L’analyse statistique des données pour paris sportifs n’a plus aucun secret pour lui. Tony Bloom veut amener ses algorithmes pour le recrutement à l’Union saint-gilloise. Sa prise de 95% du club promet une petite révolution au parc Duden.
On nous le dit d’entrée à la Royale union saint-gilloise (RUSG), Tony Bloom ne sera pas tous les jours au stade Marien pour gérer les affaires. Le nouveau propriétaire a assez à faire en Angleterre.
Le président du club de football Brighton & Hove Albion FC a en effet un sacré CV derrière lui. Fan dès son plus jeune âge des salles d’arcade où il dépensait son argent de poche dans les machines “slots”, les jeux de hasard l’ont toujours fasciné, a-t-il confié à la presse britannique dans une rare interview en 2009. Déjà actif dans les paris, il se spécialise au début des années 2000 dans les paris asiatiques. Il crée sa société PremierBet, focalisée sur ces paris spécifiques, en 2002. Société qu’il revendra en 2005 pour un million de livres sterling. Il est aussi un brillant jouer de pokerqui a empoché plusieurs millions dans de grands tournois mondiaux médiatisés.
Mais là où l’homme excelle le plus, c’est dans l’analyse des données autour des paris. Sa société Starlizard en a fait sa poule aux œufs d’or. Elle n’accepte pas de paris, mais vend de l’analyse aux sociétés de paris et d’autres acteurs intéressés. À l’Union saint-gilloise, on insiste sur ce point pour ne pas avoir un retour de flamme de la commission des licences.
Trouver un repreneur pour l’Union était un sacré défi. On nous l’avoue aisément au stade Marien, il est quasi impossible de gagner de l’argent en D1B. Quand la nouvelle mouture du championnat a été décidée, les droits TV pour l’Union “sont passés de 50.000 euros à 500.000 euros”. Mais selon le président et CEO de l’Union, Jürgen Baatzsch, tout cet argent est parti en fumée en raison de “la spéculation sur les prix des joueurs et des salaires dans ce championnat”.
La saison écoulée, la RUSG avait un budget de 3,3 millions d’euros contre 2,2 millions l’année précédente. Le nouveau propriétaire du club n’a pas fixé de budget, mais sera prêt à délier les cordons de la bourse “pour attirer de nouveaux joueurs. De quoi au moins doubler le budget du club en fonction du prix des joueurs ciblés”, nous assure Baatzsch qui restera en place comme patron de la RUSG.
Tony Bloom utilise les outils de Starlizard pour recruter des joueurs à Brighton et sa méthode sera implémentée à Saint-Gilles. L’analyse statistique intelligente des joueurs va faire émerger des listes soumises au club, qui devra essayer de recruter les joueurs épinglés. La RUSG veut recruter de nombreux joueurs dans les prochaines semaines. Idéalement, le noyau devrait être formé dans les deux semaines. Le téléphone chauffe déjà avec des clubs de Suède, Pologne, Géorgie, Azerbaïdjan, etc.
Ce mercredi, le club va normalement faire connaître le nom du nouveau directeur sportif choisi par Tony Bloom. À la RUSG, on nous promet un grand nom. Idem pour le nom de l’entraîneur, qui sera connu “dans la semaine”. Ce dernier devra accepter d’avoir moins à dire sur les transferts, dans la mesure où bon nombre de noms de joueurs seront directement proposés par l’Angleterre. L’entraîneur devra opérer une alchimie entre des joueurs d’horizons variés.
Pour la petite anecdote, l’ancien entraîneur Marc Grosjean avait établi une liste de 15 cibles potentielles; quand il a exposé cette liste aux Anglais, les noms ont été biffés les un après les autres. “Not good enough”, revenait-il de la galaxie analytique de Bloom.
L’arrivée de ce dernier a la tête du club est “une bonne nouvelle pour l’Union, pour la ville de Bruxelles, la commune de Saint-Gilles et aussi pour les jeunes du club”, a insisté Baatzsch en petit comité ce mardi. “Le club a cumulé 8 millions d’euros de pertes depuis 2011“. Elles ont été à chaque fois renflouées. Le président avoue avoir pris énormément de risques financiers, et en avoir plusieurs fois perdu le sommeil.
Désormais, le volet sportif sera géré par une nouvelle équipe. Le CEO aura, pour y arriver, dû convaincre les autres actionnaires de vendre. La crainte était d’avoir un investisseur qui retire ses billes subitement ou qui vende le matricule du club. Plutôt que de voir grand, certains auraient préféré évoluer en amateurs avec la certitude de voir le club continuer sa longue histoire. Avec Bloom, c’est un autre pari qui a été pris. La bonne nouvelle est que l’homme excelle dans le domaine du pari et qu’on le dit milliardaire…
Charles Picqué a soutenu le président dans sa démarche et l’a même accompagné à Brighton pour faciliter l‘accord. Le prochain dossier est celui du stade rénové, qui devra être loué à la commune. “À quel prix et avec quels services?”, ont déjà demandé les dirigeants à la commune, où ils peuvent compter sur un soutien de poids.
Le rachat du club de foot de Brighton par Tony Bloom il y a une petite dizaine d’années est logique. Il était fan du club de sa ville et plusieurs membres de sa famille y ont occupé des fonctions par le passé. Le choix de Saint-Gilles serait dû à une volonté d’internationalisation, même si aucun deal d’échange de joueurs ou autre entre les deux clubs ne fait partie de l’accord.
Son parcours à la tête du club de Brighton & Hove Albion peut laisser rêveur à la RUSG. Il a fait monter le club dans la prestigieuse Premier League, où les places sont très chères.