Christian Burgess est l’un des leaders
de l’équipe de Karel Geraerts.
Christian Burgess
aime manier l’hu-
mour. Quand nous
l’avions croisé il y a
peu en lui demandant com-
ment il allait, l’Anglais avait
soufflé avec un sourire en
coin : “J’ai mal au dos… à force
de porter l’équipe.”
Quelques semaines plus
tard, son dos semble mieux
se porter. “J’ai justement dit ce
matin à Chris O’Loughlin
(NdlR : directeur sportif) que
j’étais fatigué de porter le club.
Vous remarquerez que je fais
tout le temps les mêmes bla-
gues donc ce n’est plus très
drôle (sourire). Plus sérieuse-
ment, j’ai encore plus le senti-
ment de voir une équipe sur le
terrain cette saison. Il y a un es-
prit collectif, entre les titulaires
et les remplaçants, qui fait que
personne ne porte l’équipe à lui
tout seul.”
Cet esprit collectif permet
aux hommes de Karel Ge-
raerts de pouvoir déjà oblité-
rer leur ticket pour le pro-
chain tour de l’Europa Lea-
gue dès ce jeudi soir, sur la
pelouse de Malmö. À la veille
d’un déplacement histori-
que, rencontre avec le défen-
seur central de 31 ans de na-
ture très calme mais qui peut
devenir un autre homme une
fois sur le terrain…
Christian, vous avez donné
une image de combattant
samedi dernier face à Bruges…
“J’ai au fond de moi un
esprit de compétiteur, je ferai
toujours tout pour gagner. Je
voulais montrer aux Brugeois
que nous allions nous battre
jusqu’au bout et que ce ne
serait pas facile pour eux
malgré la situation du match
en leur faveur. Ils pensaient
que le match était plié et j’ai
voulu leur faire comprendre
que ce n’était pas vrai. L’équipe
a montré beaucoup de carac-
tère et de détermination pour
revenir au score.”
Quel genre de joueur êtes-vous
dans un vestiaire ?
“J’essaye le plus possible de
rester calme, surtout à la
mi-temps des matchs. Je hausse
la voix seulement quand il le
faut vraiment. Par exemple, je
suis moins calme quand cer-
tains ne font pas les efforts
pour l’équipe mais ce n’est pas
le cas à l’Union. À la mi-temps,
je suis du genre à encourager
et à appuyer sur l’un ou l’autre
petit détail mais je ne suis pas
quelqu’un qui va crier. Par
contre, à l’entraînement, je
peux extérioriser un peu plus
pour faire en sorte que tout le
monde se donne à 100 %.”
Certains analystes disent
que vous êtes le meilleur
défenseur de Pro League.
Vous êtes d’accord ?
“(rires) Non, je ne dirais pas
que je suis le meilleur. Il y a
dans notre championnat des
défenseurs comme Vertonghen
qui ont joué la Champions
League et la Coupe du
monde… Je suis content de
mon niveau et de mes perfor-
mances actuelles mais certains
sont plus forts que moi.”
Malgré votre bonne forme
actuelle, l’Union concède plus
de goals que la saison der-
nière. Comment l’expliquez-
vous ?
“C’est une bonne question
que je me pose souvent. Je
pense qu’à certains moments,
on joue de manière plus
ouverte que la saison dernière.
Nous faisons aussi plus de
petites erreurs qui amènent
des buts. Parfois, il faut tenter
de ne pas avoir un jeu aussi
ouvert mais cela fait partie de
notre style de jeu. C’est ce qui
fait que l’Union est si chouette
à voir jouer. Il faut trouver une
balance et nous travaillons sur
ce point-là.”
Si vous trouvez cette balance,
il est difficile d’imaginer un top
4 sans l’Union en fin de phase
classique…
“Je l’espère ! Les choses se
déroulent à merveille mais le
chemin est encore long. Ce qui
me fait le plus plaisir est de
voir la façon avec laquelle
nous arrivons à maintenir un
haut niveau en championnat
malgré l’enchaînement des
matchs européens. Viser le top
4 est une belle ambition pour
l’Union. Certains disent que les
médias ne nous prennent pas
au sérieux mais ce n’est pas
grave, je préfère être l’under-
dog. Et peut-être que certains
vont changer leur avis après
notre prestation contre Bruges.
