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“À Madagascar, les supporters crient autant pour un dribble que pour un but“
“À Madagascar, les supporters crient autant pour un dribble que pour un but“

Entretien avec les Malgaches Marco Ilaimaharitra
(Charleroi) et Loïc Lapoussin (Union) avant l’affiche de ce
samedi en Pro League.

La longue accolade chaleu-
reuse et les francs sourires ne

trompent pas : Marco Ilaima-
haritra (27 ans) et Loïc Lapous-
sin (26) sont ravis de se voir. Les deux

joueurs malgaches, nés en France, se
sont installés avec nous dans un petit
établissement “cosy” de la capitale, à
un pâté de maisons du stade Joseph
Marien, pour préfacer l’affiche de la
23e
journée entre Charleroi et l’Union.
Mais aussi pour évoquer Madagascar,

le pays qu’ils ont choisi de représen-
ter. Discussion riche en sourires.

À quand remonte votre amitié ?

Loïc Lapoussin : “De ma première sé-
lection avec Madagascar, en novem-
bre 2020 contre la Côte d’Ivoire. On s’est

vu à l’aéroport et, comme Marco parle
français, la connexion s’est vite établie.
D’autant plus qu’on avait déjà des amis
en commun.”
Marco Ilaimaharitra : “On prend plaisir
à se voir de temps en temps, quand on
peut, selon nos agendas.”
L. L. : “Et je regarde évidemment tous
ses matchs.”

Comment s’est établi votre choix pour la
nationalité malgache ?
L. L : “J’ai des origines malgaches par
ma maman et, on ne va pas se voiler la

face, cela aurait été compliqué de pré-
tendre à l’équipe de France. La fédéra-
tion malgache m’a contacté et, comme je

connaissais pas mal de joueurs, j’y suis
allé avec plaisir.”

M. I. : “À Sochaux, j’ai évolué avec l’an-
cien capitaine de la sélection (NdlR :

Ima Andriatsima). Il me disait de venir
mais, à l’époque, j’étais en U20 avec la
France. J’ai dû faire un choix. Mais à la
base, mon père (NdlR : ses parents sont
tous les deux Malgaches) ne voulait
pas parce qu’il estimait que la sélection
n’était pas suffisamment structurée et
professionnelle. Depuis lors, ça a bien

évolué. Le stade a par exemple été amé-
lioré.”

Votre rôle est différent en sélection qu’en
club ?
M. I. : “Oui. Je ne suis pas capitaine en

équipe nationale et j’y ai moins de res-
ponsabilité qu’à Charleroi.”

L. L. : “Mais il va en recevoir de nouvel-
les, maintenant que la génération

change (clin d’œil). C’est un peu nous
les anciens, désormais. Indirectement,
on va lui léguer ça. Moi, je suis encore un
petit nouveau (11 sélections) et j’essaie
juste d’amener ma pierre à l’édifice.”
Comment décrieriez-vous Madagascar ?
M. I. : “C’est un pays pauvre mais les
gens y sont généreux, ouverts et gentils.
Il y a de superbes paysages, la plage, le

soleil… Quand on y joue, le stade est tou-
jours plein des heures avant le coup d’en-
voi. Le peuple est très heureux de nous

voir jouer au pays. Le public est très dif-
férent de l’Europe. À Madagascar, les

supporters crient autant pour un dribble
que pour un but. Demandez à Loïc, c’est
lui qui provoque tout ça avec ses actions
(rires).”
L. L. : “Quand je suis arrivé, certains
m’ont raconté leur retour au pays après
la superbe Coupe d’Afrique des nations
2019 (NdlR : Madagascar a atteint les
quarts de finale), la ferveur populaire…
J’avais du mal à les croire. Marco peut le
raconter, il l’a vécu.”
M. I. : “On a atterri vers 12-13 heures à
Madagascar et on a pris le bus pour aller

rencontrer le Président. Il y avait telle-
ment de gens partout dans les rues qu’on

n’est arrivés qu’à 21 heures pour la récep-
tion. Un truc de fou, le bus ne savait pas

avancer !”
L. L. : “Une autre fois, à l’aéroport,
alors qu’on partait pour un simple
match de barrage, c’était noir de monde.
Quand l’équipe nationale joue, le pays
s’arrête. C’est impressionnant.”

