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“L’entreprise familiale de viandes reste une roue de secours”
“L’entreprise familiale de viandes reste une roue de secours”

Teddy Teuma est revenu sur les nombreuses
étapes qui l’ont mené à l’Union Saint-Gilloise.

Teddy Teuma a tou-
jours eu deux visages.

Sur le terrain, le mi-
lieu de terrain unio-
niste est un guerrier, un arra-
cheur de ballon pouvant rapi-
dement devenir un râleur

quand les choses ne tournent

pas dans le bon sens. En de-
hors des pelouses, le joueur

de 27 ans est souriant, amène
du soleil dans une pièce grâce
à son accent chantant du sud
de la France et est toujours
disponible pour les fans ou
les médias.
“Durant mon enfance, j’étais
un garçon bien élevé, très sage

et respectueux des autres”, rem-
bobine l’homme originaire de

Toulon, après s’être excusé du
retard dû à un entraînement
plus long que prévu. “Mais

une fois sur le terrain, je deve-
nais hargneux et aussi très

mauvais perdant… ce que je
suis toujours (sourire).”

Calé dans un fauteuil du
complexe d’entraînement de
Lier, Teddy Teuma est revenu

sur son parcours atypique. En-
tre un job de chauffeur-li-
vreur dans l’entreprise fami-
liale, le manque de soleil à

Boulogne-sur-Mer et la décou-
verte de ses origines maltai-
ses. Entretien avec le capi-
taine de l’Union qui sait d’où

il vient et où il va.
Ses difficultés
à intégrer un centre
de formation
“Enfant, j’ai toujours eu un
déficit de taille. J’ai mis plus de
temps que les autres à grandir.

Cela m’a handicapé car les cen-
tres de formation ne voulaient

pas de moi. Je n’étais pas moins
fort que les autres mais j’étais
plus petit. J’ai fait des tests à
Auxerre mais aussi à Sochaux et
le discours était à chaque fois le
même : je ne rentrais pas dans
leurs critères à cause de ma
taille. Cela a été très compliqué
à vivre pour moi mais aussi

pour ma famille et en particu-
lier pour mon père qui m’avait

suivi depuis le début et me con-
duisait partout. Il a toujours cru

en moi et a dû faire face à toutes

ces déceptions. Ce n’est qu’une
fois entré dans le monde adulte

avec l’équipe première de Hyè-
res en quatrième division fran-
çaise à l’âge de 17 ans qu’on a

arrêté de me considérer comme
un enfant de trop petite taille.
J’étais quelqu’un qui ne lâchait
jamais rien et cela a fini par

payer. À cette époque, j’affron-
tais les centres de formations de

Marseille, de Lyon ou encore de

Nice. Au fond de moi, je me di-
sais donc que j’avais rattrapé

mon retard par rapport aux jeu-
nes passés par un centre de for-
mation. Sauf que je suis resté à

ce niveau jusqu’à 19 ans… À un

moment, je me suis dit que cela
faisait tard pour percer dans le
football. Même si je ne faisais
pas une croix définitive sur le

football professionnel, je me de-
vais d’anticiper et de commen-
cer à travailler.”

Son travail de
chauffeur-livreur
“J’avais décroché mon bac
économique et social puis
j’avais fait une année à la fac de
sport pour devenir professeur de

sport. Mais j’ai rapidement réa-
lisé que ce n’était pas ce que je

voulais faire de ma vie. Rester à

la maison sans rien faire ne fai-
sant pas partie de ma mentalité,

j’ai demandé à mon père de

m’embaucher dans son entre-
prise, vers 18 ans. Il travaille

dans une entreprise de viandes

qui se concentre sur les livrai-
sons pour les restaurants et les

écoles de la région Provence-Al-
pes-Côte d’Azur. Les bouchers

coupaient la viande et la prépa-
raient durant la nuit. Puis nous

la chargions dans les camions à
partir de 4 heures du matin et
nous allions la livrer jusqu’à
13 heures. Ensuite, je mangeais

avec mes parents, je me repo-
sais puis j’allais à l’entraîne-
ment le soir. Mon coach de l’épo-
que m’avait dit que cette expé-
rience du travail allait me

rendre meilleur. Au premier

abord, je ne comprenais pas
pourquoi mais il a eu raison car

cela m’a fait gagner en matu-
rité. J’ai dû faire beaucoup de

sacrifices à cette époque car je
ne partais quasiment jamais en
vacances et j’ai dû faire une
croix sur les sorties entre amis.
Mais je n’ai aucun regret,
d’autant plus que je sais qu’il

s’agit d’une belle roue de se-
cours me permettant de me re-
tourner au cas où. Si j’ai besoin

de retravailler après ma car-
rière, j’irai reprendre l’entreprise

de mon père pour continuer à
faire ce qu’il a toujours bien fait
depuis le début. C’est en partie
grâce à cette expérience que j’en
suis là aujourd’hui. Et cela a été
un déclic car j’ai signé dans la

foulée un premier contrat semi-
professionnel en troisième divi-

sion, à Boulogne-sur-Mer.”
Son départ à
Boulogne-sur-Mer

“J’avais le choix entre Boulo-
gne-sur-Mer, à l’autre bout de la

France, ou Fréjus Saint-Raphaël,
situé juste à côté de chez moi.
J’ai fait le choix de partir loin

pour prendre mes responsabili-
tés tout seul. Cela a été un choc

car je quittais le cocon familial
pour la première fois. Malgré

cela, je ne pouvais pas partir là-
bas pour rien, c’était une chance

unique que je me devais de sai-
sir. Au départ, j’ai rejoint le club

dans le rôle d’une doublure. Fi-
nalement, j’ai réalisé une grosse

préparation et j’ai attaqué le
championnat dans la peau d’un

titulaire. J’y suis resté deux sai-
sons. Pour l’anecdote, j’ai at-

trapé là-bas une bactérie qui

produisait des tâches blanches

sur le corps. Le docteur m’a ex-
pliqué que c’était à cause… du

manque de soleil. J’ai dû faire
un traitement pour combler la
carence en vitamine D et j’ai dû
retourner de temps en temps
dans le Sud pour que les tâches
partent (sourire). Là-bas, c’est

pire qu’en Belgique : il fait vrai-
ment gris tout le temps.”

