Michaël Marcou a passé quinze mois à l’Union
Ce dimanche aura lieu le deuxième derby de la Zwanze de la saison. Pour le préfacer, nous avons rencontré Michaël Marcou, le team manager du RWDM, qui occupait cette même fonction du côté de l’Union il y a quelques mois à peine. Sans langue de bois, il revient sur son passage du côté du stade Marien, décrit sa nouvelle vie au RWDM et évoque sa relation très proche avec la famille Hazard. next
Retourner au Parc Duden sera spécial pour vous ?Effectivement, d’autant que depuis la fin de la collaboration avec l’Union, ce sera la première fois que je reviendrai là-bas.Quels souvenirs y gardez-vous de votre passage ?J’ai eu la chance d’arriver la bonne année, en même temps que les investisseurs de Brighton. La personne qui m’aura le plus marqué est Luka Elsner. J’ai eu la chance de travailler avec un coach super compétent, très passionné et qui vit à 150 % pour son club. Mon meilleur souvenir reste cette victoire en coupe à l’arrachée contre Genk. Le stade était archi-rempli. En plus, on termine sur une panenka de Selemani. À la fin du match, je suis rentré dans le vestiaire et j’ai dit à Faïz : « Tu ne te rends pas compte de ce que tu as fait ! ». Et il m’a répondu : « Il n’y a pas que Pozuelo qui sait faire des panenkas ». Par contre, j’ai vécu aussi des choses moins agréables, comme l’affaire Ramdane-Vanderbiest. Je me situais aux premières loges car j’étais le premier dans le couloir au moment des faits.Quelles étaient vos relations avec les dirigeants de Brighton ?Tous les gens d’Angleterre avec qui j’ai eu des contacts et qui sont venus en Belgique étaient à chaque fois très compétents, très passionnés, fortement investis dans le projet de collaboration entre les deux clubs. Tony Bloom est venu quelques fois mais c’était Alex Muzio qui était plus souvent là. Ce sont de vrais fans de foot, qui vivent cela de manière très intense et très passionnée. Ils étaient toujours très attentifs à ce qu’il se passait à l’Union. Ils avaient besoin de savoir tout de A à Z. Il n’y avait jamais une semaine où on pouvait travailler sans devoir rendre des comptes. C’était vraiment très suivi.Qu’ont-ils apporté à l’Union ?Au début de cette saison-là, l’Union et Tubize faisaient office de Petit Poucet. les premiers mois, on sentait que des clubs comme Louvain ou Malines se disaient que ce n’était pas grave si on se permettait certaines choses avec l’Union, que cela ne poserait pas de souci. Par exemple, on nous demandait souvent de changer l’horaire du match. Ou alors Louvain arrivait et disait qu’il voulait absolument telle ou telle chose. À un certain moment, Luka Elsner et Brighton ont dit qu’il fallait arrêter de se faire marcher sur les pieds. Il ne fallait pas toujours se coucher devant les plus grands. Ils ont réussi à faire en sorte que le club devienne respecté. Et on voit où en est l’Union deux ans plus tard.Les investisseurs ont également amené de l’argent…Effectivement. Et avec de l’argent, on peut faire beaucoup de choses. Quand je vois la manière dont le centre d’entraînement à Lier a été métamorphosé en trois ou quatre mois à peine… En fait, c’est simple : il n’y avait pas de limite. Si les coachs avaient besoin d’un ordinateur, ils le recevaient directement. S’ils voulaient, un billard, ils le recevaient. Je n’ai jamais eu un refus de la part de Brighton par rapport à une de mes propositions qui permettait d’améliorer la vie du club. C’est vraiment chouette de se dire qu’on a mis les premières pierres au chantier. Et tant mieux si d’autres personnes par la suite peuvent en profiter.Justement, pourquoi votre aventure s’est-elle terminée à l’Union ?Lors de l’été 2019, Luka Elsner a eu la chance de pouvoir partir entraîner en Ligue 1 et s’en est allé avec les trois quarts de son staff. On s’est retrouvé sans coach à deux jours de la reprise des entraînements. Et puis, Thomas Christiansen est arrivé et le feeling est nettement moins bien passé qu’avec Luka. Il n’avait pas trop envie de travailler avec moi et j’ai commencé à avoir de moins en moins d’affinités avec lui. J’ai beaucoup donné pour le club, j’ai travaillé dur pendant quinze mois car Luka me demandait d’avoir un gros rendement. Mais il y a eu des faits qui se sont produits avec Christiansen et j’ai alors demandé au club de trouver une solution d’adultes pour que notre collaboration s’arrête. C’est dommage car j’aurais été heureux de pouvoir travailler avec quelqu’un comme Felice Mazzù. Mais c’est comme ça, c’est le foot. Et tant mieux pour la personne qui m’a remplacé (NDLR : Annelies Menten). J’ai maintenant la chance de pouvoir travailler pour le club voisin.
