En voyant au programme le déplacement de Saint-Trond à Sclessin ce samedi, on s’est dit que l’occasion était belle de parler de l’un des joueurs les plus en vue (et les plus bankable) des Canaris cette saison : Yohan Boli (23 ans, six buts et deux assists en Pro League).
Pour commencer notre article, contacter Eric Depireux, son agent, semblait être une bonne idée afin d’en savoir plus sur cet attaquant talentueux. Sauf qu’Eric Depireux n’est plus l’agent de Boli. “Et la fin de notre collaboration s’est très mal passée… Je suis prêt à vous raconter tout ce qui s’est passé, nous a-t-il répondu.
Cela vous donnera une idée des coulisses parfois crapuleuses du football.”
L’angle de notre papier a donc subitement changé, même si cela n’enlève rien aux qualités footballistiques de Yohan Boli.
“J’ai commencé à m’occuper de Boli à l’été 2014, rembobine Depireux. Il était à Roulers et ça ne se passait pas bien. Son père m’avait demandé si je pouvais trouver une solution. J’ai contacté un avocat et on a réussi à libérer Boli de Roulers. Les dirigeants du club, dont Luc Devroe, m’avaient quand même dit que Boli avait une très mauvaise mentalité. Après avoir discuté avec lui, j’avais pourtant l’impression que c’était quelqu’un de bien.”
En fin de mercato, Boli signe au CS Verviers, alors en D3, pour la saison 2014-2015. Le but est clair : se relancer une saison pour attirer un club professionnel. “Tout s’est très bien passé cette année-là. Il a fait
des efforts. Il ne gagnait quasi rien mais il savait qu’il devait passer par là. De mon côté, j’ai contacté Yannick Ferrera, alors coach de Saint-Trond. Je lui ai dit de venir voir Boli à Verviers. Il n’était pas très chaud mais j’ai insisté et il a fait le déplacement. À la mi-temps du match, il était déjà convaincu.”
Saint-Trond, tout juste champion en D2, engage Boli à l’été 2015. “Il a signé un petit contrat d’une année avec une autre en option. J’ai touché une toute petite commission dans l’affaire : 3.500 € brut. Mais ce n’était pas grave, je savais que Boli pouvait exploser et intéresser de plus grosses écuries. Je l’ai amené chez le médecin et à la salle de sport pour qu’il progresse à tous les niveaux. Je payais tout de ma poche mais c’était un investissement à moyen terme.”
Le 16 novembre dernier, Eric Depireux déchante. “J’étais avec des amis quand on m’a montré un truc sur internet : Boli venait de prolonger
de trois ans à Saint-Trond. Je n’étais au courant de rien ! C’était Roger Boli, son père et agent (Ndlr : il est aussi le frère de Basile Boli), qui avait fait l’affaire dans mon dos. Roger Boli que j’avais pourtant aidé quand son fils était à Roulers alors qu’il avait déjà tenté de me piquer Luigi Pieroni pendant sa période à Auxerre… Guy Roux m’avait déjà mis en garde à l’époque. Il m’avait dit : ‘Tape le nom de Roger Boli sur internet et tu verras’ . En effet, on tombe directement sur sa condamnation à de la prison (NdlR : il avait écopé de quatre mois de prison ferme pour escroquerie du fisc en 2015)…”
Depireux passe à côté d’une commission beaucoup plus importante (entre 20.000 et 30.000 € durant chaque année de contrat à Saint-Trond de Yohan Boli selon nos estimations). “Mais il n’y avait pas que l’argent. Humainement, j’étais dégoûté. Il ne m’a rien expliqué du tout, même pas un message. Juste un SMS de sa mère me demandant d’arrêter de lui envoyer des messages alors que je voulais juste une explication… Ce que Devroe m’avait dit sur Boli était juste : c’est un gamin de merde. L’affaire de sa bagarre à Saint-Trond ne m’a pas surpris (NdlR : Boli et son équipier Tchenkoua en étaient venus aux mains aux abords du stade le mois dernier).”
Dans l’histoire, Eric Depireux avoue avoir aussi été déçu par Saint-Trond.
“J’ai fait venir ce garçon pour 0 € et il a maintenant une certaine valeur. J’estime que les dirigeants auraient pu me prévenir qu’ils négociaient une prolongation. Malheureusement, c’est de plus en plus souvent comme ça dans les coulisses du football…”
Durant toute la semaine, nous avons tenté de joindre Yohan Boli pour raconter sa version de l’histoire. Malgré plusieurs SMS et coups de fil, il n’a jamais donné signe de vie.
Christophe Franken
Yohan Boli toute la semaine pour
réagir mais il n’a jamais donné signe de vie.belga
Eric Depireux (à gauche) lors de l’arrivée de Yohan Boli au STVV lors de l’été 2015. Les temps ont bien changé depuis…