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Anthony Moris : Je suis un miraculé du foot
Anthony Moris : Je suis un miraculé du foot

Formé au Standard,  le gardien profite de son bonheur de retrouver le plus haut niveau avec l’Union 

Après bien des déboires, Anthony Moris (31 ans), qui évoluait encore en D1amateurs il y a trois ans, a su rebondir pour prendre aujourd’hui un plaisir fou sur les pelouses de l’élite. À quelques heures des retrouvailles avec le Standard, le gardien unioniste passe en revue une carrière pour le moins atypique.  next

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Dire de votre carrière qu’elle a été tout sauf un long fleuve tranquille, c’est la bonne formule ?Complètement oui. Disons que je n’ai pas eu une carrière normale. Elle a réellement débuté à Virton, alors que j’avais déjà 27 ans. Parce qu’avant cela, je n’ai pas bénéficié au Standard, à l’époque où Duchatelet est arrivé et que le club se cherchait un peu, de la confiance nécessaire pour m’imposer. Et parce qu’à Malines, je me suis déchiré deux fois les ligaments croisés et le ménisque. C’était difficile, dans ces conditions, de me faire une place au soleil. D’où mon choix, il y a trois ans, de repartir d’une page blanche à Virton.Que se dit-on alors, que le sort s’acharne ?Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Je le dis en toute modestie : sans ces blessures, j’aurais sans doute effectué une autre carrière, sans devoir repasser par la D1 amateurs.Vous est-il arrivé de songer à mettre un terme à votre carrière ? Parce que subir deux blessures aussi lourdes en deux ans, c’est compliqué à gérer…La première, c’était en avril 2015, alors que je commençais à jouer avec Malines durant les playoffs 2. Jusqu’à ce quatrième match à Genk… J’ai pris un gros coup au moral mais mon caractère d’Ardennais m’a permis de trouver l’énergie pour rejouer après cinq mois lors d’un match des Espoirs face au Standard. C’était un petit exploit. Et je me souviens qu’en mars 2017, ma compagne m’avait posé la question de savoir ce que je ferais en cas de nouvelle rupture des ligaments croisés. Je lui avais répondu : j’arrête le foot. Deux semaines après, je me refais les croisés lors d’un match avec le Luxembourg. Elle m’a dit : que fait-on ? Le foot, c’est ma vie, je joue depuis que je suis tout petit et je ne me voyais pas faire autre chose. J’ai donc trouvé la force nécessaire pour me battre et revenir. Je ne pouvais pas arrêter ma carrière sur ça.Entre les deux, il y a eu aussi une blessure au ménisque…Quand Jean-François Gillet a quitté Malines pour signer au Standard, j’ai commencé à jouer sous les ordres de Yannick Ferrera, avant de me blesser au ménisque. C’est là, lors de mon retour après quatre semaines d’indisponibilité, que j’ai vécu l’un des moments les plus douloureux de ma carrière, lorsque Yannick m’a annoncé qu’il allait laisser Coosemans dans les buts. Ce jour-là, j’ai compris qu’il ne fallait compter que sur soi-même, même si je n’en veux pas à Yannick.Avant cela, à l’été 2014, vous étiez resté six mois sans jouer en raison de problèmes administratifs…Une histoire rocambolesque ! Il me restait trois ans de contrat au Standard qui, le dernier jour du mercato, m’a proposé de trouver un arrangement pour casser mon contrat. Ce que j’ai accepté, parce que je ne me voyais pas rester dans la cave de l’Académie. Cela m’aurait aussi permis de rejoindre gratuitement, quelques jours plus tard, l’Antwerp ou le CS Bruges qui me voulaient. J’ai donc pris la voiture en compagnie de mon père pour me rendre à Sclessin. À 22 heures, mon contrat était cassé. Mais cette nuit-là, j’ai très mal dormi. Le lendemain matin, j’ai appelé Pierre Locht, qui était alors team manager, en lui disant que j’avais un drôle de sentiment. De fait, mon contrat avait bel et bien été cassé, mais les papiers n’étaient pas arrivés à temps à la fédération. La faute à qui ? Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir, mais je suis resté bloqué pendant six mois, avec un contrat cassé, plus d’indemnité et plus d’équipe avec qui m’entraîner, devant attendre janvier pour retrouver quelque chose. Le Standard a été classe, en laissant les infrastructures à ma disposition et en me permettant de participer aux séances d’entraînement que Jean-François Lecomte dispensait aux jeunes gardiens de l’Académie.Jusqu’à l’intérêt de Malines…J’ai eu la chance de recevoir un coup de fil d’Olivier Renard qui m’a proposé de rejoindre le KaVé, où j’ai gagné pendant les six premiers mois 1.000 euros bruts par mois. Au moment de signer le contrat, ma femme pleurait. Je lui ai dit : ne te tracasse pas, je vais me relancer. J’habitais toujours à Liège, j’avais un crédit à payer, je devais mettre de l’essence dans ma voiture puisque je n’en avais pas une du club. Je faisais la route avec Philippe Vande Walle, qui entraînait les gardiens. C’était déjà cela d’économisé. J’étais, à 25 ans, le joueur de D1 le moins bien payé. Allez dire aujourd’hui à un gars de 25 ans qu’il va gagner 1.000 euros bruts par mois, il va vous rire au nez. Pendant un an, j’ai donc gagné des clopinettes. J’avais certes reçu une petite indemnité en cassant mon contrat au Standard, mais si à ce moment-là on n’a pas la tête sur les épaules, on ne sait pas gérer son argent : on est mort. Je remercie donc mes parents pour l’éducation qu’ils m’ont donnée et la valeur de l’argent qu’ils m’ont apprise.Vous qui êtes originaire de Habay, en province de Luxembourg, et qui êtes le gardien de l’équipe nationale du Luxembourg, rallier ensuite Virton, c’était un choix du cœur ?C’était surtout un pari risqué car c’était en D1 amateurs, même si l’équipe bénéficiait de moyens financiers hors-norme pour la série. Cette année-là, on était descendu en D2 avec Malines, où j’étais disposé à rester. Mais on m’a dit qu’il fallait que je trouve un autre challenge, pour raisons linguistiques. Cela ne s’invente pas. Quand Virton m’a appelé, je n’avais rien d’autre. Je sortais d’un an sans jouer et plus personne ne me connaissait. En Gaume, j’étais désiré. Ma seule envie, c’était de jouer tous les week-ends. On vivait comme des pros, on a été champion en D1 amateurs puis j’ai été élu meilleur gardien de D2.Jusqu’à ce que les problèmes surgissent. C’était trop beau pour être vrai ?On a vite senti que le vent tournait. Lorsque le Covid est apparu et que les clubs ont eu la possibilité de placer leurs employés en chômage temporaire, le club nous a envoyé un mail pour signaler qu’il appliquait la mesure. Mais comme il y avait déjà eu des retards de paiements…Pourquoi êtes-vous monté aux barricades et vous êtes-vous fait le porte-parole de la révolte des joueurs ?Partout où je suis passé, je ne me suis jamais caché, j’ai toujours pris mes responsabilités. Ici, j’étais capitaine, j’avais une famille, un enfant, une carrière. J’ai décidé de ne pas me laisser faire. Nous, les joueurs, avions rempli notre part de contrat en ramenant Virton sur la carte du foot belge, on avait terminé en tête.Ce qui veut dire que Virton, lui, n’a pas respecté ses joueurs ?Lorsqu’on est arrivé en juin, on n’a plus eu aucun contact avec la direction, et ce n’est pas faute d’avoir essayé d’en avoir. Il n’y avait pas de programme de reprise établi, pas d’entraînement et surtout une relégation du club en D2 amateurs, pour refus de licence. J’étais professionnel, je ne pouvais pas rester les bras croisés, d’autant que les mesures de chômage temporaire avaient fait chuter mon salaire mensuel à 1.200 euros bruts. J’ai donc cassé mon contrat. Aujourd’hui, je suis attaqué par Virton, qui me réclame la somme astronomique de 460.000 euros pour rupture de contrat. Pourtant, tout a été fait dans les règles. Les audiences sont fixées en décembre, mais je suis droit dans mes bottes et je dors très bien chaque nuit.