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“Au début, j’avais l’impression d’être dans un jeu de guerre”
“Au début, j’avais l’impression d’être dans un jeu de guerre”

Les gardiens s’entraînent depuis plusieurs
semaines via un système de réalité virtuelle.

2
7 buts. C’est le faible

total de goals encais-
sés par l’Union cette

saison en 35 matchs.

Une imperméabilité qui per-
met aux hommes de Felice

Mazzù d’avoir la meilleure dé-
fense de Pro League, devant

Gand (31 buts encaissés) et
Bruges (37 buts encaissés).

Comment expliquer cette

solidité défensive ? Un des se-
crets se trouve peut-être dans

cette salle de squash située
tout au fond du centre sportif
de l’équipe bruxelloise à Lier,
au sud d’Anvers.

Il pleut des cordes en ce mi-
lieu du mois de mars quand

les joueurs de l’Union s’apprê-
tent pour leur seul entraîne-
ment de la journée, avant leur

rencontre face à Ostende (1-1).

Pendant que certains pré-
parent leurs shakers ou pas-
sent en vitesse au buffet de la

salle à manger, Anthony Mo-
ris et Lucas Pirard retrouvent

leur entraîneur Laurent De-
raedt pour un pré-entraîne-
ment intérieur hors du com-
mun : une séance basée sur la

réalité virtuelle.
. Société nord-irlandaise

Les deux keepers sont dé-
sormais habitués à cet entraî-
nement particulier et savent

ce qui les attend, pendant
une quinzaine de minutes, à

raison de deux fois par se-
maine. “On commence avec toi,

Antho ?”

Pendant que le gardien titu-
laire se prépare, Deraedt nous

explique comment la réalité
virtuelle s’est invitée à
l’Union.
Tout a commencé début

2022, quand le directeur spor-
tif du club, Chris O’Loughlin,

rentre en contact avec

“Cleansheet”, une société ba-
sée en Irlande du Nord (le

pays d’origine d’O’Loughlin),
spécialisée dans l’aide à la
performance des gardiens de
but. “Chris m’a expliqué qu’il
avait reçu une proposition pour
tester un système lié à la réalité
virtuelle”, rembobine Laurent

Deraedt, entraîneur des gar-
diens de l’Union depuis l’été

  1. “Il m’a montré des démos

sur YouTube puis les représen-
tants de la société se sont dépla-
cés jusqu’ici pour faire des dé-
monstrations avec nos gar-
diens. Les deux plus jeunes

(NdlR : Tibo Herbots et Joa-
chim Imbrechts) ont été rapi-
dement ouverts alors que les

deux plus âgés (NdlR : Anthony

Moris et Lucas Pirard) émet-
taient quelques réticences. Cela

faisait un peu trop jeu électroni-
que pour eux. La société a fait

quelques modifications et tous

nos gardiens ont ensuite com-
pris que cela pouvait leur ap-
porter un vrai plus au quoti-
dien.”

. Un stade virtuel
et des avatars

Pendant que Laurent De-
raedt parle, Anthony Moris

prend place au centre de la
salle de squash, un casque sur
la tête et des capteurs aux
pieds, aux mains et dans le

dos. L’international luxem-
bourgeois est alors complète-
ment immergé dans un stade

de football virtuel, devant son

but virtuel et face à des ava-
tars représentant des adver-
saires. “Il se retrouve sur le ter-
rain et je crée des situations de

match lors desquelles Antho

doit intervenir, avance l’entraî-
neur des gardiens. Cela peut

être un corner, un coup-franc,

une passe en retrait suivi d’une

reprise en un temps par l’atta-
quant. Il est possible de mettre

en place toutes les situations
qu’un gardien peut retrouver en
match.”
Ce jour-là, Moris travaille ses

déplacements et le position-
nement de ses jambes et de

ses bras. Deux adversaires vir-
tuels font face au gardien de

31 ans, l’un sur sa gauche et
l’autre face à lui, l’objectif

étant de se déplacer assez ra-
pidement au moment de la

passe pour empêcher le bal-
lon tiré par le second atta-
quant de rentrer dans la cage.

“Au début, c’est un peu spécial
d’utiliser ce genre d’innovations
technologiques, avoue Anthony
Moris. Mais il faut être ouvert à

ces évolutions. C’est toujours in-
téressant de pouvoir travailler

avec d’autres méthodes. Nous
avons désormais attrapé une

certaine routine dans les exerci-
ces, ce qui nous permet de nous

rapprocher de plus en plus de ce
qu’on fait sur le terrain.”
Avec un énorme avantage
par rapport aux séances sur la
pelouse : la possibilité de

s’auto-corriger. Une fois l’ac-
tion terminée, le gardien peut

en effet revoir dans son cas-
que le déroulé exact de la

phase ainsi que ses mouve-

ments et gestes lors de cette
phase. “Tu vois, je mets ma

jambe trop bas sur cette ac-
tion”, lance Moris, le casque

vissé sur sa tête, à son entraî-
neur spécifique.