M. I. : “Avant la CAN, on a affronté le
Sénégal (NdlR : septembre 2018), mon

premier match à domicile pour Mada-
gascar. On m’avait prévenu de l’am-
biance, mais je n’imaginais pas que

c’était aussi bruyant. Depuis notre hôtel,
dès 10 heures du matin, on entendait le
stade, alors qu’on jouait à 16 heures. La
folie.”

Marco a disputé la CAN, mais pas vous,
Loïc. Comment l’avez-vous vécue ?
L. L. : “Je m’imaginais être avec eux.
J’ai kiffé les voir jouer, ils ont sorti de
grosses prestations !”
C’est le meilleur moment de votre car-

rière, Marco ?
M. I. : “L’un des meilleurs, assurément.
En fait, on ne s’en rend pas compte sur le

moment présent. Lors d’un grand tour-
noi, on est dans notre bulle, on n’ima-
gine pas ce qui se passe au pays, et ça

passe très vite. Pourtant, avant le tour-
noi, on était partis en stage et on trou-
vait parfois le temps long. Finalement,

une fois la compétition entamée, le
temps a filé.”
Comment va la sélection pour l’instant ?

L. L. : “On a 1 point sur 6 pour les qua-
lifications pour la prochaine CAN, mais

les deux premiers peuvent se qualifier.
Le Ghana devrait terminer premier
mais, derrière, c’est relativement ouvert

(NdlR : avec l’Angola et la Centrafri-
que).”

M. I. : “Cela se jouera en mars avec le

double affrontement avec la Centrafri-
que.”

Que pensez-vous de la saison de l’autre,
en club ?

M. I. : “J’ai vu qu’il avait boudé la se-
maine dernière contre OHL (rires). Plus

sérieusement, il est sur la lancée de sa
saison précédente. Même s’il a été un
peu blessé, lui et l’équipe de l’Union sont
dans une continuité. Ils sont encore
mieux que la saison dernière. Loïc, c’est
un joueur de quartier. En un contre un,
c’est costaud. C’est super ennuyant de
défendre sur lui parce que, même si
j’aime mettre mon corps entre le joueur
et le ballon, il a cette capacité à esquiver
en évitant le duel. C’est sa force.”
L. L. : “On a des profils différents, mais

complémentaires. Il défend mieux et j’at-
taque mieux. Je l’ai déjà remarqué en sé-
lection. Charleroi est une équipe en

dents de scie. Parfois ça marche très bien
et parfois c’est plus compliqué. Mais ils
possèdent les joueurs pour atteindre les
playoffs 2.”

Loïc, vous auriez pu vous retrouver à
Charleroi en 2020…
L. L. : “Oui, j’aurais pu y signer, mais le
club en a finalement décidé autrement
(sourire). Ils ont préféré prendre Ribeiro
Costa.”
C’est un regret ?
L. L. : “Vu tout ce qu’il m’est arrivé de
bien à l’Union, je ne peux franchement
pas me plaindre. Mais cela aurait aussi
pu très bien se passer à Charleroi.”
Qui sera le premier de vous deux à
quitter la Pro League ?
L. L. : “Je souhaite à Marco que ce soit
lui.”
M. I. : “Espérons qu’on la quitte en
même temps et qu’on puisse vivre de
meilleurs projets dans le futur. Mais on

ne maîtrise pas tous les paramètres. Par-
fois, tu es bon et tu penses qu’il va y avoir

de l’intérêt, mais rien de concret ne se
présente… Ça ne sert à rien de ressasser,

il faut avancer. Personnellement, j’ai en-
core un an de contrat et il faudra discu-
ter avec le coach et la direction, mais ce

n’est pas le moment.”

L. L. : “En tant que compétiteur, on as-
pire toujours à aller plus haut. Person-
nellement, je ne me préoccupe pas trop

de tout ça parce que je sais qu’il n’y a pas
vraiment de logique dans le football. Je
fais ce que j’ai à faire sur le terrain. Si
quelque chose vient, tant mieux. Si pas,
je ne me plaindrai pas, car je joue déjà à
un très bon niveau.”

