GUILLAUME RAEDTS
Ils sont encore trois mais il n’en restera qu’un. Dimanche (18h30),
l’Antwerp, l’Union et Genk se disputeront le titre de champion.
Ce sera aussi une lutte à couteaux tirés entre trois entraîneurs
: Mark van Bommel, Karel Geraerts et Wouter Vrancken.
Un seul soulèvera le trophée… next
S’ils partageaient la même position sur le terrain durant leur première carrière – milieu défensif
–, ils ne pourront pas en faire autant au terme de la dernière journée des Champions Playoffs. Dimanche, aux alentours de 20h30, on saura qui de Mark van Bommel, Karel Geraerts ou Wouter Vrancken aura réussi à mener ses troupes au sommet du football belge en cette épique et haletante
saison 2022-2023. Trois entraîneurs dont le point commun ne s’arrête pas à cette volonté de coiffer sur le poteau les deux autres coaches encore en lice. Tous les trois dans la quarantaine, van Bommel, Geraerts et Vrancken ont assuré leur place sur le podium du championnat alors qu’ils ont pris les rênes de leur formation l’été dernier.
Une sacrée performance dans le chef du Néerlandais et des deux Belges tous les trois débarqués dans des contextes peu évidents
: van Bommel devait répondre aux exigences de son riche propriétaire – Paul Gheysens
–, Geraerts reprendre le flambeau de Felice Mazzù après un retour fracassant au sein de l’élite alors que Vrancken voulait réussir sa première mission dans un des clubs du top en Belgique après avoir enchanté le championnat en dirigeant Malines. Quoi qu’il se passe dimanche – il y aura un heureux et deux malheureux
–, les trois hommes peuvent s’enorgueillir de motifs de satisfactions au terme de cet exercice 2022-2023. Notamment parce que dans trois styles assez différents, ils sont parvenus à imposer leur griffe sur leur équipe.
Etant donné qu’il vit sa première expérience comme T1 avec l’Union Saint-Gilloise cette saison, Karel Geraerts est forcément le moins expérimenté du trio dans ce rôle-là. Mais il est loin de découvrir l’atmosphère d’un staff professionnel puisqu’il en est à sa quatrième saison de rang au sein de la formation unioniste.
Avant de prendre la relève de Felice Mazzù parti chez le voisin du Sporting d’Anderlecht l’été dernier, l’ancien médian du Standard, de Bruges et de Charleroi avait été assistant de Thomas Christiansen durant une saison puis de Mazzù lors des deux exercices suivants où l’USG avait retrouvé l’élite puis d’être le dauphin malheureux de Bruges.
Un début de seconde carrière également épousé par Mark van Bommel. Avant de vivre des aventures contrastées au PSV Eindhoven et à Wolfsburg – il a été remercié après seulement treize rencontres en Allemagne soit le plus grand échec de sa carrière de coach
–, le Néerlandais avait enchaîné les postes comme assistant. Avec les U17 des Pays-Bas mais également de l’Arabie saoudite et l’Australie en étant le T2 de Bert van Marwijk, son… beau-père.
«
Pas étonnant de les voir coach aujourd’hui
»
Du travail dans l’ombre pour découvrir, apprendre et faire des erreurs avant de se lancer dans le grand bain en étant pleinement exposé comme coach principal. Ce fut aussi le cas durant une saison pour Wouter Vrancken lorsqu’il a été assistant de Glen De Boeck à Courtrai lors de la saison 2017-2018. À la différence près que le Limbourgeois sortait de différentes expériences de T1 dans les divisions inférieures du côté de Gravelo, Thes Sport ou encore Lommel. Une carrière à la «
Mazzù
». Et cela ne s’arrête pas là pour Vrancken qui a eu son «
Charleroi
» à lui. Après Courtrai, et se sentant prêt à prendre davantage de responsabilité, il prend la direction de Malines pour lancer sa carrière de coach en D1A avant de recevoir sa première chance au sein d’un club du G5 et d’être pleinement concerné par la course au titre au même titre que van Bommel et Geraerts. Trois hommes prédestinés à devenir coach. «
Pour être entraîneur, il faut être besogneux et ces trois-là l’étaient déjà en tant que joueur
», avance Benoit Thans. «
J’ai affronté Wouter Vrancken à quelques reprises et que je peux vous assurer qu’il allait au charbon et qu’il mettait le pied. C’était pareil pour Geraerts et pour van Bommel. Il n’est guère étonnant que les trois soient aujourd’hui coach.
»
Leur arrivée : des nominations coulant presque de source
T. Goyvaerts / Belga
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S’ils partagent une prise de fonction comme T1 dans leur club respectif il y a un peu moins d’un an, les trois entraîneurs encore en lice pour être champion de Belgique sont arrivés selon des contextes bien différents.
