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“L’Union m’a aimé puis Ostende m’a fait la misère”
“L’Union m’a aimé puis Ostende m’a fait la misère”

Nicolas Rajsel, ancien Unioniste et Ostendais,
a connu une carrière mouvementée.

Certains parcours de

footballeurs profes-
sionnels sont assez

atypiques. D’autres

sortent complètement de l’or-
dinaire et peuvent être quali-
fiés d’exceptionnels. Celui de

Nicolas Rajsel, 28 ans, fait à
coup sûr partie de la
deuxième catégorie.

L’ex-joueur de l’Union Saint-
Gilloise et d’Ostende ne

compte plus les galères vé-
cues depuis le début de sa car-
rière. Entre le chômage, l’en-
fer en Slovénie ou sa rupture

des ligaments croisés et sa
mise à l’écart à Ostende, le
Franco-Slovène en a déjà
beaucoup bavé. “J’ai connu des
moments compliqués mais je
n’ai jamais lâché.”
Depuis l’Azerbaïdjan, où il a
décidé de rebondir, l’ailier
formé au PSG revient sur ses
désillusions et ses réussites.
Avec une grande humilité
mais aussi une certaine

rancœur loin d’être dissimu-
lée.

LA FORMATION AU PSG
“Quand j’ai rejoint l’Académie

du PSG à 12 ans, le club se bat-
tait contre la relégation avec

des joueurs comme Pancrate,

Hoarau et Gameiro. Puis les Qa-
taris sont arrivés et le change-
ment a été radical : le personnel

a augmenté, les terrains sont
devenus des billards avec des
jardiniers venus d’Angleterre et
des stars comme Ibrahimovic,

Beckham ou Lavezzi sont arri-
vées. J’ai eu la chance de m’en-
traîner plusieurs fois avec eux.

Ils avaient une façon de voir le

foot qui était complètement dif-
férente autant d’un point de vue

tactique que technique. Deux

ans avant la fin de mon contrat

de stagiaire pro, je me suis gra-
vement blessé au péroné et à la

cheville. Même si je me suis bien

débrouillé à mon retour, je sa-
vais que je devais bosser plus

que les autres car je n’ai jamais

été le grand talent de l’Acadé-
mie. À l’époque, ils ne retenaient

vraiment que les meilleurs et je

n’en faisais pas partie.”
LE CHÔMAGE
“Du jour au lendemain, je me
suis retrouvé sans club et je suis
retourné chez mes parents. Cela
n’a pas été facile car depuis mes

12 ans, j’ai vécu loin du foyer fa-
milial. Je m’entraînais dur avec

l’espoir que la roue tourne en
ma faveur à un moment donné.
J’avais aussi besoin de me vider

la tête par moments en me déta-
chant du football pour ne pas

craquer mentalement. Si j’étais
resté un an sur la touche,
j’aurais peut-être réfléchi à me
tourner vers autre chose que le
football. Mais pendant ces six

mois, je n’ai jamais pensé à ar-
rêter car j’étais convaincu de

mes qualités.”
L’ENFER EN SLOVÉNIE
“J’ai fait quelques essais dont
un à Leicester, en Championship
(D2 anglaise). Puis un jour, mon
oncle slovène a fait jouer ses
contacts et j’ai fait un test à
l’Olympia Ljubljana qui n’a rien
donné à cause de problèmes
d’agents sur des commissions.
J’ai tenté ma chance à Domzale,
entraîné par Luka Elsner. Je pen-

sais que cela allait se faire mais
il a considéré que je n’étais pas
le joueur dont il avait besoin.

Heureusement, durant une ren-
contre, le directeur sportif de

Celje était en tribunes et m’a fait
signer dans la foulée. J’ai été
surpris négativement par mon
nouveau club. Je sortais d’une

équipe comme le PSG avec la-
quelle on nous apprenait à res-
sortir de derrière en nous pous-
sant à trouver des solutions via

un jeu court. À Celje, ça balan-
çait devant en espérant gagner

les duels. J’ai aussi connu beau-
coup de problèmes extra-spor-
tifs là-bas. Je n’avais par exem-
ple pas mon propre apparte-
ment car personne au club ne

m’a aidé à en trouver un. J’ai
logé en-dessous de la tribune du
stade, avec un coéquipier. Il n’y
avait ni télévision, ni console de
jeu. Seulement de la lumière et
deux lits… Je savais que j’étais

là dans le seul but de me relan-
cer mais je n’imaginais pas des

conditions pareilles, d’autant
que le salaire était très peu
élevé. À un moment, j’en ai eu
marre de cette vie et j’ai cassé
mon contrat car les problèmes
extra-sportifs pesaient trop sur
mon moral.”
LA RENAISSANCE À L’USG
“Un agent m’a proposé à

l’Union qui jouait alors en Divi-
sion 3. Je n’avais pas peur de re-
descendre au troisième échelon

car le fait de me rapprocher de

ma famille m’a boosté et le pro-
jet du club m’a rapidement plu.

