C
hris O’Loughlin se
souviendra long-
temps de l’été mou-
vementé de l’Union. Au to-
tal, le directeur sportif a
travaillé sur la signature de
dix nouveaux joueurs tout
en voyant douze Unionis-
tes quitter le navire. “Ces
derniers jours ont été un peu
plus calmes, sourit
l’homme de 45 ans quand
il nous reçoit dans l’une
des pièces du stade Marien.
Cela n’a pas été
facile car je n’ai
pas déconnecté
depuis le der-
nier match de
la saison face
à Bruges :
quelques
jours après la
fin du cham-
pionnat, nous
avions déjà officia-
lisé plusieurs
joueurs…”
Pendant près d’une
heure, celui qui n’est d’ha-
bitude pas un grand fan
des entretiens a fait le bi-
lan de son mercato et de la
méthode de travail unio-
niste.
Vous attendiez-vous à un
mercato aussi animé ?
“Nous savions que beau-
coup de joueurs allaient
partir avant le début du
championnat. Le premier
jour de la préparation,
nous n’avions pas assez
de place dans le vestiaire
car beaucoup de nou-
veaux joueurs étaient déjà
arrivés avant même ces dé-
parts. Puis, quand le cham-
pionnat a commencé, cer-
tains se demandaient quand
l’Union allait s’activer sur le
marché des transferts… Tout
était calculé en termes de
départ hormis l’une ou
l’autre surprise.”
Les départs d’El Azzouzi
(Bologne) et de Nieuwkoop
(Feyenoord) sont les surpri-
ses ?
“Oussama a énormément
progressé et a fini la saison
en boulet de canon. Il s’est
ensuite fait remarquer lors
d’une très belle campagne à
la Can U23. Ce n’était pas im-
possible de le garder mais il
faut être réaliste en tant que
club quand un joueur peut
rejoindre une grande compé-
tition. Le plan n’était pas
qu’il parte, mais quand les
deux clubs et le
joueur trou-
vent un ac-
cord, il n’y
a rien à dire. Concernant
Nieuwkoop, nous aurions
voulu qu’il reste, mais je com-
prends l’envie d’un joueur
qui retourne dans le club de
son cœur avec lequel il
jouera la Ligue des cham-
pions.”
Vu le nombre important de
départs, l’Union a débuté un
tout nouveau cycle cet été.
“Il faut imaginer une ligne
du temps qui a débuté il y a
quatre ans. Sur ce laps de
temps, nous avons eu beau-
coup de cohérence dans
l’équipe avec des joueurs qui
sont arrivés pour remplacer
d’autres ayant fait un pas en
avant dans leur carrière.
Nous avons par exemple si-
gné Machida en janvier 2022
en sachant que Van der
Heyden n’allait pas
rester éternelle-
ment. C’est nor-
mal que des
joueurs
comme Van-
zeir, Undav
ou Teuma et
Boniface fi-
nissent par
quitter la Belgique. Tout ce
qu’on peut faire est de faire
attention à notre ligne du
temps pour être prêts avec les
bons joueurs au moment où
l’équipe doit être rafraîchie.”
Le mot d’ordre est “antici-
pation” ?
“C’est plus de la planifica-
tion que de l’anticipation.
Nous avions planifié le dé-
part de Van der Heyden car
nous savons que des joueurs
ne restent pas six ans dans
un club. Le processus de re-
crutement de certains nou-
veaux joueurs présents le
premier jour de la prépara-
tion estivale a débuté en no-
vembre dernier. À l’époque,
Undav avait été présenté en
juillet 2020 mais les premiè-
res discussions avaient eu
lieu plusieurs mois avant sa
signature. Nous n’avons par
exemple pas décidé de nous
intéresser à Sadiki le jour où
El Azzouzi a quitté l’Union…
Il y a un gros travail en
amont.”
Cette planification est-elle
aussi présente pour les trans-
ferts réalisés en toute fin de
mercato ?
”Clairement. Les contacts
ont été pris il y a plusieurs
mois pour un joueur comme
Kevin Rodriguez même s’il a
signé tardivement cet été.
Nous ne faisons jamais un
deal de dernière minute, tout
est prévu. Mais parfois, il
nous arrive de rater une ci-
ble : récemment, nous vou-
lions un joueur évoluant en
D2 dans son pays. Tout était
réglé, j’avais rencontré son
père devant le stade après
Union-Charleroi de la sai-
son passée. Ils avaient
adoré l’ambiance et le jeu
proposé par notre équipe.
Mais au dernier moment, un
club qualifié cette saison
pour la Ligue des champions
l’a convaincu de signer. Par-
fois, on a beau avoir un plan,
certaines cibles nous filent
entre les doigts.”
Quel regard portez-vous sur
la vente pour plus de 20 mil-
lions d’euros de Victor Boni-
face ?
“Avant qu’un joueur ne si-
gne, nous lui demandons
toujours deux choses. La pre-
mière est qu’il donne tout sur
le terrain pour aider le club à
être le plus compétitif possi-
ble. La seconde est de contri-
buer à la culture de l’Union.