LES RÉALITÉS SONT DIFFÉRENTES À L’UNION ET AU RWDM
V.M.
Depuis quelques mois, c’est donc du côté du RWDM que Michaël Marcou a posé ses bagages. Et il s’en est fallu de peu pour qu’il atterrisse dans un autre club de D1B. « Mon arrivée au RWDM s’est passée très rapidement », explique-t-il. « Le vendredi soir, j’étais en route pour passer un entretien avec Seraing quand Thierry Dailly m’a contacté. Il m’a fixé rendez-vous pour le lendemain matin à 11h. À 14h, c’était réglé avec le RWDM, sans même attendre la proposition de Seraing. »S’il a donc déménagé de quelques kilomètres à peine, il vit par contre une réalité toute différente du côté du stade Machtens. « Autant le timing de mon arrivée à l’Union était parfait. Autant celui de mon arrivée au RWDM l’est moins à cause de la crise du Covid. Ce n’est vraiment pas facile pour le club qui vit de ses supporters. On sent que le club a envie de bien faire, de ne pas être ridicule et qu’il est malheureux de ne pas voir ses fans. Et, vu qu’il y a moins de moyens ici, il y a aussi moins de personnel. Ce qui signifie qu’on est plus multi-tâches. »« Pas d’American Express comme à l’Union »« Je suis très respectueux du parcours réalisé par le club ces cinq dernières années pour en arriver là où il est aujourd’hui. Mais, pour un club professionnel, il lui manque encore des choses pour que tout soit au top. Ce qui est bien, c’est que quand on parle de cela, on ne dit pas qu’on se moque, ou qu’on a bien bricolé pendant cinq ans et que cela passera encore. Au contraire, le club cherche des solutions et les moyens d’avancer, mais on sent que c’est difficile. À titre d’exemple, l’American Express que j’avais à l’Union n’existe pas ici. À l’Union, lorsqu’il te fallait un PC, tu allais directement à la FNAC prendre un Apple. Ici, il faut faire cinquante études de marché pour prendre le moins cher. C’est plus du bricolage car les moyens sont évidemment différents. Et la situation sanitaire n’aide en rien. Mais pour autant, je me sens très bien ici. »
IL EST TRÈS PROCHE DE LA FAMILLE HAZARD
Depuis près de vingt ans, Michaël Marcou, qui est âgé de 38 ans, côtoie de très près la famille Hazard. « À l’époque, j’habitais à Braine-le-Comte », explique-t-il. « J’entraînais au Stade Brainois où Thorgan a commencé sa formation. J’ai fait la connaissance avec le papa, Thierry. Vu que je n’habitais pas très loin, lorsqu’il déposait Thorgan à l’entraînement, il me prenait au passage car je n’avais pas de voiture. De fil en aiguille, je suis devenu le baby-sitter des enfants, j’ai reçu les clés de la maison. Et, petit à petit, Thierry est devenu comme mon père adoptif. Je crois que, aujourd’hui, c’est la seule personne à qui j’obéirai directement. S’il me dit de baisser la tête et de me taire, je le ferai. Il a un gros impact sur moi et je suis très respectueux et reconnaissant de tout ce qu’il m’a apporté. J’ai eu la chance de suivre depuis leur jeune âge les parcours de Thorgan et Eden. Je me souviens de dizaine de matches de football dans leur jardin. »« JE ME SUIS FAIT TOUT SEUL »Mais cette relation particulière lui aura aussi valu quelques jalousies. « Certains diront que ma proximité avec la famille Hazard a fait que je rentre plus facilement à la fédération. Ce qui n’est absolument pas le cas. Jamais Thierry, Eden ou Thorgan ne sont allés trouver la fédération pour leur dire d’engager Michaël Marcou. Je me suis fait tout seul. C’est le résultat d’années de travail, de tournois de jeunes organisés (NDLR : il organisait notamment l’Imexso Cup à Tubize), etc. Je me suis créé ma chance en bossant dans l’ombre durant de nombreuses années. J’ai longtemps rêvé d’en être là et de travailler pour un club professionnel. Et maintenant, j’y suis. »
Une fonction très large
Un team manager, c’est quoi ?