À la Cegeka Arena, on a clairement opté pour la méritocratie. Malgré des moyens limités et des mercatos souvent chahutés, Wouter Vrancken a réussi de très belles choses avec Malines. Aux yeux de tous les observateurs, il méritait une chance dans l’une des plus grandes écuries du pays. « J’ai très vite eu le sentiment que c’était la bonne personne, au bon endroit », se remémore Thomas Chatelle. « Il connaissait le club où il avait été joueur et collait à la mentalité de Genk. Après Storck, il fallait quelqu’un de chaleureux qui fait confiance aux joueurs. » Benoit Thans va encore un cran plus loin. « Personnellement, je le verrais bien comme futur sélectionneur des Diables. »
Au Bosuil, c’est la filière néerlandaise qui a eu son importance. « Avec un Néerlandais aux commandes, l’arrivée de van Bommel était logique », souligne encore Thans. Ayant misé sur Marc Overmars pour sa direction sportive – malgré le tollé provoqué par sa nomination –, l’Antwerp a pris un accent d’outre-Moerdijk. Tant dans le noyau – Jansen, Ekkelenkamp, Kerk – qu’au niveau du staff avec l’arrivée de l’ancien de Barcelone, du Bayern Munich et de l’AC Milan.
Le bluff de Geraerts
Au stade Marien, c’est la continuité qui a primé. En voyant Mazzù prendre la direction de Saint-Guidon, on a fait confiance à celui qui connaissait déjà les rouages du club unioniste en optant pour Karel Geraerts. « À l’époque, j’avais été très étonné que l’Union se lance dans ce pari-là », se souvient Thomas Chatelle avec honnêteté. « Je m’attendais à une saison plus difficile tant pour le club que pour le coach. Je pensais qu’il fallait des épaules très larges après une saison où ils avaient fini deuxième derrière Bruges. Au final, j’ai été bluffé par Geraerts. La preuve que l’Union avait bien perçu ses qualités. »
Si certains dirigeants regrettent amèrement le choix qu’ils ont posé il y a quelques mois, ce n’est pas du tout le cas du côté de l’Antwerp, de Genk et de l’Union. Mark van Bommel a déjà décroché la Coupe de Belgique et peut devenir le premier coach à réaliser le doublé en Belgique depuis 27 ans. Wouter Vrancken peut se targuer d’avoir été en tête du championnat pendant 25 journées tout en développant un football tourné vers l’avant. Karel Geraerts a hissé son équipe en quarts de finale de l’Europa League et a réussi à faire oublier les départs d’Undav, Mitoma, Nielsen et Vanzeir. Et les trois peuvent encore offrir le plus beau titre qui soit à leur employeur.
S. Smets / Newsprev
Entre une Antwerp cynique, un Genk joueur et une Union en mode «
caméléon
» capable de souffrir mais aussi de faire souffrir son adversaire, les trois derniers candidats au titre ont des styles de jeu aussi distincts que reconnaissables depuis l’entame de la saison. Une plume au chapeau des entraîneurs des entités concernées. «
Des trois, Wouter Vrancken est le plus offensif. Il voudra toujours mettre un but de plus que l’adversaire
», lance Chatelle. «
C’est grâce à la qualité technique supérieure de ses joueurs par rapport aux deux autres équipes
», renchérit Thans avant de poursuivre. «
Vrancken s’appuie sur des talents purs comme Trésor ou Paintsil. L’Union, c’est davantage un collectif où chaque joueur travaille pour le coéquipier. Un effectif sans véritable star même si Teuma est quand un petit cran au-dessus des autres. Quant à l’Antwerp, van Bommel se base sur une grande intensité collective mais aussi sur une discipline tactique. Il vaut mieux l’écouter et faire ce qu’il demande sinon vous volez sur le banc peu importe votre statut.
»
Terre à terre et régulier
Dans le style de coaching aussi, les traits sont fort différents entre van Bommel, Vrancken et Geraerts. «
Geraerts, on dirait qu’il est coach depuis 20 ans
», s’étonne Chatelle. «
C’est le coach le plus terre à terre mais aussi le plus régulier dans les résultats. Il a également une très bonne gestion du groupe et notamment de ses cadres en trouvant toujours le bon moment pour les garder sur le terrain ou pour les sortir. Pour en avoir discuté avec certains éléments de l’Antwerp, c’est le cas aussi de van Bommel qui fait l’unanimité au sein de ses titulaires mais aussi de ceux qui jouent moins. Il a pourtant souvent réalisé des choix forts. Son calme en bord de terrain l’aide sûrement. Tout le contraire de Vrancken qui n’est jamais dans la retenue. Il était déjà sanguin en tant que joueur. J’étais son coéquipier et c’est lui qui était chargé du sale boulot et d’aller notamment chez l’arbitre pour discuter. Il a conservé cet esprit-là comme coach.
»
Reste à savoir qui parviendra à tirer les marrons du feu lors de la dernière journée
? «
Je donnerai à un avantage à l’Union de Geraerts
», indique Benoit Thans avant de développer. «
À l’Antwerp et à Genk, ils doivent être champions alors qu’à l’Union, ils peuvent être champions. Il y a une sorte de naïveté dans le chef des Unionistes qui peut leur permettre d’éviter du stress lors de la dernière journée.
» Verdict dimanche où l’un des trois sera couronné champion de Belgique.