L e football est de plus
en plus dicté par les
datas. Un terme qui
fait peur et qui se pose da-
vantage en support qu’en
vérité absolue. La saison ré-
gulière de Pro League l’a
une nouvelle fois prouvé
avec des résultats attendus
et d’autres beaucoup
moins.
Via notre fournisseur de
données Wyscout, on tire
un bilan chiffré avant d’at-
taquer les playoffs.
. Le classement aurait
dû être différent…
Via un algorithme statis-
tique, Wyscout, plateforme
de référence pour les datas
footballistiques, offre une
projection du classement
attendu. À l’instar des dé-
sormais célèbres buts at-
tendus (xG), les différentes
données compilées per-
mettent de définir le classe-
ment que chaque forma-
tion aurait “mérité” en fin
de saison régulière.
Les surprises sont nom-
breuses. Notamment en
tête, où l’Antwerp totalise
le plus grand nombre de
points attendus devant
Genk et le Club Bruges.
L’Union est quatrième.
Dans le bas du tableau,
tout est également cham-
boulé. Ostende, relégué de-
puis la 33e
journée, aurait
dû terminer à la 13e
place et
prendre 13 points de plus
que ses 27 unités. Zulte Wa-
regem aurait également dû
être sauvé.
Anderlecht pourra, lui, se
mordre les doigts. Wyscout
leur annonce des points at-
tendus estimés à 50,9 uni-
tés, soit assez pour se faufi-
ler dans le top 8 (que ce soit
celui des points attendus
ou le classement réel).
. Le top 3 en surrégime
Le football n’est heureu-
sement pas défini par quel-
ques multiplications de pa-
ramètres quantifiables. Les
impondérables font la
beauté du sport et sont
souvent en faveur des pre-
miers au classement. Genk
et l’Union, co-leaders, en
sont la meilleure preuve.
Les deux meilleures équi-
pes de la saison sont actuel-
lement en surrégime. Au
niveau des points pris déjà.
L’Union a pris 15,6 points
de plus que prévu. Genk en
est à 13. L’Antwerp n’est pas
en reste avec 9 points de
plus qu’attendu.
Le secteur offensif est la
principale raison de ces sta-
tistiques étonnantes. Les at-
taquants des Bruxellois et
des Limbourgeois n’ont pas
besoin de nombreuses oc-
casions ou de possibilités
très dangereuses pour mar-
quer.
Genk a inscrit 6,6 buts de
plus que prévu, l’Union 13,4
réalisations !
À l’Antwerp et au Club
Bruges, c’est plutôt la dé-
fense qui fait la différence,
avec 6,6 et 6,9 buts encais-
sés de moins que prévu.
À noter également
l’énorme contre-perfor-
mance défensive d’Ostende
qui était supposé obtenir
une différence de buts de
13,2. Les mauvaises perfor-
mances offensives et défen-
sives des Côtiers ont large-
ment alourdi ce total : 39
buts.
. Chaque frappe
de Genk est dangereuse
Symbole de l’efficacité de
Genk, chacun des tirs lim-
bourgeois a 16 % de chance
de terminer au fond des fi-
lets. C’est plus que n’im-
porte quelle équipe belge
et c’est d’autant plus im-
pressionnant qu’ils frap-
pent 12 fois au but par
match.
Défensivement, l’An-
twerp s’est posé en vérita-
ble forteresse et ne laisse
que peu d’occasions fran-
ches à ses adversaires. Seule
l’Union concède moins de
frappes que les Anversois.
Le pourcentage de dange-
rosité est toutefois à l’avan-
tage des hommes de Mark
van Bommel avec une pro-
babilité de 11 % de but sur
chaque frappe concédée.
. Le RSCA a oublié les
combinaisons courtes
Il est loin le temps de
Vincent Kompany et de ses
enchaînements de passes
au sol, avec un maximum
de vitesse. Aucune équipe
classée devant Anderlecht
ne donne des passes
moyennes plus longues
que les Mauves (20,35 mè-
tres).
