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Quand Bruxelles avait trois clubs en D1

Alors que l’Union vient d’être sacrée en D1B, Bruxelles s’apprête à retrouver deux de ses clubs en D1A. Pour trouver trace d’un troisième représentant bruxellois parmi l’élite, il faut remonter à 1988.

Par un beau dimanche après-midi, au Petit Heysel, où le Racing Jet dispute ses matches à domicile en première division, un collègue plus âgé nous dit, à cinq minutes du repos: “On y va.” Nous sprintons jusqu’à la buvette du Heysel, à deux cents mètres de là. Au comptoir, les serveurs revêtus d’une livrée traditionnelle noire et blanche ont déjà préparé les bières et les cafés offerts aux journalistes. Ils ont juste le temps d’avaler une boisson avant de repartir au petit stade, où la seconde période a repris.

En 1970, quand la ville de Bruxelles décide d’abriter le Racing Jet, implanté avenue de l’Exposition à Jette, au Heysel, le stade s’avère beaucoup trop vaste pour les quelques centaines de supporters du club, qui évolue alors en troisième division. On érige donc un petit stade, quelques centaines de mètres plus loin. En 1984, après la première promotion du Racing, on porte sa capacité à 12.000 places. Le club dispute son tout premier match en D1, le derby contre Anderlecht, dans le grand Heysel, devant 20.000 spectateurs. Après une course dans les bois, l’entraîneur, Johan Vermeersch, n’est pas optimiste. “Je les ai tous battus”, soupire-t-il. Ses joueurs ont de fait mal encaissé l’humiliation et leur défaite 2-9 a détruit le peu d’assurance qui leur restait.

Le Racing Jet finit par descendre, mais il gagne le tour final de Division 2 en 1986 et parvient ainsi à remonter. Grâce à Raymond Goethals qui, de retour en Belgique après sa suspension dans l’affaire Standard-Waterschei, habite dans un appartement de l’autre côté du Heysel. Au printemps 1986, il est nommé directeur technique du Racing, pour conseiller Daniel Renders, l’entraîneur, qui n’a que 31 ans lors de la promotion.

Le stade accueille des visages connus. Comme quand Constant Vanden Stock, le président d’Anderlecht, demande à Goethals s’il n’y a pas quelques talents en Division 2: “Si, Luc Nilis de Winterslag.” Constant, méconnaissable derrière ses lunettes solaires, s’installe donc, avec chapeau et écharpe pour compléter le camouflage, dans la tribune debout lors du match Racing Jet-Winterslag. Tout le monde se demande pourquoi cet homme est habillé comme en plein hiver alors que le mercure affiche trente degrés.

À l’époque, l’assistance moyenne du Racing Jet est de… 2.900 personnes.

Le Racing Jet réalise un petit miracle lors de son deuxième séjour parmi l’élite en terminant onzième, à un point du Standard et devant le RWDM, alors qu’il n’aligne que quatre professionnels, le reste du noyau étant semi-pro. Il doit ce miracle à son buteur, Jan Goyvaerts, qui marquera treize buts avant d’être vendu par le président et mécène du Racing, Albert Carette, pour quatorze millions de francs (350.000 euros), soit la moitié du budget annuel du club. L’équipe compte beaucoup d’illustres inconnus, mais aussi l’international tchécoslovaque Josef Barmos et le défenseur Eddy Jaspers, qui a été sacré deux fois champion avec Beveren. Lors des matches amicaux, les femmes des joueurs peuvent profiter du car et à l’entraînement, les joueurs ne cessent de plaisanter. Ils ressortent toujours la même vanne avant de monter sur le terrain: “On dirait que le stade est à nouveau plein, aujourd’hui.” Plutôt caustique, quand on sait que cette saison-là, l’assistance moyenne est de… 2.900 personnes.

Le remplaçant de Goyvaerts, le solide Britannique Rob McDonald, s’en moque. En automne, le club enrôle deux autres étrangers, dont Laszlo Bölöni, qui a gagné la Ligue des Champions 1986 avec le Steaua Bucarest contre… Barcelone. Il a 35 ans, l’âge auquel la Roumanie autorise ses sportifs à s’expatrier. Il multiplie les passes géniales au Racing Jet, mais elles n’arrivent pas. Interrogé quant aux problèmes de l’équipe, Eddy Jaspers explique: “Nous manquons de talent. Bölöni et Janecka ( l’autre étranger, ndlr) sont de bons joueurs, mais ils sont impuissants si le coéquipier auquel ils passent le ballon le perd immédiatement.”

En février 1988, Constant Vanden Stock téléphone à Goethals. Est-il prêt à rejoindre le Sporting sur le champ pour y succéder à Georges Leekens, qui vient d’être licencié? Le Racing, qui attire 250 spectateurs payants contre le Cercle, est dernier puis finalement rétrogradé. La ville de Bruxelles lui retire ses subsides et le club déménage à Wavre, où il fusionne avec le club local, le FC Wavre Sport. Il poursuit sa descente aux enfers. En 2018, le FC Wavre Sport reprend son ancien nom. Désormais, le Petit Heysel est le théâtre des matches des jeunes régionaux d’Anderlecht et de l’équipe nationale de rugby. 

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