Samedi soir, il s’est échauffé durant trente minutes avec le secret espoir de fouler la pelouse de Sclessin. Ryan Mmaee n’aura pas eu ce plaisir, Aleksandar Jankovic préférant lancer Renaud Emond face à Saint-Trond. Une petite déception peut-être mais cette sélection représentait une belle récompense pour l’attaquant de dix-neuf ans, considéré comme l’une des plus belles promesses de l’Académie Robert Louis-Dreyfus.
Il faut dire que les derniers mois avaient été difficiles pour les frères Mmaee, avec une relégation dans le noyau des moins de vingt-et-un ans et un transfert vers les Pays-Bas annulé en dernière minute.
Retour sur les quatre
derniers mois d’une fratrie qui n’a pas encore exprimé tout son potentiel.
Les difficultés
La saison avait bien débuté pour Ryan avec quatre apparitions lors des cinq premiers matchs de championnat et une prestation cinq étoiles sur la pelouse de Bruges. En proie à une pénurie d’attaquants, Yannick Ferrera n’avait pas hésité à le lancer dans le grand bain. Mais la fin du mercato estival marque un premier temps d’arrêt dans sa progression. Les arrivées d’Orlando Sa et d’Ishak Belfodil bouchent son horizon. Le secteur défensif est également surchargé et Samy ne décroche que trois minutes de jeu à Bruges. “En octobre, le club leur a demandé de retourner chez les Espoirs car il y avait trop de joueurs chez les professionnels. Ils faisaient pourtant partie des plus anciens. Ce sont deux personnes entières qui ne savent pas faire semblant. Ils ont eu du mal à comprendre cette décision car cela ne faisait pas partie du discours qu’on leur avait tenu”
, dit un membre de leur entourage.
Lors du dernier mercato, plusieurs clubs tentent de les recruter. Malines se montre particulièrement insistant pour l’attaquant mais le Standard refuse de le laisser partir chez un concurrent direct. Tandis que Mouscron est intéressé par un prêt du défenseur. “Ils avaient bien compris que leur seule solution était de partir. Ils voulaient absolument jouer. Une accumulation d’événements négatifs les a poussés à bout de nerfs et Ryan n’a pas eu le comportement adéquat chez les moins de vingt-et-un ans au lendemain de cette fameuse fermeture de mercato”, poursuit ce proche.
C’est à partir de ce jour que tout a changé.
La prise de conscience
Gautier Renders, un accompagnateur bruxellois qui a, notamment, découvert Anaxis Dinsifwa, passe un coup de téléphone à Ryan Mmaee. “J’avais déjà entendu parler de ses grandes qualités et il m’était revenu qu’il était
en grande difficulté. J’ai donc laissé un message sur son répondeur et il m’a recontacté dans la journée. Je lui ai proposé de collaborer pour tenter de le sortir de la situation qui était la sienne à l’époque. Nous nous sommes rencontrés le lendemain et nous avons longuement discuté”, dit-il. “Au final, il a décidé de tenter le coup. En ce qui concerne Samy (NdlR : buteur avec les Espoirs lundi) , ses besoins étaient à première vue moins criants, je me suis donc focalisé dans un premier temps sur Ryan. J’ai également pris contact avec les dirigeants du Standard car nous voulions que tout se passe en parfaite transparence. Bruno Venanzi et Olivier Renard, qui ont toujours cru en eux, m’ont donné carte blanche et je tiens à les en remercier. Sans l’accord du club, nous n’aurions jamais pu atteindre l’objectif fixé : les faire revenir chez les pros.”
Le travail
Pour retrouver tout leur potentiel, les frères ont travaillé. Beaucoup travaillé. Mais différemment.
“J’ai monté une structure qui collabore avec une quinzaine de spécialistes. Cela va de la cellule médicale avec Lieven Maesschalck à du media training en passant par du travail mental. Ensemble, nous avons donc établi ses besoins prioritaires et nous l’avons dirigé vers notre préparateur physique, Damien Broothaerts, et notre professeur d’art martial, Bruno Djuric. Moi, je ne suis pas présent pour l’assister, mais bien pour l’aider, le soutenir dans le projet qu’il a lui-même défini . Samy, plus âgé, s’est posé tout seul les bonnes questions pour retrouver l’équipe première.”
Ryan Mmaee multiplie donc les séances pour retrouver la forme. “Il a rapidement compris qu’il n’obtiendrait ce qu’il voudrait qu’en travaillant”, reprend leur accompagnateur. “Le premier jour de travail avec Damien Broothaerts a été éprouvant mais au fil du temps, il est arrivé à boucler des séances complètes. Et pourtant, je peux vous assurer que c’est une folie (sourire). Ryan a rapidement compris
que s’il était bien dans son corps, il serait bien dans sa tête. C’est ce qui est en train de se vérifier aujourd’hui. Il a directement mordu à toutes ces séances et s’est donné sans compter.”
Ce labeur lui a permis de retrouver une meilleure condition physique et de développer de nouvelles aptitudes. Plus rapide, bien dans sa tête, il a rapidement retrouvé l’effectif des moins de vingt-et-un ans.
Le retour
Après quinze jours de mise à l’écart, Alex Chteline demande à Ryan de revenir chez les moins de vingt-et-un ans où évolue son frère. “L’idée était claire : retrouver les terrains d’entraînement, être sélectionné pour un match, décrocher une titularisation et rendre la confiance qu’on lui a donnée. Tout s’est passé comme nous l’espérions”, continue Gautier Renders.
