Arrivé à l’Union en provenance de Gand cet été,
Alessio Castro Montes a été l’objet de pressions de la
direction des Buffalos et a vu sa situation se décoincer
avec l’intervention de Mogi Bayat. À l’ancienne.
C’ est une belle recrue, qui
est arrivée à Saint-Gilles
pour poursuivre une
carrière belge qui en fait un des
joueurs les plus estimés à son
poste. Le 2 septembre, Alessio
Castro-Montes signait pour trois
ans, plus une saison en option,
au Parc Duden. “Mon premier
souhait était de partir à l’étranger.
Puis je me suis dit que si je réussis-
sais bien à l’Union, des options
pouvaient se représenter dans le
futur. C’est un club qui grandit
énormément. Les dirigeants et l’en-
traîneur me voulaient et un joueur
veut se sentir désiré. Après plu-
sieurs rendez-vous, je me suis dit :
ce sera l’Union”, raconte
aujourd’hui le latéral droit dans
une interview au “Nieuwsblad”.
Malgré cet enthousiasme que
l’on ne remettra nullement en
question, ce transfert comporte
des zones d’ombre, sur lesquel-
les nous nous sommes penchés.
Des coups de pression, des
agents mandatés, puis mis de
côté et un sentiment global qui
démontre que certaines métho-
des persistent… et que Mogi
Bayat reste aussi cet agent in-
fluent que les
clubs appellent
pour “décoincer” des situations
tendues, au détriment de confrè-
res, parfois.
Récit d’un été intense, entre
Gand, Bruxelles et le sud de la
France.
. Merci Mogi Bayat
À un an de la fin de son con-
trat au KAA, Alessio Castro-Mon-
tes, ne le cache pas : “Je veux dé-
couvrir un championnat plus relevé
pour me montrer et me tester.”
Mais le soir du 9 août, le CEO
du club calme l’enthousiasme. “À
23 heures ce soir-là, après un match
européen, Alessio m’appelle décon-
certé car Michel Louwagie lui a dit
qu’il voulait le voir le lendemain
matin à 9h”, nous raconte
aujourd’hui l’agent Jibril Rekkab,
de la société internationale ‘You
First’, dont le siège est à Madrid
et avec qui Alessio a signé un
mandat à la mi-juillet pour lui
trouver une porte de sortie à
l’étranger. “Habitant dans le sud
de la France, il m’était évidemment
impossible d’être présent à l’entre-
tien. Là, Michel Louwagie dit à
Alessio que ce transfert se fera sans
nous, mais avec un autre agent.”
Et, toujours ce 10 août, lors
d’une deuxième réunion dans la
même journée… surprise : Mogi
Bayat annonce déjà qu’il a une
porte de sortie : l’Union. “C’est
vrai, répond le joueur à nos con-
frères du “Nieuwsblad”. J’ai été
menacé par Michel Louwagie : ‘Si
tu ne le fais pas, nous te mettrons
dans le noyau B’. Comme si j’allais
décider sous la pression. J’étais sur-
pris que l’Union soit une option et
j’ai demandé à réfléchir. Comme je
suis retourné m’entraîner avec le
noyau A, je me suis dit qu’il s’agis-
sait d’une menace en l’air. Mais un
jour, Peter Balette (NdlR : entraî-
neur adjoint) m’a appelé. Nous avi-
ons de bonnes relations et il était
chargé de m’annoncer que le lende-
main, je devais jouer un match ami-
cal avec les espoirs.”
De son côté, Jibril Rekkab tente
de trouver une solution à l’étran-
ger, mais sans parvenir à amener
une offre convenant à toutes les
parties. “Michel Louwagie a mis la
pression sur Alessio et moi-même,
en me demandant tous les deux
jours où le transfert en était”, pour-
suit l’agent. “Or on sait qu’il faut du
temps et que beaucoup de choses se
décident dans la dernière semaine
du mercato. Nous avions eu des con-
tacts, notamment avec un gros club
belge, mais c’était conditionné à un
départ (NdlR : Bruges, mais le
joueur a préféré éviter un passage
chez le rival flandrien) ; ou encore
Toulouse, la Genoa, ou Augsbourg.”