“Contre qui l’Union
n’est pas favorite ?”

Ce samedi, l’Union est la grande favorite
avec ses trois dernières victoires face à Charleroi.

D epuis son retour en D1A,

l’Union ne fait pas dans la den-
telle lors de ses duels face à Charle-
roi : avec un bilan de trois victoires,

huit buts inscrits et zéro encaissé,
les Bruxellois ont rarement été mis

en difficulté par les Carolos. Ils par-
tent donc logiquement favoris pour

la rencontre de ce samedi. “Il faut
dire ce qui est : l’Union nous a lavés

lors des trois derniers duels, souffle Il-
aimaharitra. Quand on regarde l’accu-
mulation des scores, c’est impossible

de dire qu’ils ne sont pas favoris. Mais
contre qui l’Union n’est pas favorite ?
Peut-être Genk ou Bruges, mais pour le
reste… Je souhaite que l’Union soit
championne, car je serais content que
Loïc décroche un titre. Par contre, je ne
donnerai pas de pronostic : je l’ai fait
les trois dernières fois et je me suis
trompé !”
Pour cette rencontre, Lapoussin a
de fortes chances d’être titulaire
après sa bonne montée au jeu face à
Louvain. Il devrait donc se retrouver

plus d’une fois dans les parages d’Il-
aimaharitra… “Moi, je pronostique un

petit 0-3, rigole l’Unioniste. Je suis as-
sez chambreur, donc j’ai hâte d’y être.

Sur le terrain, j’aime bien passer à côté
de lui en lui envoyant une petite pique.
Par exemple, si on gagne, je lui glisse le
score avec un sourire en coin. Mais il
fait à chaque fois semblant de ne pas
m’entendre.”
“Dans ces moments-là, cela me fait
rire, mais je ne peux pas me permettre
d’esquisser un sourire si on est en train
de perdre, répond le capitaine carolo.
Il sait que je dois rester dans mon
match jusqu’à la fin.”
. Ils lui doivent beaucoup
Le duel entre l’Union et Charleroi
sera l’occasion pour les Bruxellois de
retrouver Felice Mazzù. Un coach

qui a joué un grand rôle dans la car-
rière de Lapoussin, arrivé peu de

temps après la signature du coach
carolo en D1B. “Quand je suis arrivé à
l’Union, Felice voyait Marco en moi, se
marre Lapoussin. Il me disait que je
lui ressemblais au niveau du physique
et de la personnalité. C’est quelqu’un
qui travaille beaucoup à l’affectif, donc
ça matchait bien avec moi. À l’Union,
je n’avais pas trop à me plaindre vu
que nous n’avons vécu presque que des
bons moments, donc notre relation a
toujours été bonne.”
De son côté, Marco Ilaimaharitra a
connu Mazzù avant son départ à

Genk et l’a retrouvé ces dernières se-
maines avec un vrai plaisir. “Ma rela-
tion a aussi toujours été très bonne

avec Felice. Quand il a quitté Charleroi,
nous avons continué à nous parler et à

nous écrire de temps en temps. J’ai re-
trouvé plus de liberté depuis son retour

et je suis dans une situation qui me
convient mieux qu’avant. Vu qu’il a
lancé ma carrière en Belgique et qu’il

me donne un nouvel élan actuelle-
ment, je lui dois beaucoup.”

Felice Mazzù retrouve l’Union
après avoir déjà affronté son ex-club
avec Anderlecht en début de saison.
Avant d’être licencié à la fin du mois
d’octobre de la maison mauve. “Il a
essayé de reproduire à Anderlecht ce
qui fonctionnait à l’Union, sauf que la

mentalité et le style de jeu anderlech-
tois n’étaient pas le même que chez

nous”, analyse Lapoussin.
“Pour moi, il lui faut un groupe qui
comprenne sa façon de penser et qui
lui ressemble, conclut Ilaimaharitra.
À l’Union ou à Charleroi, c’est un
groupe de potes qui jouent ensemble le
week-end alors qu’ils mettent moins
l’affectif au centre dans des clubs
comme Anderlecht ou Genk.”

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