XAVIER THIRION
La joie des Unionistes, qui s’accrochent derrière le leader genkois grâce à ce nouveau succès.Photo News
Défaite cruelle pour Anderlecht. En supériorité numérique pendant plus de 80 minutes, l’Union a remporté son 6 e succès de rang contre le RSCA. Courageux, les Mauves ont mené, mais n’ont guère été aidés par les circonstances. next
Le départ de Felice Mazzù du parc Duden et… du parc Astrid n’y aura donc rien changé : l’Union est plus que jamais la bête noire d’Anderlecht depuis dix-huit mois et a signé, dimanche, son 6 e succès d’affilée en championnat contre les Mauves. « 6/0, jeu, set et match », comme le résumait la banderole des supporters unionistes présents à l’ombre de saint Guidon.
9 cartes jaunes et 1 rouge !
Cette fois, le résultat n’en est pas moins très cruel pour les Anderlechtois. Dans les chiffres et dans la manière. Et l’on peut parfaitement comprendre la frustration de Brian Riemer et de tout le clan visité, guère aidés pour l’occasion par l’arbitre Bram Van Driessche qui ne fut pas étranger aux vives tensions caractérisant ce véritable combat. Un spectacle indigne de Pelé – 9 jaunes et 1 rouge- , auquel un stade comble a rendu hommage avant le coup d’envoi et qui pourrait laisser des traces pour les futurs chocs de la capitale. Réduit à dix pendant plus de 80 minutes, à la suite de l’exclusion de N’Diaye coupable d’avoir arrêté Lazare filant vers le but, le Sporting se demande toujours pourquoi Burgess n’a pas été sanctionné de la même façon, en fin de premier acte, pour avoir retenu Amuzu qui s’en allait lui aussi vers le rectangle adverse. Puisant dans l’adversité l’énergie du désespoir, Anderlecht avait réussi l’exploit de prendre l’avantage peu après l’heure de jeu, Silva concrétisant superbement un centre d’Amuzu pour inscrire son premier but de plein jeu depuis… 1099 minutes (1-0).
L’Union s’accroche
à 7 points de Genk
Mais c’est à… 9 contre 11 que Jan Vertonghen et les siens allaient concéder l’égalisation via Puertas, M. Van Driessche ayant interdit à Sardella de remonter sur le terrain après s’être fait soigner sur la touche. La suite était inévitable. Le RSCA s’écroula physiquement à trois minutes du terme, sur une frappe de l’excellent Lynen, doublement déviée par Arnstad et Vertonghen (1-2), puis dans les derniers instants sur une très belle combinaison concrétisée par Adingra (1-3).
Bien que privée de son capitaine Teddy Teuma, suspendu, l’Union poursuit sa marche en avant et, contrairement à Bruges, s’accroche au leader genkois dont il n’est qu’à sept longueurs. Elle n’est plus, désormais, qu’à un succès du record de ces mêmes Brugeois qui avaient battu Anderlecht sept fois de rang entre 1995 et 1999. Avec 19 points d’avance sur son voisin, l’USG est plus que jamais le premier club bruxellois du moment. Elle vient par ailleurs de signer un impressionnant 22 sur 30 en déplacement, avec un septième succès d’affilée à l’extérieur. Restant sur 11 rencontres sans défaite, elle n’a plus perdu depuis la huitième journée contre Genk (1-2), le 11 septembre !
Les Mauves, de leur côté, relégués à onze longueurs du Top 4 et à 26 unités de la première place, voient leur participation aux… play-offs 2 toujours aussi compromise. Légitimement frustrés par les événements de dimanche, ils ne doivent toutefois pas oublier que leurs soucis dépassent largement le cadre de cette 19 e journée. Le RSCA a perdu quatre de ses cinq derniers matches de Pro League au parc Astrid où, cette saison, il ne s’est imposé que contre Ostende, Seraing, Courtrai et Eupen. Et, si Verbruggen – préféré à Van Crombrugge poussé vers la sortie, fut décisif à au moins trois reprises- et Ashimeru, ont fait illusion face à l’Union dans des circonstances très compliquées, les lacunes anderlechtoises restent inquiétantes en dépit d’une rage de vaincre retrouvée et qu’il convient de louer. Brian Riemer sait qu’il lui reste énormément de travail.