En contrepartie, nous lui ex-
pliquons que nous serons
toujours fiers de l’amener
vers l’étape suivante de sa
carrière car nous savons
qu’un club belge n’est qu’une
étape vers l’un des cinq gros
championnats. Nous avons
tenu le même discours à Bo-
niface lors de son arrivée. Il a
tout donné sur le terrain et
nous sommes désormais fiers
de le voir jouer en Bundes-
liga. En tant qu’attaquant
puissant et imprévisible, il
avait un profil vraiment spé-
cial.”
Avez-vous changé votre fa-
çon de travailler vu les mon-
tants beaucoup plus élevés à
l’Union, aussi bien dans vos
ventes que dans vos achats ?
“Non, si notre méthode
s’est améliorée ces dernières
années, nous travaillons tou-
jours de la même manière en
commençant par analyser les
datas puis en regardant le
joueur de manière intense
pour connaître parfaitement
son style de jeu. Il y a ensuite
un gros travail autour de la
personnalité du joueur. Tout
ce processus-là n’a pas
changé. C’est clair que le club
était dans une autre dimen-
sion au niveau des budgets il
y a quelques saisons. Mais
nous avons grandi étape par
étape tout en gardant nos va-
leurs et nos principes. À cha-
que transfert entrant, nous
pensons vraiment que l’ar-
gent mis sur la table pour tel
ou tel joueur est sa réelle va-
leur.”
Est-il désormais plus facile
de convaincre un joueur
qu’auparavant ?
“Les joueurs connaissent
désormais mieux l’Union, il
ne faut plus leur expliquer le
plan du club. Mais le proces-
sus n’a pas changé dans le
sens où nous voulons tou-
jours signer les bons profils
qui ne sont peut-être pas les
plus connus. Vous n’imaginez
pas les noms fous de joueurs
qu’on m’a proposés cet été…
Il s’agissait pour certains de
très solides joueurs avec un
nom connu qui ont joué dans
les gros championnats. Mais
ce n’est pas dans notre ADN
de signer des joueurs comme
cela. Il y a trois ans, ces
joueurs ne nous auraient ja-
mais été proposés.”
Avez-vous le sentiment que
l’Union est actuellement
meilleure qu’il y a un an ?
“Il y a un an, on m’a posé la
même question (sourire).
J’avais répondu que chaque
équipe est spéciale. Lors de la
première saison en D1A,
l’Union était différente que la
saison suivante après la cam-
pagne européenne. Les
joueurs actuels ont un nou-
veau challenge et savent qu’il
y a beaucoup d’attentes
autour du club. En tout cas, si
nous pouvions créer une
équipe avec tous les joueurs
passés récemment à l’Union,
ce serait pas mal. Il faudrait
contacter EA Sports, le créa-
teur du jeu FIFA (sourire).”
Vu votre logique d’antici-
pation, avez-vous déjà des
noms de joueurs en tête en
vue du mercato hivernal ?
“Après la fermeture du
mercato estival, j’ai profité
d’un long week-end en étei-
gnant mon téléphone. Le
lundi suivant, en le rallu-
mant, j’ai reçu un message
d’un agent anglais qui me de-
mandait quels étaient les be-
soins de l’Union pour jan-
vier… Je lui ai demandé s’il
était sérieux (rires). Cette
équipe a besoin d’apprendre
ensemble et nous verrons
plus tard si nous avons des
besoins particuliers pour jan-
vier mais nous croyons fer-
mement en l’équipe actuelle.
Nous n’avons aucun nom en
tête pour le mercato hiver-
nal.”
L’Union affronte ce jeudi
Toulouse, un club qu’aurait
pu rejoindre Castro-Montes…
”Je ne sais pas, il faut de-
mander à Alessio. Son trans-
fert a pris du temps mais il
est très content d’être à
l’Union. Sans parler de Cas-
tro-Montes, je sais que nous
avons eu des cibles commu-
nes avec Toulouse. Lors d’un
des derniers mercatos, ils
voulaient à tout prix un
joueur et ils pensaient l’avoir
convaincu. Je ne donnerai
pas son nom mais il est ac-
tuellement dans notre équipe
(sourire). L’ancien chef de re-
crutement de Toulouse m’a
appelé plus tard en me de-
mandant comment nous avi-
ons fait pour le convain-
cre…”
Après Toulouse, il y aura Li-
verpool puis Linz : quelle est
la place de l’Union dans ce
groupe ?
“Je ne veux manquer de
respect à aucune équipe, il
faudra faire attention à tous
nos adversaires. Mais vu la
qualité de notre groupe et
notre expérience euro-
péenne, nous avons une
chance de passer la phase de
groupes. (Il se rapproche du
téléphone qui enregistre
l’interview). Une chance ! Je
n’ai pas dit que ce sera forcé-
ment le cas, j’ai simplement
dit que nous avons une
chance d’y arriver.”
