ERIC CLOVIO (AVEC VINCENT MILLER)
Le Limbourgeois cartonne en D1A avec l’Union.
Dans les quartiers ouvriers de Beringen, la passion pour le foot semble s’être étiolée en même temps que les fumées des cokeries où la houille se consumait autrefois avec ardeur. Mais le destin international de la famille Vanzeir ravive heureusement la flamme. Alors que sa petite sœur Luna (OHL) a récemment été sélectionnée avec les Red Flames pour une joute amicale face au Luxembourg, Dante Vanzeir validera peut-être sa première cap avec les Diables dans quelques jours. Son foot audacieux et généreux et sa volonté granitique de toujours aller de l’avant, malgré les coups durs qui ont parfois brisé son élan, sont des traits symbolisant aussi cette Union Saint-Gilloise qui dépoussière la D1A. « Dante est un attaquant dont la progression est impressionnante » : Roberto Martinez n’a pas chichement mesuré ses éloges en officialisant la sélection, il a volontairement jeté une lumière chaude sur le jeu atypique de ce garçon de 23 ans seulement, formé à Genk, revenu à deux reprises du diable Vauvert (deux fois victime d’une rupture des ligaments croisés du genou), confronté aux réalités du foot pro au Beerschot puis à Malines puis révélé au stade Marien. « Meilleur buteur de D1B, pion essentiel d’une équipe actuellement en tête de l’élite : Vanzeir fait vivre la mentalité de gagneur insufflée à l’ensemble de l’équipe bruxelloise par Felice Mazzù. » Premier Unioniste (et 44 e dans l’histoire du foot belge) repris en équipe nationale depuis près d’un demi-siècle (ses deux prédécesseurs étaient Jacques Teugels, en 1970, et Jan Verheyen, en 1976), il rend éclat au blason de l’Union, patiné par l’usure du temps. « Il est en train d’écrire l’une des belles histoires du foot belge, le moment est venu pour lui de rejoindre le groupe, de voir comment il peut s’y intégrer et ce qu’il peut lui apporter. »Autour d’un point de repère offensif qui devrait sans doute répondre à la silhouette de Benteke, dès la visite de courtoise de l’Estonie samedi prochain, De Ketelaere, Origi, Mertens ou Trossard sont capables d’apporter le mouvement générateur d’espaces vitaux mais Vanzeir pourrait, dans cette animation offensive, avoir son mot à dire. « Il est très mobile et recherche constamment les espaces d’infiltration, ce qui est assez rare dans le foot d’aujourd’hui où un avant demande plus souvent le ballon dans les pieds », résume Martinez, intéressé par ce profil différent. « J’ai vu les images de ses matches au Chili, lors du Mondial U17 il y a quelques années (le groupe alors dirigé par Gert Verheyen avait enlevé la médaille de bronze du tournoi), il se passe toujours quelque chose grâce à son jeu, il apporte un bonus à une équipe. » De la profondeur, du partage dans l’effort, de la générosité, comme si l’enfant de Beringen avait voulu transposer dans son foot les valeurs des mineurs d’autrefois.Contemporain des Sambi Lokonga, Saelemaekers ou Vanheusden, qu’il a côtoyés dans les compétitions de jeunes, le Limbourgeois a exprimé sa fierté sur les réseaux sociaux. « Un rêve se concrétise ! Merci à mes parents et amis, merci à l’Union, un club qui m’a toujours soutenu. » Felice Mazzù a toujours énormément cru en lui. « Je me souviens la première fois que je l’ai croisé, c’était à Genk. Je lui avais dit qu’il devrait aller prendre du temps de jeu ailleurs car, avec les attaquants, c’était difficile. Je lui avais dit que s’il voulait rester dans la concurrence, je n’avais pas de problème mais que, s’il partait, je le retrouverais un jour. Je l’avais eu un mois sous mes ordres et j’avais trouvé que c’était quelqu’un de fabuleux. Deux ans et demi après, être repris en équipe nationale, chapeau au garçon, à tout le staff et tout le club qui lui ont permis d’être là où il y était aujourd’hui. Le jour où il avait pris la décision de consulter Genk pour être prêté ou vendu car il voulait du temps de jeu. Je lui avais dit mot pour mot : ‘Dante, le jour où je serai dans un autre projet, je te promets que je te contacterai.’ En arrivant à l’Union, je l’ai contacté. ‘Je veux que tu viennes chez moi, comme je te l’avais promis…’»