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« J’aime pas le foot, j’aime l’Union »  La « hype » qui a accompagné le retour en D1A ne retombe pas. Avec son parcours spectaculaireet son ambiance atypique et conviviale,l’Union fédère un nouveau public souvent peu coutumier des stades.
« J’aime pas le foot, j’aime l’Union » La « hype » qui a accompagné le retour en D1A ne retombe pas. Avec son parcours spectaculaireet son ambiance atypique et conviviale,l’Union fédère un nouveau public souvent peu coutumier des stades.

Un an après son retour en D1A,
l’Union Saint-Gilloise s’apprête

à repeindre les tribunes du Lot-
to Park en jaune et bleu pour son quart

de finale retour d’Europa League. Si

l’Union est un ovni, ce n’est pas seule-
ment pour sa fulgurante ascension, mais

pour son public Bisounours atypique qui

ne cesse de grossir. La « hype » qui a en-
touré le club bruxellois au moment de sa

montée en D1 a tout sauf désenflé, por-
tée, il faut dire, par les résultats sportifs.

« Le cadre est dingue, il y a une am-
biance de fête au village à chaque match

et le niveau de jeu proposé est assez
chouette », résume Louis Masure,
29 ans, Unioniste depuis 2017. Soit
presque un ancien parmi les supporters
de l’Union. Le foot, ça a d’abord été le
club de cœur de son père, Charleroi. Et
puis, une fois adulte, il a cherché une
équipe bruxelloise – pas Anderlecht, « je
me sens oppressé quand 400 types
hurlent pendant deux heures » –, tenté
l’Union. « Là, c’est du foot, mais pas que
du foot. Il y a une sorte de conduite que je
n’ai connue nulle part ailleurs : jamais
d’insulte. Le kop n’a rien à voir avec ce
qu’on peut voir à Charleroi, Anderlecht

ou Bruges. Les gars viennent pour chan-
ter et faire la fête. Et puis il y a toujours

quelqu’un qui va sortir un commentaire
avec un bon accent bruxellois comme s’il
était sur un terrain de provinciale et qu’il

s’adressait au fils d’un copain. C’est gé-
nial. »

Le stade Joseph Marien, Fabrizio Ba-
sano l’a fréquenté tout gosse. Mais c’est

« seulement » dans les années 90 qu’il a
pris la chose sérieusement. Cofondateur
des Bhoys, aujourd’hui assis au conseil

d’administration du club, comme repré-
sentant des supporters, le Bruxellois a

connu « les longues traversées du dé-
sert » et chaque étape de la remontée im-
probable depuis le rachat de Tony

Bloom, en 2018. « On avait toujours en
nous que le jour où on repasserait en D1,
l’Union s’éveillerait (il cite la chanson du
club, NDLR), que les gens reviendraient
au stade. Mais ce qui s’est passé avec la
montée en D1 a surpris tout le monde,
personne n’avait prédit que ça prendrait
une telle ampleur. » En quelques années
seulement, le club est passé d’un petit
millier d’aficionados, parmi lesquels
quelques centaines d’abonnés, à un pic
de fréquentation avoisinant les

17.000 personnes cette saison. Il faut dé-
sormais limiter le nombre d’abonne-
ment (5.500), gérer les files. « C’est

fou. »
Un public à part dans la planète foot
D’après les données tirées par le club via
l’inscription à sa newsletter

(100.000 personnes), l’Unioniste nou-
veau est un peu plus féminin qu’ailleurs,

avec quelque 12 % d’inscrites, et plutôt
jeune : 35 % ont entre 21 et 30 ans. C’est

d’ailleurs vers les jeunes que l’Union en-
tend encore gagner quelques conver-
sions. Il y a les étudiants de l’ULB et de la

VUB (« Un public qui vient déjà et qu’on
aime bien », note le porte-parole de
l’Union), et les jeunes bruxellois de
Schaerbeek, St-Josse et Molenbeek qui
rêvent de Real Madrid et de PSG et à qui
l’Europa League « parle ».
L’étiquette de bobo ? C’est un cliché…
plutôt fondé, même si le club ne dispose
pas de données socio-économiques pour

le vérifier (et n’aime pas trop qu’on le ré-
sume à cela). En soi, l’Union nouvelle re-
flète la population de son quartier, qui a

connu une des gentrifications les plus
spectaculaires de la capitale, avec un
mètre carré qui se négocie désormais à

plus de 3.000 euros. « Ça reste un quar-
tier où il y a beaucoup d’étrangers, mais

