Le Suisse, arrivé en janvier 2022,
n’explose au grand jour que maintenant.
E
n voyant partir huit
cadres, les suppor-
ters de l’Union
avaient du mal à en tirer
des enseignements positifs.
Il y en a pourtant dans la
mesure où ces départs ont
permis à d’autres joueurs
déclore. À l’instar de Den-
nis Eckert Ayensa, auteur
de quatre buts, Cameron
Puertas profite en ce début
de saison des places lais-
sées vacantes dans le mi-
lieu du jeu pour montrer
tout son talent.
Seulement titulaire à six
reprises en championnat
avant le début de cette sai-
son, le joueur arrivé il y a
un an et demi est en train
de devenir l’un des indiscu-
tables de l’équipe d’Alexan-
der Blessin. “Je savais de
quoi j’étais capable, expli-
que l’ancien de Lausanne.
Je savais que j’avais quelque
chose à montrer à la Belgi-
que ; j’attendais juste qu’on
me fasse confiance.”
Analyse de l’éclosion de
celui qui est passé, à force
de travail, de l’ombre à la
lumière.
. De star à remplaçant
Quand il arrive à l’Union
en janvier 2022, Puertas
met dans les pieds dans un
club en pleine bourre. Les
Bruxellois sont en tête du
championnat, le trio Teu-
ma-Nielsen-Lazare règne en
maître dans le milieu du
jeu et Felice Mazzù n’est
pas prêt de changer ses
plans. “Nous avons déjà un
entrejeu très fourni, explique
alors le coach quelques
jours avant l’arrivée de
Puertas. Avoir un apport en
quantité trop élevé est un ris-
que car cela pourrait nuire à
la mentalité du groupe.”
Lors de ses six mois pas-
sés avec Mazzù, le joueur
suisse d’origine espagnole
ne reçoit qu’une seule fois
sa chance comme titulaire
à Courtrai dans un rôle
de… deuxième attaquant
ne restant que 45 minutes
sur le terrain. Le reste du
temps, il se contente de
quelques montées au jeu
tout en sautant parfois des
sélections. “Passer de Lau-
sanne à l’Union a été un
grand changement pour un
jeune comme lui, explique
son meilleur ami Niko qu’il
connaît depuis une quin-
zaine d’années. Il a dû
s’adapter à une nouvelle
équipe, à un nouvel environ-
nement où les gens parlent le
flamand. C’était une toute
nouvelle aventure qu’il a at-
taquée tout seul. Cela a été
difficile de passer du statut
de star et d’enfant du club de
Lausanne à celui de rempla-
çant à l’Union. Mais, malgré
cela, il répétait souvent que
signer à l’Union était le
meilleur choix qu’il pouvait
faire.”
. Une vie saine
à Malines
Le départ de Casper Niel-
sen vers le Club Bruges
avant la saison 2022-2023
semble être une belle op-
portunité d’enfin recevoir
sa chance pour celui qui est
alors en concurrence avec
Senne Lynen. Mais c’est en-
core raté puisque Karel Ge-
raerts fait finalement con-
fiance au Belge, n’offrant
que cinq titularisations en
championnat et plusieurs
montées au jeu au Suisse.
“Il a connu des moments de
frustration car c’est un com-
pétiteur, explique son an-
cien capitaine Teddy Teuma
qui a toujours été très pro-
che de lui. C’est difficile de se
sentir bien quand on ne joue
que des bouts de matchs. On
sait qu’en football, cela se
passe à plus de 70 % dans la
tête. J’ai tout fait pour l’ac-
compagner au mieux dans
les moments compliqués. Je
lui disais de prendre son
temps même si je savais qu’il
n’allait pas être éternelle-
ment patient. Je le considère
comme moi mais en plus
jeune. J’ai toujours cru qu’il
avait les qualités pour tout
exploser, c’est clairement le
futur patron de l’Union.”
Frustré par son temps de
jeu, le joueur de 25 ans dé-
cide alors de mettre les
bouchées doubles. Il tombe
dans une vraie routine un
rien monotone mais effi-
cace chez lui, à Malines, où
il vit seul : entraînement le
matin, travail en salle
l’après-midi suivi d’une
sieste. Il passe ses seuls
temps libres avec sa fa-
mille, ses amis ou son
chien. Le tout en portant
une attention toute parti-
culière à son alimentation
pour celui qui n’est pas
friand de sorties en boîte,
ni d’alcool. “Même le soir de
ses fêtes d’anniversaire, il
avait l’habitude de partir à
une heure du matin maxi-
mum, se marre Niko qui
vient régulièrement le voir
en Belgique avec d’autres
amis communs. La saison
dernière, il avait vraiment la
rage de ne pas jouer et cela
lui a donné envie de tra-
vailler encore plus. Avec les
autres potes, on se disait qu’il
allait péter un plomb vu son
faible temps de jeu mais il est
resté calme. Cet été, il a réa-
lisé une préparation de din-
gue : les joueurs ont reçu un
programme à suivre quoti-
diennement et Cameron le
faisait le matin… puis le ré-
pétait le soir. On l’appelle le
chacal tellement il s’arrache
au travail.”