Trebel sur le banc
Dimanche, il avait décidé de se passer de Trebel au profit de Diawara. Un message clair, à l’attention du Français qui arrivera en fin de contrat en juin prochain ?
Quoi qu’il en soit, les hommes du Danois auront bien du mérite à retrouver le moral, d’ici le week-end prochain, et le Topper à Bruges. Il est des revers qui font plus mal et qui sont plus lourds de conséquences que d’autres.
La connexion Lynen-Puertas a fonctionné du tonnerre
V.M.
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5,5
Moris : une rencontre frustrante puisqu’il n’avait rien eu à faire avant le but de Silva, si ce n’est deux sorties dans les pieds. Mais il ne pouvait absolument rien sur la frappe du Portugais. Un arrêt en toute fin de match sur Amuzu.
6
Kandouss : il laisse trop d’espace à Amuzu qui a le temps d’ajuster son centre sur le but. Dommage car, pour le reste, il a livré une rencontre très solide.
5,5
Burgess : surpris par la vivacité de Silva sur le but. L’Anglais commet aussi une double erreur à la 42 e qui aurait pu lui coûter très cher, mais qui ne fut sanctionnée que d’une carte jaune. Il loupera la prochaine rencontre de championnat contre l’Antwerp.
6,5
Van der Heyden : solide défensivement, il n’a pas hésité à soutenir les offensives de son équipe. Mais s’est parfois également montré brouillon à la relance en première période.
7
Nieuwkoop : le Néerlandais était déchaîné sur son aile droite. Auteur d’un nombre de courses hallucinant, il s’est souvent retrouvé en position intéressante offensivement, délivrant de nombreux centres. Il se procure également une toute belle occasion juste avant la pause, sa frappe enroulée obligeant Verbruggen à une superbe détente.
8
Lynen : en l’absence de Teuma, il a joué un peu plus haut que d’habitude. Et a pris ses responsabilités avec un but et un assist à la clé.
6,5
El Azzouzi : le remplaçant de Teuma avait la pression pour sa deuxième titularisation de rang. Mais il s’en est bien sorti grâce à un jeu simple et direct. Placé en sentinelle devant la défense, il a mis de l’impact physique.
7
Adingra : comme à son habitude, il a beaucoup provoqué sur son flanc gauche. Ses efforts ont finalement été récompensés en toute fin de match lorsqu’il inscrit son dixième but, toutes compétitions confondues, pour l’Union.
7
Lazare : l’Ivoirien a fait très mal à Anderlecht, surtout en première mi-temps où il a mis le feu à de nombreuses reprises. Très impressionnant dans ses sprints balle au pied entre les lignes, il provoque la carte rouge de N’Diaye.
6,5
Vanzeir : on l’a souvent retrouvé excentré sur le flanc droit où il a délivré un paquet de centres. Juste avant le goal anderlechtois, il est à deux doigts de trouver l’ouverture mais sa frappe croisée du gauche est brillamment écartée par Verbruggen.
6,5
Boniface : le Nigérian s’est vu récompenser de son travail de sape par un superbe assist à Adingra en toute fin de match.
Remplaçants
8
Puertas : une excellente montée au jeu couronnée du but de l’égalisation et d’un assist. Probablement son plus beau moment depuis son arrivée à l’Union il y a un an.
7
Lapoussin : à la base du but de Puertas avec un « pré-assist » pour Lynen.
NC
François, Terho, Nilsson.
BRIAN RIEMER
PROPOS RECUEILLIS
PAR V. J.
Brian Riemer
Pour sa troisième rencontre à la tête des Anderlechtois, la première à domicile, Brian Riemer était assez mitigé par rapport à ce revers qui s’est dessiné à la fois précocement avec l’exclusion de N’Diaye puis tardivement avec les trois buts de l’Union.
M. Riemer, quels sont vos sentiments après cette défaite que l’on imagine amère pour les Anderlechtois ?
Tout d’abord, je tiens à féliciter l’Union, qui a continué à pousser alors qu’on menait au score, même à la 80
e
. Après, bien sûr, même si je suis satisfait du comportement de mes joueurs qui ont réussi à garder une excellente organisation sans en recueillir les dividendes espérés après tant d’efforts, je suis déçu du résultat final. Avant d’émerger sur la fin, l’Union s’était bien sûr montrée dangereuse à plusieurs reprises mais c’était normal, non
? Globalement, on a réussi à les maintenir assez calmes. Quelle équipe, même du top, peut se targuer de garder son organisation durant 95 minutes après avoir subi une exclusion dès la 6
e
minute
? Parfois, on peut discuter de l’une ou l’autre action qui a des conséquences mineures sur le match mais là, avec cette carte rouge, ce n’était pas le cas.