maintenant ce sont des Français et des
gens de la Commission européenne, c’est
vrai », s’amuse Fabrizio Basano. « C’est
pour cela qu’on est perçus comme des

bobos. On en rigole. Cela dit, les tribunes
sont plus diversifiées que cela, justement
parce qu’elles reflètent l’histoire du
quartier. Il y a des eurocrates mais aussi
des gens au CPAS. »
S’il y a de vrai amoureux du foot dans

tout cela, ce public de (pas toujours) pas-
sionnés bon enfant qui rejoint le Marien

tous les dimanches « parce que c’était ça
ou une bière au parvis » (pour reprendre
l’expression d’un journaliste), a aussi sa
place, poursuit Fabrizio Basano. « Le

club a toujours été comme cela. Beau-
coup de gens venaient à l’Union mais ne

seraient jamais allés voir d’autres
matchs. Déjà à l’époque, il y avait cette
ambiance bienveillante et positive, avec
beaucoup de sens de l’ironie… Il valait de
toute façon mieux ne pas se prendre au
sérieux vu les résultats. »
C’est un de ces anciens footix qui a pris

les rênes de la commune. Croisé par ha-
sard à la Brasserie de l’Union, Jean Spi-
nette (PS) le concède d’entrée : « Je

n’aime pas le foot, j’aime l’Union. » C’est
Charles Piqué qui l’a traîné de force au

stade, il y a 25 ans. « J’ai appris le folk-
lore, j’ai aimé les chants, l’amitié… la

bière. Je suis très nostalgique de cette
époque. Les résultats étaient plus
qu’aléatoires mais au match suivant, on

était là. A un moment, je me suis embal-
lé. Je suis allé voir jouer le FC Bruges. Et

puis les gars à côté de moi ont crié “Jo-
den” à l’arbitre. Et je me suis rappelé que

je n’aimais pas le foot. Alors oui, on est
bobos, de gauche, antifascistes. » Depuis
que Charles Piqué lui a cédé son siège de
bourgmestre (de « bobo-rgmestre », il
insiste), l’Unioniste a upgradé du kop
vers la tribune d’honneur. Son fils est
d’ailleurs furax : l’ambiance est nulle.
Gérer une croissance hors norme
Cette croissance hors norme charrie son

lot de défis. Pour les anciens d’abord, ga-
rants des valeurs du club – chacun y va de

son anecdote sur le bleu qui a eu le mal-
heur d’invectiver arbitre ou joueur ad-
verse et qui n’a pas vu venir le recordage

d’anthologie –, pour le club ensuite. Les
deux saisons en D1 ont été émaillées de
petits couacs logistiques. Le dernier en

date ne remontant qu’à quelques se-
maines lorsque des supporters qui fai-
saient la file devant le stade pour acheter

leurs billets pour le match aller contre
Leverkusen sont repartis bredouilles
après des heures d’attente. Ce qui a valu
un communiqué d’excuses du club qui,
n’anticipant pas l’engouement, n’avait

pas limité le nombre de places par per-
sonne. C’est que le staff fait ce qu’il peut,

voire un peu plus. La professionnalisa-
tion du club et son bombardement en

Europa League sont allés trop vite.

« On grandit sportivement et l’organi-
sation doit suivre. On améliore le sys-
tème progressivement », explique le

porte-parole, Maarten Verdoodt. Ils ne

sont que 30 employés pour gérer ticke-
ting, communication, logistique de dé-
placements des joueurs, des supporters,

pour trouver et négocier l’accès à un
stade en capacité d’accueillir les matchs
européens… Le stade, justement, c’est

l’autre défi majeur. Avec le Joseph Ma-
rien d’une capacité de 9.500 places, les

Unionistes sont plus qu’à l’étroit. Pour la
première fois, le nombre d’abonnements

a dû être bloqué à 5.500, histoire de lais-
ser encore quelque 1.500 places à l’achat.

Une petite marge peut encore être grat-
tée en travaillant sur les no shows, ces

abonnés qui ne pointent leur nez que
pour les matchs du championnat les plus
prestigieux. Les prix devraient monter

un peu, un espace de vente serait envisa-
gé et les privilèges comme la priorité sur

les tickets européens pourraient être
conditionnés à une fidélité. La « vraie »
solution, la création d’un nouveau stade

près du site d’Audi, est loin d’être abou-
tie, avec des négociations compliquées

avec la commune de Forest qui récupére-
rait son lot de nuisance.

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