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Les secrets de l’incroyable aventure européenne du KI Klaksvík  

ROCCO MINELLI

Pour le 3e tour préliminaire de C1, KI Klaksvik a dû quitter son stade bordé de collines.D.R.

Après voir éliminé Ferencvaros, champion de Hongrie, et Häcken, champion de Suède, les Féringiens ont battu Molde, champion de Norvège, au match aller du 3 e tour préliminaire de C1 et peuvent rêver de poursuivre leur aventure inédite.  

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KÍ Klaksvík, ce n’est pas évident à prononcer. Pourtant, le nom de ce club des Îles Féroé est sur toutes les lèvres des amateurs de football cet été. En accédant au troisième tour préliminaire de Ligue des champions, la semaine dernière, le champion local a forcé les portes de l’Europe. La vraie, celle qui s’ouvre en septembre avec les groupes. Champions, Europa ou Conference : KÍ en sera et peut, après sa victoire mardi contre Molde (2-1), continuer à rêver de la plus prestigieuse des compétitions continentales.

Cette accession aux poules européennes, c’est déjà un résultat inédit qui braque la lumière sur cet archipel de 18 îles de l’Atlantique nord, isolé géographiquement et singulier dans son peuplement, entre ancêtres celtes (peut-être) et vikings. Et les moutons !

Oui, aux Îles Féroé, on soutient qu’il y a plus de moutons (80.000) que d’habitants (52.889). Il doit certainement y avoir du vrai puisque, en vieux norrois, Færøerne signifie « île aux moutons ».

Quoi qu’il en soit, c’est en tout cas précédée de cette réputation que l’équipe « nationale » avait fait irruption dans les compétitions officielles de l’UEFA en septembre 1990 – les Îles Féroé sont en fait une province autonome du Danemark. Et avec une victoire encore bien : 1-0 contre l’Autriche. Dans la mémoire collective, en plus de cette renommée, il y avait aussi la touche originale de son gardien de l’époque, surmonté d’un bonnet blanc à pompon. Jens Martin Knudsen, c’est son nom, ne le coiffait pas pour se distinguer, mais bien par précaution après qu’il a été victime d’une commotion étant adolescent…

Pour longue qu’elle fut, le premier club a été fondé au XIX e siècle, l’histoire du football local a été jusqu’à hier tranquille, protégé par ses falaises des humeurs de l’Atlantique, béni entre églises et brasseries. Folklorique, bucolique, avec ses stades à la merci des vents et au bon vouloir d’un soleil brillant trop par son absence (deux heures et demie de moyenne par jour sur l’année), le ballon a toujours tourné en rond. Enfin, pas tout à fait : inauguré en 1942, le premier championnat avait été bien tôt interrompu faute de… ballons, bus d’une traite par l’océan.

Depuis la mi-juillet cependant, un de ses clubs, KÍ Klaksvík agite les eaux européennes. Kì a même pris le large par rapport au cliché que renvoie cette région solitaire, faite de roche et de volcans. Il n’y est plus question de moutons, mais bien de poissons, l’industrie nourricière de la ville.

En revanche, oui, les quelque 5.000 âmes de la cité érigée sur l’île de Borðoy pourraient tenir quasiment dans le bonnet de Knudsen. De manière inattendue, Kì a tenu dans les mains de son gardien réserve, Jonathan Johansson. Celui-ci avait pris sa retraite en 2022 avant de revenir au jeu en D5 norvégienne comme défenseur, puis, au début de l’été à Klaksvík dont il a préservé les cages intactes dans les deux manches contre le Ferencvaros, lors du premier tour de la Ligue des champions.

Pour la première fois dans l’histoire des Coupes d’Europe, un club des Îles Féroé disputera la phase de groupes d’une des trois compétitions continentales car KÍ ne s’est pas arrêté en si bon chemin. La semaine dernière, Klaksvík, deuxième équipe la plus titrée (20) du Formuladeildin, avait réservé sa place dans les groupes de Conference League. Au minimum car l’équipe féroiënne est toujours en lice pour le tableau final de la C1 à condition d’éliminer Molde puis de franchir le dernier écueil des playoffs.

Des Féroïens parmi les 32 meilleures équipes d’Europe ! On croit rêver.

Mais comment ont-ils fait ? Tout est parti de leur incroyable victoire à Ferencvaros, champion de Hongrie, et qui avait pris part à la LDC il y a quelques années avec la Juventus et le FC Barcelone comme adversaires. A Budapest, dans un stade qui pourrait contenir (23.700 personnes) près de la moitié des habitants de l’archipel, ils s’étaient imposés 0-3 après avoir partagé 0-0 à domicile. Au stade suivant, ils ont répété le même scénario en allant décrocher la qualification (aux tirs au but, cette fois) à l’extérieur, sur le terrain de Häcken, une équipe de Göteborg, championne de Suède pour la première fois en 82 années d’existence, après avoir concédé un nul blanc à l’aller.

le noyau vaut

2,68 millions d’euros

On imagine à peine l’hymne de la Ligue des champions résonner dans cet essaim esseulé d’îles à mi-chemin entre la Norvège et l’Islande. Un point d’exclamation soudainement dressé au milieu de ces 18 pointillés reliés entre eux par des tunnels routiers et des ferries.

Klaksvík, c’est un noyau qui vaut au total 2,68 millions d’euros avec quelques pros seulement, les autres vivant du poisson. Ses joueurs les plus coûteux sont Patrick Da Silva et Hallur Hansson, 300.000 euros chacun selon Transfermarkt.

Mardi, c’est à Tórsvøllur, l’enceinte de la capitale, que les Féroïens ont battu Molde, champion de Norvège, au match aller du troisième tour préliminaire de la Ligue des champions. Leur stade, le Við Djúpumýrar, bordé de collines de 2.500 places, n’étant pas homologué pour cette phase de compétition…

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