L’attaquant belge de l’Union revient
sur sa fin de saison compliquée, évoque
l’idée d’un transfert et les Diables.
Dante Vanzeir va en-
fin découvrir l’Eu-
rope, ce mardi soir.
La découvrir vrai-
ment. Comme il le dit en
boutade lui-même : “Je con-
nais le voyage en avion, c’est
tout.” Car avec Genk, en 2016,
il était resté assis sur le banc
en préliminaires de Ligue
Europa. Cette fois, c’est la
bonne. Toujours en prélimi-
naires, mais de Ligue des
champions. Pour cette occa-
sion, l’attaquant belge de 24
ans s’est posé sur un siège du
stade Marien pour préfacer
ce match contre les Rangers,
parler de ses aspirations et
revenir sur sa fin de saison et
ce fameux penalty raté con-
tre Bruges.
Dante, avez-vous digéré la fin
de saison passée ?
“Je pense qu’on méritait
mieux, mais Bruges a été plus
efficace, surtout en playoffs, ce
qui a fait la différence. Ils ont
gagné le championnat sur des
détails. Peut-être que c’est la
maturité et l’expérience qui
nous ont manqué. Mais on
reste content de la saison
qu’on a faite. Et on a l’occasion
de jouer la Ligue des cham-
pions.”
Vous avez été moins performant
en deuxième partie de saison.
Surtout après votre exclusion à
Charleroi, non ?
“Oui, c’est vrai. J’ai raté cinq
semaines de compétition vu
ma suspension, soit presque
une coupure d’entre-saison. Ne
pas jouer sur une telle période,
ça se ressent, alors que les
playoffs sont encore plus
relevés. C’est sûr que ce n’est
pas la fin de saison que j’atten-
dais, mais si je reste réaliste, je
dois être content de ma sai-
son.”
La confiance vous a lâché à un
moment ?
“J’avais bien commencé la
saison, puis plusieurs éléments
se sont additionnés : le mental
avec ce carton rouge et le
physique car je me suis blessé
aux adducteurs avant les
playoffs. Je n’ai pas pu m’en-
traîner réellement de tous les
playoffs, j’ai joué sous infiltra-
tion. Cela peut être un pro-
blème, tant pour moi que pour
l’équipe, peut-être.”
Vous demandez-vous où se
situe votre vrai niveau entre ces
deux moitiés de saison diffé-
rentes ?
“Le foot, c’est tout le temps
des hauts et des bas. Et j’ai
déjà connu des bas… très bas
dans ma carrière, vous savez.
Vous pouvez être le héros un
week-end et l’antihéros le
suivant. Je suis tranquille dans
ma tête et motivé pour prouver
ce que je vaux.”
Que dites-vous à ceux qui
pensent que vous étiez en
surrégime en première partie
de saison et que votre niveau
est davantage celui de la se-
conde ?
“Depuis que je suis petit c’est
comme ça. Je n’ai jamais été le
crack de l’équipe, donc je suis
habitué à ce que les gens
disent cela. Je connais mes
qualités et je sais où je peux
progresser. Ceux qui regardent
le foot d’un œil ne voient
peut-être pas ce que je fais
pour le collectif, mes appels
pour les autres, les espaces
que je crée avec mes courses.
Mais ce que disent les gens, ça
ne m’empêche pas de dormir.”
Revenons un instant sur ce
penalty manqué contre Bruges
en playoffs et qui a coûté cher :
le retiriez-vous si c’était à
refaire ?
“Oui, j’étais bien dans ma
tête. L’attaquant, c’est celui qui
peut être mauvais pendant
nonante minutes, puis mar-
quer sur une seule occasion.
C’est ça, la vie d’un attaquant.
Je me sentais bien, même si ce
n’était pas mon meilleur
match. Le seul truc qui fait que
j’aurais peut-être dû laisser ma
place, c’est cette blessure. Mais
sur le coup, vous ne pensez
pas comme ça. Un atta-
quant doit avoir con-
fiance en lui. C’est facile de
dire ça après coup. Mais s’il y
a un penalty au prochain
match, je le tirerai.”