. La fierté
de la banlieue
Ses efforts dans l’ombre
finissent par payer puisque
Puertas réalise une grosse
préparation avant d’être
l’un des Unionistes du dé-
but de saison avec deux
buts et deux assists lors des
quatre premiers matchs de
championnat. “C’est in-
croyable ce qu’il arrive à pro-
duire comme prestations en
ce début de saison, analyse
son coach Alexander Bles-
sin. Son nombre de courses
défensives est impression-
nant et, en bonus, il sait se
procurer de belles occasions
de but.”
“Il est vraiment à l’aise
dans ce rôle plus offensif,
commente son ex-coéqui-
pier Senne Lynen parti au
Werder Brême. Ce n’est pas
un patron qui va contrôler un
match mais plutôt un joueur
pouvant forcer les choses
grâce à ses duels et ses tacles.
Récupérer le ballon et rentrer
dans les seize mètres pour ti-
rer au but est la base de son
jeu. Des joueurs comme Puer-
tas mais aussi Machida et Te-
rho peuvent être les belles
surprises de la saison du côté
de l’Union.”
Jamais titularisé en
Coupe d’Europe la saison
dernière, Puertas va cette
fois enfin débuter un
match européen. Face à un
adversaire qu’il connaît
bien puisqu’il a déjà af-
fronté Lugano à sept repri-
ses avec Lausanne en Super-
league suisse pour un bilan
de deux victoires, un nul et
quatre victoires et un but.
Au match retour, il pourra
même compter sur le sou-
tien de ses potes du quar-
tier de Praz-Séchaud situé
dans la banlieue de Lau-
sanne. “Nous avons pris 70
tickets et nous allons tous
descendre à Genève en bus,
raconte Niko. C’est incroya-
ble de pouvoir le voir jouer
un match européen alors que
personne dans le football ne
croyait en lui quand il était
gamin. C’est la plus grande
fierté de notre quartier. Il n’a
encore rien montré, il va ex-
ploser encore plus dans les
mois à venir. Vu son style de
jeu, je le vois bien jouer un
jour en Premier League. Mais
cela ne sert à rien de parler
de tout cela à Cameron, il
veut d’abord prouver sa vraie
valeur à l’Union.”
“Trouver les bons moments
pour leur faire mal”
L’Union sera favorite face aux Suisses,
l’actuel deuxième du championnat suisse.
F
ace à Lugano,
Alexander Blessin
va connaître une
grande première dans sa
vie d’entraîneur. Celui
qui avait joué quelques
minutes face à Feyenoord
en Coupe UEFA va décou-
vrir pour la première fois
l’engouement d’un
match européen avec sa
casquette de coach.
L’Union partira avec le
statut de favori pour une
qualification en Europa
League contre l’actuel
deuxième du champion-
nat de Suisse. “La qualifi-
cation est notre mission,
explique l’entraîneur
d’une équipe qui sera re-
versée en Conference Lea-
gue en cas d’échec. Nous
avons pu analyser qu’ils
avaient beaucoup de quali-
tés individuelles et collecti-
ves. Ils ont des principes de
jeu clairs mais parviennent
à faire varier leur structure
en cours de match. Leur
qualité principale est de
parvenir à faire mal dans
les transitions. Ils ont de la
vitesse et des bons drib-
bleurs. Mais nous pouvons
leur faire mal, il faudra
juste trouver les bons mo-
ments.”
Pour cette rencontre, le
T1 unioniste ne pourra
pas encore compter sur
Mohamed Amoura, le
nouvel attaquant arrivé
de Lugano. L’attaquant
algérien de 23 ans, qui a
déjà montré ses qualités
de vitesse et d’explosivité
à l’entraînement, n’a pas
encore reçu son permis
de travail. Il a tout de
même pu conseiller ses
coéquipiers sur la façon
de jouer de son ancienne
équipe.
“J’ai aussi dit ce que je
pensais mais sans trop
m’avancer pour ne pas me
tromper, sourit Cameron
Puertas qui a affronté à
sept reprises Lugano avec
Lausanne. C’est un groupe
très expérimenté qui a
réussi à garder la majorité
de ses joueurs ces dernières
saisons. C’est une équipe
qui sera bien en place et
qu’il sera difficile de bou-
ger. J’ai déjà marqué une
fois contre eux, j’espère
pouvoir refaire le même
coup demain (sourire).”
Comme cela était déjà
le cas la saison dernière
face à Berlin et Leverku-
sen, l’Union jouera ce
match européen au Lotto
Park, le stade d’Ander-
lecht. Sur une pelouse
qui n’est pas en parfait
état. “Le jardinier m’a ex-
pliqué que la pelouse avait
eu une maladie cet été,
avance-t-il. Ce ne sera pas
une excuse car c’est la
même situation pour les
deux équipes. Jouer loin du
Marien ? Nous devons faire
avec la situation actuelle.
Lugano connaîtra la même
chose la semaine pro-
chaine (NdlR : le retour
aura lieu à Genève, à près
de cinq heures de route
de Lugano, car son stade
n’est pas non plus con-
forme aux normes UEFA).
Mais peu importe le stade,
nous sommes prêts pour ce
barrage européen.”