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Alex Muzio : « Je veux vraiment être champion ! »  
Alex Muzio : « Je veux vraiment être champion ! »  

VINCENT MILLER

Alex Muzio, le boss de l’Union, s’exprime très rarement.PhotoNews/Jan De Meuleneir

La course au titre, le parcours européen, le mercato, Karel Geraerts, l’éventuel futur stade… :   le président de l’Union Saint-Gilloise fait le point sur tous les dossiers chauds du club. 

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La parole d’Alex Muzio dans les médias est rare. « Car en Angleterre, ce n’est pas normal que le président d’un club donne beaucoup d’interviews », explique-t-il. « Celui qui le fait est considéré comme quelqu’un qui prend la grosse tête, qui a un gros ego. » Mais alors que l’Union vient de clôturer une incroyable campagne européenne, et s’apprête à entamer ses deuxièmes Champions Playoffs de rang, l’homme fort du club saint-gillois sort de sa réserve habituelle.

Alex Muzio, cette année sera-t-elle la bonne pour l’Union ? Pensez-vous avoir plus de chances d’être champion qu’il y a un an ?

Les gens aiment écrire l’histoire par après (sourire). L’an dernier, on a dit qu’on s’était un peu écroulé en deuxième partie de saison. Mais ce n’est pas vrai. C’est juste que Bruges a été encore plus incroyable que nous. On avait bien commencé les playoffs contre Anderlecht. Puis on avait bien presté également à l’Antwerp, où on avait eu trois grosses occasions dans les dix dernières minutes. Tandis que lors du double affrontement face à Bruges, on avait raté un penalty et eu un but annulé. N’oubliez surtout pas ces choses-là. Aujourd’hui, l’histoire raconte que Bruges avait plus d’expérience. Mais si on avait remporté le titre, cette histoire aurait été écrite bien différemment.

Quelles seront vos ambitions en playoffs ?

Je veux vraiment être champion ! Si on ne l’est pas, mais qu’on a joué de notre mieux, qu’on s’est montré ou bien qu’on a été malchanceux, je pourrai vivre avec. En revanche, si on est divisé et si on prend les mauvaises décisions, ce sera nettement plus difficile à avaler.

Justement, que vous faudra-t-il, cette fois, pour ne pas laisser filer les lauriers nationaux ?

Il faudra saisir notre chance dans les bons moments, comme on aurait dû le faire contre l’Antwerp l’année dernière ou sur ce penalty face à Bruges.

Qui vous fait le plus peur ?

Honnêtement, je pense que tout le monde a ses chances car l’écart entre les équipes n’est pas grand. Même Bruges peut croire au titre. Et il l’a d’ailleurs déjà déclaré. Il en a les possibilités s’il gagne ses six matches.

Cela fait désormais cinq ans que vous êtes arrivé à l’Union et que vous enchaînez les réussites. Quelles sont les clés de votre succès ?

Tout d’abord, nous sommes très chanceux d’avoir pu engager des bonnes personnes. Je pense ainsi que Philippe Bormans et Chris O’Loughlin sont les meilleurs du pays dans leur rôle (NDLR : respectivement directeur général et directeur sportif). Ensuite, nous nous tenons à nos valeurs. Beaucoup d’équipes, et d’entreprises, ont des valeurs. Mais parfois, quand elles voient une très bonne opportunité, elles abandonnent celles-ci. Nous ne faisons pas cela.

Vous avez aussi l’art de dénicher des pépites. La dernière en date : Casper Terho. Comment faites-vous pour avoir aussi peu de ratés lors des mercatos ?

Nous essayons de minimiser nos risques en préparant l’opération longtemps à l’avance. On veut être sûr que le joueur va correspondre au club, à sa culture et à ses valeurs. Pour certains, cela ne leur ira pas de s’entraîner à Lierre et de jouer à Bruxelles, voire tout simplement d’habiter en Belgique. Dans une récente interview, Mark McKenzie, le joueur de Genk, a d’ailleurs expliqué à quel point la Belgique était différente des États-Unis et comment il avait dû s’adapter. Un exemple parmi d’autres : aux USA, il y a beaucoup de « small talk », les gens parlent toujours les uns avec les autres. Ce qui n’est pas spécialement le cas en Belgique.

Quels sont les autres critères dont vous tenez compte lors du recrutement ?

On se pose plusieurs questions : le joueur est-il humble ? Passionné ? Intègre ? Engagé ? A-t-il du caractère ? S’adaptera-t-il à la vie près de Lierre ? Ne se sentira-t-il pas seul ? Ne va-t-il pas être trop déçu si sa famille ne vient pas ? Etc. Pour cela, le parfait exemple est celui de Christian Burgess. Il est très engagé (NDLR : notamment auprès des réfugiés à Calais) et avait soif de découvrir de nouvelles cultures. Il correspondait bien à l’Union.

Au-delà de ces aspects, vous parvenez à attirer de très bons joueurs, footballistiquement parlant…

Je travaille pour Starlizard depuis 2006. Nous pensons être les leaders mondiaux en détection de talents dans le foot. Nous regardons énormément de matches dans toutes les divisions professionnelles de la planète, et suivons donc un paquet de joueurs. Mais si la première étape, celle de l’identification du talent, est la plus simple. Ce sont les suivantes qui sont les plus compliquées : parviendra-t-il à s’adapter au style de jeu de l’équipe ? Sa personnalité lui permettra-t-elle de s’intégrer ? Ne sera-t-il pas trop blessé ? À ce propos, l’exemple de Bart Nieuwkoop est frappant. Il était souvent blessé à Feyenoord. Nous pensions que nous pouvions lui donner un programme de travail personnalisé afin qu’il reste fit. Aujourd’hui, il a joué plus de matches avec l’Union qu’avec son ancien club du Kuip.