Mais les offres ne sont pas assez
fortes ou les salaires restent trop
bas. Un problème déjà rencontré
par l’agent belge précédent
d’Alessio, Zénon Mélon, qui s’était
cassé les dents à lui trouver une
porte de sortie. “Dans le cas d’Aus-
bourg, nous n’avons pas pu tra-
vailler sereinement jusqu’au bout vu
que la piste Union était devenue
l’unique piste. Mon sentiment, c’est
qu’on a été exclu du deal dès le dé-
part.”
. ”Alessio a choisi Mogi”
vs “C’est faux”
Pourtant, travailler avec un
agent n’était pas un problème
pour Gand, puisque Mogi Bayat a
bien été “invité” à prendre part à
ce transfert. Par qui ? “Alessio était
en panique et a choisi lui-même de
parler avec Mogi”, a déclaré il y a
quelques jours Michel Louwagie
dans le “Nieuwsblad”, avant de
corriger (voir plus bas). “Ce n’est
pas vrai du tout”, répond le joueur.
“C’est plutôt lui qui semblait pani-
quer car il n’y avait pas encore d’of-
fre. Donc il a appelé Mogi Bayat. Il
sait qu’il peut forcer quelque chose.
Et ce dernier a bien fait son travail.
Il a obtenu les meilleures conditions
pour les trois parties : l’Union, Gand
et moi-même.”
. “De la traite d’êtres
humains”
Michel Louwagie annonce à Ji-
bril Rekkab le 8 août par message
qu’il va contacter d’autres agents
pour trouver un club acheteur. En
réalité, Mogi Bayat l’est déjà de-
puis un moment et il se tourne
vers l’Union, qui est en train de
voir son latéral droit, Bart
Nieuwkoop, partir. Le jeu de po-
ker menteur continue. Alessio
Castro-Montes garde un souvenir
amer du rôle du CEO gantois :
“Tout le monde connaît les histoires
selon lesquelles Michel Louwagie est
difficile. J’ai moi-même vu comment
Nana Asare et Brecht Dejaegere
(NdlR : deux ex-Gantois) ont été
placés du jour au lendemain dans le
noyau B. On se rend alors compte à
quel point le monde du football est
dur. Surtout lorsqu’il s’agit d’argent,
ça me donne l’impression d’être
juste de la traite d’êtres humains.”
La pression sur Castro-Montes
ne fait que monter : “Le fait que je
change de club était déjà une source
d’incertitude pour ma petite amie.
Quand j’ai été renvoyé dans le
noyau B, elle n’a fait que s’agrandir.
Nous avons tous les deux passé des
nuits blanches. Mes parents aussi.
J’ai eu un été difficile…” Il ne se fi-
nit pas trop mal, heureusement,
pour l’ex-Eupenois et Trudon-
naire, qui choisit de faire ce trans-
fert sans le concours de You First.
“J’avais un contrat jusqu’au 1er sep-
tembre avec eux, mais comme l’inté-
rêt de l’Union ne venait pas d’eux, ils
n’étaient pas impliqués dans ce
transfert.”
Reste à comprendre pourquoi
Mogi Bayat a été mandaté par
Gand pour une transaction entre
deux clubs dont les directions se
connaissent très bien. “Je ne sais
pas. C’est Gand et Louwagie qui ont
décidé (NdlR : de l’appeler) et cela
m’a surpris aussi à l’époque.” De
son côté, Gand s’explique : “Oui,
c’est nous qui avons mandaté Mogi
Bayat”, nous répond Michel
Louwagie, corrigeant ce qu’il avait
donc déclaré plus tôt. “J’ai aussi
posé la question à d’autres agents
vu que la fin du mercato se rappro-
chait et que nous avions engagé des
remplaçants au joueur. C’est l’entraî-
neur qui a décidé de ne plus repren-
dre Alessio dans le noyau A à un
moment, pas le comité de direction.
Vu que le joueur déclarait depuis
mars vouloir partir, nous devions
prendre les devants, non ? C’est seu-
lement une fois que Mogi Bayat a
amené une proposition de l’Union
que nous avons eu une réunion avec
Alessio et Mogi dans mon bureau…
et Alessio a encore voulu attendre la
limite du 31 août pour signer là-bas.