J’ai tout de suite senti qu’il
s’agissait d’un club familial avec
une grande sympathie entre
joueurs, direction, bénévoles et
supporters. Le coach, Drazen
Brncic, voulait en plus faire de
moi la pierre angulaire de
l’équipe. Je sentais qu’il pouvait

s’agir d’un bon tremplin et j’ai fi-
nalement inscrit plus de dix

buts lors de chacune de mes
trois saisons là-bas. Mon plus
beau souvenir est la montée de
D3 en D2 (NdlR : 2014-15) avec
l’énorme fête au Parc Duden. J’ai
toujours connu un bon groupe
qui vivait bien et des supporters
qu’il est impossible d’oublier :
malgré la pluie ou la neige, ils
n’arrêtaient pas de chanter.
Quoi qu’il arrive, l’Union restera
le club numéro 1 dans mon
cœur, bien au-dessus du PSG.
C’est le club qui m’a fait grandir

et qui m’a fait vibrer. J’ai beau-
coup donné à l’équipe mais elle

m’a aussi beaucoup donné. Je
regarde encore tous les matchs
de l’Union à la télévision. Si on
m’avait dit la saison dernière
que les Bruxellois allaient être
en tête après 14 journées, je n’y
aurais pas cru. Alors imaginez
ce que je pensais il y a six ans en
arrivant à l’Union… Ils récoltent
les fruits de leur travail avec un
très bon coaching de Felice
Mazzù et un collectif bien huilé.

Le jeu va très vite vers l’avant
avec un groupe très compact. Je

me sentirais bien dans la ver-
sion 2021-2022 de l’Union car

c’est le football que j’apprécie.”
LA BLESSURE À OSTENDE
“Rejoindre la D1A via Ostende
n’était pas un rêve mais plutôt

un objectif qui se réalisait. Mal-
heureusement, tout ne s’est pas

passé comme prévu… À mon ar-
rivée, je réalise une bonne pré-
paration pendant un mois et

demi. Je jouais sans pression et
cela se voyait sur le terrain. Puis
arrive ce match amical contre
Roulers lors duquel je me pète
les ligaments croisés. Encore des
galères… En plus, cela tombait
à dix jours du duel européen
face à Marseille, que je rêvais

d’affronter en tant que Pari-
sien.”

LA FRUSTRATION
À ROULERS
“À mon retour de blessure, je

fais ce qu’il faut pour commen-
cer la nouvelle saison avec

l’équipe première mais on me
force alors à partir en prêt à
Roulers. Soit j’y allais pour avoir
du temps de jeu, soit je passais
dans le noyau B d’Ostende. La

frustration d’être à Roulers était

d’autant plus grande qu’Os-
tende faisait des résultats mé-
diocres. Je voyais ça de loin en

me disant “s’ils m’avaient
donné ma chance…” J’ai joué

une saison sans réelle motiva-
tion. Cela m’a permis de retrou-
ver les terrains mais cela a été

très chaotique sur le plan émo-
tionnel et extra-sportif.”

LE RETOUR GÂCHÉ
À OSTENDE

“À la fin de mon prêt, je re-
viens à Ostende, la direction

veut me dégager mais je force
pour rester. Une semaine avant

notre premier match à Ander-
lecht, notre attaquant de pointe,

Sidrit Guri, se blesse à la che-
ville. Je voulais ma chance ? Eh

bien ils allaient me la donner, en
m’envoyant au bûcher à la
pointe de l’attaque de l’équipe.
Malheureusement pour eux,
nous avons gagné sur le terrain
des Mauves, ce qui n’était plus
arrivé depuis 15 ans. Mais cela
ne m’a pas permis de jouer cette
saison-là. J’en veux beaucoup à
la direction de l’époque qui m’a

fait la misère. Je n’aime pas par-
ler de regrets mais avoir quitté

un club au sein duquel j’étais le
roi pour un autre qui m’a si peu
donné pendant deux ans et

demi me reste en travers de la
gorge… Après plusieurs mois
sans jouer, j’ai décidé de rompre

mon contrat lors du mercato hi-
vernal de 2020.”

LE DÉPART
EN AZERBAÏDJAN
“Je me suis rendu compte que

les gens t’oubliaient rapide-
ment en football. J’étais l’un des

meilleurs à l’entraînement mais
le directeur sportif ostendais de
l’époque (NdlR : Hugo Bross) a
voulu ma peau. Il ne m’aimait

pas et m’a chié dessus à mon re-
tour de blessure. Aucun club n’a

voulu prendre le risque de me
signer vu que je ne jouais pas à
Ostende alors que mon genou
allait très bien. J’ai toujours été
un joueur qui a besoin d’être
aimé et en confiance. Je l’étais à

l’Union mais pas du tout à Os-
tende où je pouvais inscrire

trois buts qu’ils ne l’auraient

même pas vu… C’est finale-
ment grâce à un ex-coéquipier

unioniste, Abdelrafik Gérard,
que je rejoins l’Azerbaïdjan. Il

savait que je cherchais un nou-
veau challenge et a montré mes

vidéos au président du FK Ka-
bala. Deux jours plus tard, je si-
gnais mon contrat là-bas. Après

quatre matchs, le championnat
a été stoppé à cause du Covid
puis j’ai sorti une grosse saison
en retrouvant mes qualités
d’explosivité et en finissant
deuxième meilleur passeur du
championnat. Et j’ai rejoint le
club de FK Sabail en début de
saison. En Azerbaïdjan, il y a de

la qualité mais il y a des gros
manquements tactiques. La vie
à Bakou, la capitale, est très

agréable avec une grande sécu-
rité et la proximité de la mer.

J’ai toujours l’envie de rejoindre
un jour la sélection slovène.
Pour cela, il faudrait que je joue
dans un championnat plus

huppé. À 28 ans, je ne me consi-
dère pas comme trop vieux. Par

contre, j’ai parfois l’impression
d’être un oublié du football…”

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