Au fait, quel est votre avis sur cette exclusion ?
Je précise avant tout que je ne suis pas arbitre moi-même et que je laisse cela à votre appréciation ou à celle des spécialistes de l’arbitrage. Pourtant, il me semble quand même que l’action se déroule loin du but de l’Union et que Zeno (NDLR
: Debast) pouvait encore couvrir Moussa (NDLR
: N’Diaye). Il fallait quand même pas mal de conditions pour que l’Union soit assurée de marquer sur cette action.
Globalement, il y a eu beaucoup de cartons jaunes dont certains sont discutables, non ?
Oui, mais une fois encore, je ne suis pas arbitre et je ne me prononcerai pas dans le détail par rapport à ces cartons distribués parfois un peu rapidement, dans le contexte d’un derby tendu, où il y avait beaucoup de passion et d’engagement. Ce que je veux dire c’est que je suis fier de mes joueurs, qui se sont battus l’un pour l’autre sans relâche tout en faisant preuve d’une excellente organisation générale. En parlant d’organisation, il est évidemment regrettable de constater que tout le travail qu’on a réalisé ces derniers jours est quelque part tombé à l’eau suite à cette exclusion précoce. Je suis triste, autant pour les joueurs que pour les supporters qui attendaient cela depuis longtemps et qui ont, eux aussi, été formidables.
KAREL GERAERTS
« Le but d’Anderlecht nous a réveillés »
PROPOS RECUEILLIS PAR V. J.
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Et de six ! En menant ses troupes à une sixième victoire de rang face au prestigieux voisin anderlechtois au terme d’une rencontre plus disputée que prévue, même après l’exclusion prématurée de Moussa N’Diaye, Karel Geraerts s’est encore davantage inscrit dans l’histoire du club saint-gillois.
Après la rencontre, l’ancien adjoint devenu T1 avait toutefois le triomphe modeste.
M. Geraerts, avez-vous à un moment donné douté de la possibilité de voir l’Union remporter un 6 e succès de rang face à Anderlecht ?
Honnêtement, non. Bien sûr, la carte rouge (NDLR : de Moussa N’Diaye) a eu une influence énorme sur le déroulement du match parce qu’elle a forcé les joueurs anderlechtois à revoir leur copie. Le Sporting a démontré de très belles qualités d’organisation défensive mais ne s’est pas souvent montré dangereux. De notre côté, on a su rester calme, en continuant à les bousculer, certainement quand on a constaté qu’ils étaient fatigués après avoir dû courir énormément en infériorité numérique. Cela a fini par payer pour notre plus grand bonheur, aussi parce qu’à 1-1, on a senti que le match pouvait basculer, qu’on devait viser un nouveau succès.
Pourtant, vous avez encaissé les premiers. Avez-vous aussi le sentiment, comme l’a indiqué Teddy Teuma au micro d’Eleven, que ce but a agi comme un électrochoc qui a permis à certains de se réveiller ?
Sans doute qu’ils nous a réveillés, oui. À ce moment, je trouve qu’on n’était pas assez bons, qu’on jouait de manière trop lente. Ce but d’Anderlecht, on ne l’attendait pas à ce moment, il est un peu sorti de nulle part mais il nous a en quelque sorte forcés à continuer à produire des efforts, à repartir de l’avant. Une fois qu’on a égalisé, au terme d’un superbe but d’ailleurs, on a davantage montré de belles combinaisons, en trouvant plus efficacement, la profondeur. Durant ce match on a aussi changé à deux reprises de système, preuve que par moments, on doit et on sait s’adapter aux qualités de nos adversaires ou aux circonstances du match.
Certains réservistes ont marqué des points aussi, non ?
En effet, ils ont tous démontré d’éclatante manière qu’on formait un groupe uni et solidaire. Ce qu’a proposé Cameron Puertas, ce dimanche soir, en est le meilleur exemple. Au-delà de son but, superbe, il est monté au jeu avec une envie incroyable, prêt à aider ses équipiers, à se mettre à leur service sans calculer ses efforts. En tant qu’entraîneur, il est souvent frustrant de ne pas pouvoir aligner plus de onze noms sur la feuille de match, certainement quand la concurrence est si forte et l’ambiance aussi bonne.