Revenons au sportif. Avec quel sentiment êtes-vous sorti de l’Europa League ?

Après Leverkusen je n’étais pas triste mais fier. Car pour moi, il y avait deux façons de quitter la campagne : soit en soulevant le trophée, soit en étant éliminé par une équipe avec un budget bien plus important que le nôtre. Et ce fut le cas : Leverkusen pesant près de 200 millions d’euros et ayant des joueurs qui valent bien plus que les nôtres. En outre, on a fait douter le Bayer, le score de 1-4 ne reflétant pas la manche retour. D’ailleurs, le CEO de Leverkusen m’a dit que, à 1-3, lorsqu’on a touché la barre, il était paniqué (sourire).

Quel est votre meilleur souvenir de cette campagne ?

Il y en a en tellement que je ne peux pas en retirer un ! Il y a eu la victoire face aux Rangers. Il y a eu celle à Berlin en septembre, dans un stade de 25.000 places rempli une heure et demie avant le match. Il y a eu le doublé de Nilsson en deux minutes à Braga. Ou encore la victoire à Malmö qui nous garantissait la première place de notre groupe. Et enfin notre dernier succès 3-0 contre Berlin.

Une campagne que vous avez terminée en apothéose devant 17.000 personnes au Lotto Park. Mais où jouerez-vous vos matches européens la saison prochaine, si vous vous qualifiez ?

C’est vraiment très difficile de répondre à cette question. Cela dépendra notamment de la compétition que nous disputerons. Nous sommes malheureusement sans-abri en Europe. Nous devons trouver des solutions tout le temps. C’est très stressant, énergivore et frustrant. Ce serait en tout cas triste de devoir aller jouer à Ostende, voire à Zulte qui est possible en théorie. Ou même à Louvain. Même si j’aime le stade et la ville, c’est de l’autre côté de Bruxelles. Avec des matches parfois prévus à 18h45, les gens qui travaillent avaient à peine le temps d’arriver pour le coup d’envoi et ne pouvaient pas bien profiter du moment.

Où en êtes-vous concernant la construction d’un nouveau stade ? Restez-vous confiant ?

Les choses progressent. Mais j’utilise la métaphore d’un grand mur que le club frappe avec un marteau. Actuellement, le marteau revient constamment. Mais à un certain moment, j’espère qu’un énième coup fera s’effondrer le mur.

Parlons du prochain mercato. Celui-ci sera-t-il agité ?

De mon expérience de la saison dernière, j’ai appris que c’était très difficile à prédire. Il y a un an à la même période, on avait l’impression qu’il y aurait beaucoup de changements. Mais il y en a eu, au final, moins qu’annoncé.

Vertessen et Adingra, tous deux prêtés, pourraient-ils prolonger leur aventure au stade Marien ?

Rien n’est encore décidé. C’est une décision qui sera prise en fin de saison avec Brighton et le PSV. S’il y a des disponibilités, on discutera. Ça c’est certain.

Boniface quittera-t-il l’Union à coup sûr ?

Pour l’heure, il est avant tout focalisé sur les playoffs. Il est l’un des nouveaux joueurs à avoir déclaré, lorsqu’il est arrivé, qu’il voulait gagner le titre. Je me rappelle d’ailleurs que certains avaient froncé les sourcils lorsqu’il avait affirmé cela. On verra ensuite ce qu’il se passera. Partira-t-il pour une somme record ? Cela dépendra de ce que les clubs intéressés seront prêts à mettre.

Pourriez-vous faire un effort pour revaloriser le contrat de votre capitaine Teuma ?

Il va falloir voir dans quelle compétition européenne on jouera. Et avant tout si on jouera l’Europe. Maintenant, il est focalisé sur le fait de remporter le titre. On verra ensuite à quelle place on finit le championnat.

Votre coach Karel Geraerts, que des rumeurs envoient à Bruges, sera-t-il toujours là l’année prochaine ?

Nous voulons le garder, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais si on dit à Karel qu’on parle d’un nouveau contrat maintenant, il va nous dire qu’on est fou. Car il voudra prendre son temps pour analyser la proposition. Or, pour le moment, il est focalisé sur le fait de gagner le titre. Il faut attendre le bon moment. Et celui-ci arrivera après la saison.

Depuis 2018, l’Union s’entraîne à Lierre, à plus de 50 kilomètres du stade Marien. Reviendrez-vous un jour vous entraîner à Bruxelles ou dans ses environs ?

J’adorerais ! En fait, nous aimerions vraiment trouver un terrain à Bruxelles ou dans sa banlieue immédiate pour y construire un centre de formation. Et nous avons déjà essayé. Nous serions vraiment ravis de pouvoir investir, là n’est pas le problème. Mais c’est plutôt trouver le terrain qui est compliqué…

Pour conclure, depuis quelques années, le football revit à Bruxelles…

Concernant la possible montée du RWDM en D1A, j’espère tout simplement que la meilleure équipe sera promue. Concernant Anderlecht, je pense qu’il a été très malchanceux. Les Mauves auraient dû prendre beaucoup plus de points. Depuis quelques mois, ils ont un nouveau directeur sportif et un nouveau coach. Il faut leur laisser le temps de travailler. Tu ne peux pas attendre de miracle tout de suite.

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