Vous avez goûté aux Diables la
saison passée. Être au Mon-
dial, c’est dans un coin de
votre tête ou même plus que
ça ?
“Non, pas plus que dans un
coin. Je suis réaliste, il y a une
petite chance d’être dans la
sélection. Peut-être que la
forme du début de saison
jouera, mais je sais que si
tous mes concurrents sont à
leur niveau, je ne serai pas
dans la sélection, car je suis
juste à l’Union et pour prou-
ver à Martinez que je suis prêt
pour la Coupe du monde, il
faudrait que je joue plus haut.
Ou alors me montrer en
Coupe d’Europe. Je dois mon-
trer plus.”
Donc, aller jouer dans un
championnat plus huppé pour
maximiser vos chances d’être
au Qatar, c’est ça l’idée ?
“Mon sentiment est double.
Je suis content d’être ici, on va
jouer l’Europe, un nouveau
défi. C’est un rêve de gamin
de disputer la Ligue des cham-
pions et on a encore une
chance d’y arriver. Je pense
que mon histoire ici n’est pas
terminée, mais d’un autre
côté, si un nouveau club
m’aide à passer à un autre
niveau, pourquoi pas ? J’ai
toujours dit que je suis ouvert
si un challenge intéressant
arrive. Je sais qu’il y a de
l’intérêt pour moi, mais on
verra. La Premier League me
fait rêver, mais à ce jour, ce
n’est pas réaliste de m’imagi-
ner là. Plutôt d’abord passer
par une étape intermédiaire,
même si je sais que je pro-
gresserai au contact de
meilleurs joueurs, comme cela
a été le cas chez les Diables,
par exemple. C’est plus relevé,
mais je n’étais pas largué à
l’entraînement.”
Vous imagineriez-vous dans
un autre club belge ?
“Peut-être… mais j’ai
l’impression d’avoir mon-
tré ma valeur en Belgique
la saison passée, donc je ne
suis pas sûr. Plutôt confir-
mer ici ou tenter une
autre compétition.”
Il sera presque impos-
sible pour l’Union
de réussir
aussi bien ?
“Il n’y avait pas de pression
la saison passée et, mainte-
nant, on a mis la barre assez
haut, donc certains s’atten-
dent à de très bons résultats
de notre part, même si on
reste un petit club en Belgi-
que. Ce sera une année plus
dure encore. Des joueurs
importants sont partis et le
coach aussi. Mais c’est aussi
ça, le défi : montrer que la
base du travail reste là et que
ce sont juste des détails à
renouveler.”
C’est Felice Mazzù qui vous a
fait venir. Comment avez-vous
réagi à son départ ?
“J’étais content pour lui.
C’était un rêve pour lui de
devenir coach d’un plus grand
club belge. Je comprends,
d’autant que ce sera plus dur
de faire mieux ici et que si ça
ne va pas, le premier visé,
c’est l’entraîneur. Il a déjà
montré à Anderlecht ses
qualités, je suis sûr qu’il
réussira quelque chose de
bien là-bas. Ici, c’était un club
plus familial ; Anderlecht est
un peu plus ‘business’, ce sera
différent, mais je pense qu’ils
vont trouver la formule pour
s’adapter l’un à l’autre.”
Quand on a été vice-champion,
finir dans le top 4, est-ce une
obligation ?
“Pas du tout. Notre ambi-
tion, ce sont les playoffs. Le
vice-champion ne peut pas
terminer 9e
, mais dire qu’on
vise la 4e
place… c’est tou-
jours possible de finir là, mais
disons que les playoffs 2 c’est
réaliste. Je sais que certains
attendent la même Union que
l’année passée, mais il y a eu
du changement.”
Être à nouveau vice-champion,
cela serait impossible ?
