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“J’ai traité Cruijff de snob, mais il ne connaissait pas ce mot”
“J’ai traité Cruijff de snob, mais il ne connaissait pas ce mot”

Jan Verheyen, papa de Gert, était le dernier Unioniste à
avoir été Diable rouge, lors de la claque (5-0) encaissée
face aux Pays-Bas. “Vanzeir est mon successeur rêvé.”

Dante Vanzeir est le 44e
joueur

de l’histoire de l’Union saint-
gilloise à être sélectionné

pour les Diables rouges. Le
43e
était Jan Verheyen, il y a 45 ans. Le
tout alors que l’Union jouait en D3 à
cette époque.
Mais la sélection de Vanzeir a aussi
un goût particulier parce qu’il a un
lien étroit avec Gert Verheyen, le fils

de Jan. Et, autre coïncidence, Belgi-
que – Estonie sera le premier match

des Diables auquel Jan (77 ans) assis-
tera depuis neuf ans. Voilà suffisam-
ment de raisons pour aller rendre vi-
site au chouchou de Raymond

Goethals dans son appartement à
Knokke. Et on tient à remercier son
épouse, Lydie, pour ses interventions
pertinentes.
L’USG version 2021
“Je vois Bruges, seul, capable
de terminer avant l’Union”
Verheyen n’est pas encore allé au
Parc Duden pour voir à l’œuvre le
nouvel Union. “J’ai été invité par Eleven
pour assister au match du titre la saison
passée, mais j’ai refusé. Je ne vais plus au

foot. En 2018, j’ai été à Hoogstraten – Os-
tende (1-3) en Coupe parce que c’était le

match entre ma ville natale et le club
coaché par mon fils, mais pour le reste ?
Non. Jusqu’à ce samedi. J’ai accepté une

invitation de l’Union belge, qui veut met-
tre à l’honneur des anciens Diables. On

sera une dizaine, si j’ai bien compris. Je

suis curieux de savoir qui sera là. Jef Ju-
rion a refusé, je l’ai croisé à Knokke hier.”

Par contre, Verheyen suit encore le
football de très près. “J’avais quelque
peu perdu mon affection pour l’Union”,
reconnaît celui qui y a joué entre 1975
et 1978. “Mais je l’ai retrouvée grâce aux
prestations de cette année. Vous savez ce
qui m’a fait rire ? Je reconnais encore les
pavements dans le vestiaire. Ils n’ont pas
encore changé.”

Comme le reste de la Belgique, Ve-
rheyen savoure le parcours de

l’Union. “Je la vois terminer dans le

top 4. Les Bruxellois auront encore un pe-
tit contrecoup, mais je ne vois que Bru-
ges capable de dépasser l’Union. Ander-
lecht ? Je ne crois pas que les Mauves

joueront les playoffs 1.”

Lydie, depuis la cuisine : “Ils ne sa-
vent pas marquer un but !”

Vanzeir, son préféré
“Gert, son coach, était détruit
après que Dante s’est blessé”
Quand on aborde le sujet Vanzeir,
Verheyen rayonne. Pourtant, il aurait

pu rester le dernier Unioniste de l’his-
toire à porter le maillot des Diables.

“Je suis heureux que ce soit Vanzeir qui
me succède. C’est un excellent attaquant
et un gars charmant.”

Lydie confirme. “Pendant ses inter-
views, il a toujours le sourire.”

Verheyen nuance. “Oui, parce que
tout va à merveille. À Genk et à Malines,

où il était sur le banc, il ne doit pas tou-
jours avoir souri.”

Et puis, Jan nous raconte une his-
toire qui date du 11 octobre 2016 lors

d’un Belgique – Russie en U19. Monté
au jeu à la 65e
, Vanzeir quitte le terrain
à la 77e

sur un brancard. Verdict : liga-
ments croisés déchirés pour la

deuxième fois dans sa jeune carrière.
Le coach des U19 était Gert Verheyen.
Dans une interview, Gert a dévoilé
qu’il en avait pleuré dans le vestiaire.
Jan : “Gert était détruit après cette
blessure. Il avait été lui rendre visite à

l’hôpital. Et il avait poussé ses coéqui-
piers à lui envoyer des messages de sou-
tien. Ils ont gardé un énorme respect mu-
tuel. Le fait que Vanzeir soit Diable me

fait donc doublement plaisir.”
On clôture ce sujet par la question
qui tue : quel Unioniste est le

meilleur ? Jan ou Dante ? Lydie : “Van-
zeir ! Un buteur sort quand même plus

du lot…”
La réplique de Jan est immédiate.
“Ah bon ? Eh bien merci ! J’espère qu’il

aura la même carrière en équipe natio-
nale que moi, à savoir 50 sélections et

33 capes.”
Son arrivée à l’Union
“Le jeune président Bayet nous
promettait le paradis sur Terre”