STÉPHANE BRÉDA
« La carte rouge de N’Diaye est sévère »
RECUEILLI PAR PH.DW.
Dès la 6e minute…Belga
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La carte rouge donnée par M. Van Driessche à l’Anderlechtois N’Diaye à la sixième minute, pour sa faute sur l’Unioniste Lazare, fait beaucoup parler. Sur Eleven, Benjamin Deceuninck et Nordin Jbari la jugent inappropriée. Notre consultant Stéphane Bréda est du même avis :
« M. Van Driessche siffle la faute et son juge de touche signale un hors-jeu. Le VAR, où se trouve M. Vergoote, ne peut en fait intervenir que s’il estime qu’il y a carte rouge car il ne peut pas se manifester simplement pour un hors-jeu, s’il considère que la rouge ne s’impose pas. C’est ce qu’il signale à M. Van Driessche qui, sachant alors qu’il n’y a pas hors-jeu, va voir les images et sort la rouge. Ce qui signifie que, pour lui, il y a annulation d’une occasion franche de but. Là, il faut préciser plusieurs choses. Tout d’abord, on ne peut juger cette éventuelle occasion que sur le joueur sur qui la faute est commise, et pas en imaginant qu’il va passer le ballon à Boniface, qui est devant Vertonghen. Sinon, une faute commise sur un joueur qui déborde collé à la ligne et peut centrer vers un équipier seul au point de penalty sera punie d’une carte rouge, ce qui ne serait évidemment pas correct. M. Vandriessche a donc dû estimer que Lazare allait tirer, avec une bonne chance de marquer. Je ne le rejoins pas car d’une part Lazare est décalé, et d’autre part Vertonghen peut encore revenir et le contrer. Donc, pour moi, la carte rouge est sévère. Pas scandaleuse mais j’aurais donné jaune… »
UNION
« Le 1 er club de Bruxelles? On peut dire ça, oui ! »
VINCENT MILLER
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Les Saint-Gillois ont eu chaud au parc Astrid. Mais ils avaient naturellement le sourire à la sortie du vestiaire. « Ce but encaissé à onze contre dix », expliquait le milieu de terrain saint-gillois Senne Lynen, deuxième buteur de l’Union ce dimanche. « Quand on a encaissé, j’ai eu peur qu’ils gagnent du temps, qu’ils arrêtent sans cesse le jeu. En tout cas, ce n’était pas « nécessaire » de prendre ce goal. Car tant qu’on restait à 0-0, on savait qu’on pouvait marquer le 0-1. Et que le match aurait alors été fini. »
Ce ne fut pas le cas et les Unionistes durent aller chercher des ressources au plus profond d’eux-mêmes. « Mais on a déjà fait quelques remontées cette année. Cela joue donc dans les têtes des adversaires qui savent que ce n’est jamais fini face à nous. »
Et c’est Senne Lynen en personne qui a sonné la révolte en délivrant un astucieux assist sur le but de Puertas, avant d’inscrire le second but sur une frappe déviée. « Mon tir est touché deux fois. Mais même s’il ne l’était pas, il partait de toute façon bien du côté droit. »
Comme tous les Unionistes, le milieu de terrain belge savourait donc cette sixième victoire de rang face à son voisin. « Si on est le premier club de Bruxelles ? Oui on peut dire ça ! Il y a deux ou trois ans, on n’aurait jamais pu y croire. Chapeau à tout le club et aux supporters, c’est énorme ! »
V.M.prev
En deuxième période, les supporters de l’Union ont déployé une banderole à l’encontre de Philippe Bormans, le directeur général du club. «
Bormans, si t’as pas la passion, retourne à Saint-Trond
», pouvait-on y lire. Les fans des Jaune et Bleu déploraient là le fait que le huitième de finale retour de l’Europa League, programmé le 16 mars prochain, se jouera au Lotto Park d’Anderlecht. Et non à Louvain comme ce fut le cas lors des précédentes rencontres européennes.
LE DÉBRIEF DE PHILIPPE ALBERT
« L’Union est deux crans au-dessus d’Anderlecht ! »
RECUEILLI PAR PHILIPPE DEWITTE
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