Koki Machida est l’une des deux recrues hivernales de l’Union Saint-Gilloise. Quatorzième joueur nippon de Pro League avec Watanabe et Kagawa qui ont aussi rejoint la Belgique en janvier, il débarque de J-League avec des solides références tant dans sa compétition locale qu’au niveau continentale où certains le classent parmi les meilleurs défenseurs. Présentation tactique de cet élégant gaucher d’1m90.
Contrairement à Kacper Kozlowski qui a pris place sur le banc unioniste au Pairay et a remplacé Casper Nielsen dans les dernières secondes de jeu, Koki Machida, l’autre recrue hivernale des leaders du championnat, ne figurait pas sur la feuille de match présentée par Felice Mazzu à Seraing. Pour sa défense à trois, l’entraîneur de l’année avait laissé Christian Burgess sur le banc et opté pour un trio Jonas Bager, Damien Marcq (pourtant milieu de terrain de formation) et Ismaël Kandouss. Suite à l’exclusion du premier, Burgess a remplacé le second afin de revenir à une défense à quatre où il occupait l’axe avec Kandouss.
La carte rouge de Bager qui vaudra au Danois deux petites semaines de vacances pourrait aider Koki Machida à apparaître plus rapidement dans le groupe saint-gillois. Mais finalement qui est ce nouveau japonais à débarquer dans notre championnat (le 14e, ce qui fait du Pays du Soleil Levant le 2e mieux représenté après la France au niveau des joueurs étrangers), en espérant pouvoir suivre les traces des Junya Ito et Ryota Morioka. Âgé de 24 ans, il débarque des Kashima Antlers, un club octuple champion du Japon que vient de rejoindre un désormais ancien de Pro League, Yuma Suzuki. Le club a terminé quatrième de la dernière édition de la J-League juste derrière le Vissel Kobe d’un autre défenseur central gaucher élégant bien connu dans notre pays: Thomas Vermaelen.
Machida a disputé 34 des 38 matches de son équipe dans le championnat japonais. Il a remporté le titre de champion du Japon en 2016 mais n’avait disputé que deux matches à l’époque. Son club a aussi remporté la Champions League asiatique pendant son séjour. Membre de l’équipe des U23 japonais, il attend désormais une convocation avec les Samourais Bleus et espère que son aventure européenne va l’y aider. Koki Machida faisait partie des quatre joueurs nippons à avoir été convoqués en dernière minute pour la sélection olympique en août dernier après qu’il eut été décidé d’élargir les listes de joueurs de 18 à 22. A Tokyo, il a d’ailleurs côtoyé un certain Kaoru Mitoma qu’il retrouvera au stade Joseph Marien. Le défenseur central n’a en revanche joué que 5 minutes lors du premier match des samourais bleus contre l’Afrique du Sud. Lors des autres rencontres, il ne figurait même pas sur la feuille de match.
Contrairement à ce qu’il connaîtra à Saint-Gilles, Machida évoluait dans une défense à deux du côté des Kashima Antlers. Pour renforcer son trio défensif, Mazzu cherchait un vrai gaucher fort dans les duels et capable d’apporter une première bonne relance, profil qu’il ne disposait qu’avec Siebe Van der Heyden. Koki Machida comblera-t-il ce manque ? Nous nous sommes interessés à ses performances en Asie où son jeu a été décortiqué par Mario Husillos Jr, consultant dans le domaine du football basé en Espagne mais aussi scout pour le club argentin de Velez Sarsfield.
Pour le site totalfootballanalysis, notre expert a collecté les données de tous les défenseurs centraux évoluant dans les championnats asiatiques afin de déterminer qui était le meilleur. Il a établit des classements selon différents critères: le positionnement et les interventions défensives, les duels gagnés et notamment dans les airs, la qualité du passing et le nombre de buts marqués.
Concernant ses aptitudes défensives, Koki Machida occupe la 7e place du classement. Il est devancé dans ce classement par Dankler (Al Ahli), Sasaki (Sanfrecce Hiroshima), Muniesa (Al Arabi), Koide (Oita Trinita), Aymen (Qatar SC) et Kikuchi (Vissel Kobe), donc trois autres joueurs de J-League.