Verheyen a joué à Anderlecht en-
tre 1971 et 1975. “J’étais titulaire, mais je

sentais que quelques jeunes se manifes-
taient, comme Coeck, Swat Van der Elst

et Vercauteren. Jean Dockx, mon ami

mais concurrent, me disait qu’on ris-
quait de perdre notre place.”

Lydie intervient : “Tu te souviens du
dîner chez Jean, pendant lequel il avait

soi-disant reçu un coup de fil de Charle-
roi ? Moi, je crois que c’était un coup

monté.”

Verheyen : “Soit : Heylens devenait en-
traîneur de l’Union en D2 ; plusieurs

autres Anderlechtois le suivaient, comme
le gardien Barth, De Nul, De Bolle, Geys.
Finalement, Constant Vanden Stock m’a
laissé aller parce que c’était l’Union, le
club où il avait joué. Le jeune nouveau
président Ghislain Bayet, un homme
d’affaires, nous promettait le paradis sur
“Je reconnais encore
les pavements dans
le vestiaire de l’Union.”

BELGIQUE – ESTONIE (SA. 20 H 45)

Jan Verheyen, papa de Gert, était le dernier Unioniste à
avoir été Diable rouge, lors de la claque (5-0) encaissée
face aux Pays-Bas. “Vanzeir est mon successeur rêvé.”

Terre avec des primes gigantesques. Tant

qu’on ne perdrait pas, les primes aug-
menteraient. Même à Anderlecht, je

n’avais pas connu cela.”

Entre-temps, l’Union avait perdu ses
derniers matchs de la saison 1974-1975
et était descendu en D3. Mais le projet
était maintenu. Verheyen : “La pelouse
était renouvelée, le stade modernisé, on
accueillait le grand PSV en préparation
(défaite 2-4). On a remporté le titre avec
seulement quelques défaites (trois : à
Zele, au Crossing et à Tournai). En
Coupe, on a perdu contre le cours du jeu
à Anderlecht : 2-1 après prolongations.”
Mais assez rapidement les joueurs
comprenaient que le président Bayet
avait bâti des châteaux en

Espagne. Verheyen : “La ban-
que où je devais aller cher-
cher ma prime à la signature

n’était au courant de rien. Les
salaires n’étaient pas versés.
Les joueurs étrangers comme
notre buteur allemand Harald
Nickel ne savaient pas payer
leurs factures, leur téléphone
était coupé. À une fête, Bayet
avait promis un voyage dans

le sud de la France à nos fem-
mes, mais on attend encore.

Après quelques mois, Bayet ne
se montrait plus aux matchs.”
La saison d’après, en D2,

était encore plus catastro-
phique. L’Union faisait

faillite et était placée sous curatelle.
Elle était finalement sauvée grâce à
des clubs comme Anderlecht et le
Standard, qui venaient jouer un
match gratuitement, et aussi grâce au
soutien de Paul Van den Boeynants, le
Premier ministre de l’époque, qui
était supporter de l’Union. Verheyen :
“Moi, j’ai dû dépanner pendant six mois

comme joueur-entraîneur. On allait s’en-
traîner à Boitsfort, si mes souvenirs sont

bons, sur un terrain boueux sans un seul
brin d’herbe. Après la troisième saison, je

suis parti à Hoogstraten. L’Union me de-
vait encore 7 500 euros mais je les ai lais-
sés tomber. Au fait, j’aurais dû rester à

Anderlecht comme… Jean Dockx, qui a
encore gagné deux Coupes d’Europe.”
1-0 contre l’Islande
“Ma sélection par Goethals
avait provoqué un choc”
Retour au mois d’avril 1975, quand
Verheyen était en pourparlers avec

l’Union pour signer son fameux con-
trat. Le coach fédéral Raymond

Goethals le convoque et lui dit : “Écou-
te-moi bien. Si tu ne joues plus en D1, je

ne pourrai plus te rappeler.”
Septembre 1975. La Belgique ac-

cueille l’Islande en match de qualifi-
cation pour l’Euro 76 en Yougoslavie.

