Rencontre avec le défenseur japonais
Koki Machida, arrivé à Bruxelles cet hiver
et qui compte bien progresser avec l’Union.
Arrivé lors du dernier
mercato à l’Union
via un prêt de 18
mois, Koki Machida
raconte ses premières semai-
nes chez nous, son début de
carrière et ses espoirs d’aller
jouer plus haut, un jour, à
l’image de Tomiyasu, passé de
Saint-Trond à Arsenal en quel-
ques saisons.
Le changement de
continent : “Très différent
de chez moi”
Né à Ibaraki, dans la préfec-
ture du même nom, sur l’île
principale du Japon, Machida
découvre un tout autre envi-
ronnement, entre Bruxelles et
la région anversoise, où
l’Union s’entraîne. “Ma pre-
mière réaction en arrivant a
été : ‘OK, donc c’est ça, Bruxel-
les : la principale ville de Belgi-
que, mais aussi une vieille cité
pleine d’histoire.’ On sent toute
la tradition. J’aime assez bien ce
type de ville et il y en a aussi au
Japon, d’ailleurs, mais si on la
compare à de grandes métropo-
les de mon pays, c’est très diffé-
rent. Bruxelles a l’air d’être une
ville facile à vivre. Bon, je n’ai
pas vraiment eu l’occasion de
faire du tourisme… pas encore.
Mais j’ai pu le constater en pas-
sant en voiture.”
À 24 ans, le défenseur cen-
tral a aussi fait le grand saut,
professionnellement parlant :
quitter Kashima Antlers, son
club formateur, pour une li-
gue européenne. “C’est la pre-
mière fois de ma carrière que je
quittais le Japon. Donc j’étais un
peu… je ne dirais pas paniqué,
mais disons que je venais avec
ce sentiment étrange de faire
quelque chose de nouveau.
Mais les équipiers ont été sym-
pas et m’ont bien accueilli.”
Il a choisi l’Union, même si
d’autres opportunités exis-
taient. “J’avais d’autres options
en Belgique, mais je venais de
Kashima Antlers, qui est la
meilleure équipe du Japon
(NdlR : qui a le plus gros pal-
marès, avec huit titres, mais
n’a en réalité plus été cham-
pionne depuis 2016), donc j’ai
préféré choisir la meilleure de
Belgique.”
Quoi qu’il en soit, il savait
qu’il devrait franchir un pa-
lier pour atteindre les exigen-
ces du subtop européen.
“À l’entraînement, j’ai décou-
vert un groupe qui évoluait à un
haut niveau, avec beaucoup de
joueurs très bons dans leur rôle.
Je savais que je venais dans une
bonne équipe et je connaissais
ce championnat. Si je devais
comparer votre D1 avec la D1 ja-
ponaise, je dirais que c’est un
autre style de jeu : ici, c’est plus
solide, physiquement parlant et
ça va également plus vite.”
Au quotidien, il s’en tire
grâce à l’anglais – “Je com-
prends assez car celui du coach
est un anglais facile” – et passe
du temps avec son compa-
triote, Mitoma : “Il n’habite pas
loin de chez moi et je vais régu-
lièrement chez lui… d’autant
qu’il cuisine bien, lui.”
Ses premiers matchs :
“Surpris par l’ambiance”
Même s’il est retourné sur
le banc quand Siebe Van der
Heyden est rentré de suspen-
sion, le grand gaucher n’a cer-
tainement pas déçu. Dans la
foulée de ce qu’il avait mon-
tré en stage, il a livré deux
matchs impeccables contre
Saint-Trond et Charleroi, avec
une rigueur défensive réelle
et un certain allant offensif.
“Je peux faire encore mieux
que ça, promet-il. Je suis en
train de m’améliorer. Je veux
progresser sur certains détails.
Après, je sais que Siebe est un
très bon défenseur et que ce
sera compliqué de le déloger de
sa place, mais si j’ai la chance,
je montrerai au coach ce que je
vaux.”
Il a fait la découverte du
stade Marien, également, de
son architecture et son am-
biance à nulle autre pareille.
“C’est sûr que c’est un stade
très particulier : je n’en ai pas
connu de ce style au Japon. Et
puis il y a les supporters, qui
mettent une atmosphère à part.
D’abord, parce que c’est
bruyant… et puis il y a cette fu-
mée (NdlR : des fumigènes)
qu’ils utilisent parfois. C’est
quelque chose que vous ne ver-
rez jamais au Japon. Cela m’a
surpris, mais je le ressens vrai-
ment comme un adjuvant. Con-
tre Saint-Trond, entendre des
supporters m’appeler Koki,
c’était vraiment surprenant,
mais ça m’a fait plaisir.”
