La question revient
souvent vu le niveau
affiché par l’équipe
ces derniers mois :
l’Union 2022-2023 serait-elle
plus forte que l’Union de la
saison dernière ? Un coup
d’œil au classement permet
de voir que l’équipe de Karel
Geraerts compte 49 points
soit… un de moins que
l’équipe de Felice Mazzù après
22 journées. Il y a un an,
l’Union était en tête avec sept
unités d’avance sur l’Antwerp
et Bruges. Cette saison, les
Bruxellois doivent composer
avec l’ogre genkois qui sur-
vole la Pro League et compte
six unités de plus.
Si l’on prend en compte
toutes les compétitions, Cou-
pes comprises, l’Union de Ge-
raerts a un bilan de 74,5 %
points pris contre 73,6 % d’uni-
tés sous Mazzù. “L’équipe ar-
rive à refaire ce qu’elle a réussi à
faire la saison dernière et c’est
déjà très important, avance Ka-
rel Geraerts. En plus de cela,
elle s’améliore dans certains do-
maines comme dans l’aspect
mental. Je vois que les joueurs
ont progressé par rapport à la
saison dernière.”
Comment expliquer ce si
beau bilan lors d’une saison
de confirmation que beau-
coup redoutaient? Analyse
avec Alex Teklak et Swann Bor-
sellino, suiveurs attentifs du
football belge.
. Plus de solutions
sur le banc
Un élément saute rapide-
ment aux yeux au moment de
comparer les deux saisons :
Geraerts a plus de solutions
sous la main que n’en avait
Mazzù. Pour objectiver cela,
nous avons comptabilisé le
nombre de titulaires régu-
liers employés par les deux
entraîneurs après 33 matchs,
le total de rencontres dispu-
tées par l’Union cette saison,
toutes compétitions confon-
dues. Par “réguliers”, on en-
tend au moins titularisés
trois fois. Ils étaient
16 joueurs de champ la saison
passée, contre 19 cette saison.
Une différence qui offre une
véritable solution de titulaire
supplémentaire dans chaque
ligne au T1, ce qui n’est pas
rien.
“C’est surtout les 16 premiers
joueurs qui sont plus qualita-
tifs, analyse Alex Teklak. La sai-
son dernière, Mazzù avait
moins de solutions pouvant
amener un plus à l’équipe. Les
mêmes joueurs commençaient
souvent les rencontres et les
changements étaient aussi pres-
que tout le temps les mêmes.
Cette saison, il y a plus de varia-
tions possibles avec des joueurs
ayant des styles de jeu bien par-
ticuliers comme Gustaf Nilsson.
L’Union actuelle a des alternati-
ves crédibles à chaque poste.”
L’une des grandes satisfac-
tions a été le remplacement
de cadres partis cet été. Plus
personne ne parle du départ
de Casper Nielsen grâce aux
performances de Senne Ly-
nen. Victor Boniface a lui
réussi à faire oublier Deniz
Undav, pourtant décisif à
40 reprises la saison dernière
(27 buts et 13 assists).
“Certains joueurs ont réussi à
se mettre au niveau comme Ly-
nen ou Lazare qui est pour moi
le plus régulier à l’Union,
avance Swann Borsellino.
Adingra est une bonne recrue. Et
Boniface est très important dans
le système de jeu : le fait qu’il sa-
che aussi bien garder un ballon
quand l’équipe ressort permet
aux infiltreurs d’aller vers
l’avant. Il lit bien le jeu et a une
bonne qualité de passe. On con-
naissait ses capacités à la
course mais j’ai été surpris par
ses qualités techniques et de
mobilité. Les départs estivaux
ont donc bien été compensés
mais Geraerts n’a pas non plus
un effectif pléthorique. Et il fau-
dra voir comment l’équipe di-
gère le départ de Vanzeir.”
. Offensivement,
le danger vient de partout
La saison dernière, une dé-
pendance à la paire Undav-
Vanzeir existait. Après
22 matchs de championnat,
l’attaquant allemand avait
inscrit 18 buts, son coéquipier
belge 12. À eux deux, ils
avaient marqué 60 % des buts
de l’Union… Au même stade
de la compétition, Vanzeir est
le meilleur réalisateur de
l’équipe avec 10 goals suivi
d’Adingra (7) et de Teuma (6).