“Non. C’est cliché, mais rien
n’est impossible. Disons qu’il y
a juste une petite chance de
finir dans le top 2.”
“50-50 contre
les Rangers”
Vanzeir regrette que l’Union ne puisse pas
jouer dans son stade en Coupe d’Europe.
D ante Vanzeir hésite. Ex-
cité à l’idée de goûter à
un petit bout de Ligue des
champions avec ce premier
des deux potentiels tours
préliminaires, il ne veut pas
s’emballer et reconnaît que
les chances de passer ces
deux tours sont faibles. Mais
pas nulles.
Dante, à combien évaluez-vous
vos chances face aux Ran-
gers ?
“C’est ‘fifty-fifty’. On n’a rien
à perdre. Pourquoi ne pas y
croire ? Bien sûr que c’est une
bonne équipe qui a réalisé un
beau parcours en Ligue
Europa la saison passée
(NdlR : avec une finale). Mais
c’est une nouvelle saison et ils
ont probablement perdu des
joueurs importants, comme
nous. On doit viser la victoire,
ne pas juste se dire : ‘Il ne faut
pas perdre’. Je sais que ce sera
une ambiance incroyable en
Écosse, mais on a les mêmes
supporters avec le même feu.
Et on aime ces ambiances,
même si pour beaucoup, ce
sera nouveau.”
Ce manque d’expérience ne
risque-t-il pas de faire la
différence ?
“On n’en avait pas vraiment
non plus avant de monter en
D1 la saison passée. C’est
important sur papier. Sur le
terrain, il faudra montrer
qu’on est l’Union et qu’on n’a
rien à perdre. On est déjà sûr
d’être qualifié en Ligue
Europa, donc ce sera du bo-
nus. On sait que ce sera diffi-
cile d’arriver en poules de
Ligue des champions, mais s’il
y a une petite petite chance, il
faut y croire et tout faire.”
N’est-ce pas dommage de ne
pas pouvoir jouer au stade
Marien ce match aller ?
“Si ! Ici, c’est magique. Je
sais que ce n’est pas aux
normes UEFA, mais imaginez
si on avait pu jouer dans ce
stade. Les Écossais se seraient
demandé où ils sont et cela
aurait déjà été 1-0 dans les
têtes. Mais si c’est plein, il y
aura de l’ambiance à Louvain
aussi, je crois. Ce sera difficile,
mais pas impossible.”
“En tant qu’ancien, je dois prendre
plus de responsabilités”
Dante Vanzeir n’est pas du genre à se pousser en avant.
Mais il sait qu’on va l’attendre un peu plus, cette saison,
d’autant que son partenaire préféré et ami Deniz Undav
a quitté l’équipe cet été. “Il ne faut pas mettre la pression
sur Denis (Eckert) maintenant”, prévient-il. “On va trou-
ver la formule comme je l’ai trouvée avec Deniz. Eckert
court un peu plus en profondeur qu’Undav, il est un peu
plus mobile. Il est intelligent et cherche à bien compren-
dre comment l’équipe et moi, nous fonctionnons.” Mi-
toma étant parti également, il est le seul “ancien” de la li-
gne d’attaque. “Il faut toujours aider les nouveaux d’une
équipe à s’adapter. C’est un rôle que j’endosse volon-
tiers. Denis et Simon sont deux caractères faciles (NdlR :
l’interview a été réalisée avant que le transfert de Gustaf
Nielsson ne soit officiel) ; c’est d’ailleurs un souhait du
club de recruter des gens qui ont un bon état d’esprit.
Donc, ils s’intégreront sans problème, je pense.”
Le joueur de 24 ans est vraiment prêt à prendre un peu
plus de place. “Je reste le même, mais je suis un des
plus anciens de l’équipe maintenant. Donc, on peut se
dire que j’ai plus de responsabilités. Je vais essayer
d’aider les gens plus individuellement, je ne suis pas du
style à parler devant tout le monde. Je suis beaucoup
plus présent à l’arrière-plan.”