Son début de carrière :
“Les JO m’ont amené
à un autre niveau”
À 24 ans, Machida présente
déjà un début de carrière
bien fourni : un peu plus de
110 matchs officiels avec
Kashima Antlers, des rencon-
tres de Ligue des champions
asiatique, des sélections na-
tionales en U19 et U23 et une
participation aux derniers JO,
à domicile.
“Ma famille m’a toujours sou-
tenu dans mon choix de faire ce
métier. Comme tout gamin, je
rêvais déjà de devenir footbal-
leur et vers 16, 17 ans, j’ai com-
mencé à penser à l’équipe olym-
pique, et j’ai décidé de devenir
professionnel. Au Japon, les
joueurs intègrent l’équipe A
quand ils sont diplômés de
l’école secondaire, à 18 ans, pas
avant. Pour moi aussi, cela a été
le cas, à Kashima Antlers (NdlR :
qu’il a donc intégré en jan-
vier 2016). J’ai ensuite joué six
ans pour l’équipe première
avant de venir ici.”
Même s’il était d’abord es-
timé un peu léger – “Je l’ai en-
tendu dire, oui, mais je ne m’en
suis pas soucié” – il a fait son
trou. Et sort même de deux
saisons très performantes :
“J’ai disputé les JO, ce qui a été
un moment de rêve pour moi,
même s’il n’y avait pas de public
dans le stade, hélas. J’ai affronté
l’Espagne et l’Argentine, des ad-
versaires d’un autre niveau. J’ai
acquis beaucoup d’expérience
et je me suis fait une idée de la
façon dont ces joueurs évo-
luaient dans les grands cham-
pionnats étrangers. Cela m’a
amené à un autre niveau en
championnat, puis, au final, en
Belgique.”
Qui, espère-t-il, pourrait la
conduire à son tour à retrou-
ver son équipe nationale,
mais chez les A. “Oui, c’est un
objectif, mais plus tard, si je
parviens à bien jouer ici”, tem-
porise-t-il.
La mode japonaise
en D1 :
“Pour nous, la Belgique
est l’étape idéale”
Machida connaissait
l’Union : “Avec Kaoru (Mi-
toma), l’Union est très popu-
laire au Japon”, insiste-t-il.
Au-delà de l’Union, la légion
japonaise de D1A est riche de
quatorze joueurs, soit la
deuxième plus grande, après
le contingent français. Ma-
chida le savait et a passé quel-
ques coups de fil avant de si-
gner à l’Union. “Bien sûr, avant
de me décider, j’ai pris des infor-
mations. Je connaissais déjà Mi-
toma et je l’ai appelé pour par-
ler de l’Union, mais aussi de
Bruxelles et de la vie ici. J’ai éga-
lement discuté avec Yuma
Suzuki, de Saint-Trond (NdlR :
formé avec lui à Kashima et
rentré au club cet hiver après
deux ans et demi dans le Lim-
bourg).”
Et s’il a franchi le pas,
comme beaucoup de compa-
triotes, c’est avec une idée
bien claire pour plus tard.
Son explication permet de sai-
sir un peu mieux pourquoi la
Belgique suscite un tel attrait
chez les joueurs nippons, et
vice-versa. “Pour les Japonais,
ce premier voyage vers un club
étranger est un moment impor-
tant. C’est essentiel de bien choi-
sir son club et on voit la Belgi-
que comme une bonne étape
pour continuer à avancer, pour
se préparer pour plus haut. Ta-
kehiro Tomiyasu, par exemple,
s’est très bien développé ici, à
Saint-Trond, et a su franchir
d’autres paliers (NdlR : il a
quitté le STVV pour Bologne
en 2019, un an et demi après
son arrivée) pour arriver
aujourd’hui à Arsenal. C’est
vraiment un exemple, pour moi.
On voit qu’il y a des options
pour grandir et faire une belle
carrière ici.”
Forcément, il rêve d’un tra-
jet similaire, mais sans se pré-
cipiter : “J’espère réussir au
mieux ici, prendre beaucoup
d’expérience. Bien sûr que je
rêve d’Angleterre ou de France
ou d’Italie, mais je dois d’abord
bien démarrer ici puis grandir.”
“La même atmosphère que lorsque
j’avais été champion au Japon”
Le CV du grand gaucher japonais est déjà riche de trois tro-
phées : une Supercoupe du Japon (2018), une Ligue des
champions asiatique à laquelle il a participé sans jouer une
seule minute (2018) et, surtout, un titre national, remporté
avec Kashima Antlers en 2016. “C’est un grand souvenir
que d’avoir été champion, dans une très belle atmosphère.
J’ai un peu l’impression de ressentir la même chose ici, à
l’Union. Une ambiance particulière, avec un public fantasti-
que. Coachs, joueurs : tout le monde rêve de ça évidem-
ment. Et je ressens un peu la même chose. Donc oui, peut-
être qu’on peut bien devenir champions.”