G uillaume François vit
une saison pleine de
contradictions avec
l’Union. Pendant que
l’équipe enchaîne les victoi-
res en championnat, le
joueur de 32 ans doit se sa-
tisfaire de quelques courtes
montées au jeu. La situa-
tion est encore plus compli-
quée en Europa League, une
compétition qu’il ne joue
plus depuis son éviction de
la liste européenne par Ka-
rel Geraerts qui a dû faire
des choix.
”Une énorme frustration
personnelle”, lance-t-il de-
puis Waterloo où il vit avec
Aisling D’Hooghe. Joueuse
de hockey professionnelle,
la gardienne de l’équipe na-
tionale et du Watducks con-
naît les sacrifices à réaliser
au plus haut niveau. “C’est
vrai qu’on revient parfois à la
maison avec de la frustration
après nos entraînements”, ex-
plique celle qui est aussi
échevine à Waterloo.
Entretien croisé entre
deux sportifs qui pour-
raient tous les deux fêter un
titre de champion en fin de
saison…
Aisling, quel regard portez-
vous sur la saison de
Guillaume ?
Aisling D’Hooghe : “Je
trouve qu’il est encore au top
physiquement et qu’il arrive
toujours à suivre le rythme.
Ce n’est certainement pas évi-
dent d’avoir peu de temps de
jeu mais chapeau à lui pour
la façon avec laquelle il atta-
que chaque entraînement et
chaque match.”
Guillaume François : “Je ne
m’attendais pas à un si faible
temps de jeu. La première
partie de saison s’est passée
comme je le pensais en étant
un numéro 2 prêt à remplacer
Nieuwkoop en cas de besoin.
Quand le coach a parfois mis
Lapoussin sur le flanc droit
pour avoir une version plus
offensive, cela a encore plus
réduit mon temps de jeu. Le
coach tente encore de me
donner des minutes quitte à
me faire rentrer en attaque
quand il faut garder un résul-
tat. Si je me base sur mon
temps de jeu, il y a une petite
déception cette saison. Mais
la balance reste positive grâce
aux bons moments vécus avec
le groupe.”
Qu’est-ce qui est le plus
frustrant dans cette situation ?
G. F. : “Ma plus grosse frus-
tration est le fait d’avoir été
sorti de la squad-list euro-
péenne. C’est ma seule
grande frustration de la sai-
son. J’accepte mon faible
temps de jeu en championnat
mais j’ai plus de mal avec ma
mise à l’écart au niveau euro-
péen. Même si je vis encore les
expériences avec le groupe, la
frustration est énorme quand
je dois prendre place en tri-
bune au début des matchs.”
A. D. : “Je pense que j’ai en-
core plus mal réagi que lui
(sourire). J’étais très déçue
mais sans trop le montrer car
c’était déjà assez compliqué
pour lui de gérer cette situa-
tion. Si j’avais été à sa place,
j’aurais été encore plus frus-
trée car j’ai un caractère
beaucoup plus ‘déran-
geant’que le sien. J’aurais été
un peu plus énervante aux
entraînements. Malgré cette
grosse déception, il a réussi à
garder un état d’esprit posi-
tif.”
G. F. : “Je suis quelqu’un qui
sait relativiser mais, même
avec le recul, je ne comprends
pas cette décision. J’ai déjà
connu de nombreuses décep-
tions dans ma carrière
comme des non-sélections ou
des contrats non prolongés. Je
pense avoir su toujours ac-
cepter mais pour accepter il
faut comprendre. Et j’avoue
que je n’ai pas vu venir cette
décision car je pense avoir ma
place dans cette liste. Dans la
foulée, il faut trouver des
points de motivation pour
continuer. Je n’ai pas voulu
changer ma manière d’être
par rapport au groupe car ce
ne sont pas les joueurs qui
ont pris cette décision.”
Parlez-vous entre vous de vos
métiers de sportifs ?
G. F. : “Il n’y a pas une dé-
connexion totale quand on
rentre le soir à la maison
mais nous ne passons pas des
heures à refaire nos matchs. À
force de cotoyer le niveau pro-
fessionnel, on sait sentir
quand l’autre a envie de dis-
cuter ou pas. On peut sentir
l’état d’esprit car on connaît
le genre d’expérience.”
A. D. : “On ne refait pas nos
matchs mais on se parle par-
fois de certains entraîne-
ments. Par exemple quand le
coach a mal sifflé (sourire).
On revient à la maison parfois
avec de la frustration.”
Est-ce plus facile d’être
remplaçant dans une équipe
qui tourne ou bien ou la
frustration est d’autant plus
grande de voir les bons résul-
tats s’enchaîner sans vous ?
G. F. : “Au début de ma car-
rière, j’aurais très mal vécu la
situation actuelle. J’aurais
montré constamment mon
mécontentement à l’entraîne-
ment. Mais avec le recul, c’est
plus facile d’être remplaçant
dans une équipe qui gagne
d’autant que nous vivons des
choses incroyables : le titre en
D1B, la lutte pour le titre en
D1A, l’Europa League… Cela
aide à relativiser et à accepter
plus facilement la situation.”