Pour moi, c’est une source de
motivation de montrer que
nous sommes toujours pré-
sents. Le top 4 serait brillant et
nous verrons ensuite si nous
pouvons faire plus. Rejouer
l’Europe la saison prochaine
serait incroyable : nous y avons
goûté et nous avons pris énor-
mément de plaisir donc ce
serait frustrant de ne pas
participer à des matchs euro-
péens la saison prochaine.
Qu’attendez-vous de ce match
retour face à Malmö ?
“À l’aller, nous avions été
trop naïfs et nous avions
concédé deux goals trop facile-
ment. Malheureusement, nous
avons répété cela à domiciile
face à Braga. J’espère qu’on
vivra une soirée plus tran-
quille avec comme objectif une
clean-sheet qui nous permet-
trait d’être qualifiés. Mais ce
sera dur car Malmö, avec zéro
point, voudra jouer pour sa
fierté. Personnellement, je
voulais terminer dans le top 3
pour prolonger l’aventure
européenne mais jamais je
pensais que nous allions être
en tête après quatre rencon-
tres. J’ai été surpris positive-
ment par la manière avec
laquelle nous avons joué
l’Europe, c’est fantastique.”
Quelles sont les limites
de l’Union en Europe ?
“Cela dépend du tirage
(rires). Quand nous jouons
bien, nous pouvons faire des
choses magnifiques. En tout
cas, nous méritons d’être là où
nous sommes actuellement.
Cet été, nous avons perdu
notre entraîneur et certains
joueurs importants comme
Nielsen, Undav ou Mitoma.
Mais malgré ça, nous sommes
toujours au top. Nous pou-
vons être meilleurs que la
saison dernière et c’est très
excitant. J’ai beaucoup d’es-
poirs dans cette équipe qui
peut encore progresser. Nous
voulons désormais nous quali-
fier puis ce serait magnifique
d’aller une étape plus loin
encore.”
En parlant de la perte de votre
entraîneur, quel est votre avis
sur le licenciement de Mazzù à
Anderlecht ?
“C’est difficile, cela fait
partie du football… J’avais une
très bonne relation avec lui.
J’ai vraiment apprécié jouer
sous ses ordres durant deux
saisons. Nous avons atteint
ensemble plus d’objectifs que
nous ne le pensions. J’étais
content qu’il reçoive cette
opportunité durant l’été. Mal-
heureusement, cela n’a pas
fonctionné à Anderlecht. Pour-
quoi ? (Il grimace) Je ne suis
pas assez proche de ce club
pour donner mon propre avis.
Quand je regardais certains de
leurs matchs, pas mal d’élé-
ments allaient contre eux avec
des buts encaissés malchan-
ceux ou des situations de
matchs folles comme à Zulte
Waregem. Mais je ne connais
pas leur situation de manière
assez précise pour juger.”
C’était clair dans votre tête
que vous alliez jouer l’Europe
un jour ?
“Non car en Angleterre, c’est
impossible d’y arriver sans
passer par la Premier League.
Et j’ai accepté depuis un cer-
tain temps le fait que je ne vais
jamais évoluer en D1 anglaise.
En arrivant en Belgique, Chris
O’Loughlin m’a dit que l’Union
allait peut-être atteindre un
jour l’Europe. J’étais un peu
sceptique… Il m’expliquait que
c’était même possible d’y
arriver même en jouant en D1B
(NdlR : avant, certaines équi-
pes de D1B participaient aux
playoffs 2). C’était totalement
dingue d’imaginer cela. Mais le
rêve est devenu réalité.”
Comptez-vous terminer
votre carrière à l’Union ?
“Je n’ai pas de désir particu-
lier de retourner en Angleterre
ou de jouer dans un champion-
nat en particulier. J’aimerais
rester à l’Union car j’aime
vraiment ce club, leurs fans et
la ville de Bruxelles. Je ne vois
pas pourquoi je quitterais
l’Union actuellement.”
“Teuma et Boniface,
c’est très fort”
L’ex-Anderlechtois Isaac Kiese Thelin a
de bonnes stats mais Malmö est dans le dur.
