VINCENT MILLER
J. Eyckens / Belga
Koki Machida, le défenseur japonais de l’Union, se livre avant la réception de LASK en Europa League ce jeudi soir. next
Pour la première fois depuis son arrivée à l’Union en janvier 2022 en provenance de Kashima Antlers, Koki Machida nous a accordé une large interview. Et en anglais, ce qui est plutôt rare pour un joueur japonais. « J’ai appris l’anglais via l’application « duolingo ». Je l’utilise tous les jours. C’est important afin de pouvoir communiquer avec mes coéquipiers et le coach. Et j’ai aussi un peu appris le français », sourit-il. C’est donc dans la langue de Shakespeare que l’élégant défenseur gaucher est revenu sur ses premiers mois – parfois tourmentés- à Saint-Gilles, ainsi que sur son histoire personnelle, lui qui a récemment décroché un diplôme universitaire.
Koki Machida, dans quel état d’esprit êtes-vous en ce début de saison ? Vous êtes désormais titulaire à part entière.
J’ai vécu une dernière année difficile, avec notamment une grosse blessure aux ischios. Mais je suis aujourd’hui très content de pouvoir enchaîner les rencontres. Je suis aussi satisfait de mes performances, ainsi que de celles de l’équipe. Beaucoup de joueurs ont quitté l’Union cet été comme Teddy Teuma, Simon Adingra ou Victor Boniface. Mais un nouveau coach est arrivé, avec une tactique claire.
Comment avez-vous vécu la saison dernière ? Vous n’aviez pas beaucoup joué…
Je m’étais blessé lors du premier match amical. J’étais très triste. Ma famille et mes amis étaient au Japon. Je devais m’entraîner seul. C’était vraiment très difficile à vivre. Mais plusieurs amis en Belgique m’ont aidé. Et tout le monde me disait toujours : « On a besoin de toi. » Lorsque je suis revenu, cela faisait une demi-année que je n’avais plus joué. C’était donc difficile de concurrencer Siebe Van der Heyden, d’autant qu’il jouait très bien à ce moment-là. La préférence du coach allait pour lui. Donc je me suis concentré sur moi-même, pour être prêt pour cette saison.
Cela fera bientôt deux ans que vous êtes arrivé en Belgique. Comment se passe votre adaptation à notre pays ?
Au début, c’était difficile car il y a une grande différence de culture entre le Japon et la Belgique. L’état d’esprit est différent. Mais j’aime découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles personnes. J’ai remarqué qu’en Belgique, les supporters sont très agressifs et très investis. On le voit notamment avec les feux de Bengale. Au Japon, c’est très différent. Mais ce n’est pas non plus compliqué de vivre ici car les Belges sont très ouverts. Personnellement, j’évolue positivement saison après saison. Je me suis amélioré dans l’intensité de mon jeu et dans les duels défensifs.
À quoi ressemble votre vie en Belgique ?
J’habite seul à Lierre (NDLR : tout près du centre d’entraînement de l’Union). Parfois, ma famille et ma copine viennent me voir. Et vu qu’il y a beaucoup de joueurs japonais en Belgique, nous nous aidons mutuellement.
De quel coéquipier êtes-vous le plus proche ?
Dennis Eckert Ayensa. Il est mon meilleur ami en dehors du terrain. Il aime la culture japonaise. D’ailleurs, parfois, nous allons ensemble manger des sushis.
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai commencé à jouer au football vers l’âge de cinq ans. Mes parents travaillaient beaucoup. Vu que j’étais souvent seul, ils me déposaient au football. J’ai persévéré car je sentais que c’était ce que je voulais faire. J’ai ensuite rejoint l’académie de Kashima Antlers en U12. À 18 ans, je suis devenu footballeur professionnel. En parallèle, je me suis aussi lancé dans des études supérieures. J’ai étudié en ligne les sciences humaines et ai été diplômé l’année dernière.
Ce qui n’est pas commun dans le monde du football…
Effectivement. Mais avoir un diplôme était très important pour moi, pour ma propre vie. Car la carrière d’un footballeur est très courte. Et puis, mes études m’ont déjà servi car j’ai réalisé une thèse sur la gestion mentale des blessures. Après ma carrière, j’aimerais d’ailleurs travailler sur les aspects mentaux dans le monde du foot.
Récemment, vous avez fait vos débuts avec l’équipe nationale du Japon. Vous avez disputé vos premières minutes contre la Turquie le 12 septembre dernier… dans le stade de Genk. Une sacrée coïncidence !
J’étais content de débuter en Belgique. Nous avons gagné ce match, ainsi que les deux suivants. Et lors de ceux-ci, nous n’avons pris qu’un but… J’ai joué aux côtés de Takehiro Tomiyasu d’Arsenal qui est vraiment très fort. J’apprends beaucoup avec lui, notamment sur la façon de contrôler la défense.
Quel est votre objectif avec le Japon ?
Disputer une Coupe du monde ! C’est vraiment mon but : jouer le prochain Mondial.
En parlant de Coupe du monde, quel souvenir gardez-vous de ce fameux Belgique-Japon de 2018 ?
Je me rappelle très bien de cette rencontre. J’avais regardé le match à la télévision. Le Japon menait de deux buts avant d’encaisser trois goals. J’étais triste mais il faut dire que l’équipe belge était globalement supérieure. Elle avait très bons joueurs durant cette compétition, comme Lukaku ou De Bruyne.
En équipe nationale, vous avez aussi retrouvé votre ancien coéquipier à l’Union, Kaoru Mitoma.
Effectivement. Je suis encore en contact avec lui. Quand on se voit, on parle de Brighton et de l’Union. Il est d’ailleurs très content de voir où l’Union en est aujourd’hui. Et il m’a dit qu’il avait été surpris de notre saison dernière, notamment du parcours jusqu’en quarts de finale de l’Europa League.
Et vous, que pensez-vous de son parcours ?
Je ne sais pas s’il a voulu être transféré à Manchester City ou vers un autre club. Mais lors du dernier rassemblement, nous avons parlé et il m’a dit qu’il était très content à Brighton. Pour moi, c’est un exemple. Car un jour, je voudrais évidemment jouer dans un grand championnat.
Lequel ?
J’aime surtout la Premier League ou la Bundesliga car il y a beaucoup de joueurs japonais qui évoluent là-bas. Et je regarde souvent Brighton pour voir Mitoma et Adingra. Mais je reste concentré sur moi-même, et sur le fait d’être champion cette saison.
C’est votre objectif personnel ?
Oui, je veux remporter le titre. La saison dernière, le résultat était tellement dur pour l’équipe. J’étais si triste après le match contre Bruges…
Mais à court terme, c’est une rencontre européenne qui vous attend, face à LASK ce jeudi soir.
Ce sera un match très important, c’est certain. Il va en tout cas falloir bien s’y préparer, et surtout rester concentrés sur nos propres qualités.
L’an dernier, dû à votre blessure et à la concurrence avec Van der Heyden, vous n’aviez quasiment pas joué de match européen. En profitez-vous à fond cette saison ?
Oui. À Anfield par exemple, c’était tout simplement magique. L’atmosphère était incroyable. J’étais très content d’avoir pu affronter un des plus grands clubs du monde. Et à la fin, j’ai même pu échanger mon maillot avec mon compatriote Wataru Endo (sourire).