ANALYSE@Belga
C’est la grande question du moment : l’Union peut-elle le faire ? Peut-elle vraiment remporter le championnat ? Pour les anciens Unionistes, elle a toutes ses chances !
Les Saint-Gillois vont-ils réaliser l’exploit de coiffer le douzième titre de leur histoire cette saison, 87 ans après leur dernier sacre conquis en 1935 ? Certes le championnat est encore long et semé d’embûches. Mais ce qui ne semblait encore qu’une douce utopie il n’y a pas si longtemps devient, peu à peu, totalement envisageable. Car l’USG est -déjà- championne d’automne avec sept points d’avance sur ses plus proches poursuivants, Bruges et l’Antwerp. « Sur ce qu’on voit de l’Union depuis le début de la saison, il n’y a aucune raison de croire que ce n’est pas possible », réagit Marc Grosjean, qui a été le coach de l’USG entre 2015 et 2018. « Tous les paramètres sont réunis. D’autant que, de manière étonnante, la concurrence piétine. Bruges – même s’il peut avoir des circonstances atténuantes avec la ligue des Champions –, Anderlecht, Genk, Gand, voire le Standard : ils ne sont pas là. Et ils sont tous en déficit de points. »
« Il faut pouvoir croire au miracle », réagit pour sa part Jürgen Baatzsch, l’ancien président de l’USG qui a cédé le club aux investisseurs anglais en 2018. « Car les victoires n’ont pas été acquises par chance. L’Union a véritablement massacré certains de ses adversaires, comme Charleroi, le Standard ou Ostende ce week-end. Et les trois défaites face à Bruges, l’Antwerp et Malines n’étaient pas spécialement méritées. »
En tout cas, semaine après semaine, les attentes grandissent autour des Unionistes. Car si leur objectif premier était le maintien, il y a fort à parier qu’ils ne s’en contenteront désormais plus. « Au départ, lors des premiers matches, Mazzù disait qu’il voulait d’abord se sauver », analyse Dante Brogno, qui a coaché l’Union entre 2010 et 2012. « Aujourd’hui, il ne va pas parler du titre pour enlever de la pression à ses joueurs. Mais je pense que, même s’ils arrivent quatrièmes, ils seront déçus. Car ils doivent se dire qu’ils ont une opportunité unique ! »
« Au début, on ne voulait pas trop s’emballer, mais cela commence à être difficile », sourit Charles Morren, le capitaine de l’Union entre 2014 et 2019. « On m’avait demandé il y a quelque temps où je la voyais terminer et j’avais dit qu’elle avait l’étoffe pour le top 3. Je la vois mal baisser de régime. Je la vois même aller jusqu’au bout. Elle a déjà sept points d’avance sur les seconds, c’est-à-dire qu’elle a deux jokers en cas de fringale. »
Toutefois, les anciens des Jaune et Bleu savent mieux que quiconque que le danger guette pour l’Union. Un péril nommé mercato hivernal. « Pour moi, cela reste une aberration qui a été instaurée sous la pression du syndicat des joueurs pour qu’ils aient plus de mobilité. Mais cela déforce l’image du championnat et l’intégrité de la compétition », regrette Jean-Marie Philips, arrivé à l’Union en 2012 et qui a quitté toute fonction dirigeante du club durant l’été 2021. « Le danger de voir l’équipe décapitée existe. Mais le club est-il disposé à laisser partir ses joueurs ? Et à l’inverse, est-ce que les joueurs seraient tentés de quitter cette aventure pour aller se fondre dans un milieu qu’ils ne connaissent pas, sans certitude de jouer ? N’est-il pas préférable pour eux d’aller au bout du championnat ? De toute façon, leurs performances resteront ancrées encore en fin de saison dans la tête des scouts et des dirigeants des autres clubs. À leur place, je poursuivrais l’épopée au sein de ce club qui les a révélés. »
Marc Grosjean, lui, se montre plutôt optimiste quant à la capacité de l’Union à traverser cette période délicate. « Les responsables du club connaissent les clés du succès. C’est la raison pour laquelle ils en sont arrivés jusque-là. On dit qu’on va venir chercher leurs meilleurs joueurs. Mais je ne suis pas convaincu qu’ils partiront à la première offre venue. Car le club a la capacité de leur proposer quelque chose de bien, de solide. Il n’a pas spécialement besoin de vendre pour vivre. »
Tous les anciens se rejoignent sur un point : ils sont ravis pour leur ancien club. « Je suis vraiment content de ce qui arrive à l’Union », déclare Dany Ost, l’iconique capitaine de l’USG dans les années 1980 et 1990. « On a toujours dit que l’USG était sympathique. Mais maintenant, les gens adorent véritablement le club. On sent qu’il y a quelque chose de terrible qui se passe. Et en plus, l’Union joue bien et développe un football attractif. »
Et le mot de la fin revient à Alexandre Czerniatynski, l’entraîneur du matricule 10 en 2006-2007. « Ce qui se passe est extraordinaire. Je ne vois pas, pour l’heure, une équipe qui joue mieux au football en Belgique. Et je souhaite vraiment bonne chance à Felice Mazzù pour la suite. »