JÉRÔME VIDOTTOLe médian Lahssaini, 22 ans.NewsSeraing fait le grand saut. Il y a 15 mois, il militait encore en D1 Amateurs et le voilà à 10 jours de son premier match de D1A. À l’instar de tout le club, le médian Sami Lahssaini entend bien démontrer que le club du Pairay a sa place au plus haut niveau belge. next
Depuis le début du partenariat avec le FC Metz, de nombreux Messins viennent se faire les dents à Seraing. Mais on a tendance à oublier que le système marche dans les deux sens, vous en êtes la preuve vivante. Vous êtes le seul Sérésien à ce jour à avoir effectué le chemin inverse…J’ai signé un contrat en faveur de Metz en janvier 2019 et je fus directement prêté à Seraing pour terminer la saison. J’ai ensuite intégré le noyau A messin la saison suivante. Ma plus grande satisfaction résidait dans le fait que je montrais ainsi aux jeunes Sérésiens qu’ils étaient, eux aussi, capables de signer en Ligue 1 si moi j’y étais arrivé.Comment décririez-vous votre expérience en Ligue 1 ?Lors de la préparation de la saison 2019-2020, j’étais souvent avec les titulaires messins lors des amicaux. Il était clair que je faisais partie du noyau A. Je venais pourtant de la D1 Amateurs belge, personne ne me connaissait… J’arrivais un peu comme le petit fantôme et je me suis dit que j’allais être prêté. Ce que je considérais d’ailleurs comme une très bonne chose car faire le saut directement du 3 e niveau belge à la Ligue 1 me paraissait énorme. Il valait mieux que je passe par un club de Ligue 2, pour me montrer. Puis, lors d’une interview d’avant-saison, le coach a déclaré à la presse qu’il n’était pas question d’un prêt me concernant. Il comptait sur moi. Je me revois sauter de joie après la lecture de cet article. J’ai ensuite été repris pour le 2 e match de championnat contre Monaco. J’avais prévu d’aller voir le match avec ma maman car, dans ma tête, il était impossible que je sois dans les 18. J’ai alors téléphoné à ma mère pour lui annoncer que je ne saurais assister à la rencontre en sa compagnie parce que j’avais des choses à faire… sur le terrain. Elle n’en croyait pas ses oreilles… Puis les blessures se sont enchaînées toute la saison et ce fut très compliqué de revenir au haut niveau.Pourquoi avoir ensuite opté pour un retour au RFC Seraing ?Il s’agissait d’une saison charnière pour moi. J’étais en fin de contrat. Metz ne me parlait pas de prolongation. Je devais prouver mon niveau. Je voulais dès lors réaliser une belle saison en D1B pour susciter les convoitises. Et, déjà au mois d’octobre, Metz est revenu à la charge. Mais je ne voulais pas refaire le chemin inverse, d’autant que, suite aux blessures, j’en gardais un mauvais souvenir. Je voulais changer d’horizon. J’ai donc refusé, même si la direction lorraine a insisté à plusieurs reprises. Je voulais d’abord réussir en Belgique.Vos belles prestations ainsi que celles de Seraing ont ensuite entraîné l’intérêt de nombreux clubs.Westerlo m’a contacté en février. J’ai visité les installations et parlé avec Bob Peeters. Le club me proposait un beau contrat. J’étais enthousiaste. Puis, dans la foulée, Courtrai s’est manifesté. La proposition était moins généreuse que celle de Westerlo, mais c’était la D1A… Après réflexion, j’étais prêt à signer à Courtrai, un club stable de D1A…Qu’est-ce qui vous en a empêché ?Le jour où je devais aller signer, gros changement de programme. J’ai reçu un appel des Rouches. Là, tout changeait. J’ai été clair avec la direction liégeoise, lui avouant que le Standard était mon club de cœur mais qu’il fallait aller vite car j’avais d’autres offres et qu’il n’était pas question d’attendre. J‘ai eu un rendez-vous le lendemain, à Sclessin. Cela ne s’est pas très bien passé avec mes représentants, mais moi je forçais, je voulais le Standard. J’ai ensuite reçu un appel du président de Seraing, Mario Franchi. Il m’annonçait que j’avais une possibilité de signer à l’Antwerp et une autre au FC Metz. Il m’a expliqué que l’idéal était que je rejoigne Metz, car si Seraing montait, je serais à nouveau prêté au club sérésien… Le scénario idéal pour moi car j’aime ce club et je n’oublie pas que c’est lui qui m’a donné ma chance lorsque le Standard n’a plus voulu de moi à l’âge de 16 ans. C’est Vincent Ciccarella, ancien coordinateur chez les Rouches, qui m’a