L’Union peut-elle refaire le coup ?
“Premier objectif : sortir du groupe”
Un an après sa formidable épopée
européenne, l’Union démarre sa nouvelle
campagne d’Europa League face à Toulouse.
Un match déjà très important.
C
inq mois et un jour
après avoir été élimi-
née aux portes des
demi-finales d’Europa Lea-
gue par le Bayer Leverku-
sen, l’Union Saint-Gilloise
s’avance dans une nouvelle
campagne de la même
compétition forte d’une
tout autre expérience et
d’un nouveau statut. Ver-
sée dans le troisième cha-
peau lors du tirage au sort,
elle a décroché le gros lot
avec Liverpool comme tête
de série et a plutôt été ver-
nie en héritant de LASK
Linz comme adversaire du
chapeau deux, un client a
priori moins solide que ne
l’aurait été le Sporting Lis-
bonne, Marseille ou encore
le Betis Séville.
C’est avec un match à
“domicile”, face à Toulouse,
que cette campagne dé-
marre. L’essentiel est évi-
demment de passer le cap
de ce premier tour, c’est-à-
dire terminer à une des
trois premières places du
groupe, sachant que la troi-
sième renvoie en barrages
de Conference League ;
mais l’objectif réel est plus
haut. “Beaucoup de nou-
veaux joueurs sont arrivés
cet été, ils ont vu les images
de la saison passée et toutes
les émotions que ces rencon-
tres ont créées, répond
Alexander Blessin. Mais on
doit écrire un nouveau chapi-
tre de notre histoire. C’est no-
tre mission. On est dans un
bon groupe, avec Liverpool
en club phare, et trois autres
équipes du même niveau. On
voudra évidemment gagner
tous les matchs… ce qui est
compliqué quand il y a Liver-
pool. L’objectif est de conti-
nuer en phase à élimination
directe d’Europa League.”
Terminer à une des deux
premières places, donc.
L’ambition est plus claire-
ment annoncée qu’il y a un
an. “Ceci dit, si on finit troi-
sième et qu’on passe en Con-
ference League, c’est intéres-
sant aussi”, tempère l’en-
traîneur allemand.
“Comme joueur, on a envie
de rester dans la compétition
où nous sommes : l’Europa
League. Je ne pense pas que
la troisième place soit un ob-
jectif dans la tête de quel-
qu’un, explique à son tour
Noah Sadiki. Mais je sais
aussi que l’Union sera plus
attendue qu’il y a un an.”
Pour faire aussi bien que
l’année passée, il faudrait
commencer de la meilleure
des façons face à l’équipe
qui se profile comme la
plus grosse concurrente
pour la deuxième place,
avant un déplacement à
Anfield Road qui s’annonce
terrible. Battre Toulouse ce
jeudi semble un must,
donc. Mais le T1 ne veut pas
mettre de pression sur son
groupe. “Si on doit gagner ce
premier match ? Non, on veut
le gagner, mais on n’est pas
obligé : il y a six matchs, ce
n’est pas encore une finale.”
Car il ne faudrait pas
oublier combien l’effectif
jaune et bleu a été cham-
boulé cet été. Si cela ne
s’est pas encore trop res-
senti en championnat,
qu’en sera-t-il en Coupe
d’Europe, alors que Moris,
Burgess, Lazare, Lapoussin
et Puertas sont les seuls ti-
tulaires à avoir participé
activement à la belle épo-
pée 2022-23 ? Castro-Mon-
tes, lui, dispose aussi d’une
certaine expérience avec
Gand, mais pour Mac Allis-
ter, Leysen – qui rempla-
cera à nouveau Machida –,
Vanhoutte, Sadiki, voire Ec-
kert, ce sera une décou-
verte.
. 12 millions €
la saison passée
Sur le plan financier
aussi, la RUSG espère que
l’exercice 2023-24 sera aussi
prolifique que le précé-
dent. L’UEFA a versé envi-
ron 12 millions € à l’Union
pour ses résultats et cette
manne a fait beaucoup de
bien à un club qui avait
perdu quelques dizaines de
millions en division 2 de-
puis la reprise, en 2018. Une
victoire ne rapporte pas
autant qu’en Ligue des
champions, évidemment,
mais tout de même
630 000 €, contre 210 000 €
pour un nul ; en plus d’une
prime de départ de
3,63 millions € et d’une
prime de coefficient de
1,45 million. Par ailleurs,
plus de 12 000 mini-abon-
nements ont déjà été ven-
dus pour les trois matchs,
avec ce que cela représente
comme rentrées. Tous espè-
rent voir les Bruxellois
autant briller qu’il y a un
an.
R. UNION ST.-G.
La première de Rodriguez?
Comme dimanche contre Genk, Machida est
blessé. C’est Leysen qui le remplacera, a
annoncé Blessin. Qualifié, Kevin Rodriguez
devrait vivre ses premières minutes pour
l’Union, mais ne sera pas titulaire.
Réserves :