La demi-finale Angleterre – Da-
nemark aura une saveur parti-
culière pour plusieurs joueurs
de l’Union Saint-Gilloise. Et
pour cause : trois Anglais (Chris-
tian Burgess, Matthew Sorinola, Mar-
cel Lewis) et deux Danois (Casper Niel-
sen, Jonas Bager) font partie du
groupe de Felice Mazzù. “Nous nous re-
joindrons mercredi soir pour regarder la
rencontre ensemble, sourit Burgess, le
solide défenseur des Bruxellois. Nous
étions heureux quand nous avons vu que
nos deux pays allaient s’affronter… Mais
le moment le plus marrant sera surtout
mercredi soir quand l’Angleterre aura
sorti le Danemark de l’Euro (rires).”
Quelques minutes après leur vic-
toire face à Deinze mardi après-midi,
nous avons rassemblé autour d’une
même table Burgess et Sorinola
d’un côté, Nielsen et Bager de l’autre.
Pour un match entre Anglais et Da-
nois, avant la demi-finale de ce mer-
credi soir tant attendue par les
deux parties.
Quel est votre sentiment général avant
cette demi-finale ?
Casper Nielsen : “J’ai un bon sentiment,
je pense que ce sera un match agréable à
regarder. Je suis assez impatient d’être
devant la télévision, car tout peut se pas-
ser dans cette rencontre.”
Jonas Bager : “Retrouver le Danemark
en demi-finale n’est pas tellement
une surprise vu l’équipe vraiment solide
que nous avons. Il faut tout de même ad-
mettre que nous avons eu un parcours
facile pour atteindre ce dernier carré.”
Christian Burgess : “De mon côté, je suis
assez confiant. L’équipe anglaise que
nous avons aujourd’hui est la meilleure
depuis longtemps. Le groupe semble très
soudé, les joueurs produisent un très
beau football ces derniers matchs. Nous
avons énormément de forces et je pense
que nous allons atteindre la finale.”
Quelles sont justement les forces anglai-
ses ?
Matthew Sorinola : “Nous avons telle-
ment de bons attaquants qui peuvent
faire mal à tout le monde. Défensive-
ment, nous sommes aussi très solides
avec zéro but encaissé depuis le début du
tournoi. Et le banc est tellement qualita-
tif que n’importe quel joueur qui monte
au jeu peut faire du bon travail.”
Côté danois, quels sont les points forts et
points faibles de l’équipe ?
J. B. : “Notre plus grande force est le
fait que nous sommes outsiders. C’est un
bon statut à endosser en demi-finale
d’un Euro. Nous avons aussi une équipe
avec des joueurs très travailleurs qui se
sont fortement développés ces dernières
années et viennent de clubs évoluant
dans les cinq grands championnats.
Quand on sait que le Danemark a
une population d’environ 5 millions
d’habitants, c’est fou tout le talent qui est
présent au sein de notre équipe natio-
nale. La faiblesse de la sélection est peut-
être de ne pas avoir un top joueur qui
peut faire la différence à tout moment
durant un match.”
C. B. : “Côté anglais, c’est difficile de
trouver un point faible, vu la qualité de
notre équipe (sourire).”
J. B. : “Ce ne serait pas votre gardien
Pickford, même s’il n’a pas encore en-
caissé de but ?”
C. B. : “Non, il a montré qu’il savait
sauver l’équipe en réalisant de beaux ar-
rêts quand il le fallait. Je pense plutôt
que la pression pourrait se faire ressen-
tir car l’équipe va jouer à domicile, à
Wembley, devant ses supporters. Pen-
dant ce temps-là, le Danemark sera out-
sider et jouera sans pression. Mais bon,
si le football va dans le sens qu’il doit
emprunter, nous serons en finale diman-
che (sourire).”
Comment avez-vous vécu les minutes qui
ont suivi le malaise cardiaque de Chris-
tian Eriksen ?
C. N. : “C’était une expérience folle (il
se tait). Le monde s’est arrêté en une se-
conde, c’était une situation vraiment bi-
zarre. Tout le pays était en panique mais
heureusement, tout s’est bien fini. De-
puis ce moment, les joueurs font tout ce
qu’ils peuvent pour rendre Chris-
tian Eriksen fier d’eux. Ils veulent mon-
trer à tout le monde qu’ils peuvent aller
loin sans lui. Les joueurs commencent
chaque match pour Eriksen et ils ont
reçu un énorme booste d’énergie depuis
cet incident.”
Avez-vous eu peur pour l’Angleterre
durant la phase de groupes ?
C. B. : “Non, je n’avais pas peur même
si nous n’avons pas réussi à battre
l’Écosse qui n’est pas une grande nation
du football. Mais ce match est toujours
spécial en Grande-Bretagne et les Écos-
sais ont donné leur vie contre l’Angle-
terre. Depuis, nous avons grandi durant
la compétition. Je suis resté optimiste
tout au long du tournoi. Je savais que
nous allions réaliser quelque chose et je
n’étais pas non plus inquiet avant le
match face à l’Allemagne, pour être hon-
nête.”