M i-septembre, Isaac
Kiese Thelin s’est rap-
pelé au bon souvenir des fans
belges. L’attaquant de Malmö
passé par Anderlecht avait
inscrit l’un des deux buts de
son équipe face à l’Union
Saint-Gilloise (3-2). “Les défen-
seurs unionistes étaient physi-
quement très costauds”, ana-
lyse Kiese Thelin dans un
français parfait. “Offensive-
ment, ils avaient quelques
joueurs très forts comme l’atta-
quant Boniface. Le capitaine
(NdlR : Teuma) avait aussi été
bon balle au pied. Après avoir
mené 1-2, nous aurions dû fer-
mer le jeu et prendre trois
points. L’Union avait eu plus
d’occasions et est une équipe
difficile à jouer.”
Déjà éliminés, les coéqui-
piers de Kiese Thelin vivent
une saison difficile. Malgré
les quatorze buts marqués et
trois assists réalisés par le
joueur de 30 ans. “La saison
ne s’est pas passée comme on le
voulait, ça a été vraiment
chaud”, explique-t-il alors que
le championnat suédois
prend fin dans deux semai-
nes. “Tout le monde est déçu au
club et il est difficile de trouver
une raison en particulier. Les
attentes sont toujours grandes
autour du club et gagner la
Coupe, comme cela a été le cas
cette saison, n’est pas suffisant :
il faut toujours gagner le cham-
pionnat. Je suis venu à Malmö
pour apporter mon expérience.
Vu les résultats de l’équipe, je
ne peux pas trop parler de mes
statistiques personnelles. J’ai
fait ce que je pouvais mais c’est
la déception qui domine au
bout du compte.”
. Pas chez lui au RSCA
Arrivé à Anderlecht durant
l’hiver 2017 en provenance de
Bordeaux, le grand attaquant
de 1,89 m n’a jamais réussi à
avoir à Bruxelles le même im-
pact sur le jeu de son équipe
qu’en Suède. S’il a joué au to-
tal 45 rencontres pour les
Mauves (quatre buts et un as-
sist), Kiese Thelin a surtout
connu quatre prêts durant
son passage au Sporting (Be-
veren, Leverkusen, Malmö et
Kasimpasa). “J’étais à Ander-
lecht puis je partais. Je revenais
puis je repartais… C’est difficile
de se sentir à la maison dans
cette situation. Même si je n’ai
pas beaucoup joué avec lui, je
garde un bon souvenir de Kom-
pany qui était un super coach
et une très bonne personne. J’ai
été très surpris de son départ.
Pour moi, c’était le gars qu’il
fallait pour remettre Anderlecht
sur de bons rails.”
Ils ne peuvent plus perdre la tête
En tête de son groupe, l’Union s’assurerait
la première place en s’imposant en Suède.
Oresundsbron, le
pont qui relie Co-
penhague, où a at-
terri la délégation
unioniste ce mercredi, à
Malmö, est une pièce unique,
que l’on n’oublie pas une fois
qu’on l’a traversé. Long de
quasiment 8 kilomètres, il
surplombe le détroit de l’Ore-
sund, qui sépare le Danemark
de la Suède, et offre deux voies
à ceux qui l’empruntent. Le ta-
blier supérieur, pour les voitu-
res et l’inférieur, pour le train,
qui va deux fois plus vite.
L’Union aussi est face à deux
routes, à 180 minutes de la fin
du premier tour de cette Li-
gue Europa. L’équipe de Karel
Geraerts sait déjà qu’elle re-
joindra l’autre rive, en 2023,
puisque le prochain tour
européen a été validé grâce au
partage méritoire arraché
contre Braga (3-3).
Mais il y a évidemment plus
à aller chercher que le billet
de la troisième place qui en-
voie en barrages de Ligue Con-
ference. Pour rendre cette an-
née 2022 un peu plus incroya-
ble encore, il y a cette
première place de groupe,
dont les Jaune et Bleu sont si
proches. Inimaginable au soir
du tirage, mais désormais
bien à portée, elle offre une
qualification directe en hui-
tième de finale de Ligue
Europa, alors que les seconds
de groupe se farciront des
barrages, eux.
L’Union est en position de
force après quatre matchs et
peut frapper un grand coup si
elle assomme ce jeudi une
équipe déjà chancelante, lar-
guée en championnat et sans
aucune unité en Europe.
