Alors qu’Anderlecht entend enfin remettre l’Union à sa place après trois défaites d’affilée contre les voisins bruxellois, ceux-ci sont bien décidés à s’accrocher pour conserver la leur. Le derby s’annonce passionnant, dimanche, au parc Astrid. next
Saisie quelques minutes à peine après l’officialisation de la troisième place anderlechtoise à la suite d’une deuxième victoire d’affilée en l’espace de cinq jours contre l’Antwerp, la réaction de Vincent Kompany était révélatrice de l’état d’esprit des Mauves, jeudi soir. « Rêve-t-on encore de la deuxième place ? Je veux surtout battre l’Union, après trois revers d’affilée », grinçait l’entraîneur anderlechtois, qui avoue ne pas avoir digéré les trois humiliations face au voisin bruxellois. « On ne se dit pas qu’on a la possibilité de battre le Sporting à quatre reprises cette saison », tente de relativiser Burgess, le défenseur unioniste. « On veut surtout remporter ce match-là, point barre. » « Nous sommes déçus après nos deux défaites contre Bruges, c’est évident », reconnaît pour sa part Felice Mazzù. « Mais on veut encore faire quelque chose de bien lors de ces deux dernières rencontres des playoffs. »Anderlecht qui rêve encore secrètement de la deuxième place en sachant pertinemment qu’il lui faudrait un miracle pour la décrocher face à une Union qui fait mine d’encore croire au titre : et si c’était avant tout un match de prestige, dimanche, à l’ombre de saint Guidon, pour déterminer quelle est réellement la meilleure équipe de la capitale ? Le déplacement au parc Astrid vaudra en tout cas le détour pour assister à un duel qui s’annonce passionnant entre deux clubs qui s’apprécient et se respectent. Et pour lesquels la zwanze est plus que jamais de retour. Est-ce la chaude atmosphère du parc Duden qui l’inspire ? Cela fait des années que l’enceinte anderlechtoise n’avait plus vibré autant que ces derniers mois. Il fera chaud, dimanche dans la capitale, et pas uniquement parce que le thermomètre s’approchera des 30ºC.
QUATRE À LA SUITE
L’Union va-t-elle battre Anderlecht pour la quatrième fois d’affilée cette saison ? Vincent Kompany ne veut pas y penser. « À trois reprises, nous n’avions eu aucune chance », a-t-il souligné. C’est faux et c’est surtout une façon pour l’entraîneur anderlechtois d’évacuer la pression tout en camouflant les erreurs commises lors des trois précédents affrontements. Si les Unionistes étaient largement au-dessus du lot lors de la première journée de championnat au parc Astrid (1-3) où Kouamé et Zirkzee n’entraient pas encore en ligne de compte le 25 juillet – Kiese-Thelin avait dû dépanner et Bundu était rentré –, cela n’avait pas été le cas pour le match retour de la phase classique au parc Duden. Seul un coup franc dévié de Casper Nielsen avait fait basculer une rencontre fermée.Lors de la première journée des playoffs, le 24 avril, Anderlecht avait surtout fait le jeu de l’Union en loupant complètement ses deux débuts de mi-temps et en évoluant la fleur au fusil au lieu d’opter pour un bloc bas. Mais, durant les vingt dernières minutes du premier acte, on n’avait plus vu que les Mauves sur la pelouse du stade Joseph Marien, Anthony Moris ayant échappé par deux fois au 2-2. « À trois reprises, nous avons bien joué contre Anderlecht et nous avons concrétisé nos possibilités », estime quant à lui Mazzù. « Vous avez plus de réussite dans certains matches que dans d’autres. Contre Bruges, la pièce n’est par contre pas tombée du bon côté. »Quoi qu’il en soit, l’Union établira un record si elle bat Anderlecht dimanche. Et ce n’est pas leur victoire 0-5 en Coupe à Saint-Gilles en février 2021, qui consolera les Mauves. Depuis que les playoffs existent, les Anderlechtois n’ont encore jamais été battus quatre fois par un même club au cours de la même saison. Le RSCA avait perdu ses trois premiers duels contre le Standard (2014-15) et face à Genk (2018-19), mais il avait ensuite chaque fois arraché le nul (1-1) lors du quatrième affrontement.