Pour établir ce ranking, Husillos a déterminé sur un axe les actions défensives réussies toutes les 90 minutes qui sont définies comme la somme des duels défensifs gagnés, des interceptions et des tacles glissés réussis. Sur l’axe des ordonnées, il a intégré les interceptions permettant de garder possession. Sur base de ces données, l’on remarque donc que Machida est l’un des tous meilleurs notamment grâce à son taux d’interception avec récupération du ballon (8,93 toutes les 90 min et 6,58 quand elles ne servent qu’à couper une action). Il excelle aussi avec les actions défensives réussies (11,26 par 90 min). Cela témoigne de son activité et de son intelligence défensive.
Grâce à son mètre 90, le natif d’Ibaraki est assez efficace dans le domaine aérien. L’an dernier, il a remporté 67,55% de ses duels dans les airs, ce qui en fait un membre du top 6 des championnats asiatiques. Si Machida obtient également un très bon pourcentage de duels défensifs remportés (71,6%), son implication se trouve juste au-dessus de la moyenne (6,18 duels défensifs par 90 min). Sur le plan défensif, ces statistiques aurait tendance à montrer que Mazzu pourra compter sur un garçon qui peut s’adapter à ce qu’il exige.
Intéressons nous maintenant aux qualités offensives du gaillard. Koki Machida a marqué à 8 reprises au cours de ses 87 duels disputés dans la compétition nipponne. Mais c’est surtout en 2021 qu’il a le plus secoué les filets avec 5 buts, soit plus de la moitié de son total en carrière. Dans la compétition japonaise et en Asie, c’est le défenseur brésilien Tiago Pagnussat du Cerezo Osaka, qui se révèle être l’un des meilleurs défenseurs centraux dans les airs. Il a marqué 0,32 but sur 0,14 expected goals et a tiré 1,2 reprises par tranche de 90 minutes en 2021. Sa puissance dans les airs fait donc la différence aux deux extrémités du terrain. Dans ce registre, Machida s’en sort avec les honneurs. Il en est 0,13 buts sur 0,09 expected goals.
Une “progressive pass” est en résumé une passe qui fait significativement avancer le jeu et essaie de casser des lignes. Dans ce domaine, Koki Machida se situe dans la moyenne, tentant desun nombre de “progressive passes” supérieur à la moyenne (8,84 par match) mais leur taux de réussite est en revanche moindre puisque 68,39% d’entre elles arrivent à bon port. Le maître dans cet aspect du jeu dans le championnat japonais est Akito Fukumori , 28 ans, qui porte les couleurs d’Hokkaido Consadole Sapporo. Près de 81% de ses 14,83 passes tentées en moyenne arrivent à destination.
Le nouveau défenseur central unioniste figure dans le quatuor des meilleurs éléments d’Asie pour les passes réalisées vers l’avant (48,04%) et est proche des 25% affichés par les meilleurs joueurs en termes de “progressives passes” avec 21,29%. Le défenseur argentin Sergio Vittor qui évolue à Damac en Arabie Saoudite effectue 55,65% de ses passes vers l’avant et plus de 30% d’entre-elles sont considérées comme des “progressive passes”.
En conclusion, Koki Machida est selon les critères établis par Mario Husillos Jr comme un excellent défenseur central, et sans doute l’un des meilleur du continent asiatique. Seul son taux de duels défensifs gagnés par tranche de 90 minutes se situe un peu en dessous des meilleurs joueurs du continent. Le scout loue aussi le jeu en possession du Japonais, notamment pour la verticalité de ses passes, même si leur précision pourrait être améliorée. Il loue enfin sa capacité à marquer, notamment de la tête où il a marqué 4 de ses 5 buts en J-League.
Reste à voir désormais s’il est capable d’intégrer la belle mécanique huilée de Felice Mazzu lors des prochains moins et d’apporter ses qualités. Ou s’il faudra se montrer plus patient avec lui et attendre la prochaine saison avant de le voir vraiment en mesure de revendiquer une place de titulaire afin de ne pas perturber l’actuel bel équilibre unioniste.