Cette saison, le danger peut
venir de partout : quinze
joueurs ont déjà inscrit au
moins un but alors que onze
Unionistes avaient déjà dé-
floré la marque au même
stade du championnat.
“Ils ont différents moyens de
faire mal à l’adversaire, pour-
suit Borsellino. C’est par
exemple l’équipe qui marque le
plus sur corner grâce à la taille
de joueurs comme Burgess.
Globalement, ils se sont bien di-
versifiés et il est plus difficile
pour l’adversaire de les conte-
nir. Undav rapportait énormé-
ment de points et savait sortir
l’Union du pétrin quand il le
fallait. Sans lui, l’Union marque
peut-être moins mais c’est
aussi parce qu’elle est plus at-
tendue. Elle doit donc jouer
autrement.”
. Défensivement, de
moins bonnes stats mais…
La saison dernière, l’Union
n’avait encaissé que 20 buts
en 22 rencontres de cham-
pionnat. Avec une moyenne
de moins d’un but encaissé
par match, les Bruxellois
avaient de loin la meilleure
défense du Royaume devant
l’Antwerp et Gand. Un an
plus tard, Moris et ses coéqui-
piers ont encaissé 24 buts en
autant de rencontres. Le gar-
dien a aussi réussi moins de
clean-sheets (six contre 10).
De là à dire que la défense est
moins solide ?
“Pour moi, ils ne défendent
pas moins bien, analyse Alex
Teklak. Ce n’est quand même
pas grand-chose une différence
de quatre buts sur 22 matchs…
L’Union reste une équipe qui ne
ferme pas le jeu et qui est très
forte dans le contre-pressing. Ils
n’ont pas peur de jouer haut
pour aller chercher l’adversaire
ce qui laisse parfois des espa-
ces dans le dos. La ligne de
pression est peut-être plus
haute que la saison dernière et
cela expliquerait pourquoi
l’équipe encaisse un peu plus.”
L’Union reste l’équipe de
Pro League au plus petit chif-
fre “d’Expected goals against”
(buts que les adversaires
auraient dû marquer au re-
gard de la qualité de leurs oc-
casions) : 21,32 en 22 rencon-
tres. Soit un ratio de 0,97 but
potentiel encaissé par match,
très légèrement moins que le
1,0 de 21-22 sous Mazzù.
Cette saison, Geraerts reste
fidèle à un trois arrière qu’il
ne modifie que rarement.
Kandouss, Burgess et Van der
Heyden ont souvent été les ti-
tulaires, même si Machida
commence à bien concurren-
cer ce dernier. Une statisti-
que démontre que l’Union
continue à bien gérer la pres-
sion de l’adversaire : l’équipe
a gagné 100 % de ses matchs
en championnat (14 sur 14)
après avoir ouvert le score.
“C’est un indicateur qui prouve
qu’ils défendent bien, avance
Swann Borsellino. Ils ont une
bonne capacité à fermer la bou-
tique quand ils mènent avec
Moris qui n’a pas nécessaire-
ment un grand pourcentage
d’arrêts mais qui fait les arrêts
importants quand il faut les
faire.”
. Tactiquement
plus flexible
Au niveau tactique aussi,
cette Union est plus forte que
sa devancière. Une progres-
sion qui est en grande partie
à mettre au crédit de Karel
Geraerts, qui connaissait déjà
parfaitement son effectif en
début de saison, puisqu’il
œuvrait non pas dans l’om-
bre, mais aux côtés de Mazzù
auparavant. Le Carolo avait
opté pour un 3-5-2 qui avait
fait ses preuves et duquel il
ne dérogeait jamais. Le Lim-
bourgeois a conservé ce sys-
tème qui colle aux qualités
de son équipe, mais n’a pas
hésité parfois à le changer en
cours de match, lui. Ainsi,
contre Braga, alors que son
équipe était menée 1-3, Ge-
raerts l’a fait passer en 4-3-3,
pour reprendre le contrôle
de la rencontre et revenir à
3-3.
