Bruges est la seule équipe que l’Union n’a
pas encore battue depuis son retour en D1A.
Depuis son retour en
D1A, l’Union a étonné
son monde en rele-
vant les défis les uns
après les autres. Mais un chal-
lenge doit encore être réussi :
battre Bruges. En cinq duels,
les Bruxellois ont un bilan de
trois défaites et deux nuls. Ce
vendredi, les hommes de Ka-
rel Geraerts se déplacent en
Venise du Nord avec 14 points
d’avance sur le champion en
titre. Et de nombreuses armes
dans leur jeu pour enfin faire
tomber leur bête noire…
. L’expérience des
dernières rencontres
Les duels antérieurs sont
certainement encore dans la
tête des joueurs. D’abord bat-
tue tardivement lors de la
deuxième journée de cham-
pionnat (0-1), l’Union avait ar-
raché le nul en déplacement
(0-0). En playoffs, les Bruxel-
lois avaient essuyé deux défai-
tes (0-2 et 1-0). “Quand on ana-
lyse ces quatre rencontres, un
élément important ressort : les
performances de haut niveau de
Mignolet, explique Laurent
Deraedt, l’ex-entraîneur
des gardiens de l’Union. Il
avait réussi à tenir le zéro
à quatre reprises grâce à
des grosses prestations. Je
ne pense pas qu’il y avait
un blocage ou une peur
d’affronter Bruges. À cha-
que fois, il y avait l’envie
de bien faire et de gagner.
Il n’y avait jamais la peur
de perdre mais Bruges
était plus serein. En ter-
mes d’expérience, ils sa-
vaient qu’ils étaient supé-
rieurs.”
Lors de ces matchs, cer-
taines situations ont aussi été
déterminantes. En playoffs, il
y a eu ce penalty raté de Van-
zeir à domicile puis cette carte
rouge de Machida et ce but an-
nulé par le VAR à l’extérieur. “Il
y a eu des circonstances particu-
lières lors desquelles la pression
n’a pas pu être absorbée, ana-
lyse notre consultant Alex
Teklak. À certains moments dé-
terminants, il faut faire preuve
de clairvoyance en faisant la
bonne passe ou le bon geste
technique. Or, à l’Union, il y a eu
une certaine précipitation et une
pression qui ont créé de la cris-
pation. Sans parler du facteur
chance qui a fait que cela ne
tombait pas de leur côté. Ces ex-
périences négatives doivent dé-
sormais leur servir pour cette
saison. Il faut rendre utiles ces si-
tuations frustrantes.”
. La forme de
l’Union
Le bilan actuel
de l’Union est
tout simple-
ment incroya-
ble. L’équipe
de Karel Ge-
raerts reste
sur une série
de 16 rencon-
tres de cham-
pionnat sans
défaite (13 vic-
toires et trois
matchs nuls). Au
milieu de
cette série figure le match al-
ler face à Bruges au scénario
fou : menés 0-2 à dix contre
onze après l’expulsion d’Adin-
gra, les Unionistes arrachaient
un match nul vu comme une
victoire. “Ce que l’Union est en
train de faire est extraordinaire,
avance Wim de Coninck, ana-
lyste au nord du pays. L’équipe
ne semble pas avoir de mal à
garder un rythme fou et a peu de
blessures. Le coach peut même
gagner en faisant tourner son
onze de base. La saison dernière,
ils avaient un rythme de croi-
sière similaire mais s’étaient
montrés fatigués sur la fin de
championnat. Pour ce
déplacement à Bruges, je ne vois
aucun signe de fatigue du côté
de l’Union.”
Dans le jeu, l’Union semble
même plus forte que la saison
dernière. Les départs (Undav,
Nielsen, Mitoma et récem-
ment Vanzeir) ont été com-
pensés et les automatismes
entre les joueurs sont encore
plus présents que sous l’ère
Mazzù. “Je ressens un plus
grand respect envers l’Union
cette saison, lance Teklak. Cela
se voit quand l’adversaire
s’adapte ou quand le coach ad-
verse décide de faire un mar-
quage individuel comme cela a
été le cas sur Teuma face à OHL.
L’équipe a les qualités pour
marquer de plusieurs manières
différentes via beaucoup de
joueurs différents. Et surtout, on
voit un véritable engagement de
chacun : on ressent qu’ils se di-
sent tous qu’il y a quelque chose
à faire cette saison et qu’ils veu-
lent tous faire partie de l’aven-
ture. Il y a une émulation posi-
tive qui fait qu’on sent que
l’Union a plus d’armes à faire
valoir que la saison dernière.”