Le rythme d’échange de
passes a également large-
ment chuté. Une nouvelle
fois, toutes les équipes du
top 10 ont un rythme de
passes plus élevé que le
Sporting. La transition s’est
faite vers un football plus
direct avec une recherche
constante de la verticalité.
Ce qui fait d’Anderlecht
l’équipe donnant le plus de
passes en profondeur : 9,8
par match.
C’est d’autant plus éton-
nant qu’Anderlecht est la
troisième équipe avec le
plus gros pourcentage de
possession de balle (54,7 %).
. Le Standard enchaîne
peu les passes… mais
elles sont dangereuses
Le Standard est l’une des
pires équipes en termes de
passes dangereuses. Les
Rouches sont 17es avec 43,16
passes dans le dernier tiers
du terrain. Inquiétant ? Pas
du tout. Il faut pondérer
cette donnée pa le nombre
total de passes de l’équipe.
Résultat : le Standard est
l’équipe qui a réussi le plus
gros pourcentage de ses
passes près du rectangle
adverse (73 %).
Les hommes de Deila s’il-
lustrent également dans
d’autres données chiffrées
offensives : ce sont eux qui
dribblent le plus (avec un
beau taux de réussite dé-
passant les 50 %) et qui ga-
gnent le plus de duels of-
fensifs (83,3 soit près de 6
de plus par match que
l’Union, leur dauphin).
. Le Cercle qualifié
grâce à son pressing
Felice Mazzù a dit que le
Cercle méritait sa place
dans le top 8. Tous les spé-
cialistes diront que le Cer-
cle, mauvais élève du début
de saison, a changé de vi-
sage sous Miron Muslic. Le
coach a proposé un plan de
jeu clair basé sur un gros
pressing qui a fait déjouer
pas mal d’équipes. En
moyenne, le Cercle ne
laisse que 6,4 passes à son
adversaire avant de lui chi-
per le ballon. C’est extrême-
ment peu. Personne ne fait
mieux parmi l’élite, preuve
que le système est bien en
place.
Ce n’est pas tout : le Cer-
cle fait partie des meilleurs
élèves (cinquième) dans les
duels défensifs et domine
le classement des duels aé-
riens. Et quand ils ne ga-
gnent pas le premier duel,
les Brugeois récupèrent
souvent le deuxième ballon
(41,6 par match, le meilleur
total de l’élite.)
. Triste statistique
pour Kiyine
Sofian Kiyine est désor-
mais plus célèbre pour son
triste accident de voiture
que pour ses performan-
ces. Le milieu offensif ne
pourra pas non plus se sa-
tisfaire de sa saison. Il
trône au sommet d’un clas-
sement qu’on préfère évi-
ter : celui du nombre de
fautes par 90 minutes
(2,89).
. Trésor, roi de la passe
mais il n’est pas le seul
La saison de Mike Trésor
à la passe est exception-
nelle. Il lui reste six matchs
de playoffs et l’ailier en est
déjà à 19 passes décisives
(NdlR : la Pro League lui en
compte 21, soit deux de
plus que Wyscout). Des sta-
tistiques folles qu’il doit en
partie à l’efficacité des atta-
quants qu’il a servis car ses
statistiques d’assists atten-
dus sont largement plus
basses : 11,64.
Le Genkois donne énor-
mément de passes clés
(2,58 par match) mais pas
autant qu’Hugo Siquet
(2,73).
. Onuachu restera
le plus efficace
Malgré son départ pour
Southampton, Paul Onua-
chu reste dans le haut du
tableau des meilleurs bu-
teurs. Il est encore qua-
trième avec 16 réalisations
et surtout un rythme ef-
fréné de 1,14 but par match.
Personne ne fera mieux
cette saison parmi les
meilleurs attaquants.
Les Europe playoffs, en
plus d’offrir un ticket pour
l’Europe, consacreront le
meilleur buteur de la sai-
son. Hugo Cuypers de Gand
(1er, 20 buts) et Ayase Ueda
du Cercle (2e
, 18 buts) se-
ront difficiles à rattraper à
moins que Vincent Janssen
(4e
, 16 buts) ne réalise des
Champions playoffs in-
croyables.