À l’arrivée, rejoindre Virton a-t-il été un regret ?Pas du tout. J’avais besoin de jouer. Sans ça, je ne serais sans doute plus professionnel aujourd’hui. Je suis un miraculé du foot. Qui peut se targuer d’évoluer au plus haut niveau alors qu’il jouait trois ans plus tôt, à l’âge de 27 ans, en division 3 ?Vous êtes arrivé à l’Union il y a un peu plus d’un an, en juillet 2020. De quelle façon ?En février déjà, alors que j’étais sous contrat avec Virton, le club bruxellois s’était montré intéressé. Un mois plus tôt, durant le mercato d’hiver, j’avais eu une offre de Louvain qui avait remporté la première tranche en D1B, mais Virton n’avait pas voulu me laisser partir. Lorsque le club gaumais est descendu administrativement, j’ai eu la possibilité avec Loïc (Lapoussin) de m’entraîner avec l’Union, sans penser à plus tant mon objectif était de revenir en D1A. Je ne voulais rien entendre d’autre, mais au bout de deux semaines, je me suis rendu compte que j’étais bien à l’Union, avec Felice (Mazzu). J’ai foncé, en espérant que mon nom soit à jamais associé à la remontée du club en D1.Quelles sont vos relations avec Felice Mazzu ?J’accorde beaucoup d’importance à l’aspect humain, et avec Felice, je suis servi. Pouvoir lui dire ce que je pense et que lui le fasse aussi, qu’il nous serre dans ses bras, j’ai besoin de ça, Felice donne beaucoup à son groupe en aimant de la même façon celui qui joue et le petit jeune qui arrive.Vous avez parlé de l’intérêt d’OHL, mais il y a eu aussi celui du Standard…Exact. Benjamin Nicaise a pris contact avec moi en janvier 2020, mais c’était compliqué. Arnaud Bodart, pour qui j’ai beaucoup d’estime et qui fait preuve, à 23 ans, d’une maturité que je n’avais pas au même âge, était en place. Le Standard me proposait d’être sa doublure, mais j’avais besoin de continuer à jouer. Revenir à Sclessin m’a un moment traversé l’esprit, mais, pour ma carrière, ce n’aurait pas été le bon choix.Vous retrouver en D1 après tous vos déboires, c’est, vous l’avez dit, un petit miracle. C’est aussi une fierté ?Ma plus grande fierté dans le foot, ce n’est pas d’avoir défié Cristiano Ronaldo, d’avoir joué 30 matches en équipe du Luxembourg, d’avoir disputé une rencontre de Coupe d’Europe, d’avoir réalisé mon rêve de porter le maillot du Standard, et même pas d’avoir aidé l’Union à revenir au plus haut niveau. C’est de voir le niveau que j’ai retrouvé après mes blessures tant je sais à quel point c’est compliqué de revenir après ça. Il faut avoir du courage, du mental. C’est pour cela que je joue, pour prendre du plaisir.Affronter le Standard, avec qui vous avez joué 15 matches, cela vous fait toujours quelque chose ?Oui parce que c’est ma première maison footballistique. J’y suis arrivé à l’âge de 10 ans et je l’ai quitté à 24. Cela a toujours été mon équipe de cœur, qu’il m’a fait mal de quitter en 2014 même si j’ai l’honnêteté de reconnaître que je n’étais pas forcément prêt à m’y imposer. Aujourd’hui, j’habite à nouveau la région liégeoise, je connais encore énormément de monde sur le terrain et dans les bureaux de Sclessin. Pour moi, c’est le match le plus spécial de l’année.Il y aura aussi les retrouvailles avec Gillet, dont vous avez été la doublure à Malines et qui officie désormais comme entraîneur des gardiens ?Jean-François, c’est mon frère. On s’est lié d’amitié dès qu’il est arrivé à Malines. J’ai toujours eu un respect immense pour lui et pour sa carrière. Il a joué 500 matches en