A. D. : “De mon côté, je n’ai
jamais connu cette situation
de remplaçante en club. J’ai la
chance d’être tout le temps ti-
tulaire au Watducks. Quand
je suis arrivée en équipe na-
tionale, ma place était aussi
quasiment indiscutable jus-
qu’à ma grossesse. Après la
naissance de notre fils, je suis
revenu dans l’équipe mais je
dois plus me battre pour ma
place car les filles ont pris de
l’expérience et de la con-
fiance.”
Même si le hockey est diffé-
rent, auriez-vous accepté
cette situation de se retrou-
ver plus souvent sur le banc
que sur le terrain ?
A. D. : “J’aurais eu beau-
coup plus de mal que
Guillaume d’accepter la si-
tuation. Je n’ai jamais com-
mencé le hockey, qui n’est
pas mon seul job, pour ga-
gner de l’argent. Vu les sacri-
fices que cela demande,
j’aurais des difficultés à faire
tout cela pour me retrouver
sur le banc.”
Quel est le caractère de
Guillaume en dehors du
terrain ?
A. D. : “C’est un véritable
médiateur qui va se battre
pour garder de la sérénité
dans un groupe. Il va essayer
de trouver l’harmonie entre
les différentes personnes. Il
va toujours faire en sorte que
tout le monde ait son petit
mot à dire sans vouloir être
plus important qu’un autre.”
Pensez-vous quitter l’Union
cet été si la situation n’évo-
lue pas d’ici là ?
G. F. : “Beaucoup de choses
peuvent changer d’ici la fin
de saison. Contractuelle-
ment, je suis encore attaché
à l’Union jusqu’en juin 2024
et je m’y sens bien. Je suis en-
core focus sur la fin de car-
rière de joueur mais il y a
cette perspective de pouvoir
travailler à l’Union à plus
long terme qui m’intéresse. Si
je devais choisir maintenant,
je continuerais à l’Union la
saison prochaine mais il fau-
dra analyser la situation en
fin de saison.”
Aisling, le voyez-vous conti-
nuer dans le football après sa
carrière ?
A. D. : “Je ne le vois en tout
cas pas s’asseoir derrière un
ordinateur et faire des horai-
res de bureau tous les jours
(sourire). C’est quelqu’un
qui sait bien parler et bien
analyser les matchs. Il a déjà
fait quelques apparitions sur
les plateaux télés comme
analyste et c’est quelque
chose qu’il aime beaucoup. Il
fera certainement quelque
chose lié de près ou de loin
au football mais certaine-
ment pas un job de bureau.”
Qui a le plus de chances
d’être champion de Belgique :
l’Union ou le Watducks ?
A. D. : “L’Union !”
G. F. : “Nous sommes tous
les deux bien placés pour
jouer les playoffs. Ce sera
plus brut au hockey car les
quatre premiers s’affrontent
via des demi-finales puis une
finale. La Gantoise est très
forte avec de nombreuses
filles de l’équipe nationale.
Chez nous, l’Union n’est pas
favorite car Genk a fait un
très joli parcours même si
l’écart se resserre. Ce serait
en tout cas le rêve de fêter un
double titre de champion de
Belgique à la maison.”
A. D. : “L’Union est mieux
placée car la Gantoise sem-
ble plus forte sur papier. Mais
nous avons fait match nul
contre les Gantoises en début
de saison donc on ne sait ja-
mais ce qu’il peut arriver
(sourire).”
“Pas un match
de préparation
avant Leverkusen”
Karel Geraerts se réjouit de pouvoir compter
à nouveau sur Christian Burgess.
A vant d’affronter le
Bayer Leverkusen en
Europa League, les
hommes de Karel Geraerts
vont jouer un match au
parfum de Champions
Playoffs à la Gantoise qui
est encore en course pour
une place dans le top 4. En
essayant de ne pas encore
avoir la tête en Allema-
gne… “Ce n’est pas un match
de préparation en vue de Le-
verkusen, analyse Geraerts.
Les trois points à prendre ce
samedi seront peut-être déci-
sifs dans un ou deux mois.
Même si nous avons déjà
battu deux fois cette équipe
cette saison (NdlR : 2-0 en
championnat et 4-0 en
Coupe), il s’agit désormais
d’un autre contexte. C’est une
équipe avec un solide milieu
de terrain et des attaquants
qui marquent beaucoup. Le
danger peut venir de partout
même si l’arrivée d’Orban a
libéré cette équipe.”
Pour cette rencontre, Ka-
rel Geraerts récupère l’un
de ses leaders en la per-
sonne de Christian Bur-
gess, qui était suspendu.
Un retour qui va faire du
bien d’autant que l’Union
reste sur sept matchs de
championnat avec au mois
un but encaissé. “Burgess
est un joueur important sur
le terrain et en dehors de ce-
lui-ci, avance le T1 unio-
niste. Avec sa personnalité
de leader, il aime prendre les
choses en mains et cela se re-
flète sur l’équipe. Ce petit but
qu’on a l’habitude d’encais-
ser est le point à corriger.
Nous avons réalisé beaucoup
d’analyses à ce sujet et nous
progressons dans ce do-
maine.”