La grosse surprise dans la sélection de

Goethals est la présence de… l’Unio-
niste Jan Verheyen, joueur de D3. Les

médias n’épargnent pas Goethals et la
blague belge est même reprise par les

journaux étrangers. Verheyen : “Les cri-
tiques étaient normales. Imaginez-vous

que Martinez rappelle un joueur du FC
Liège. Il serait encore plus critiqué.”
Mais Goethals était fan de Verheyen.
“Cela datait de l’époque où je jouais au
Beerschot. Mes meilleurs matchs, je les
jouais contre le Saint-Trond de
Goethals.”

Lydie : “Raymond l’adorait parce que
Jan écoutait bien. Il faisait tout ce qu’il
demandait.”
Jan : “Mais il m’a aussi mis sur le banc.
J’ai souvent dû remplacer Van Moer à la
70e
. Combien de fois est-ce que Raymond
n’a pas quitté le banc pour donner des

consignes, avant de reculer sans regar-
der et se rasseoir sur mes jambes ?”

La Belgique a battu l’Islande 1-0, ce
6 septembre. “Je m’étais blessé et Coeck

m’avait remplacé.” Le lendemain, le

7 septembre, l’Union jouait son pre-
mier match de championnat et per-
dait 2-1 à Zele… Sans Verheyen.

0-0 en France
“Jan était l’homme du match”
Goethals se fiche des critiques par
rapport à la sélection de Verheyen

contre l’Islande. Il fait à nouveau ap-
pel à lui, cette fois pour le match cru-
cial contre la France au Parc des Prin-
ces.

Quelques jours après avoir battu
Termonde avec l’Union (1-3), Verheyen
se retrouve face à des noms comme
Marius Trésor, Dominique Rocheteau,
Raymond Domenech, Henri Michel
et… Jean-Marc Guillou. À la mi-temps,
Jean-Michel Larqué monte au jeu mais

le futur commentateur emblémati-
que se fait exclure à la 67e

après avoir
donné un coup de poing à Jean Dockx
qui l’avait taclé violemment.
“L’homme du match était Jan”, indique
Lydie.
L’ancien Unioniste confirme.
“J’avais joué un des meilleurs matchs de
ma carrière. J’avais montré que Goethals
avait raison de faire appel à un joueur

de D3. D’ailleurs, Lydie avait fait le dépla-
cement en train. Goethals était si content

qu’il l’a invitée à passer la nuit avec moi
dans l’hôtel. Mais elle est quand même
rentrée à Hoogstraten.”
5-0 aux Pays-Bas

“Les Brugeois avaient la tête à Li-
verpool, où ils joueraient la finale”

Première de son groupe, la Belgique
doit affronter les Pays-Bas en quarts
de finale des préliminaires pour
l’Euro 76. Ce même jour, le 25 avril
1976, l’Union se déplace au RC Tournai
(défaite 2-1, mais le titre était déjà en

poche). Vu l’excellent match de Ve-
rheyen en France, il est évidemment

titulaire dans le “Kuip”. Son rôle : neu-
traliser Johan Cruijff de Barcelone.

Verheyen : “Il m’en a fait voir de toutes

les couleurs. Quand je pensais qu’il irait
à gauche, il allait à droite. Je me suis pris
une jaune ? Cela doit avoir été après une
faute sur Cruijff. J’en avais tellement

marre que je l’ai traité de snob. Il s’est re-
tourné et il a dit : ‘Snob ? Je ne connais

pas ce mot.’”
Rensenbrink était l’homme du
match avec un triplé ; le score était
scandaleux : 5-0. Mais Verheyen s’est

senti trahi par les cinq Brugeois Lee-
kens, Vandereycken, Cools, Van Gool

et Lambert. Trois jours plus tard, ils
jouaient la finale de la Coupe de

l’UEFA contre Liverpool (3-2 à Liver-
pool, 1-1 à Bruges). “Disons qu’ils

avaient la tête à Liverpool.”
Le 5-0 signifiait la fin de Goethals,
de Jan Verheyen et de l’Union en

équipe nationale. Jusqu’à Dante Van-
zeir, qui pourrait grappiller la 381e

cape d’un joueur de l’Union.
Lydie : “Martinez n’est pas pour les
jeunes, hein.”
Jan : “Cette fois, il n’a pas le choix…”

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