L’équipe de Mazzù poursuit sa belle
semaine en prenant le dessus sur sa rivale
bruxelloise, qu’elle relègue à 15 points.
De Bruxelles, la fierté”,
clame le slogan de
l’Union. Une maxime
qui sonne particulière-
ment juste après cette
deuxième victoire de la saison
sur l’opulent voisin anderlech-
tois. Il fallait voir la douce folie
qui régnait sur le stade Marien
et la chaussée de Bruxelles, à la
fin de ce derby, pour saisir le
rêve éveillé que vivent ses sup-
porters.
Voilà leur Union avec
quinze points d’avance sur le
Sporting. Elle en compte dix
sur l’Antwerp, qui disputera
un match en retard mercredi,
et chez qui elle poursuivra
justement sa joyeuse tournée
“préplayoffs” samedi. En at-
tendant, elle sort d’une hui-
taine qui s’annonçait terrible
forte d’un sept sur neuf réa-
lisé grâce à la qualité de son
foot, de son collectif et de son
état d’esprit, inébranlable,
même quand la pression
monte. Tout cela demandera
confirmation d’ici des cham-
pions playoffs qu’elle ne peut
plus louper. Felice Mazzù a
d’ailleurs enfin fixé un nouvel
objectif à son équipe : “Oui, à
partir d’aujourd’hui, on peut
dire qu’on vise les playoffs 1.” Et
le titre? “On en parlera à la der-
nière journeé, s’il est encore
jouable.”
La rencontre n’a pas été un
sommet de jeu et les grosses
occasions ont été plutôt rares,
mais c’est la marque des der-
bies. Comme Bruges et Genk,
les Mauves ont eu le ballon,
avec une possession de 66 %.
Mais ils se sont cassé les dents
sur une organisation impec-
cable. Comment parvenir à
faire mal à cette équipe, qui
sait défendre collectivement
comme nulle autre ? Pas avec
des ballons aériens, en tout
cas. Les arrières se sont réga-
lés. Les deux seules possibili-
tés mauves de la première pé-
riode sont d’ailleurs passées
par le sol. “Au niveau défensif,
c’était parfait”, reconnaît
Mazzù. “On a gardé le zéro et
Anthony (Moris) a fait les arrêts
qu’il fallait sur les deux ou trois
grosses opportunités adverses.
Offensivement, on aurait pu
mieux faire. On a eu deux gros-
ses occasions qu’on aurait dû fi-
nir, mais cela n’a pas porté à
conséquence.”
L’affaire aurait peut-être été
différente si Zirkzee avait
mieux conclu un très beau
mouvement Gomez-Refaelov
(28e
). Ou si Moris ne s’était pas
envolé sur un très beau coup
franc de Gomez (54e
).
Mais l’Union n’a pas rem-
porté ce match juste parce
qu’elle a un gardien en forme
et une défense solide.
D’autres joueurs ont été énor-
mes, malgré le fait qu’il s’agis-
sait du même onze pour la
troisième fois en huit jours.
Ce dimanche, Undav et Van-
zeir étaient un cran en deçà,
mais d’autres ont pris le re-
lais. On pense à Lazare, qui
prend une autre dimension et
aurait pu être crédité d’une
passe décisive sans un sauve-
tage de Van Crombrugge, qui
repoussait la tête de Vanzeir
sur la latte (79e
).
Que dire de Nielsen, qui a
terminé perclus de crampes
après une rencontre où il
aura été omniprésent ? En
plus de tout récupérer, c’est
lui qui a marqué d’un tir loin-
tain, comme contre Genk. On
pourrait également citer La-
poussin ou Nieuwkoop, qui a
terminé sur une jambe. “Je
leur avais dit que le mental de-
vait prendre le dessus sur le
physique”, conclut Mazzù.
Son équipe a bien reçu le
message.
“Le but? On savait qu’Anderlecht laisse
de l’espace devant le rectangle…”
Nielsen a eu la liberté de frapper au but sur
le 1-0. Unionistes et Mauves s’expliquent.