Pour valider la poule dès ce
jeudi et aborder le dernier
match relax, il n’y a pas mille
calculs à faire (voir par
ailleurs). Gagner, tout simple-
ment, serait le scénario idéal.
. Un match à 3 millions €
Ce serait aussi l’assurance
de toucher 630 000 € de plus
pour cette victoire et encore
1,1 million € pour la première
place de groupe ainsi que
1,2 million € de participation
aux huitièmes de finale de Li-
gue Europa. Un match à 3 mil-
lions €, en résumé. Ce n’est ja-
mais de trop dans les caisses
d’un club belge.
Pour cela, l’Union ferait
bien d’arrêter de jouer avec
son bonheur. Les remontadas
témoignent d’un panache qui
fait se lever un spectateur de-
vant son écran de TV ou dans
un stade, mais elles ne font
pas toujours rire le T1 des
Bruxellois : “Je préfère les
matchs plus contrôlés, comme
contre Berlin. C’est quelque
chose dont on parle, sur lequel
on travaille. C’est hyper impor-
tant de prendre moins de buts,
de faire moins de fautes indivi-
duelles ou collectives. On le sait,
on essaie de trouver des solu-
tions, c’est le plus important.”
Après avoir été mené par
Malmö, par Braga au Portugal
puis par Braga en Belgique,
Geraerts ne serait pas mécon-
tent de voir son équipe tenir
le zéro, comme lors de la pre-
mière journée, à Berlin (0-1).
1re/ 2e
place :
mode d’emploi
◾ L’Union sera assurée
dès ce soir de terminer
première de son groupe
soit :
– si elle bat Malmö ;
– si elle partage et que
Braga partage contre
Berlin.
◾ L’Union sera assurée
dès ce soir de terminer
dans le top 2 soit :
– si elle partage contre
Malmö ;
– si elle perd mais que
Braga bat Berlin.
MALMÖ FF
Que d’absents !
Réserves : 30. Diawara, 3. Knudsen, 18. Gall, 42.
Diagne, 6. Lewicki, 7. Rakip, 11. Toivonen, 33.
Buya Turay.
Blessés : Nielsen, Berget, Nalic, Gwargis, Siby,
Moisander, Olsson, Ceesay.
Suspendu : Lomotey
Sous la menace d’une suspension : Knudsen,
Olsson, Rakip.
Observations : Déjà mal en point, l’équipe suédoise
doit en prime composer sans un grand nombre de
joueurs. Mission compliquée pour Age Hareide qui
a néanmoins prévenu hier qu’il compte jouer
l’offensive à tout va pour aller chercher un premier
point, voire plus. Le coach norvégien a aussi
annoncé qu’il ne rempilerait pas l’année prochaine
à la tête de Malmö. Ambiance. (St.L.)
UNION SG
Eckert Ayensa de retour
Réserves : 21. Pirard, 14. Imbrechts, 26. Sykes,
Nouveau stade : “On attend toujours la réponse de Forest !”
Si l’Union va bien en ce moment, un sujet fait
grimacer : le nouveau stade. “Nous voulons
nous installer dans le haut de tableau belge,
mais sans stade moderne, nous déplorons
une perte opérationnelle de 6 millions par
an, même avec l’Europe”, explique Philippe
Bormans. “Nos propriétaires (NdlR : Tony
Bloom et Alex Muzio) ne sont pas des va-
ches à lait ; nous devons déménager.”
Le site du Bempt a la préférence du club,
mais des riverains craignent les nuisances et
la réponse de la commune de Forest se fait
toujours attendre. “On ne s’est pas entendu
dire ‘non’… mais pas ‘oui’ non plus”, pour-
suit le CEO. “Je ne sais pas pourquoi, alors
que c’est une opportunité unique. Le projet
est prêt de notre côté ; l’Union veut financer
ce stade de 16 000 places de façon indé-
pendante et on parle de 80 millions € ici !”
Le temps passe, souligne Philippe Bormans.
“Il nous faut une réponse pour le 31 décem-
bre. Si c’est non, et ce serait fort dommage,
nous chercherions des alternatives.”
Mais disposer de l’enceinte pour 2024,
comme espéré, deviendrait improbable.