Après avoir vu son erreur, le
gardien se relance dans une
nouvelle action… avec sa
jambe cette fois mieux placée.
“Lors des séances sur terrain, les

gardiens n’ont finalement ja-
mais l’opportunité de décorti-
quer leur action en précision,

commente Laurent Dearedt.
L’avantage de ce système est

qu’on peut travailler le moindre
détail en voyant précisément la
position d’une épaule, d’un bras
ou d’une jambe. Cela permet
d’aller de façon pointilleuse sur

des aspects techniques. Et l’ac-
tion est à chaque fois parfaite-
ment réalisée par l’ordinateur :

si je veux travailler vingt fois

une passe en retrait avec récep-
tion d’un centre, la balle arri-
vera vingt fois là où je veux

qu’elle arrive, ce qui n’est pas le
cas sur le terrain. Quand on fait
cela de manière répétitive, les
gardiens arrivent ensuite à faire
les gestes instinctivement sur le
terrain.”
. Un vrai plus
une fois sur le terrain

Car c’est là l’objectif princi-
pal de l’utilisation de cette

technologie : arriver à repro-
duire lors de l’entraînement

sur gazon les gestes réalisés
en salle via la réalité virtuelle.
“Au début, j’avais l’impression
d’être dans un jeu de guerre”,

sourit Lucas Pirard au mo-
ment de placer le casque sur

sa tête.
Le 2e
gardien a déjà pu se
rendre compte sur la pelouse
des bénéfices de ces séances.
“La semaine dernière, nous

avons réalisé des exercices basi-
ques en salle qu’on a ensuite

transférés sur le terrain, expli-
que-t-il. Quand on l’a reproduit

dehors, j’ai eu la sensation qu’il
était plus facile de trouver mes
repères. Cela aide surtout à bien
se placer devant son but. Je
pense que cela peut être très

utile, surtout pour les plus jeu-

nes gardiens qui ont parfois du

mal à se retrouver sur le terrain.
Et le fait de revoir notre action
et de pouvoir se corriger dans la

foulée est quelque chose d’uni-
que.”

C’est justement ce à quoi
l’ancien gardien du Standard,

de Saint-Trond et de Waas-
land-Beveren fait face au dé-
but de sa séance. “Ta jambe

droite est trop derrière, il faut
qu’elle soit plus latérale, lance

Laurent Deraedt. Regarde, es-
saye de prendre plus d’espace

devant ta cage.”

Ce système de réalité vir-
tuelle est déjà utilisé en An-
gleterre (Everton), en Allema-
gne (Cologne) ou encore en

Irlande du Nord. En Belgique,
l’Union fait cavalier seul dans
l’utilisation de ces nouvelles
technologies. “Nous restons
ouverts à tout ce qu’il peut se
passer sur le marché, avance
Deraedt. Si on pense que cela
peut nous apporter quelque

chose en plus des autres, pour-
quoi ne pas tenter de relever le

pari ? Le focus sur le positionne-
ment d’un bras ou sur un petit

déplacement peut permettre de

sauver un ballon à l’entraîne-
ment… et en match. En football,

il faut avoir une vision panora-
mique et ne pas avancer avec

des œillères. Et pour cela, il faut

passer par les nouvelles techno-
logies.”

. Un complément
aux séances extérieures
Une chose est cependant
certaine : ces entraînements
spécifiques ne remplaceront
jamais les séances sur terrain.

“Cela ne remplace évidemment

pas un ballon réel et une posi-
tion dans le but avec les diffé-
rents éléments qui peuvent in-
tervenir lors d’un vrai entraîne-
ment ou d’un vrai match,

commente Anthony Moris.
Mais cela permet de varier le
travail et, personnellement, de

me concentrer sur le positionne-
ment qui n’était pas nécessaire-
ment mon point fort à la base.”

D’autant que certaines amé-
liorations doivent encore être

apportées pour que le sys-
tème soit fonctionnel à 100 %.

“Je ne vois plus rien, tout est
bleu dans le casque”, rigole à
un moment Lucas Pirard,

après un problème techni-
que, lui qui est parfois dans la

retenue dans ses déplace-
ments de peur de se cogner

sur l’un des murs de la salle
de squash.

La séance finie, les deux gar-
diens et leur entraîneur re-
trouvent leurs coéquipiers

sur la pelouse du centre d’en-
traînement de Lier. Avec au-
dessus de leur tête un ciel

toujours aussi menaçant. De
quoi leur faire regretter ces

séances de réalité virtuelle or-
ganisées bien au chaud qui

sont désormais entrées de
manière définitive dans le
programme hebdomadaire
des gardiens…

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