Pour Laurent Deraedt, qui a
quitté l’Union cet été pour re-
joindre Anderlecht, son an-
cienne équipe est capable de
faire chuter le Club Bruges ce
vendredi. “La majeure partie
des joueurs ont gagné en expé-
rience et se connaissent encore
plus que la saison dernière. Con-
naissant Geraerts, il va préparer
ce match comme il a préparé le
duel face à Zulte Waregem. Il
n’appuiera pas sur le fait que le
ballon n’a pas tourné
pour l’Union la
saison der-
nière.
L’équipe va
continuer
son petit bonhomme de chemin
en jouant avec son cœur et en
mettant beaucoup d’énergie.
Jouer au Jan Breydel peut être
impressionnant, mais l’Union a
toutes les armes pour faire un
bon match.”
. Un Club qui se cherche
D’autant plus que l’équipe
de Scott Parker n’est pas en
forme. Bruges n’a remporté
qu’une seule de ses neuf der-
nières sorties en champion-
nat. Il faut d’ailleurs remon-
ter au 26 octobre et à la quin-
zième journée de Pro League
pour retrouver la dernière
victoire à domicile en date
(4-2 face à Ostende). “J’ai l’im-
pression que Parker ne connaît
pas encore son groupe, avance
Wim de Coninck. Il ne change
pas sa façon de jouer, il réalise
des drôles de changements et
n’arrive pas à renverser le cours
d’un match qui ne tourne pas
bien. Au contraire de Geraerts,
qui fait des changements im-
pactants, Parker n’est pas en-
core décisif en tant qu’entraî-
neur. Il faut un déclic et cela va
finir par arriver pour Bruges…”
Un avis partagé par Alex
Teklak, pour qui l’ancien in-
ternational anglais de 42 ans
se cherche encore et n’est
peut-être pas assez aidé par
son staff. “C’est normal qu’il tâ-
tonne vu qu’il s’agit de sa pre-
mière expérience à l’étranger et
qu’il ne connaît pas les spéci-
ficités du football belge. Il
faut voir dans quelle me-
sure son staff l’aide
pour le guider, comme
le staff avait aidé
Schreuder la saison
dernière. Ici, on est
face à une équipe qui
manque de dynamisme et qui
a besoin d’être reboostée. Par-
ker a amené plus d’incertitu-
des dans la tête des joueurs
que de certitudes. Les
joueurs manquent de re-
pères et c’est claire-
ment le bon mo-
ment pour l’Union
de les jouer.”
Les jours qui arrivent se-
ront pourtant décisifs pour
les Blauw en Zwart. Quelques
jours après la réception de
l’Union, ils accueilleront Ben-
fica lors du huitième de fi-
nale aller de la Ligue des
champions. Un moment his-
torique qui pourrait trotter
dans les têtes des joueurs
vendredi soir. “Ils ont intérêt à
faire un bon résultat face à
l’Union pour ne pas recevoir
Benfica avec trop de stress et la
peur d’être largement battus,
avance de Coninck. Ils doivent
partir du principe que l’Union
est tout aussi important que
Benfica. En cas de défaite ven-
dredi, cela deviendra chaud
pour les Champions playoffs,
car Gand mais aussi le Stan-
dard ne sont plus très loin…
Même si Bruges n’est pas au
top et que l’Union est vue par
beaucoup comme la favorite,
prendre un point resterait une
belle performance pour les
Bruxellois.”
. Une affiche alléchante
Vendredi soir, tous les re-
gards seront tournés vers le
Jan Breydel Stadion. La ren-
contre pourrait être un mo-
ment clé pour les deux équi-
pes : en battant Bruges,
l’Union pourrait vaincre le si-
gne indien et passer un cap
psychologique. De son côté,
Bruges a l’occasion de relan-
cer totalement sa saison tout
en mettant fin à l’incroyable
série d’une équipe roulant
sur la Pro League. “Peu im-
porte l’adversaire qui se dé-
place à Bruges, il ne sera ja-
mais favori, conclut Alex
Teklak. Ce serait de toute façon
mettre une pression inutile sur
l’Union. Mais c’est clair qu’ils
ont plus d’armes et plus de cré-
dit que la saison passée. Le
mieux est de ne pas trop parler
dans les médias, d’arriver sur la
pointe des pieds et de parler
après le match. Ils ont ce qu’il
faut pour se déplacer en con-
quérants tout en ayant du res-
pect envers Bruges, qui pourrait
être piqué au vif et qui voudra
remettre les pendules à l’heure.
Les Brugeois en manque de re-
pères ont les qualités pour re-
trouver leur football, ne se-
rait-ce que par orgueil…”