amené à Seraing, chez les U17. Metz m’a donc appelé avec une meilleure offre qu’au Standard mais, surtout, des plans, des projets bien définis. Les Rouches, eux, traînaient. J’avais l’impression qu’il ne me voulait pas plus que ça, que j’étais une occasion à saisir alors qu’il ne savait même pas quel coach serait là. Je me suis posé et j’ai privilégié la raison, le projet, au choix vraiment du cœur. J’ai donné mon accord à Metz. Et me voilà avec Seraing en D1A. Aucun regret donc… même si j’espère jouer au Standard un jour.Seraing est le Petit Poucet de la série. A-t-il le niveau de l’élite ?L’effectif est composé de nombreux jeunes qui ont beaucoup à prouver. D’un côté, c’est une excellente chose car nous aurons tous faim de jouer, de nous mettre en évidence. Nous sommes dans la même configuration que la saison dernière et nous avions créé la surprise. Mais le niveau est autre en D1A. Il faut aussi des joueurs d’expérience selon moi et nous ne les avons pas. À part Ibrahima Cissé et Benjamin Boulenger, personne n’a connu l’élite belge dans le noyau. Il nous manque quelqu’un qui a du charisme. Un gars du style Jelle Van Damme, qui fait peur.Ne seriez-vous pas ce joueur charismatique que vous évoquez ?Oui, peut-être. Je sens d’ailleurs dans le groupe que j’acquiers doucement une place plus importante, du haut de mes 22 ans. C’est un rôle compliqué et tu peux prendre la grosse tête. Mais j’essaie toujours de faire preuve d’humilité. Je doute toujours à l’annonce de la sélection des 18. Avant chaque rencontre, je me dis que je dois prouver ma valeur. Voilà la mentalité dont nous devrons tous faire preuve.Dans quel état d’esprit affronterez-vous Courtrai dans 10 jours ?Nous sommes prêts. J’ai hâte, je compte les jours. Je sais que cette saison va être compliquée, mais si tout le monde est à 100 %, nous pouvons faire quelque chose. Tous les joueurs du noyau sont capables de jouer en D1A, la plus belle preuve est qu’ils ont quasiment tous été contactés par des clubs coutumiers de la série. OHL et le Beerschot ont montré qu’un montant a le niveau. Tous les clubs de D1A ont regardé les barrages face à Waasland-Beveren et ont vu que nous possédions une bonne équipe composée de jeunes qui aiment jouer au foot, aller de l’avant. Aucun adversaire ne nous prendra à la légère et, d’après les échos que j’ai, Courtrai se pose pas mal de questions. Le premier match de championnat, face à un promu… C’est lui qui a la pression. Nous, de notre côté, nous avons tout à gagner.N’avez-vous pas peur de voir le scénario de votre affrontement face au Standard en Coupe se reproduire souvent ? Vous aviez dominé mais, au final, vous aviez encaissé 4 buts.Jordi Condom et Marc Grosjean, nos coaches, nous l’ont également fait remarquer. En D1A, les erreurs se paient cash. Nous devrons profiter de la moindre opportunité, être extrêmement efficaces. Une efficacité que Georges Mikautadze nous amenait la saison dernière et que Marius pourrait également avoir tant il est impressionnant devant le but.En quoi l’approche de Jordi Condom est-elle différente de celle d’Emilio Ferrera ?Le changement est énorme ! Nous sommes passés d’un extraterrestre qui nous criait tout le temps dessus à un coach plus relâché. Attention, ils sont tous les deux performants, mais très différemment. La saison dernière nous axions plus notre jeu sur la possession. Là, Jordi Condom demande plus de verticalité, de casser les lignes.Une chose est certaine, il y a un rendez-vous précis que vous, à l’instar de votre président, ne voudrez pas manquer…C’est la première chose que j’ai regardée à la sortie du calendrier. Le 13 septembre, nous recevrons le Standard et le 14 mars nous nous y rendrons. Il faut savoir que, de 6 à 16 ans, je vivais Standard. J’y évoluais en équipe d’âge, j’étais tout le temps au stade. J’ai régulièrement été ramasseur de balle lors des matches de D1 et de Coupes d’Europe, dont le fameux contre l’AZ avec la tête de Bolat. J’ai aussi accompagné les joueurs à leur entrée sur le terrain face à Copenhague… Je rêvais de monter sur la pelouse au rythme de la musique des Rouches. Je vais donc le faire… mais dans la peau de l’adversaire.
LE CLUB DU PAIRAY PRÉSENTE LE PLUS PETIT BUDGET DE LA DIVISION 1A ET MISE SUR LES FUTURS TALENTS
J.V.
Seraing, le nouveau défi de Jordi Condom.