DANS LA TÊTE
Lors de sa visite à l’Union en ouverture des playoffs, Anderlecht n’avait pas encore digéré son revers aux tirs au but en finale de Coupe contre Gand, une semaine plus tôt. Les Unionistes, eux, avaient affiché ce jour-là une mentalité exemplaire, bien décidés à montrer à Bruges qu’ils s’accrocheraient jusqu’au bout à leur première place. Trois semaines plus tard, la courbe psychologique s’est inversée. Les Saint-Gillois auront bien du mérite à relever la tête au parc Astrid alors qu’ils viennent d’essuyer deux défaites ô combien douloureuses face à Bruges pendant que les Mauves se refaisaient une santé contre l’Antwerp.Les Unionistes ont eu congé jeudi pour se ressourcer en famille après la désillusion brugeoise. Felice Mazzù a beaucoup parlé à son groupe et notamment à Vanzeir et Undav. « Ils sont dans un état d’esprit positif et sont conscients qu’ils auraient pu mieux faire », a indiqué le coach de l’USG.Libéré par l’officialisation de sa troisième place, le RSCA entend surfer sur cette vague européenne pour remporter un derby de prestige dimanche. Alors que l’Union paraît à bout de souffle, il a retrouvé une seconde jeunesse avec Arnstad, Delcroix et Kana. La fougue de ces derniers les pousse même encore à rêver ouvertement d’une improbable deuxième place synonyme de préliminaires de Ligue des champions.L’orgueil, aussi, pourrait influencer les débats avenue Théo Verbeeck, où l’Union est venue s’imposer lors de ses deux derniers déplacements en Coupe et en championnat. On ajoutera que la dernière fois qu’un promu a pris 100 % des points sur une saison face à Anderlecht, c’était… l’Union en 1951-52. « L’USG, c’est juste à côté », grimace Kana. « J’ai des potes là-bas et ils m’ont déjà envoyé des messages. Le prestige est en jeu. Sportivement, c’est important également. On a déjà perdu les trois premiers matches contre eux cette saison. Ce n’est pas acceptable. »L’Union Saint-Gilloise ne manque pas non plus d’amour-propre… « Nous avons pris connaissance de leurs déclarations jeudi soir et entendu que les Anderlechtois estimaient être mieux que nous mentalement », a glissé Felice Mazzù, toujours à l’affût de la moindre opportunité pour motiver son groupe. « Il paraît qu’on est au plus bas, et que ce sera un match plus simple pour eux. C’est à nous de réagir à cela. Est-ce une source de motivation ? Oui mais autant que la défaite à Bruges. Le fait de perdre cette première place dans ces playoffs, c’est injuste. Comme ce système. On doit combattre tout cela intelligemment. Pas en étant des caliméros. »
ENJEU
S’il bat l’Union Saint-Gilloise dimanche, Anderlecht reviendra à une petite unité de la deuxième place. Une raison de rêver d’un ticket pour les barrages de la Ligue des champions ? Oui et non, car on imagine difficilement les Mauves aller s’imposer, une semaine plus tard, dans un Jan Breydelstadion surchauffé. Et, surtout, on imagine encore moins l’Antwerp empêcher les Unionistes d’entériner leur seconde place dans leur Parc Duden, le Great Old n’ayant plus célébré la moindre victoire depuis le 2 avril à Louvain. Le président anversois Paul Gheysens n’aura certainement pas envie d’offrir ce cadeau à son « ami » Wouter Vandenhaute.De son côté, l’Union SG, qui sera assurée de la deuxième place si elle ne perd pas contre Anderlecht dimanche, peut mathématiquement toujours rêver du titre. Mais Bruges possède encore deux balles de matches pour s’offrir un troisième sacre d’affilée : dimanche au Bosuil contre des Anversois aux abois et le week-end suivant contre le RSCA.« Nous sommes conscients que la deuxième place n’est pas encore assurée, mais nous savons aussi que la première place reste accessible », se persuade Felice Mazzù, le coach unioniste. « On ne veut pas parler que de la deuxième place, on veut encore croire à la première . Nous connaîtrons la place que nous jouerons contre Anderlecht en fonction du résultat du Club de Bruges contre l’Antwerp. Tout reste possible. »
INTÉRÊT
V.M.
Photo Newsprev
À 28 ans, Casper Nielsen ne devrait pas faire de vieux os à l’Union, club dans lequel il est arrivé il y a trois ans. Vu la saison qu’il réalise, et sa récente sélection avec l’équipe nationale danoise, le milieu de terrain attise forcément les convoitises. Ainsi, le Club de Bruges, son récent bourreau, l’aurait dans son viseur. Ou plus exactement, il ferait partie d’une liste de joueurs qui pourraient intéresser le club brugeois qui devrait perdre Ruud Vormer cet été. Mais d’après nos informations, les discussions ne risqueraient pas d’aller plus loin. Ou en tout cas, pas pour le moment. D’autant que l’Union, de son côté, avait récemment fait savoir qu’elle n’entamerait les discussions avec ses joueurs qu’après les playoffs. Casper Nielsen, dont la valeur marchance tourne autour des 4,5 millions d’euros, intéresserait également la Lazio.