SAINT-GILLES ET FOREST
Le ténor socialiste et la tête montante libérale
réclament un accord de principe de la
commune de Forest pour le stade de l’Union
Saint-Gilloise au Bempt.
L’ un est forestois,
l’autre saint-gillois.
Le premier occupe
son premier man-
dat, le second vient de partir
à la retraite après 40 ans de
politique. L’un est libéral,
l’autre socialiste. Cédric
Pierre De Permentier et Char-
les Picqué nous donnent évi-
demment rendez-vous à mi-
chemin de leur commune
respective : place Albert, au
bar du matin. Leur objectif,
défendre le projet de stade
de l’USG au Bempt. Une
union improbable pour sau-
ver l’Union.
Ce mardi 14 février, le con-
seil communal de Forest va
acter le refus de l’offre de
l’Union. Le club souhaitait
racheter à la commune un
terrain de 3.5 hectares pro-
che du site du Bempt pour
une somme de 3.5 millions
d’euros. Il compte y implan-
ter un stade de 15 000 à
16 000 places, aux normes
UEFA pour pouvoir accueillir
des matchs de compétitions
internationales.
“Pour l’instant, il n’y a eu
que des critiques de la part de
Forest sur ce que propose le
club. Nous deux, nous sommes
là aujourd’hui pour défendre
ce projet d’espoir et rappeler
qu’il est bon. Au lieu d’avoir
peur, la commune doit encou-
rager ce projet qui est une su-
per opportunité pour un quar-
tier, la commune et la région,”
argue le libéral, vice-prési-
dent de la régionale MR. Ce
dernier votera pourtant pour
le rejet de l’offre du texte au
conseil communal de mardi.
“En l’état, il est normal que la
commune refuse l’offre mais au
lieu de simplement refuser et
donner des arguments flous,
elle devrait encourager le club,
l’encadrer. Il faut arrêter l’at-
tentisme dans ce dossier, arrê-
ter de bloquer sur des aspects
formels.”
. “La survie du club est
en jeu”
Charles Picqué, moins légi-
time pour parler des enjeux
foresto-forestois, l’est tout à
fait pour parler du club. L’an-
cien bourgmestre de Saint-
Gilles a en effet été président
de l’Union Saint-Gilloise dans
les années 90. “On l’a sauvé
pendant vingt ans.
Aujourd’hui, l’Union est devenu
un véritable phénomène popu-
laire et on a les investisseurs
(“les Anglais”) qui sont prêts a
se donner. On n’en trouvera
pas d’autres des comme ça. Je
ne comprends pas à quoi joue
Forest. Je ne comprends pas
pourquoi ils agissent comme
ça. Les élections 2024 jouent
évidemment. Mais ici, on doit
dépasser les clivages politiques
pour un projet comme ça. C’est
ce que nous faisons
aujourd’hui. On doit aussi dé-
passer le Bempt ou Forest, c’est
plus large que cela. Sans ça on
est condamné à revivre ce que
j’ai vécu pendant trop long-
temps, des matchs avec quinze
personnes dans le public. Si on
s’en fiche de la première divi-
sion il faut le dire.”
La crainte des deux hom-
mes : que les Anglais se las-
sent des refus sans discus-
sion. “Il faut montrer une porte
ouverte au club. Montrer un ac-
cord de principe. Après on dis-
cute des modalités et on ac-
compagne le club pour que le
projet soit le meilleur pour
tous. Le temps presse.”
. Le Bempt ou rien
Annoncé pour 2024, le
stade ne pourra pas être réa-
lisé au mieux avant 2026. “Et
il faut qu’il soit prêt en 2026,
sans quoi on prend le risque de
voir tout le travail de sauve-
tage de l’Union, tout le phéno-
mène populaire qui l’entoure
aujourd’hui avec des résultats
incroyables totalement per-
dus.”
On pourrait répondre aux
improbables alliés que le
Bempt n’est peut-être pas le
meilleur site pour un stade
de cette ampleur.
Foutaise pour les deux
hommes. “L’étude de 2021 me-
née par Perspective désignait
l’emplacement comme le
meilleur scénario. Le club a
cherché ailleurs en périphérie
aussi mais rien de comparable
au Bempt,” commence le so-
cialiste.
Le libéral poursuit : “La
zone n’a aucune valeur ajou-
tée, n’a pas de perspective de
développement. Le terrain de
rugby sera déplacé et, pour le
reste, on parle d’un espace
technique de la commune. La
majorité répond qu’il n’y a pas
de place pour le mettre
ailleurs, mais est-ce que l’on a
regardé les commune voisines?
Le cimetière de Forest est à Al-
semberg par exemple et ça ne
choque personne, alors pour-
quoi pas ce dépôt technique. Il
n’y a aucune volonté de discu-
ter des modalités avec le club
pour trouver un arrangement.
On leur dit juste non avec une
liste d’arguments sans cher-
cher plus loin.”
. La Région reprend
la main
Très rapidement, après
l’annonce du refus de l’offre
du club par Forest, les minis-
tres Rudi Vervoort (PS) et Pas-
cal Smet (Vooruit) sont mon-
tés au créneau pour “repren-
dre la main” et mener les
négociations.
Le socialiste flamand a
d’ailleurs rappelé que le site
du Bempt restait le meilleur.
Peut-être l’un des premiers
signes clair et positif pour le
club depuis longtemps. “La
Région a un rôle à jouer en
tant que tutelle. Elle contrôle
les décisions communales mais
surtout, elle doit veiller à l’inté-
rêt commun,” explique Char-
les Picqué, l’un de ceux qui
l’ont fondé.
Sachant que c’est la Région
qui délivrera le potentiel per-
mis du stade. Mais pour ça,
Forest doit vendre.
“L’intérêt commun, c’est per-
mettre au club de continuer
son chemin, poursuit le cadet.
Encadrer la mutualisation du
futur stade. Le club discute par
exemple avec les Red Flames.
Mais aussi assurer la sécurité.
Le stade Marien au Duden n’est
plus adapté, la sécurité peine à
y être assurée quand il y a des
débordements comme contre
Charleroi ou Beerschot. Sans
parler des nuisances pour les
riverains de la chaussée de
Bruxelles. L’Union propose ici
un stade à deux pas du Ring.
Les flux n’auraient même plus
besoin de rentrer dans Forest.”
Charles Picqué et Cédric
Pierre De Permentier tirent
donc la sonnette d’alarme et
demandent à la commune de
créer un espace de dialogue
sain avec le club.