Son arrivée dans le
monde professionnel
au Red Star

“J’ai signé mon premier con-
trat professionnel au Red Star à

23 ans. La première saison, nous

avons été champions de Natio-
nal (NdlR : D3 française) et j’ai

terminé dans l’équipe-type de la
saison. C’est au Red Star que j’ai
rencontré pour la première fois
Loïc Lapoussin, qui est arrivé
peu de temps après moi. Quand
je suis arrivé à l’Union, le club

lui tournait autour et j’ai direc-
tement validé son profil auprès

de la direction. Je savais qu’il al-
lait même être meilleur en Belgi-
que qu’en France car le style de

jeu lui correspondait mieux. En
Ligue 2, nous avons connu un
début de saison très difficile
avec de nombreuses défaites.
Cela a été compliqué car je
n’avais jamais vécu une lutte

pour le maintien, un change-
ment de coach en cours de sai-
son… Humainement, c’était dif-
ficile. Quand l’Union a frappé à

la porte avec l’objectif de jouer
la montée en D1 belge durant

l’hiver 2018-2019, je n’ai pas hé-
sité. Bien sûr, plusieurs person-
nes au Red Star m’en ont voulu

d’avoir quitté le navire alors que
la situation était délicate. Même
ma famille ne comprenait pas
pourquoi j’allais me perdre en
Belgique. Maintenant, ils ont

tous compris mon choix (sou-
rire).”

Son arrivée à l’Union
“La direction bruxelloise

m’avait fait une première propo-
sition durant l’été 2018 après le

titre remporté avec le Red Star.

Mais c’était impossible de quit-
ter le club au moment où nous

allions découvrir la Ligue 2 donc
j’ai refusé. Six mois plus tard, ils
sont revenus à la charge car ils
n’avaient toujours pas trouvé le
numéro 6 qu’ils voulaient. Au
premier abord, cela n’attire pas
vraiment de rejoindre une
équipe de D2 belge, dans un
championnat avec 7 autres

équipes dont la plupart sont in-
connues. Mais le projet du club

m’a plu et avec le recul, je peux

dire qu’il s’agit du meilleur
choix de carrière que j’ai fait.
Cela va faire trois ans que je
suis ici et durant tout ce laps de
temps, nous avons travaillé
pour atteindre la D1A. Nous ne

sommes pas arrivés là par ha-
sard, tout a été mis en œuvre au

sein du club pour y arriver. En
tant que promu, il est logique de
viser le maintien. Après, en tant
que compétiteurs, on se dit que

le top 8 est peut-être envisagea-
ble. Je dis toujours à mes coéqui-
piers que l’objectif est d’avoir

zéro regret en fin de saison. Ac-
tuellement, nous sommes à une

place que nous méritons. Nous

savons que nous attirons les re-
gards grâce à notre bon début

de saison. Personnellement, je
veux toujours viser le plus haut
possible et j’ai la chance d’être

dans un club qui a la même am-
bition. Tant que l’Union et moi-
même tirons dans le même sens,

il n’y a pas de raison d’aller voir
ailleurs. La France ? Même si
tout peut aller rapidement en
football, ce n’est clairement pas
une priorité de revenir au pays à
l’heure actuelle.”

Son parcours
international
avec Malte
“Quand j’évoluais encore au
Red Star, la fédération maltaise
m’a appelé une première fois. A
l’époque, je ne parlais aucun
mot d’anglais et j’avais donc du
mal à comprendre ce qu’ils me

voulaient. J’étais intéressé de de-
venir international mais j’avais

expliqué que je n’avais pas con-
naissance d’un ancêtre mal-
tais… Ils sont revenus à la

charge en 2020 et j’avais entre-
temps appris les bases de l’an-
glais (sourire). En fait, le nom

‘Teuma’ est maltais. Ils ont fait
des recherches et ont trouvé que

le grand-père de mon grand-
père était né à Malte. Mon

grand-père me l’a confirmé mais
je ne savais pas si je pouvais le

prendre au sérieux car il a tou-
jours été un beau parleur (ri-
res). Finalement, cela s’est véri-
fié et le processus a été lancé. Je

n’étais jamais allé là-bas. Par
contre, je savais que la capitale
était La Valette car le hasard fait

qu’il s’agit du nom de mon vil-
lage à Toulon ! L’objectif de la sé-
lection est de grimper au classe-
ment Fifa et de montrer qu’on

mérite mieux que notre classe-
ment actuel (NdlR : 171e

place).
Nous voulons prouver au
monde que Malte n’est plus la
petite sélection facile à battre. Il
y a quelques mois, nous avons

même accroché la Slovaquie

(2-2), qui a tout de même parti-
cipé au dernier Euro. Nous som-
mes clairement en nette pro-
gression.”

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