FRÉDÉRIC LARSIMONT
Leverkusen a brisé le rêve européen de Simon Adingra et de l’Union Saint-Gilloise.Belga
Cueillis à froid, les vice-champions de Belgique n’ont jamais été en mesure de contester la supériorité de Leverkusen, malgré un rush à 100 à l’heure en fin de match. next
Soixante-six secondes, très exactement, pour refermer le grand livre d’une campagne européenne dont même les plus indécrottables optimistes au sein des Union Bhoys, n’auraient pas osé tapisser leurs rêves les plus fous. Le temps pour Diaby d’effacer Morris et de redresser sa course d’un joli coup de reins et la fin des illusions sonnait déjà, sans que le public du… parc Astrid en accepte l’augure.
Et pourtant, malgré toute l’énergie jetée dans la bagarre pour inscrire ce petit but qui lui aurait ouvert la voie de la prolongation, l’Union en restera à 12 matches européens pour la saison 2022-23.
Sa 6 e confrontation de la compétition avec un club allemand (L’Union Berlin en poule set en huitièmes puis Leverkusen en quarts) aura été tout sauf la bonne. Après avoir eu quelques ballons de 0-2 voici une semaine à la BayArena avant de concéder logiquement l’égalisation en fin de match, le vice-champion de Belgique n’a pas pu renouveler l’opération à Bruxelles. En cause, une mise sous cloche de la deuxième manche puisqu’après une minute et six secondes, Diaby avait déjà porté son équipe aux commandes. Et pour de bon puisque la domination allemande fut quasi totale, depuis la possession (57 %) jusqu’au nombre d’occasions (3 contre 1). Et, bien entendu, de buts puisque peu avant la pause, Bakker doubla le capital du 6 e de la Bundesliga. Leverkusen bloquait toute la reconstruction saint-gilloise, des flancs au cœur du jeu où Teuma et Lynen ont passé une soirée sans pratiquement voir la lumière des projecteurs.
Étouffée à la fois par le rythme et le quadrillage du dispositif allemand, l’Union n’a pas pu évoluer dans son registre habituel, faute notamment, d’avoir pu mettre le pied sur le ballon en suffisance. Une belle leçon d’efficacité infligée à une équipe bruxelloise privée, dès la demi-heure de Vertessen (adducteurs), son atout vitesse qui aurait pu, le cas échéant, proposer des solutions face à un bloc défensif adverse évoluant très haut.
Avec un handicap de deux buts à remonter à la pause, Karel Geraerts n’a plus eu d’autre choix que de remanier son dispositif afin de tenter le tout pour le tout. Son passage à une défense à 4, avec Nieuwkoop et Lapoussin pour assurer une double propulsion sur les flancs depuis l’arrière, a valu ce qu’elle a valu, à savoir un baroud d’honneur certes généreux, avec un surplus de pression à la clé, mais in fine, insuffisant pour contester la qualification de Leverkusen, acquise très tôt dans la partie. « On est ressorti du vestiaire avec l’idée de bousculer notre adversaire, ce qu’on est parvenu à faire avec beaucoup de mouvement et de variation dans le jeu », explique Karel Geraerts. « Je crois que le stade a senti qu’il y avait peut-être quelque chose à faire, avec un brin de chance supplémentaire. »
Malgré un 3 e but signé Frimpong et concédé sur une erreur fatale de Morris dans le jeu au pied, l’Union parvint cependant à assurer l’essentiel devant un public chantant comme s’il était, quelques kilomètres plus bas, au parc Duden : inscrire un petit but. Et s’assurer une sortie honorable de la seconde Coupe d’Europe en importance, malgré un score alourdi par Hlozek à dix minutes du terme. Avec à la clé, outre des souvenirs, un pactole de 12 millions sur lequel, même avec un riche propriétaire anglais, on ne crache jamais quand on émarge à un championnat du subtop continental.
La sortie sous les applaudissements nourris constitua la moindre des choses pour cette équipe dépouillée à l’intersaison que personne n’attendait à la fête en championnat. Et moins encore sur la scène européenne où elle a refait parler d’elle une soixantaine année plus tard. En bien. Et même davantage. « Il est difficile de tirer des conclusions de notre campagne européenne à chaud après un match que l’on perd 1-4, mais si je dois la résumer par un mot, je dirais sans hésitation : fierté. Un terme qui résume ce que ressent à la fois le public et son équipe. »
« Il faut être honnête, le meilleur s’est qualifié »
VINCENT MILLER
Teddy Teuma impuissant jeudi soir.PhotoNews
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Teddy Teuma était déçu mais gardait la tête haute à l’issue de la rencontre.
Quel est votre sentiment après cette élimination ?
Je dirais qu’on peut avoir de la frustration car on prend un but très rapide. Ce qui n’aide pas face à un tel adversaire… C’était un réel handicap. Mais il faut être honnête, le meilleur s’est qualifié. Toutefois, on peut être fier du parcours qu’on a réalisé et du match qu’on a fait. En deuxième mi-temps, on a tenté un coup tactique en passant à quatre derrière. On a amené plus de fougue, on a été plus offensif. On a amené plus de danger mais sur chaque contre, ils ont été très efficaces. C’était le très haut niveau et le meilleur a gagné.
Désormais, peut-on dire que votre objectif premier est le titre en championnat ?
Oui. Mais le plus dur à présent, c’est de récupérer un maximum. Car dimanche on a un match très important face à Courtrai avant les playoffs. Mais c’est vrai qu’on peut maintenant se concentrer à 100% sur le championnat.
S’agira-t-il d’un match piège par excellence ?
Oui, surtout après un revers comme ça… Mais il ne faut pas non plus prendre notre élimination négativement. C’est la fin d’un très beau parcours. On est éliminé par un bel adversaire. On sort par la grande porte et on peut être fier de tout ce qu’on a fait. Il faut désormais se servir de cette campagne pour entamer au mieux ces playoffs.
Justement, qu’avez-vous appris durant cette campagne européenne et qui pourrait vous aider à aller conquérir le titre ?
On a pris en expérience, en maturité. On a fait face à des superbes adversaires. On a joué tous les 3 jours. Il faut sortir grand de tout cela. Maintenant, à nous de faire de grands playoffs pour goûter à nouveau à l’Europe l’année prochaine.
Quelle sera l’image forte que vous retiendrez de cette campagne ?
Probablement la photo avec le public quand on a célébré notre qualification contre Berlin. C’était un bel événement, une magnifique fête.