Il avait déjà eu raison de la patience
de son ancien agent qui m’avait dit
qu’il n’en pouvait plus de lui.”
Pas de transfert vers l’étranger,
pour le joueur, qui aura tenté le
coup jusqu’au bout. “Si Mogi Bayat
vient avec un club acheteur, alors
nous sommes contents”, souligne
Michel Louwagie, qui insiste sur
le fait que c’est le joueur qui n’a
pas souhaité poursuivre avec You
First.
”Je n’ai rien à dire de négatif sur
Mogi ; il ne m’a jamais mis la pres-
sion. C’est moi qui ai pris la déci-
sion”, assure Castro-Montes. Con-
tacté, l’agent qui était au cœur du
“Footgate” 2018, n’a pas souhaité
répondre à nos questions.
. ”Un sentiment de copinage”
”Alessio s’est senti acculé, ce que
je comprends”, analyse Jibril Rek-
kab. “Si on était procéduriers, on
pourrait demander des comptes,
mais on ne va pas le faire, on ne
veut pas lui porter préjudice. Alessio
me l’a dit : ‘Je suis content d’être à
l’Union, c’est un très beau projet’ et
c’est le plus important. Mais je m’in-
terroge sur cette manière de faire.
Cela donne l’impression de copi-
nage. Un club A et un club B se met-
tent d’accord et choisissent qui ils
commissionnent pour faire le trans-
fert. Vu de France, c’est assez
étrange, ça n’est pas normal de se
retrouver boycottés de la sorte.
Nous, nous souhaitions amener
Alessio à l’étranger et cela n’a pas
pu se faire, peut-être faute d’offre as-
sez forte. Mais pourquoi Gand et
l’Union ont-ils besoin d’un tiers pour
transférer Alessio ? Je ne comprends
pas.” Une question qui reste en-
tière pour beaucoup d’observa-
teurs depuis de nombreuses an-
nées. Et était-il nécessaire de me-
nacer un joueur de noyau B de la
sorte ? “C’est ce que je continue à
me demander”, conclut Castro-
Montes.
pour le joueur, qui aura tenté le
coup jusqu’au bout. “Si Mogi Bayat
vient avec un club acheteur, alors
nous sommes contents”, souligne
Michel Louwagie, qui insiste sur
le fait que c’est le joueur qui n’a
pas souhaité poursuivre avec You
First.
”Je n’ai rien à dire de négatif sur
Mogi ; il ne m’a jamais mis la pres-
sion. C’est moi qui ai pris la déci-
sion”, assure Castro-Montes. Con-
tacté, l’agent qui était au cœur du
“Footgate” 2018, n’a pas souhaité
répondre à nos questions.
. ”Un sentiment de copinage”
”Alessio s’est senti acculé, ce que
je comprends”, analyse Jibril Rek-
kab. “Si on était procéduriers, on
pourrait demander des comptes,
mais on ne va pas le faire, on ne
veut pas lui porter préjudice. Alessio
me l’a dit : ‘Je suis content d’être à
l’Union, c’est un très beau projet’ et
c’est le plus important. Mais je m’in-
terroge sur cette manière de faire.
Cela donne l’impression de copi-
nage. Un club A et un club B se met-
tent d’accord et choisissent qui ils
commissionnent pour faire le trans-
fert. Vu de France, c’est assez
étrange, ça n’est pas normal de se
retrouver boycottés de la sorte.
Nous, nous souhaitions amener
Alessio à l’étranger et cela n’a pas
pu se faire, peut-être faute d’offre as-
sez forte. Mais pourquoi Gand et
l’Union ont-ils besoin d’un tiers pour
transférer Alessio ? Je ne comprends
pas.” Une question qui reste en-
tière pour beaucoup d’observa-
teurs depuis de nombreuses an-
nées. Et était-il nécessaire de me-
nacer un joueur de noyau B de la
sorte ? “C’est ce que je continue à
me demander”, conclut Castro-
Montes.