Depuis deux ans et demi, Michaël Marcou occupe donc cette
fonction de team manager. Une
fonction dont les attributions
sont assez larges. « En fait, la
logique voudrait que je ne m’occupe que des joueurs et du staff.
Mais ici, au RWDM, on est
comme un poulpe. On touche à
tout. Moi, personnellement,
cela ne me dérange pas car je
suis un passionné de foot à la
base. »
Sa tâche principale tourne autour de l’équipe première. « Il
faut savoir être proche des
joueurs et du staff à la fois. Il
faut être le relais entre les deux.
Si un joueur a un coup de blues,
il va venir chez moi. Il va me
donner des informations pour
que j’aille les répéter au coach.
Et inversement, quelqu’un du
staff va me signifier qu’il est
déçu du comportement de tel
joueur. Je vais alors le trouver
pour savoir s’il a des problèmes
dans sa vie privée. Je lui dis que
le staff se pose des questions,
qu’il le trouve déconnecté. En
fait, je reçois des informations à
gauche et je les renvoie à droite.
Ce qui est bien dans mon travail, c’est que je n’ai jamais
deux fois la même journée.
C’est cela qui fait que mon job
est aussi chouette. »
LA RÉACTION DU T1
V.M.
Laurent Demol.
C’est en confiance que le RWDM se déplacera du côté de l’Union. Car les Molenbeekois restent sur un 9 sur 12, et notamment sur une victoire au caractère à dix contre onze durant 45 minutes face au Lierse le week-end dernier. « L’équipe ne se porte pas trop mal », confirme le T1, Laurent Demol. « On démontre de belles choses et il y a une amélioration dans le chef de certains joueurs. »Mais pour autant, le RWDM sait qu’il ne partira pas avec les faveurs des pronostics, comme c’était déjà le cas lors du premier derby entre les deux équipes à la fin du mois de septembre. « Depuis un mois et demi, l’Union carbure. Les chiffres le démontrent. Les Saint-Gillois viennent d’enchaîner cinq victoires de rang. C’est clair qu’on ne se rend pas au stade Marien au meilleur des moments. On s’attend à un match difficile, qu’on ne jouera certainement pas la fleur au fusil. L’Union montre de la régularité depuis plusieurs semaines et peut compter sur Dante Vanzeir qui a marqué un nombre impressionnant de buts (NDLR : dix lors des cinq derniers matches, onze depuis le début de la saison). Les Saint-Gillois sont bien équilibrés, ont des bons joueurs à toutes les places et progressent depuis le début du championnat. En plus, ils auront certainement à cœur de nous battre puisqu’on est la seule équipe à les avoir vaincus jusqu’à présent. On sera attendu. »« IL POUVAIT FACILEMENT Y AVOIR 7 À 8.000 FANS »Alors que la première rencontre au stade Machtens avait pu accueillir quelques centaines de spectateurs, celle-ci se déroulera quant à elle à huis clos. « C’est dommage pour les supporters qui attendent ces derbys depuis 35 ans. En plus, les deux clubs auraient facilement pu accueillir 7 à 8.000 personnes à chaque rencontre. C’est embêtant évidemment pour les fans, mais également pour les joueurs car cela leur fait du bien de ressentir le soutien de leurs sympathisants. »Ce dimanche à 16h, c’est donc devant la télé qu’il faudra suivre ce deuxième derby de la saison.Le noyau. Sadin, Matthys, Libert, Ruyssen, Le Joncour, Mpati, Boujouh, Dante, Cruz, Dequevy, Yagan, Terki, Claes, Nzuzi, Nangis, Lavie, Rocha, Senakuku.> Rommens est suspendu pour cette rencontre suite à sa carte rouge reçue contre le Lierse le week-end dernier. Il devrait être de retour face à Lommel le dimanche prochain. C’est Lavie qui le remplace dans le noyau. Il s’agit là du seul changement par rapport à la victoire face au Lierse.