Les deux retrouvent rapidement une place dans le onze de base des U21 et le chemin des filets. En plus
des heures passées à l’Académie, Ryan poursuit ses séances individuelles sans relâche. En mars, Johan Walem le reprend en équipe nationale pour rejoindre son frère Samy, déjà sélectionné, et affronter Malte. “Il sortait d’une séance avec Damien Broothaerts lorsqu’il a appris la nouvelle. Je l’ai vu exténué mais il a directement rejoint la sélection. Avec un grand sourire. C’était idéal pour sa confiance”, dit-il.
Immédiatement titularisé, l’attaquant démontre sa bonne forme en ouvrant le score et se créant quelques belles occasions, alors que le défenseur livre une prestation solide. “Le lendemain, des clubs de D1 téléphonaient pour connaître leur situation au Standard.”
Au vu de ces efforts, Thierry Verjans, l’adjoint d’Aleksandar Jankovic (NdlR : c’est à lui qu’on doit le lancement de Michy Batshuayi chez les professionnels), plaide la cause des Mmaee pour leur retour chez les professionnels. La suite, on la connaît : une sélection
de Ryan face à Saint-Trond qui devrait entraîner du temps de jeu durant les playoffs 2. “Ils sont plus épanouis et ont réalisé leur premier objectif. Samy et Ryan n’ont jamais été les garçons qu’on m’a décrits. Ce sont des athlètes très attachants, mais aussi différents, qui ne demandent qu’à travailler pour réussir”, dit Gautier Renders. “Attention, rien n’est jamais gagné. Ils en sont bien conscients et ils me donnent le sentiment de vouloir continuer à bosser comme ils le font depuis notre rencontre. ”
Samy et Ryan Mmaee ont retrouvé une place dans l’effectif professionnel du Standard.
Dans le cadre de son retour, Ryan Mmaee a travaillé individuellement en compagnie de Bruno Djuric, professeur de boxe anglaise, jiu-jitsu et taijutsu au club de Bierges. Au premier coup d’œil, les concordances entre ces arts martiaux et le football ne sautent pas aux yeux. Et pourtant… “La boxe est un sport très physique, notamment au niveau du cardio. Cela travaille également la psychomotricité et permet d’appuyer sur le mental de l’athlète avant qu’il rentre dans l’arène”, répond Bruno Djuric.
Depuis le mois de février, Ryan Mmaee s’y entraîne une fois par semaine, souvent le samedi.
“J’ai découvert un garçon très calme, posé, introverti et humble. Venir chez moi était nécessaire pour lui amener une certaine paix intérieure”, dit-il. “J’ai immédiatement été surpris par sa technique de boxe, qui était bonne, et sa capacité à rapidement assimiler tout ce qu’on lui disait. C’est un vrai athlète qui, à mes yeux, pourrait devenir un boxeur professionnel à force d’entraînements. Il n’a pas peur de prendre des coups ou d’en donner, il est calme et bien bâti.”
Les séances étaient particulièrement intensives. “Ryan n’avait pas l’habitude de travailler certaines chaînes musculaires du haut du corps. On travaillait sur des séries de trois fois trois minutes de corde à sauter puis une minute de repos avec pompes, abdos ou gainage. Il y a ensuite le Tabata. C’est un exercice cardio de quatre minutes. Ce sont huit séries de vingt secondes d’efforts avec un retour au calme de dix secondes”, décrit-il. “Ryan a également tapé dans des pattes d’ours. Des séries
de gauches, de droites. Cela lui permet de décompresser, de tout lâcher. En tout, une séance dure plus ou moins nonante minutes. À la fin, on est mort.” (sourire)
Grâce à l’organisation mise en place par Gautier Renders, Ryan Mmaee a eu l’occasion de travailler sa condition physique et surtout la coordination des mouvements en compagnie de Damien Broothaerts, champion de Belgique du 60m et 110m haies et élève de Jacques Borlée.
“Il n’était pas dans sa meilleure forme mais tout s’est très bien passé. Il a montré une excellente mentalité et a réalisé du très bon travail”, raconte-t-il. “Je lui ai amené ma connaissance de l’athlétisme, notamment au niveau de l’explosivité, l’harmonie du mouvement, du fonds et de la
puissance. Lui, comme les autres footballeurs, ne sont pas vraiment habitués à tout cela et ils se prennent donc une petite claque. Lors de son premier entraînement en ma compagnie, Ryan est devenu tout blanc après trente minutes. Mais tous passent par là…”
Depuis lors, l’attaquant s’est habitué aux exercices de son professeur et parvient donc à boucler chaque séance d’entraînement.
“C’est un vrai athlète. J’ai aussi découvert un chouette jeune, qui a envie de réussir dans le football. Nous nous sommes d’ailleurs échangés quelques messages lors de sa sélection en équipe nationale.”
Les effets de cette collaboration ont rapidement porté leurs fruits.
“Nous avons travaillé la technique de bras, de course. Cela lui a notamment permis de courir plus vite en fournissant moins d’efforts. Il est donc capable de tenir cette vitesse plus longtemps.”
L’attaquant a souffert sur le tartan avec le préparateur physique Damien Broothaerts.
Trois joueurs encore aux soins
Matthieu Dossevi (adducteurs), Edmilson (orteil) et Filip Mladenovic (cheville) n’ont pas pu prendre part à l’entraînement.
Match nul des Espoirs
Les Espoirs liégeois ont pris un point à Courtrai, lundi soir (2-2). Les buts ont été inscrits par Samy Mmaee et Jonathan Bolingi. En plus de ces deux joueurs, Christian Luyindama, Merveille Bokadi, Arnaud Bodart, Ibrahima Bah, Dimitri Lavalée et Ryan Mmaee ont reçu du temps de jeu.
Un match pour Andrade
La Commission a décidé
de ramener à un match (plus un match avec sursis) la suspension de Darwin Andrade. Le gaucher loupera donc le déplacement à l’Union, vendredi soir.