sont aussi partagés… On a l’impression que les joueurs vont en MLS pour se la couler douce ou pour gagner de l’argent. Peut-être parce que, il y a cinq-dix ans, de nombreux grands joueurs sont partis là-bas pour y terminer leur carrière. Mais cette perception n’est plus d’actualité. La MLS est l’une des ligues dont la croissance est la plus rapide. Les clubs investissent énormément pour rendre le football plus populaire et font venir des jeunes d’Europe. Je pense qu’avec mes qualités, je pourrais également concourir dans une équipe moyenne dans un championnat du top 5 en Europe. Mais parfois, ceux-là ont trois joueurs valant 10 millions d’euros qui se battent pour la même place…

Quitter l’Union après tout ce que vous avez vécu, c’était compliqué ?

L’Union va certainement me manquer. J’y ai vécu de très bons moments, ainsi que quelques déceptions pendant ces deux ans et demi. Mais pour moi, le positif l’emporte. Comme je l’ai déjà dit, c’étaient les meilleures années de ma carrière. J’ai été accueilli à l’Union alors que j’étais au plus bas et je quitte le club quand je suis au plus haut. J’ai remporté la D1B en étant élu meilleur buteur, et j’ai été champion de la phase régulière. Sans compter que je me suis fait énormément de bons amis là-bas. Ce que j’ai vécu à l’Union, je ne le connaîtrai probablement plus jamais dans ma carrière. Nous étions tous des gars qui venaient de très loin, qui avaient tous connu de nombreux échecs. Et pourtant, nous avons montré au monde entier ce que nous sommes capables de faire. Sans parler des supporters, qui sont également magiques.

Quel a été votre plus beau moment à l’Union ?

Il y en a trop, je ne peux pas choisir ! (rires) Le titre en D1B, mon premier triplé contre le Standard, le titre de vice-champion… Mais aussi comment, après le décès de la maman de Felice Mazzù, le groupe a tout donné pour lui et pour sa famille. Cela a vraiment déclenché quelque chose chez nous, qui va au-delà du football. Et aussi comment nous en avons fait voir de toutes les couleurs aux Rangers à domicile.

Et le plus mauvais ?

Il y en a deux : le carton rouge contre Charleroi et ce penalty manqué contre le Club de Bruges en playoffs. Les deux étaient peut-être liés, d’ailleurs. Cette exclusion ne me ressemblait pas du tout… Après cette suspension, j’étais moins en forme, je n’étais pas à 100 % et j’ai manqué ce penalty. Les premiers jours, je l’ai vraiment mal vécu. Je me suis posé énormément de questions, comme : « Aurais-je dû laisser quelqu’un d’autre tirer ? » Mais je suis quelqu’un qui prend ses responsabilités. À ce moment-là, je ne pense pas une seule seconde que je vais le rater. Je n’aime pas y repenser, mais on ne peut pas remonter le temps. C’est pourquoi j’ai également voulu tirer ce penalty à nouveau à domicile contre les Rangers. À ce moment-là, je n’ai vraiment pas douté. Et il est entré.

Vous allez donc manquer le huitième de finale de l’Europa League avec l’Union en mars…

J’aurai un petit pincement au cœur, c’est sûr. Peut-être que l’Union jouera aussi la finale de la Coupe de Belgique dans quelques semaines, et qu’elle se battra pour le titre. Je réalise que je joue gros avec ce transfert. Ce n’était peut-être pas le choix le plus facile, mais il me permettra de découvrir de nouvelles choses. Ce transfert, c’est certainement une occasion unique dans ma vie. Avec mon type de jeu, explosif et rapide, je ne pourrai peut-être pas non plus rester au sommet jusqu’à 35 ans. Donc j’ai senti que c’était le bon moment pour franchir le pas.

Votre départ compromet-il les chances de titre de l’Union ?

Ce serait stupide de dire ça à mon sujet, je ne suis pas du style à me mettre en avant à ce point. Je sais que j’étais un joueur important, mais Undav et Nielsen l’étaient aussi. L’Union a prouvé qu’elle pouvait compenser ces départs. Je suis convaincu que le club a trouvé une autre bonne solution avec Yorbe Vertessen, qui peut facilement s’intégrer dans le système. Il faut simplement donner du temps à Yorbe.

À l’Union, vous étiez fort apprécié dans le vestiaire. Vos coéquipiers ne vous ont pas un peu taquiné sur votre transfert ?

Un peu, mais ce n’était jamais méchant. En été, ils me disaient notamment : « Dante, on t’emmène à l’aéroport gratuitement, et on se débarrasse de toi ! » Mais c’était simplement des plaisanteries. Et puis, ils savent que les négociations avec l’Union peuvent être parfois difficiles, comme ça a été le cas pour Nielsen et Mazzù. Donc ils me disaient en riant : « Tu vas devoir jouer à l’Union toute ta vie ! » Mais, au fond, je sentais très bien qu’ils étaient contents pour moi. Et c’est aussi un peu grâce à eux que j’ai pu obtenir ce transfert…

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