Seraing renoue avec son passé en retrouvant, enfin, l’élite du football belge. Le promu est cependant face à un défi de taille, faire bonne figure en D1A avec de jeunes joueurs et un budget modeste. Mais jusqu’ici, la formule a toujours porté ses fruits.125 saisons plus tard,l’objectif estde s’installer en D1Avril 1996, le RFC Seraing est avalé, absorbé, par le Standard. Gérald Blaton, le président sérésien, est alors malade depuis plusieurs mois. Le mécène qui avait conduit le club jusqu’en Coupe d’Europe avec les Lukaku, Edmilson, Olsen, Doll, Wamberto… avait décidé de retirer ses billes. Le club ne pouvait plus survivre en D1.Le football sérésien ne disparaît pourtant pas totalement du paysage. Il renaît rapidement, vivotant tant bien que mal tantôt dans les séries provinciales, tantôt en D3. Il tente de se refaire une identité, mais les multiples changements de dirigeants n’aident pas. Il faut attendre juillet 2013 et les arrivées de Bernard Serin, patron de « CMI » devenu « John Cockerill » mais aussi président du FC Metz, et de Mario Franchi, boss d’importantes sociétés de transport liégeoises, pour stabiliser le club et lui rendre des ambitions. Pari réussi puisqu’après 25 saisons, Seraing retrouve l’élite belge, aidé par le rachat du matricule de Boussu Dour, histoire de brûler quelques étapes.Aujourd’hui, le RFC Seraing possède sans nul doute le plus petit budget de la D1. Il mise essentiellement sur de jeunes joueurs qui tentent de percer au plus haut niveau, qu’ils proviennent du vivier messin ou d’ailleurs. Une formule qui a fait ses preuves la saison dernière.Tout juste sortis de D1 Amateurs, les Sérésiens se sont positionnés dans le sillage de l’Union tout au long de la saison de D1B, pour ensuite dominer Waasland-Beveren au barrage. Cette fois, la tâche s’annonce cependant plus ardue, et le maintien est l’unique objectif évidemment.2Infrastructures : le stadeaux normes, le restedoit maintenant suivreLe RFC Seraing a obtenu sa licence du premier coup. Preuve que le dossier était solide et que tout est aux normes au niveau des infrastructures. La direction espérait cependant changer la pelouse cet été et en profiter pour y installer un chauffage, mais cela ne fut pas possible. Le stade étant communal, un appel d’offres doit être scrupuleusement respecté et le délai nécessaire pour le réaliser ne permettait pas la pose d’une nouvelle surface avant le début du présent championnat. Des bâches chauffantes seront donc louées le moment venu.Au niveau des tribunes, plusieurs aménagements relativement conséquents furent effectués pour respecter le lourd cahier des charges du diffuseur télévisuel. Un casse-tête pas toujours évident pour un modeste stade comme celui de Seraing.Suite à la forte demande de places business, des travaux devraient être réalisés sous peu. « Nous avons lancé une demande pour construire un étage supplémentaire au-dessus des vestiaires », explique le président Mario Franchi. « Ces derniers furent en effet conçus de manière à pouvoir y ajouter une structure le cas échéant. » Cet espace fermé serait donc dévolu aux places business et pourrait voir le jour à l’automne si tout se déroule comme prévu.Enfin, après un an de retard dans les travaux, un tout nouveau terrain d’entraînement pour les hommes de Jordi Condom a été aménagé derrière le stade. Celui-ci n’est pourtant pas encore accessible suite à un défaut de construction, le drainage ayant été mal réalisé. Le problème devrait être réglé dans les semaines à venir.3Metz lance ses joueurs àSeraing, les fans Rouchessous le charme sérésienLe RFC Seraing fait partie de l’environnement du FC Metz. Si Bernard Serin est propriétaire majoritaire du club du Pairay, c’est dans un but précis, comme il l’a expliqué en son temps : « On avait besoin d’une équipe en Europe susceptible de faire franchir un niveau supplémentaire aux jeunes Messins et à ceux issus de notre Académie Génération Foot, au Sénégal. C’est donc Seraing. Si Metz a repris ce club, c’est avec l’objectif de le repositionner en D2, puis en D1. » L’objectif est atteint et plusieurs joueurs du club lorrain vont garnir l’effectif de Jordi Condom cette saison, comme Dietsch, Jallow, Djedje, Cachbach, Lahssaini et d’autres devraient encore prochainement arriver. Philippe Gaillot, le directeur sportif du club messin, vient très régulièrement à Seraing et s’implique dans le projet. Il épaule ainsi Mario Franchi, qui va réaliser un de ses rêves cette saison. Le président est un fervent supporter du Standard, il y possède d’ailleurs la meilleure loge, et la perspective de voir son club affronter, en championnat, les Rouches à Sclessin le réjouit.Une relation affective que l’on retrouve chez la majorité des fans du Standard. Ces derniers ne voient pas Seraing comme un ennemi. Au contraire, ils ont toujours eu une certaine affection pour le club du Pairay et ne manqueront pas de l’encourager lors de différentes affiches.