Quel est le joueur qui doit évoluer devant
avec Sterling et Kane d’après vous ? Il y
a l’embarras du choix…
M. S. : “Pour moi, Grealish doit être ti-
tularisé. Vu son niveau, il devrait com-
mencer chaque rencontre. Il est beau-
“Si l’Angleterre va en finale, j e supporterai son adversaire”
coup trop fort et il a été impressionnant
cette saison avec Aston Villa.”
C. B. : “Il y a aussi Saka, Foden,
Sancho… Je titulariserais Saka et peut-
être Grealish si nous jouons dans un sys-
tème avec quatre défenseurs. Mount a
aussi été très bon ces derniers matchs. Et
il ne rechigne pas à faire son travail dé-
fensif en revenant plus d’une fois aider
ses coéquipiers.”
Au Danemark, peut-on comparer cette
équipe version 2021 à celle qui a rem-
porté l’Euro en 1992 ?
C. N. : “Je pense que c’est une autre si-
tuation. Rien qu’en regardant dans quels
clubs évoluent les joueurs actuels, il n’y a
pas de comparaison à faire. Mais comme
en 1992, ce serait une histoire spéciale
d’aller au bout. C’est pourquoi je suis
presque sûr qu’ils vont aller chercher le
résultat qu’il faut pour atteindre cette fi-
nale.”
C. B. : “Tu es presque sûr qu’ils vont ga-
gner ? Tu es optimiste…”
Quels sont les meilleurs joueurs danois ?
J. B. : “Durant cet Euro, notre meilleur
joueur est Joakim Maehle (NdlR : ex-
Genk) qui fait un travail incroyable dans
son couloir droit. Il y a aussi An-
dreas Christensen, le défenseur central
de Chelsea.”
C. N. : “Et puis Holberg, Schmeichel et
Kjaer sont trois autres joueurs avec un
grand leadership.”
M. S. : “En Angleterre, il y en a telle-
ment : Kane, Grealish, Sterling… Il y a
beaucoup de talents dans cette équipe.
Chaque joueur peut produire quelque
chose une fois sur le terrain.”
C. B. : “Les deux milieux centraux sont
aussi très importants, Rice et Philips.
C’est très dur de pénétrer notre défense
grâce à ces deux solides milieux. Et dé-
fensivement, Mings a commencé en dé-
fense centrale aux côtés de Stones puis
Maguire, qui est un très bon joueur avec
énormément d’expérience, est entré dans
l’équipe. Stones a réalisé une très grosse
saison à Manchester City. Nous avons de
nombreuses possibilités pour composer
le quatre arrière.”
Peut-on dire que le tournoi sera
une réussite pour le Danemark, même
s’il n’atteint pas la finale ?
C. N. : “La chose la plus importante
dans ce tournoi pour le Danemark était
de savoir si Christian Eriksen était en vie.
À partir de là, ils pouvaient jouer de ma-
nière libérée. Et s’ils perdent, cela restera
un tournoi réussi. Par contre, pour les
Anglais, ce serait un énorme échec, non ?
(rires)”
C. B. : “Oui, ça je pense… Affronter le
Danemark en demi-finale, cela doit nor-
malement être une partie de plaisir. Ce
serait donc un énorme échec de perdre
ce match. D’autant que nous avons eu
une route royale jusqu’en finale, hormis
la rencontre face à l’Allemagne.”
Quel regard vous portez sur votre adver-
saire du soir ?
M. S. : “Après ce qu’il est arrivé avec
Eriksen, les joueurs danois ont réussi à
relever la tête et c’est tout à leur honneur.
Cela doit être si compliqué de se relever
après un événement pareil… Le monde
est fier de ce qu’ils ont accompli.”
J. B. : “Personnellement, j’ai le senti-
ment que l’Angleterre se foire toujours
dans la dernière ligne droite. Ils n’ont
plus rien gagné depuis 1966 ou quelque
chose comme cela (sourire).”
C. N. : “Je suis d’accord (rires). C’est
une bonne équipe mais ils vont se plan-
ter, comme d’habitude…”
C. B. : “Parlons du Danemark : cette
équipe a perdu deux rencontres durant
la phase de groupes et peut encore conti-
nuer cette compétition ? Ils ne devraient
jamais être là. L’Angleterre va rendre jus-
tice ce mercredi soir en les sortant du
tournoi (sourire).”
J. B. : “Si l’Angleterre va en finale, je
supporterai son adversaire.”
C. B. : “Moi, je serai bon joueur si l’An-
gleterre perd et je soutiendrai le Dane-
mark… mais cela n’arrivera pas (sou-
rire).”