L’Unioniste Loïc Lapoussin se raconte
en six dates marquantes.
Àpremière vue, Loïc La-
poussin est un
homme timide. Le
genre de joueur pré-
férant s’exprimer sur les ter-
rains, balle au pied, que face
aux médias.
Pourtant, le Parisien suppor-
ter de l’OM durant sa jeunesse
a des choses à raconter sur sa
vie. À commencer par une en-
fance passée en grande partie
loin de sa famille. “À l’âge de
4 ans, mon père est décédé et j’ai
grandi avec ma mère et ma pe-
tite sœur. J’ai rapidement quitté
le cocon familial, à 12 ans, pour
rejoindre le Centre de formation
de football à Paris. En vivant à
l’internat, j’ai connu une enfance
assez solitaire.”
Le déroulement de la car-
rière de l’actuel international
malgache n’aura pas ressem-
blé à un long fleuve tran-
quille. Loin de là. Retour en
six dates sur le parcours semé
d’embûches de Loïc Lapous-
sin.
1 1er juin 2014 – titre de cham-
pion U19 avec Créteil
“J’avais intégré le club de Cré-
teil à l’âge de 16 ans pour suivre
une formation alliant études et
football. Comme je ne savais pas
quoi faire à l’école, je suis parti
là-bas (sourire). J’ai connu ma
meilleure saison en tant que
jeune lors du championnat 2013-
composée de joueurs tous âgés
d’un an de plus que moi. En ré-
gion parisienne, c’est parfois
compliqué de recevoir un con-
trat pro car les clubs ont du mal
à faire confiance aux jeunes. Au
bout de ma deuxième saison en
U19, Créteil a attendu que je re-
joigne le FC Nantes en tant que
stagiaire professionnel pour me
proposer un contrat… À Nantes,
je me suis blessé au genou très
tôt dans la saison lors d’un exer-
cice de tennis-ballon. Le club
m’a affirmé que les ligaments
croisés étaient touchés et qu’il
fallait m’opérer. Mais des spécia-
listes rencontrés à Paris m’ont
affirmé que ce n’étaient pas les
croisés. J’ai dû attendre jusqu’au
mois de janvier pour faire un
nouveau test… qui a montré
que ce n’étaient pas les liga-
ments croisés. J’ai même repris
les entraînements le lendemain !
Mais j’avais perdu six mois. J’ai
continué à m’entraîner jusqu’en
fin de saison mais sans jouer le
moindre match. Ne pas jouer
durant une année entière m’a
forgé le caractère. Certains
auraient sûrement craqué. Mais,
sans être arrogant, j’ai toujours
cru en moi. Même si certains
m’ont mis des bâtons dans les
roues, je n’ai jamais lâché. À
mon retour à Créteil, au lieu de
me faire confiance, le club m’a
envoyé en réserve sous prétexte
que je n’avais pas joué durant
une saison. Après une grosse
saison en CFA 2 (NdlR : 8 buts et
10 assists), j’ai rejoint le Red
Star.”
2 25 août 2017 – premier
match avec le Red Star
“Toute ma famille a regardé à
la télévision mes débuts avec le
Red Star, où je suis officielle-
ment entré dans le monde du
foot professionnel. C’était une
belle revanche par rapport à ce
que j’avais vécu à Créteil. Ce
qu’il s’est passé là-bas m’est tou-
jours resté dans un coin de la
tête. Lors de l’avant-dernier
match du championnat, nous
devions jouer un match crucial
pour la montée en Ligue 2 con-
tre Créteil. Nous avions gagné et
j’avais fait un assist. Je voulais
leur montrer qu’ils avaient eu
tort de ne pas m’avoir fait con-
fiance. La saison suivante en Li-
gue 2 m’est restée en travers de
la gorge. Il manquait toujours
quelque chose pour faire un ré-
sultat. Puis, quand le coach a été
viré, cela a été la débandade…
J’étais personnellement en fin de
contrat, le Red Star m’a proposé
une prolongation, que j’ai refu-
sée. À partir de ce moment, ils
m’ont mis des bâtons dans les
roues pour me faire craquer. J’ai
dû passer certaines périodes sur
le banc sans aucune raison. Et
quand on m’alignait, ce n’était
pas à mon poste. C’est regretta-
ble mais cela fait partie du foot-
ball… Finalement arrivé en fin
de contrat, j’ai reçu des appels
de différents clubs mais sans
aucune offre concrète. Jusqu’à
l’intérêt de Virton.”
