VINCENT MILLER
Son transfert à l’Union avait suscité la colère de certains fans mauves.V. Kalut / News
Sur une voie de garage dans son club formateur d’Anderlecht, Noah Sadiki espère lancer définitivement sa carrière à Saint-Gilles qu’il a rejoint cet été malgré l’intérêt de Burnley. À 18 ans, le Bruxellois a de l’ambition à revendre. next
Noah Sadiki, pourquoi avez-vous opté pour l’Union cet été ?
Pour l’histoire du club et le projet qui m’a été présenté. Mais également car on m’a dit que tout était dans mes mains si je voulais jouer, et non pas dans celles de quelqu’un d’autre.
Aviez-vous discuté de la position que vous occuperiez sur le terrain ?
Oui, l’Union me voyait comme un milieu de terrain. Et moi aussi je me sentais plus à l’aise à cette position. Cela coïncidait donc.
Car vous êtes un joueur polyvalent. À Anderlecht, vous aviez notamment évolué au piston droit.
En fait, je n’ai pas été formé à un poste en particulier. J’ai évolué à quasiment toutes les positions durant ma jeunesse, ce qui m’a appris à voir le jeu de différentes manières. Mais à un moment, il faut choisir là où tu peux le mieux te développer. Et pour moi, c’était au milieu du terrain. C’est le poste où je me sens le mieux.
Durant le mercato, vous auriez aussi pu vous engager à Burnley. Pourquoi cela ne s’est-il pas fait ?
Vincent Kompany m’a effectivement appelé plusieurs fois pour me demander de venir. Mais à partir du moment où j’avais fait mon choix, il n’y avait plus de marche arrière possible. Même si un autre grand club venait, je savais que c’était l’Union que j’allais choisir. Je voulais d’abord confirmer en Belgique. Et après cela, m’ouvrir à l’étranger et à un plus grand championnat. C’est toujours tentant d’aller très jeune à l’étranger, mais on en voit beaucoup revenir. En tout cas, j’ai beaucoup réfléchi car j’avais aussi d’autres propositions. Il y a eu des nuits où je n’en dormais pas.
Rester à Anderlecht n’était définitivement plus une option ?
Je faisais une bonne présaison. J’ai été chez le coach pour lui demander quel était le projet pour moi cette saison. Il m’a fait comprendre qu’il n’y aurait pas de place pour moi, et que j’évoluerais encore en D1B (NDLR : avec les U23). Je n’étais pas du même avis. Du coup, il a compris que, pour moi, c’était fini Anderlecht.
Vous n’avez que 18 ans mais vous semblez déjà bien savoir ce que vous voulez…
Effectivement, je ne suis pas le jeune qui va se cacher. Je suis plutôt le jeune qui va vouloir prendre ses responsabilités. Et dans quelques semaines, on ne va plus me prendre pour un jeune… D’ailleurs, je suis flatté d’avoir été titulaire lors des deux derniers matches de l’Union, mais je n’ai pas été surpris. Je sais qui je suis, d’où je viens et je connais mes qualités.
Au final, votre dernier match avec Anderlecht fut celui avec les U23 face au RWDM en mai dernier. Une rencontre spéciale puisque les Molenbeekois avaient été sacrés champions en D1B ce jour-là.
Je suis content pour eux mais, sur le moment même, cela m’avait beaucoup piqué de les voir célébrer leur titre devant nous. J’aurais préféré qu’ils ne valident pas leur montée face à nous.
Lors de votre départ d’Anderlecht pour l’Union, vous aviez reçu une volée de critiques de la part des sympathisants mauves. Les avez-vous aujourd’hui digérées ?
Je pense que mon choix était assez réfléchi et normal du point de vue d’un joueur. Mais les supporters ne sont pas dans les coulisses. Ils ne voient pas ce que j’ai vu. Ils ont alors lâché leur frustration sur moi. Les premiers jours, cela a été dur, je ne vais pas mentir. Quand tu vois ton téléphone vibrer et que tu ne sais pas si c’est pour te féliciter ou pour t’insulter, cela te touche au plus profond. Mais je dois avancer et ne pas m’arrêter là-dessus. Ces critiques arrivaient car je partais pour un autre club bruxellois. Je ne crois pas que Lucas Stassin ait reçu les mêmes messages quand il s’est engagé à Westerlo.
À l’inverse, quelle fut la réaction des fans de l’Union ?
Ils m’ont directement accueilli comme si j’étais l’un des leurs. Et je dois les remercier pour ça. Ils ne m’ont pas considéré comme un rival. Dès mon premier match contre OHL à la maison, ils m’ont applaudi.
Après quelques semaines passées à l’Union, quelles sont les différences notoires que vous constatez avec Anderlecht ?
Il n’y a pas un monde de différence entre les deux clubs. Il y a, de part et d’autre, des personnalités dans le vestiaire. À l’Union, j’ai toutefois vu beaucoup moins de jeunes. Si cela peut m’aider à devenir adulte plus vite, tant mieux. D’un côté, on a en tout cas un club très prestigieux. Et de l’autre, un club qui vient de remonter en D1 et qui ne se prend absolument pas la tête au niveau du classement, qui prend match après match. À l’Union, on ne m’a pas parlé d’objectif fixe, de Playoffs 1 ou autre. On veut tout simplement terminer le plus haut possible. Ce qui permet d’évacuer la pression et de jouer son football librement.
Quand vous regardez le mercato d’Anderlecht, vous dites-vous que ce Sporting parait aujourd’hui plus fort que l’Union ?
Ce sont de gros noms qui sont arrivés, dont certains en fin de carrière, qui ont déjà touché à la Ligue des champions ou à l’Europa League. De là à dire qu’ils sont plus forts que l’Union ? On verra bien, c’est le terrain qui va parler. Mais sur papier, c’est clair qu’Anderlecht a une très belle équipe, de quoi faire quelque chose en championnat.
Pour en revenir à Vincent Kompany, quel rôle a-t-il joué dans votre carrière ?
C’est lui qui m’a donné la chance de venir m’entraîner avec l’équipe première et de débuter en D1A contre Bruges. Il m’a appris beaucoup de choses que j’applique aujourd’hui. Il m’a pris sous son aile et je lui en suis vraiment reconnaissant. C’est un peu grâce à lui que j’en suis là maintenant. Il m’a dit qu’il serait toujours là pour me suivre. Je suis en tout cas certain qu’un jour nos chemins se recroiseront, que ce soit avec ou contre lui (sourire).
Vous revenez de votre toute première sélection avec les U21 du Congo. Pourtant, vous avez déjà porté le maillot des équipes nationales belges chez les jeunes.
Je suis né ici en Belgique mais mes deux parents viennent du Congo, ainsi que tous mes ancêtres. Il fallait que je me fasse ma propre idée du Congo. Dès lors, même si j’avais fait mes classes en Belgique, je ne voyais pas pourquoi je pourrais refuser un appel de ce pays.
Entre la Belgique et le Congo, avez-vous choisi l’équipe nationale A que vous représenterez ?
Non, je n’ai pas du tout encore fait mon choix. Je suis ouvert aux deux sélections. J’ai encore le temps de réfléchir. Le choix ne se portera pas spécialement sur le premier pays qui m’appellera. Il s’effectuera en fonction de mon cœur.
Enfin, que peut-on vous souhaiter avec l’Union cette saison ?
Jouer le plus de matches possible, prendre ma chance quand elle viendra et… gagner un titre ! C’est ce qui manque à l’Union après plusieurs belles saisons. On a les qualités pour y arriver en tout cas. On a les joueurs et le staff pour.