Serie A, a été capitaine du Torino et reçoit les bons vœux de Buffon à chaque anniversaire. Je ne sais pas si on se rend compte de ce que c’est. C’est la personne qui m’a appris le plus. À être calme, à faire preuve de patience, à bien gérer les moments chauds d’un match et à préparer ceux-ci, en respectant les plages de repos. C’est avec lui que j’ai appris ce que veut dire le mot « professionnalisme ». Toute la semaine, il vivait pour son métier.Où est la vraie place de l’Union ?Je vous répondrai en avril prochain, après le dernier match de la phase classique au… Standard. Mais ce qui est sûr, c’est que la place de l’Union est en D1A. On a été leader jusqu’au week-end dernier et on peut le redevenir dès ce samedi. Mais on ne s’en rend pas compte. On a tellement bon de se voir, de jouer ensemble, les uns pour les autres, et on prend tellement de plaisir sur le terrain qu’on en oublie la pression qu’il y a autour. Pour expliquer nos bons résultats, tout le monde dit qu’on surfe sur l’euphorie de la montée, mais la vérité, c’est qu’on travaille dans la continuité de la saison dernière, avec la même ossature, le même entraîneur qui est un papa et le même état d’esprit. Samedi, on jouera face au Standard exactement comme on le faisait il y a quelques semaines encore contre le Lierse.Que pensez-vous du Standard actuel ?Il n’a plus rien à voir avec le Standard deux fois champion de Belgique que j’ai connu, avec Lucien D’Onofrio à sa tête, qui était le club le plus riche de Belgique et pouvait vendre un joueur à 20 millions. Mais s’il ne dispose plus de la même puissance financière, le club liégeois a su garder ses forces et a eu un recrutement intelligent. C’est bien aussi de miser sur ses jeunes, à condition de ne pas changer de cap au moindre pépin. Dans un grand club, la patience fait souvent défaut.Aimez-vous le milieu du football ?Non.Mieux, je ne me réjouis que d’une chose, d’en sortir. Je l’ai dit, je prends énormément de plaisir sur le terrain, mais j’ai plus de mal avec tout ce qui tourne autour. Je ne crache pas dans la soupe, j’ai une très belle vie et je ne me plains pas, mais ce que je vois parfois est contraire aux valeurs que j’entends inculquer à mon enfant. Les mensonges, le manque de respect, le manque de place pour l’émotion, la politique du « tous les coups sont permis », très peu pour moi, même si je me suis construit une carapace et que je parviens à avoir le recul nécessaire. Je cultive une grande passion pour le vin et je m’intéresse à l’immobilier. J’aurai donc de quoi m’occuper plus tard.

Teuma et Laifis sont incertains 

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UNION SGTeuma.Touché au genou, le capitaine Teddy Teuma est incertain. Un état des lieux concernant son état physique, déterminant sa participation ou non à la rencontre, sera fait ce samedi.Mitoma.Le Japonais n’est pas encore en ordre administrativement et donc pas encore qualifié.Assistance.Plus de 7.000 personnes sont attendues au stade Marien. Parmi elles, 500 soignants des hôpitaux bruxellois qui ont reçu une invitation.STANDARDLaifis.Il a ressenti lors de l’entraînement de jeudi une petite pointe au quadriceps et a passé hier des examens médicaux, que Mbaye Leye devait analyser avant de le soumettre ce samedi matin, avant le départ en mise au vert, à un test.Bokadi.Opéré en avril d’une rupture du tendon d’Achille, il a recommencé à courir.Muleka.Toujours sur la touche en raison d’une blessure aux ischios, il devrait être rétabli pour le derby à Seraing, le 12 septembre.Trêve.Privé de nombreux internationaux, Leye fera appel la semaine prochaine à des jeunes du noyau U21, qui s’entraîneront de lundi à jeudi. Puis, ce sera congé jusqu’à lundi.

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