M ais comment Ander-
lecht a-t-il donc pu
laisser Casper Nielsen tout
seul au grand rectangle sur
ce coup franc après dix mi-
nutes de jeu ? “Je n’étais pas
surpris, dit Nielsen. Notre T2
Karel Geraerts avait analysé
les phases arrêtées défensives
d’Anderlecht. Il avait vu qu’il y
avait des possibilités à l’exté-
rieur du grand rectangle parce
que les joueurs se mettent tous
à l’intérieur du rectangle. On a
travaillé cette phase. Quand
Teddy m’a donné cette passe,
j’étais confiant dans le fait de
marquer. Je savais où frapper.”
Felice Mazzù confirme. “On
avait montré aux joueurs qu’il y
avait de l’espace devant le bloc
défensif sur phase arrêtée, que
ce soit sur corner ou sur coup
franc. On l’a bien exploité.”
Et côté anderlechtois ? Vin-
cent Kompany défendait le po-
sitionnement de ses joueurs.
“Est-ce que quelqu’un qui frappe
des 30 mètres
est une prio-
rité ? Statisti-
quement, la ré-
ponse est non.
Dès que le bal-
lon est joué en
retrait, il faut
vite mettre la
pression sur le
tireur. Mais
bon, on a eu la
malchance que le ballon ait été
dévié.”
Hendrik Van Crombrugge
était plus sévère. “Bien sûr
que ce but ne pouvait pas tom-
ber. Ce n’est pas la première
fois qu’on encaisse un but pa-
reil sur phase arrêtée. C’est une
responsabilité collective. Il fau-
dra revoir sur les images ce qui
n’a pas marché. Bien sûr que
l’Union a eu de la chance que
le ballon ait été dévié. Mais
mon papa m’a toujours dit que
la chance, on la force.”
“J’ai essayé de
ne pas anticiper”
Anthony Moris a été décisif avec un superbe
arrêt sur le coup franc de Gomez.
C’ est l’un des gestes de
l’après-midi. Sur un
coup franc parfaitement
botté par Sergio Gomez vers
la lucarne, Anthony Moris
s’est envolé pour sortir le
ballon d’une incroyable pa-
rade. “Comment je vais le cher-
cher ? Avec ma main gauche”,
souriait le gardien de
l’Union. “Je savais que Gomez
est l’un des meilleurs frappeurs
de coup franc du championnat.
Vu qu’il sait le mettre des deux
côtés, j’ai essayé de ne pas an-
ticiper et de réagir au moment
où le ballon partait. C’est un
moment clé car, si les Ander-
lechtois avaient marqué, ils
auraient pu reprendre l’ascen-
dant psychologique dans le
match. Mon plus bel arrêt ? Je
n’ai pas encore fait mon top, je
le ferai en fin de saison (sou-
rire).”
Devant son grand rectan-
gle, Moris a pu voir ses dix
coéquipiers s’arracher pour
garder l’avantage d’un but.
Ce qui a permis à l’équipe de
Felice Mazzù de réaliser une
douzième clean-sheet cette
saison, dont onze pour le
Luxembourgeois.
“On voit dans l’abattage que
la solidarité est plus que pré-
sente, avance-t-il. Je n’ai pas
envie de parler d’une seule per-
sonne mais quand on voit l’ex-
cellent match réalisé par Niel-
sen… Il faut se reposer sur cette
solidarité, ce dépassement de
soi et cette envie. Ce sont les
valeurs de l’Union et c’est ce
que les gens sont venus voir.”
. Solidarité
et organisation
Ces courses et ces reposi-
tionnements défensifs ne
sont pas sans conséquence
d’un point de vue physique.
D’autant plus que Mazzù a
aligné le même onze de base
pour les trois rencontres
jouées en huit jours. “On a vu
beaucoup de fatigue de notre
côté car il y a eu une grosse dé-
bauche d’énergie jeudi à Bru-
ges, commente Moris. Il y a
eu beaucoup de courses offen-
sives et défensives. Notre façon
de jouer nous permet de laisser
très peu d’occasions à l’adver-
saire grâce à notre bonne orga-
nisation et de nous mettre en
confiance.”
Les joueurs ont aussi pu
compter sur le soutien du
public pour aller puiser dans
leurs ressources. “Nous avons
senti leur soutien dès vendredi
avec de nombreux messages
d’encouragement. Nous avons
attaqué ce match en nous di-
sant qu’il fallait tout donner et
que dans les moments chauds,
le public serait là pour nous
pousser. C’est ce qui a fait la
différence.”