“Ce passage à quatre der-
rière quand il sentait que
c’était nécessaire a été une fa-
çon pour Karel de mettre sa si-
gnature, analyse Alex Teklak.
Ce n’était pas forcément quel-
que chose que faisait Mazzù.”
Mais son coup le plus fa-
meux est probablement celui
signé contre Bruges. Il fait
preuve d’une réelle audace
tactique lorsque, réduit à 10
et mené 0-2, il remplace un
défenseur central par La-
poussin… placé en arrière
gauche d’une ligne défensive
de quatre. Un choix payant
puisque les Jaune et Bleu re-
viennent à 2-2 sans donner
l’impression d’être en infé-
riorité.
Troisième coup stratégique
du même style, début janvier,
lorsque son équipe se re-
trouve menée 1-0 à Ander-
lecht. Exit le 3-5-2 pour passer
en 4-4-2 dans le dernier quart
d’heure et enfiler trois buts
aux Mauves. Un nouveau
choix gagnant de Geraerts,
qui peut s’appuyer sur des ca-
dres flexibles et intelligents
et réalise une première sai-
son de T1 remarquable.
“L’équipe me semble tou-
jours aussi conquérante, con-
clut Teklak. Mazzù avait posé
les bases et Karel place la bri-
que de finition en façade. Il n’y
a pas de révolution entre les
deux car Geraerts a eu l’intelli-
gence de changer lorsqu’il le
fallait, mais pas de tout cham-
bouler.”
“L’équipe la plus régulière
et la plus constante”
L’Union a pris le plus de points
en championnat sur les deux dernières
saisons.
D epuis son retour en
D1A il y a un an et
demi, l’Union ne fait qu’im-
pressionner son monde.
Une deuxième place la sai-
son dernière suivie d’une
nouvelle deuxième place
cette saison cumulée avec
une demi-finale de Coupe
de Belgique et un huitième
de finale d’Europa League.
Rien que ça… Si l’Union ac-
tuelle semble plus forte que
celle de la saison dernière, à
quel niveau l’équipe se si-
tue-t-elle par rapport à ses
concurrents belges ?
En un an et demi, 62 ren-
contres de championnat
ont été jouées pour un total
de 186 points à engranger.
L’Union en a récolté 133, ce
qui lui permet de prendre
la première place du classe-
ment de la Pro League sur
les deux dernières saisons.
À ce petit jeu, les Bruxellois
ont dix points d’avance sur
Bruges (123) et seize points
d’avance sur Genk (117). À ti-
tre de comparaison, Ander-
lecht est loin derrière avec
un total de 101 points en-
grangés depuis l’été 2021.
“L’Union a été l’équipe la
plus régulière et la plus cons-
tante, avance notre consul-
tant Alex Teklak. C’est celle
avec laquelle nous avons le
moins de surprises : on sait
comment elle joue et elle ne
déroge que très rarement à
son identité de jeu. L’équipe a
parfois l’un ou l’autre petit ac-
croc, et c’est bien normal,
mais cela reste celle qui s’est
le moins trahie ces derniers
mois.”
En creusant un petit peu
plus, on se rend compte
que l’Union est aussi
l’équipe qui a marqué le
plus de buts depuis un an
et demi. Les Bruxellois ont
inscrit autant de goals que
Genk (128), soit une
moyenne de deux par
match, mais huit de plus
que Bruges (120). Ce sont
aussi eux qui en ont en-
caissé le moins (56), soit 0,9
par rencontre, à égalité
avec la Gantoise. Bruges
complète le podium avec
66 buts encaissés sur les 62
journées de championnat
jouées depuis un an et
demi.
“L’Union est très stable, ex-
plique Swann Borsellino.
Genk est au-dessus cette sai-
son mais était en-dessous la
saison dernière. Bruges a eu
des hauts et des bas. L’An-
twerp rejoue très bien depuis
la fin du Mondial mais ce
n’était pas une équipe que
j’avais envie de voir jouer la
saison dernière. L’Union reste
l’équipe la plus menaçante
avec des joueurs réguliers
dont on sait qu’ils feront au
moins un match moyen.”