3 16 juillet 2019 – signature à
Virton
“J’avoue qu’au début je n’étais
pas très chaud de rejoindre Vir-
ton. Je ne connaissais pas la Bel-
gique, le club venait de monter
et c’était en deuxième division…
J’étais un peu réticent mais j’ai
finalement accepté. Cela a dé-
bouché sur l’une de mes meilleu-
res saisons. Les joueurs et le
staff ne formaient qu’un, c’était
notre grande force. Mais, en de-
hors des terrains, c’était autre
chose… Il n’y avait aucune com-
munication entre les joueurs et
la direction, qui avait décidé
d’arrêter de nous payer. Le pro-
blème est que, s’ils ne nous
payaient pas, nous ne voulions
pas jouer. Ce qui leur posait pro-
blème vu que nous étions bien
partis pour monter en D1A… J’ai
tout de suite averti la direction
que je voulais quitter le club en
fin de saison. Pendant tout le
confinement, je suis rentré en ré-
gion parisienne et je m’entrete-
nais physiquement en jouant
quotidiennement au football
avec des amis d’enfance.
L’Union s’est montrée intéressée
par mon profil et j’ai tout de
suite adhéré au projet du club.
Avec Anthony Moris, nous nous
sommes entraînés durant une
petite période avec le club sans y
avoir signé puis tout s’est fait de
manière assez rapide.”
4 12 novembre 2020 – pre-
mière sélection malgache
“Cela me trottait dans la tête
depuis un petit temps. Pour un
joueur, il n’y a pas mieux que
d’être appelé en sélection natio-
nale. C’est un rêve de gosse. Je
me disais que cela allait arriver
si j’étais performant avec le club.
Finalement, j’ai joué mon pre-
mier match contre la Côte
d’Ivoire. Au début, j’étais juste
un joueur parmi d’autres sans
être titulaire à part entière. Dé-
sormais, je suis peut-être devenu
un pilier. Beaucoup d’anciens
sont partis et c’est aux plus jeu-
nes de reprendre la place et d’as-
sumer notre statut. Nous allons
tout donner pour tenter de nous
qualifier pour le Mondial même
si ce sera compliqué (NdlR : Ma-
dagascar est dernier de son
groupe). Ensuite, la Can 2023
sera le grand objectif de notre
équipe.”
5 13 mars 2021 – titre de
champion de D1B
“J’avoue que ce soir-là, face au
RWDM, il y avait un peu de frus-
tration personnelle de n’avoir
joué que 7 minutes lors de ce
derby important. Je suis quel-
qu’un d’entier qui ne sait pas
faire semblant. Je n’étais pas le
plus souriant après le match
alors que je souris tout le temps
normalement. Malgré tout, la
saison dans sa globalité a été
magnifique d’un point de vue
collectif. Nous avons réalisé
quelque chose de grandiose
grâce au fait que le groupe était
une réelle famille. Tout le monde
tirait dans le même sens. D’un
point de vue personnel, j’ai
connu une saison mitigée du-
rant laquelle j’aurais pu faire
beaucoup mieux. Mais je me di-
sais que la saison pleine allait
arriver en D1A.”
6 25 juillet 2021 – victoire à
Anderlecht et premier assist
“Quand je suis entré dans ce
stade, j’ai directement ressenti
la ferveur du derby et j’ai en-
tendu nos supporters. J’adore
quand il y a de l’hostilité autour
d’un match, c’est tout ce qu’il me
faut pour me surpasser. Ce
jour-là, cela s’est bien passé,
tant pour moi que pour l’équipe.
Je savais de quoi nous étions ca-
pables et nous sommes en train
de le prouver depuis le début de
la campagne. Je n’aime pas trop
parler d’objectifs mais je pense
que nous avons la qualité pour
viser l’Europe. Il y a la place
pour finir dans le top 4. Dans le
vestiaire, nous ne parlons pas de
tout cela. Nous savons de quoi
nous sommes capables mais
nous ne nous enflammons pas.”